Pfiou ! Bonjour ! J'ai enfin fini de corriger cette fic ! Ca devait être un OS, à la base, mais finalement vous aurez droit à 8 chapitres, ahah ! (tuez-moi, j'en ai assez que mes petits projets prennent de telles ampleurs) Tout est déjà (presque... ) corrigé, alors il devrait pas y avoir une attente monstrueuse entre chaque parution.

Ptite précision: les personnages sont tous en fac de psychologie, tout bêtement parce que c'est ce que je fais comme études, alors c'est plus simple pour moi de rajouter des détails réalistes.

Le titre de la fic est aussi une chanson de Panic! At The Disco, ce qui est pas un hasard puisque c'est ça qui m'a inspiré à la base. Voilà Voilà.

J'espère vraiment que ça vous plaira ! On s'retrouve en bas de page !


« Franchement Vanitas, tu fais chier un peu.

-Je sais. C'est mon unique but dans la vie, de t'emmerder. »

Riku leva les yeux au ciel. Il sentait que le sarcasme de son ami relevait un peu de la vérité, dans le fond. Ou même carrément de la vérité vraie. A bien y réfléchir, il préférait ne pas savoir.

« Ouais, bon, que tu veuilles embêter Riku, d'accord, intervint Kairi en frissonnant dans sa parka. Mais nous, on doit vraiment subir ça ? »

Le responsable de tout ce mécontentement soupira, agacé.

« Woh, sérieux, venez pas si vous en avez pas envie ! C'est juste cinq minutes dehors, vous allez pas crever, si ?

-Franchement j'ai un doute là-dessus » grimaça Sora en claquant des dents.

Et pour cause : il faisait froid. En ce mois de janvier, les températures quittaient rarement les négatifs. Alors, passer leur maigre pause entre deux heures de cours à grelotter misérablement...

Pendant que ses camarades cherchaient à se protéger du vent mordant en se collant au mur, Vanitas fouillait dans ses poches pour y chercher paquet de cigarettes et briquet.

« Puis ça m'fait pas plus plaisir qu'à vous, hein » maugréa-t-il sans les regarder.

Riku le regarda porter la cigarette à ses lèvres et se battre avec le briquet pour pouvoir en tirer une flamme qui ne soit pas de suite soufflée par la brise, puis déclara, pensif :

« Pourquoi t'arrête pas, alors ? »

Le concerné grimaça et stoppa ses efforts infructueux pour lui répondre :

« La pire question du monde.

-Bah quoi ?

-Va répéter à un alcoolique ton 'bah, pourquoi t'arrêtes pas ?', je pense qu'il sera ravi.

-Oh arrête, c'est pas pareil ! »

Autour d'eux, et malgré les températures négatives, pas mal d'élèves, souvent des groupes de fumeurs également, bravaient le froid eux aussi. Bon, s'ils s'infligeaient ça rien que pour s'en griller une, peut-être que c'était pas si simple, effectivement...

« Si. Rah, nique-toi le briquet, là ! »

Riku leva les yeux au ciel et tendit la main.

« Laisse. J'vais le faire fonctionner, ton truc. »

Vanitas l'ignora tout d'abord, continuant à appuyer en vain sur le briquet, puis Kairi leur fit remarquer qu'ils n'avaient pas toute la journée et qu'elle aimerait bien reprendre le cours à l'heure, ce qui fit beaucoup rire Sora.

« Tu parles, t'es tout le temps sur ton portable en amphi ! la railla-t-il.

-Et alors ? Ca m'empêche pas d'écouter. C'est pas parce que vous savez pas faire deux trucs à la fois que tout le monde a le même souci.

-Mouais, fait pas genre, intervint stoïquement Riku. Tu me demandes mes cours à la fin de la semaine, comme tout le monde. »

Pour toute réponse, la jeune fille tira la langue. Entre temps, Vanitas avait abandonné la lutte et tendu le briquet à Riku, qui parvint à en extraire une flamme maigrichonne avant de lui rendre.

« Dépêche-toi avant qu'elle s'éteigne. »

L'autre jeune homme ne se fit pas prier, et put enfin tirer sur sa cigarette avec un soupir bienheureux. Les autres le regardèrent faire, circonspects.

« Nan sérieusement, fit Sora, tu fais bien c'que tu veux hein, Vani, mais faudrait que t'arrêtes de fumer, nan ? Déjà tu pourras manger autre chose que des pâtes, vu le prix des paquets. »

Seul Sora était assez privilégié pour appeler son cousin Vani sans se prendre une baffe. Malgré tout, ce dernier lui renvoya la fumée de sa clope à la figure en guise de revanche, parce qu'il ne fallait pas pousser le bouchon, non plus.

