John était assis à son bureau, il écoutait Mme Gavrioche se plaindre de ses diarrhées matinales... Et il semblerait qu'elle avait décidé de ne rien lui épargner sur les détails. Il remercia intérieurement le Seigneur de ne pas avoir prit de pause pour son repas ce midi, il aurait tout rendu à ce moment. La vieille femme de 67 ans allait simplement devoir porter des couches et ralentir sa consommation abusive d'alcool et arrêter de voler ces pastilles qu'elle trouve si agréable au gout à son fils.
John s'étonna lui même de ses constatations, Sherlock commençait à déteindre sur lui. S'il était là, il lui ferait remarquer d'une manière ou d'une autre qu'il aurait pu déduit bien plus, qu'il n'avait fait que gratter la surface. Alors il lui exposerait la vie de la vieille femme qui le giflerait, lui jetterait un regard noir avant de partir sans payer après avoir essayé de voler une quelconque babiole "discrètement" dans le cabinet en jurant haut et fort qu'elle ne reviendrais plus. Et peut-être que ce serait mieux que de devoir l'écouter raconter ses mésaventures. Lorsqu'elle eut enfin finit, il lui tendit un sourire poli -et faux-, ce qu'il ne tenta pas de dissimuler et lui donna son verdict. La vielle dame parut outrée et se vexa mais ne lança pas d'invective, elle ordonna qu'il lui prescrive un médicament mais il refusa gentiment et la mit à la porte après avoir réclamé le paiement et refusé de lui faire "une ristourne". Après avoir reçut Mlle. Amande, Mr. Jude, Mme. Carpet et son fils et Mr. Trench, il souhaita poliment une bonne nuit à Sarah et son nouveau petit ami, un interne des urgences : Anthony. Et il put enfin rentrer chez lui.
Arrivé devant la grande porte noire aux chiffres dorés, il était épuisé. Le chauffeur avait été particulièrement bavard et il s'était presque fait éjecté du taxi lorsqu'à un feu rouge un homme 'pressé' avait ouvert la porte pour le tirer du taxi. Etant à un peu plus d'un kilomètre de la maison, il s'était contenté de soupirer et était partit, ce salaud n'aurait qu'à payer sa course, après tout c'était toujours ça d'économisé. Il monta les marches en faisant le moins de bruit possible, Mme Hudson pouvait se montrer bien plus bavarde que le chauffeur. Il s'arrêta devant la porte, écouta quelques secondes l'air de violon qui flottait dans la pièce, il caressa le bois sombre. Qu'allait-t-il pouvoir découvrir de si horrible cette fois ? Sherlock était capable de tout. Il poussa lentement la porte et souri en le voyant près du feu. Septembre était très froid cette année mais le docteur savait pertinemment que s'il n'avait pas allumé le feu ce matin avant de partir et si la logeuse ne l'avait pas alimenté pendant la journée, le détective serait resté dans le froid. Il ne s'arrêta pas de jouer, il jeta juste un coup +d'œil et se reconcentra sur le feu. L'espace d'un instant, John aurait aimé être dans sa tête pour savoir à quoi il pensait, comment il pensait et peut-être... à qui il pensait ? Il se ravisa, ce devait être dur, très dur de penser comme Sherlock, nul doute que l'ancien soldat qu'il était deviendrait simplement fou. Il posa son manteau dans l'entrée sachant qu'il n'y avait rien à dire, Sherlock avait déjà tout déduis de sa journée la seconde précédant. Il fit deux tasses de thé en posa une près de Sherlock, but la sienne en observant le feu, se délectant de chaque note, elles voguaient au rythme des flammes. La mélodie l'apaisa et tout le stress accumulé dans la journée sembla bruler dans la cheminé : calciné par une flamme et porté au loin par une note particulièrement douce. Puis il souhaita une bonne nuit à Sherlock avant d'aller se coucher, pas de repas pour aujourd'hui.