« Vous êtes marrants, vous, aussi ! râla-t-il. Si j'pouvais je le ferais hein, c'est pas si simple. Et si c'est juste pour pas me suivre dehors pendant les pauses, je répète que je vous force pas.

-Tu m'as forcé, moi, fit observer Riku.

-C'est faux, répliqua l'autre d'un ton faussement innocent.

-Si, tu m'as ordonné de venir. Je cite : Grouille-toi j'ai grave envie de fumer. Et quand j'ai fais remarquer que vraiment, t'as pas besoin de moi, t'es un grand garçon, tu m'as dit, je cite encore : Putain tu fais chier t'as intérêt de te dépêcher sinon j'te nique. Les autres sont témoins. »

Le tout débité de la manière la plus stoïque qui soit. Sora hocha la tête. Vanitas haussa les épaules.

« J'le pensais pas, répondit-il avec flegme. C'est pas ma faute si t'es une victime.

-La victime elle va t'encastrer dans l'mur, répliqua Riku sur le même ton nonchalant.

-Et susceptible, en plus de ça... »

Pendant ce temps, Sora les regardait faire avec un petit sourire aux lèvres. C'était courant chez eux, et divertissant. Une fois, il avait eu le malheur de les comparer à Raymond et Huguette, les p'tits vieux de Scène de Ménage qui se faisaient toujours des sales crasses. Riku s'était étranglé avec sa salive ce jour-là.

A côté de lui, Kairi réfléchissait si intensément que le reste du groupe oublia sa présence. Et elle cogitait tant et si bien qu'elle finit par avoir un sursaut d'idée brillante, qui la fit s'exclamer :

« Je sais ! »

Les autres personnes présentes se tournèrent vers leur groupe pour les regarder bizarrement, puis reprirent leurs conversations avec un haussement d'épaule ou un sourire amusé.

« Kairi ! sursauta Sora. Tu vas m'faire avoir une crise cardiaque ! Fais gaffe ! »

La jeune fille se mit à sautiller et lui saisit la main. Il détourna un peu le regard, gêné. Dans son enthousiasme, son amie ne parut pas s'en rendre compte.

« Mais Sora ! J'ai trouvé la solution au problème de Vani !

-Alors, j'ai pas de problème, et en plus j'vais te massacrer si tu continue à m'appeler comme ça.

-Mais si, ton souci de nicotine !

-Ah, ok... soupira-t-il. C'est quoi votre problème aujourd'hui, avec ça ? J'ai rien demandé. »

Mais elle ignora superbement sa question pour déclamer :

« Il faut un Pavlov inversé ! »

Les trois garçons la fixèrent d'un air circonspect.

« Ca y est, elle a perdu l'esprit » lâcha Riku, les mains dans les poches.

Kairi se retourna pour lui jeter un regard fâché, puis poussa un soupir.

« Vous voyez, je suis la seule à écouter en cours !

-C'est pas ça. On sait qui est Pavlov, c'est juste qu'on voit pas le putain de rapport. »

Riku dut fouiller un peu dans sa mémoire, pour celle-là. Pavlov, c'était un médecin qui avait travaillé sur la psychologie animale, et plus particulièrement sur le conditionnement. En gros, prenez un chien affamé, qui salive à l'approche de la nourriture. Avant de la lui présenter, agitez systématique une clochette. Plus tard, le son de clochette fera saliver le chien, même en l'absence de repas. Le signal conditionné par le scientifique déclenchait une réaction qui n'existait pas auparavant. Et ça fonctionnait pour les humains aussi. Bon, et pas seulement pour la bouffe, sinon cette expérience serait franchement inutile.

« Mais si ! insistait pourtant Kairi. Enfin ouais, pas tout à fait, mais, genre... Attendez, je cherche mes mots. Ah, voilà. En gros, si on associe un truc agréable à quelque chose... Par exemple, si on récompense un chien qui donne la patte en lui donnant une croquette, ça va renforcer le comportement. Mais du coup, si on fait un stimuli écoeurant avant un comportement, on fera diminuer la fréquence d'apparition de ce comportement ! C'est logique, nan ?

-En clair ?

-En clair, Vanitas, il faut que tu fasses quelque chose qui te dégoûte avant de fumer ! Comme ça, t'auras de moins en moins envie de fumer ! Et ça nous donne l'occasion d'appliquer nos cours à la vraie vie, ce qui est plutôt chouette. »

Elle semblait si fière de sa trouvaille que Riku renonça à lui dire que l'addiction à la nicotine ne fonctionnait pas tout à fait ainsi. Le cerveau réclamerait sa drogue, peu importe combien de stimuli négatifs il recevrait. C'était bien réfléchi cependant, il pouvait lui accorder cela.

« C'est plutôt Skinner que Pavlov, le coup du truc désagréable ou agréable, la corrigea-t-il tout de même.

-Ouais bah tant pis pour Skinner, c'est Pavlov qui m'y a fait pensé. »

Le principal concerné avait presque fini sa cigarette. Il souffla une volute de fumée grise qui se dispersa dans l'air froid.

« C'est bien gentil, Kairi, mais j'vois pas ce que je pourrais faire qui soit suffisamment affreux pour m'empêcher de fumer. »

Les yeux de la rousse naviguèrent autour d'elle, comme pour chercher un objet particulièrement repoussant, un doigt sur les lèvres en signe de réflexion.

« Tu pourrais... Je sais pas moi... Embrasser Riku par exemple !

-Hé ! s'indigna le concerné. Attend, en quoi c'est dégoûtant de m'embrasser ?

-Bah, je sais pas, je suppose que c'est bizarre d'embrasser un ami de longue date. Quoique vous vous connaissez que depuis un an, mais... J'avais pas envie de dire moi, et puis Sora c'est son cousin, c'est crade.

-Justement, si c'est crade, ça le dissuadera encore plus.

-Je sais même pas quoi te répondre là, Riku, soupira Kairi avant de l'ignorer complètement. T'en penses quoi, Vanitas ? »

Ce dernier ne parut pas l'entendre. Il regardait un point devant lui, pensif. Et puis il haussa les épaules avec son éternel air désinvolte.

« Ca peut marcher. »

Riku crut avoir mal entendu, mal compris. Il vit Vanitas tirer une dernière fois sur sa clope, faire s'échapper doucement la fumée d'entre ses lèvres, et soudain il était devant lui, plus proche que jamais.

Ca se passa très vite, bien trop pour que Riku n'ait le temps de s'y préparer. Il sentit une main effleurer sa joue, très légèrement, et puis son ami se mettait sur la pointe des pieds et l'embrassait, rien que le temps d'un battement de cœur.

Tout à coup, il ne restait qu'une sensation fantôme sur ses lèvres et une impression diffuse d'avoir rêvé, et la voix de Vanitas qui s'élevait, comme si rien ne s'était passé.

« Mouais, faudrait que je le fasse avant de fumer, la prochaine fois, nan ? Ah, j'vois le prof qui revient, on ferait mieux de se grouiller. »

Une bruit de porte qui s'ouvre et qui se referme.

Une main s'agita devant les yeux de Riku, qui baissa enfin le regard vers Kairi. Elle le dévisageait avec un mélange d'inquiétude et d'amusement.

« Eh, Riku, t'es toujours avec nous ?

-Euh, ouais ?

-T'avais l'air dans le coma. Ca fait si bizarre que ça ?

-J'm'y attendais pas, c'est tout » mentit-il.

Son amie le dévisagea encore un peu. Vanitas et Sora étaient déjà partis.

Kairi semblait satisfaite.

« Hum, fit-elle avec un petit sourire. On en reparlera ! Allez, viens, on va rien comprendre sinon ! »

Elle le saisit par le poignet, comme s'il n'était pas capable de marcher par lui-même, pour l'entraîner jusque l'amphithéâtre.

Ce soir-là, Riku fit tout pour chasser l'événement de sa mémoire. Le reste de la journée s'était déroulé aussi normalement que possible. Il ne comprenait vraiment pas ce qui pouvait le tracasser à ce point là-dedans. Ca changeait pas tellement du reste des vannes qu'ils se balançaient à longueur de temps.

C'était juste une blague, non ?


Riku avait crut l'incident clos.

Le lendemain, il se dirigeait en traînant des pieds vers l'université, le cerveau encore enveloppé sous une brume de sommeil et, pour tout dire, à mille lieues de penser à ce qu'il s'était passé la veille. Même le vent glacial de l'hiver ne parvint pas à le réveiller tout à fait.