John se réveilla en sursaut avec une étrange impression de béatitude, il n'avait fait aucun cauchemar cette nuit...mais aucun rêve non plus. Il ne s'en plaint pas et se leva, il ne se serait pas rendormit et il était déjà neuf heures et demi, heureusement que c'était un dimanche. Il se souvint de la veille et de la mélodie de Sherlock, il se souvint la douceur de ses draps et descendit prendre son petit déjeuner, décidant que ce serait une bonne journée. Il sifflotait presque en préparant le repas. Sherlock était sortit de sa chambre, enveloppé dans son drap. Il tenta de chiper un morceau de bacon mais reçu un coup de cuiller en bois sur les doigts.
"- Hey ! fit-il avec son air indigné,
John sourit et lui jeta un regard de travers,
- Vas enfiler quelque chose, quand tu reviendras tu pourras –devras, je dirais même- manger.
Il grogna un peu puis s'exécuta, John avait appris à jouer à la maman avec ce grand enfant boudeur et avait fini par accepter ce rôle. Lorsqu'il ressortit de sa chambre, John fut presque surprit, il avait un jean et un tee-shirt gris manche courte, col en V, le mettant parfaitement en valeur. Le docteur ne put s'empêcher de sourire en notant la paire de chaussette bleue qu'il portait... assortit à l'écharpe... Putain d'écharpe.
Le détective haussa un sourcil et John réapprit à s'exprimer.
- Sherlock... d'où viens ce soudain revirement ? Je ne te vois jamais qu'en pyjama ou dans tes costumes sur mesure -et dans ton drap c'est vrai !
Le brun se contenta de pencher la tète sur le coté en faisant la moue et d'hausser les épaules,
- Je fais bien ce que je veux...
-Oui... Oui, oui tu as tout à fais raison, c'est, c'est juste que ça te change.
Gêné John laissa s'échapper comme pour une excuse :
- Ça te va bien c'est tout...
Une odeur de cramé envahis la pièce et John poussa un petit cri avant de se précipiter vers ses poêles,
- L'omelette !
Sherlock en profita pour reprendre consistance et mettre en place son masque d'indifférence. La question de John était réelle et il n'avait pas -encore- la réponse. Il s'assit devant la télévision alors que le blond s'activait à tout remettre en ordre, évitant soigneusement les expériences et ce qui a -ou aurait- été utilisé pour. Il prit la cuillère rouge.
- Non ! Pas celle la John.
L'autre, surpris, fit tomber la dite cuillère. Il ne s'attendait pas à une quelconque attention de la part de son colocataire.
- Pourquoi ?
- J'ai...
- Non. Non, attends, je ne veux pas le savoir.
- Non, tu ne veux pas savoir."
En effet, il ne voulait pas savoir que Sherlock avait utilisée celle ci pour ôter le globe oculaire d'un chat. Il se tut et pris un toast beurré et un morceau d'omelette ayant échappé au massacre. John était heureux de le voir manger un peu et fit de même. La journée se passa banalement, mais John se sentait toujours un peu désorienté lorsqu'il posait les yeux sur les vêtements de Sherlock. Il grogna un peu en le voyant continuer une de ses expériences douteuses et laissa couler.
Il sortit se promener, le froid était mordant mais vivifiant pour lui. Il entra dans le café pour en ressortir aussitôt. Sarah était là... avec son mignon des urgences. Il se souvint de sa décision : ce serait une bonne journée. Il ouvrit la porte et entra dedans, il fit comme s'il ne les avait pas vu. Serra les dents lorsqu'elle l'interpela et se construit un faux sourire avant de se retourner. Son masque était parfait, presque aussi convaincant que ceux de Sherlock. Il serra la main au jeune homme avec humilité et s'assit a leur table sachant pertinemment comment ça allait finir : il allait tenir la chandelle. Enfin... c'était sans compter sur le détective. Il débarqua dans le café et m'informa d'une nouvelle enquête avant de glisser à Sarah que son prince avait déjà une reine et deux petites princesses. Tout en finesse bien sur. John fit semblant d'être désolé et partit en courant après Sherlock. Il le retrouvant grâce à son grand manteau noir et son écharpe bleue perdue au milieu de la foule... Putain d'écharpe. Il le rejoint et se laissa entrainer dans le taxi jusqu'a la scène de crime. Arrivé là-bas, Sherlock, comme à son habitude lança quelques piques à Anderson, puis oubliant son existence tandis qu'il analysait le corps. Il en profitait pour saluer un Lestrade peu vigoureux et demander des informations sur la victime. Nul doute que Sherlock viendrait ensuite lui demander.