Devant le bâtiment, il avisa tout d'abord la chevelure rousse de Kairi, de loin la plus visible dans l'obscurité matinale. Les deux autres se trouvaient avec elle, et il les rejoignit en traînant des pieds.

« 'lut, marmonna-t-il en se frottant les yeux.

-Ah, Riku ! s'exclama Sora. On t'attendait ! »

Comment ce garçon faisait pour avoir autant de pêche dès le matin, ça, cela demeurerait un mystère.

« Pas trop tôt... » soupira Vanitas.

Ce ne fut que là que le cœur de Riku manqua un battement en se souvenant, trop tardivement pour éviter le léger baiser que l'autre déposa sur ses lèvres, de la même manière que la veille.

Il cligna des yeux. Le temps qu'il comprenne, son ami était déjà en train de sortir son paquet de cigarette, preste comme un lynx.

« Ah ok, donc c'est vraiment un truc que vous allez faire pour de vrai, constata Sora en ouvrant des yeux ronds.

-Bah, on sait jamais, ça peut marcher » répondit Vanitas, les yeux fixés sur le bitume.

Son cousin eut un léger rire.

« Dis donc, tu dois être vachement motivé à arrêter en fait ! J'pensais pas.

-Bof, ça coûte cher et j'en ai marre d'être essoufflé en montant les escaliers.

-Moi aussi j'suis essoufflé et je fume pas pourtant.

-Toi t'es un fragile, Sora.

-Et ta sœur ?

-Euh, au fait ? » intervint alors Riku.

Il venait tout juste de reprendre ses esprits malgré l'irréalité de la situation.

« Personne a pensé à me demander mon consentement, dans cette affaire ? Non parce que j'aurais p't'être des choses à redire, nan ? »

Vanitas souffla sa fumée par le nez avec un rictus amusé.

« Oh, j't'en prie Riku...

-Quoi ?

-Quel genre de gars tu serais si tu refusais d'aider un pote à éviter un cancer du poumon, hm ? »

Gros con, pensa Riku. Le baiser volé l'avait réveillé aussi bien qu'un café serré, et il se rappelait à quel point son ami pouvait être agaçant lorsqu'il décidait de faire chier le monde.

« C'est dommage, ça marche pas trop sur moi le chantage affectif. »

Ses trois amis pouffèrent de concert.

« Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ? s'enquit-il.

-Riku... ricana Kairi. Réfléchis à ce que tu viens de dire. Suffit de te faire un peu les yeux doux et tu cèdes à tous nos caprices. Regarde, rien que Sora par exemple, combien de fois il t'a fait tourner en bourrique ? Et c'est pas lui le pire... »

Café ou non, l'heure était trop matinale pour qu'il puisse trouver un contre-argument à cela. Si son ego n'avait point restreint sa subjectivité, il aurait même été plutôt d'accord avec eux. Mais eh, quel était le mal à vouloir rendre service, après tout ?

« Et puis c'est pas la question, soupira Riku. Les notions de consentement, tout ça, ça vous dit rien ? J'crois c'est même illégal c'que tu fais, Van'. »

Cette fois, Vanitas eut un claquement de langue agacé. Il se passa une main dans les cheveux, les sourcils froncés au-dessus de ses yeux ambrés, dont la couleur était discernable même dans la demi-pénombre du point du jour.

« T'es si fâché que ça ? » demanda-t-il.

Ce ne fut que là que Riku se rendit compte que... Eh bien, non, paradoxalement, mais il sentait qu'il se devait de protester. Et puis, ce qu'il l'agaçait le plus, au fond, c'était cette désinvolture vis-à-vis de son avis. Il savait que Vanitas était une tête de con égoïste – Kairi prétendait que ça faisait partie de son charme – mais il y avait des limites, tout de même ! Donc nan, il sentait pas en colère, juste vexé.

Il baissa les yeux sur ses chaussures.

« J'suis fâché que tu me demandes pas mon avis, ouais.

-Oh, tout ça pour ça.

-Connard.

-Tapette. Mais si t'y tiens vraiment... »

Il tourna ses yeux jaunes vers lui. Le sourire prétentieux avait repris place sur son visage.

« Riku, consens-tu à me prêter tes lèvres, jusqu'à ce que, dégoûté de celles-ci, je sois délivré de l'emprise de la nicotine ? Cette phrase est beaucoup trop longue à prononcer à huit heures du mat'. Tu m'as mis de mauvaise humeur pour la journée, j'espère que t'es content.