"-Qui est-ce ?
- May Linn Dalsan. Elle a 21 ans, va à l'université. Elle tente d'obtenir un diplôme de droit. Végétalienne. Fille unique, elle est née à Londres mais son père est Libanais et sa mère asiatique. Elle n'a pas de casier judiciaire. Aucun compagnon mais une colocataire. Et ses parents nous ont donné l'adresse de son ex-petit ami. J'ai envoyé deux hommes le chercher il devrait être au poste en ce moment.
- Arme du crime ?
- Un petit pistolet de poche, la balistique nous dira si la balle correspond. Anderson pense à un suicide, et j'imagine que notre détective préféré va le contredire... à raison.
- je pense aussi... Je vais voir où il en est."
Sherlock virevoltait autour de la victime ouvrant et refermant frénétiquement sa loupe de poche. Il me jeta un bref regard et fit signe à l'autre d'approcher.
"- Alors ?
Il lui répéta ce que le DI lui avait dit observant la grimace se former à l'énonciation de la théorie d'Anderson.
- Le jour où son raisonnement sera juste, c'est que la fin du monde sera proche.
Un petit sourire passa sur le visage de John et en miroir sur celui de Sherlock
- Maintenant dit moi ce que tu vois, ce cas est d'une banalité...
- Hum... Elle était anxieuse, ses ongles sont rongés, elle sent le tabac mais il n'y as pas de cendrier, elle ne fumait pas. C'est donc son agresseur. Il y a des traces de luttes. Elle n'a pas de maquillage, pourtant il y en a dans sa salle de bain, la mort remonte à 8 heure ce matin. Elle se droguait, elle a des marques de piqures sur le bras. Pas de photo de sa famille mais beaucoup de sa colocataire et elle. Elles sont très proches...
- Tu y es presque.
- Trop proches, elles sont ensemble, si May Linn était angoissée c'est qu'elle devait en parler à ses parents et son coming-out risque de ne pas leur plaire. Mais ce ne sont pas ses parents qui l'ont tué, fille unique. Ce n'est pas la petite amie, ce serait un crime passionnel hors, la c'est un crime froid, une seule balle dans la tête.
- Bien, très bien.
- Mais la je sèche Sherlock.
- Tu étais très proche John, c'est bien un homicide. Tu as vue le concierge : un homme dur et froid, homophobe et raciste.
- Comment tu...
- Tu connais l'officier Ravi, il est d'origines africaine, le concierge la fusillé du regard et ça avec tout les autres qui semblent avoir des origines maghrébines, asiatiques etc...
- Et pour l'homophobie.
- Pour commencer, elle a les yeux fermer, c'est lui qui les a fermés en bon chrétien : il a une croix a l'entrée de son bureau, et un cendrier sur son bureau, même tabac à l'odeur mais je peux me tromper, pour l'homophobie donc, tu dois avouer qu'aucun de nous deux ne semble avoir d'autres origines que Londonienne ?
- Faux j'ai...
- Des racines espagnoles mais je te jure que pour des gens simple comme lui ça ne se vois pas.
- ...
- Enfin bref, tu as souvent remarqué qu'on nous prends pour un couple, et il ne fait pas exception, si tu avais tendu l'oreille tu aurais clairement entendu, je cite "encore des putains de pédé..."
- Mais je ne suis pas...
- Tu n'es pas gay je sais.
- Sherlock tu pourrais...
- Arrêter de t'interrompre pour finir tes phrases ? non, j'aime bien t'énerver.
Il poussa un long soupir et se leva,
- Oui, tu as raison, allons prévenir Lestrade que l'enquête est bouclée."
John sourit, ce serait une bonne journée, il suivit Sherlock et au final se rendit compte que c'était plutôt amusant de voir que le détective le connaissait assez pour ne pas avoir besoin de finir ses phrases pour être compris.
Anderson fut une fois de plus traité d'imbécile, Donovan y échappa cette fois, elle semblait plus raisonnable depuis qu'elle avait rompue sa liaison avec Anderson. C'est que Sherlock avait raison : son idiotie était transmissible et elle était exposée à un trop fort taux d'imbécilité à chaque contact. Lestrade arrêta le concierge. L'ex fut relâché et les condoléances données aux parents et à la petite amie qui leur avoua tout. La jeune fille s'était inquiété pour rien les parents soutinrent leur brève belle-fille et étant orpheline, ils "l'adoptèrent" en quelques sorte. C'était vraiment un cas très banal. Mais Sherlock avait brillé une fois encore. Et John se sentait fier pour lui. Dans le taxi de retour, il commença à réfléchir au titre de son futur article.
"- Tu t'améliore.
La voix grave du détective le tira de sa réflexion.
- Pardon ?
- Je disais que tu t'améliorais de jour en jour. Bien sûr tu n'atteindras pas mon niveau mais je suis fier de toi.
- Euh.. merci, je suppose. "
Il hocha la tête. Le reste du voyage se fit dans le silence, on pouvait presque entendre John réfléchir, arrivés à l'appartement, il leur prépara du thé et se mit à l'écriture de son article, Sherlock soupira devant le nom donné "Le concierge chrétien". Il avait fait mieux. John se rendit compte que Sherlock s'était changé, avant de partir pour l'enquête, il avait pris le temps d'enlever son jean et d'enfiler un costume trois pièces. Et comme toujours son long manteau noir et son écharpe bleue... Putain d'écharpe. Une part de lui fut un peu déçue, mais il repoussa aussitôt ce sentiment, il n'avait aucune raison de ressentir ça. Le détective était allongé sur le canapé, et il réfléchissait à Dieu sait quoi, mais cela semblait très important. Et sans savoir pourquoi, John sentit une légère différence dans son expression, peut-être ce pli un peu soucieux sur son front, ou ce tic nerveux qui agitait sa joue.
"- Ca va Sherlock ? "
Il avait posé la question sans attendre de réponse mais le détective se tourna vivement au son de sa voix.
"- Euh. Oui. Pourquoi ? "
John était tout simplement abasourdi. Pour une fois qu'il n'attendait pas trois heures -au sens propre- pour avoir une réponse, voilà qu'en plus, il avait une question. Bon on était loin de la phrase complète avec sujet-verbe-complément mais de la part de Sherlock... Il s'ébroua, tant mieux après tout.
"- Et bien, tu n'as pas l'air bien et ... "
Il pensa ajouter "et tu ne m'as pas ignoré" mais rattrapa les mots sur le bout de sa langue pour les remplacer par des mots plus doux.
"-... et je m'inquiète pour toi. "
Le détective avait certes entendu cette hésitation et deviné son erreur mais ne s'en formalisa pas et hocha la tête.
"- Je dois réfléchir à certaines choses.
- Quoi ?
-...
- Bien, tu vas manger ce soir ? "
Il s'attendait une fois de plus à un refus mais allant de surprise en surprise à peine fut-il levé,
"- Oui, s'il te plait. "
Là, John dut se rassoir. Est-ce que Sherlock venait d'accepter de manger de son propre chef ? Est-ce qu'il a bien dit "S'il te plait" ? Le médecin se leva vivement et plaqua une main sur le front pale de l'autre, avec ce temps...
"- Non, je n'ai pas de fièvre. "
Voilà qu'il était réactif, un sourire se dessina sur le visage du blond. Pour lui c'était juste Noël ! Il courut à la cuisine et tenta de faire un bon repas avec ce qu'il restait dans le fond des placards... Après une demi-heure de recherche, il ne trouva rien qui ne soit pas périmé d'au moins deux mois. Il se résigna à commander. Il prit son téléphone et demanda au brun toujours allongé.
"- Chinois ?
- Hmmm... Français ?
- Italien ?
- Italien. "
Et un quart d'heure plus tard Angelo leur faisait livrer la moitié des cuisines. Au moins, ils avaient à manger pour la semaine. John dégagea une étagère dans le congélateur, et y mit quelques boites de nourriture enveloppés dans du papier cellophane. C'était une petite sécurité en plus. Ils mangèrent tranquillement devint un film d'action, et Sherlock s'endormit... décidément, pour John, c'était vraiment une bonne journée, il devrait prendre plus souvent ce genre de résolution !