-Non j'suis pas content. Mais ok. J'sens que j'ai pas fini d'en entendre parler si je refuses, de toute façon. »

Il s'en fichait pas mal. Il avait déjà embrassé pas mal d'autres gens, la plupart du temps sans sentiments derrière. La seule chose étrange étant que là, en l'occurrence, il connaissait Vanitas depuis un peu plus d'un an, mais après tout, quelle importance ?

« Juste, préviens-moi les fois suivantes. Ca surprend. »

Peut-être que comme ça, il arrêterait de rester bouche bée à chaque fois.


« Riku ?

-Oui ?

-Bisous clope. »

Le jeune homme soupira, plus pour la forme qu'autre chose. Vanitas l'embrassa de la même manière que toutes les autres fois, d'abord en posant une main sur sa joue, puis en se mettant sur la pointe des pieds pour presser fugacement ses lèvres sur les siennes. Et comme à chaque fois, Riku fermait un peu les yeux par réflexe, et peut-être que son cœur loupait un peu un battement, mais au moins il ne se laissait plus surprendre. Plus trop.

La sensation resta un peu accrochée à ses lèvres. Vanitas se détourna vite, comme d'habitude, avec cette indifférence caractéristique, et se battit avec le briquet pour en tirer une flamme correcte malgré le vent.

« P'tain un jour j'vais me cramer les cheveux avec ce truc, maugréa-t-il en remettant en place une mèche dérangée par la bourrasque.

-Tu devais arrêter, le tança Kairi en fronçant les sourcils. Ca fait deux semaines déjà.

-Ca s'fait pas comme ça.

-Et comment tu fais quand Riku est pas là ? demanda Sora. T'es bien obligé de pas fumer du coup, quand t'es seul chez toi, non ?

-Alors ouais, marmonna Vanitas, à c'propos... »

Riku soupira de nouveau et répondit à Sora.

« Evidemment qu'il fume quand j'suis pas là, vous croyez quoi ? »

Kairi poussa un cri comme si on venait de la poignarder en plein cœur.

« C'est de la triche ! »

Riku secoua lentement la tête, blasé. Kairi était sensée être la meilleure amie de Vanitas. On pourrait croire qu'elle le connaissais mieux que ça... Et pourtant, elle avait parfois l'air de croire que ce type savait se comporter de façon honnête.

« Eh, baisse ce doigt accusateur, ordonna l'accusé. J'vais pas passer douze heures complètes sans fumer, si ? Et t'imagines les week-ends ? Faut que je fasses quoi, que je séquestre Riku dans ma cave ?

-T'as pas un canapé plutôt, connard ? répliqua le concerné.

-C'est trop bien pour toi, ça. Pas d'offense, hein.

-Trop aimable.

-Puis non en plus, j'ai pas la place pour un canapé. »

Sora se pencha vers Kairi, se pensant peut-être discret, ou faisant semblant de le penser.

« Vu qu'ils s'engueulent tout le temps comme un vieux couple, ça leur ferait pas une grande différence, de vivre ensemble.

-J'ai entendu, Sora. J'vais te niquer.

-T'es vulgaire. J'vais le dire à ta mère.

-Tu peux, ça va la faire rire. »

Kairi poussa un soupir dramatique.

« Plus sérieusement Vani, ça sert à rien le coup du bisou si tu fais pas d'efforts !

-Déjà, j'en ai marre de cette habitude que vous prenez, de m'appeler comme ça. On dirait un nom de hamster. Et en plus, eh, c'est impossible, ce que tu me demandes ! Et ça marchera assez bien comme ça, nan ? »

Son amie n'eut pas l'air convaincue.

« Mouais. En attendant, ça a pas l'air de fonctionner de toute façon.

-Crois-le ou non, mais j'ai réduis quand même, quand j'suis chez moi. Ici c'est compliqué de s'empêcher de fumer, ça me stresse trop de supporter vos tronches. »

Riku les regarda se chamailler, plutôt habitué, depuis déjà une année qu'il les fréquentait. Parfois, il lui arrivait de se sentir un peu de trop, parmi ces trois-là. Après tout, ils se connaissaient depuis très longtemps, contrairement à lui. Sora et Vanitas depuis toujours, évidemment, vu leur lien de parenté. Kairi connaissait Vanitas depuis le collège. Ca faisait un sacré paquet de temps. Et lui n'était pas d'un naturel tellement bavard, ce qui n'aidait pas.

Lui, c'est Kairi qu'il avait rencontré en premier. Elle lui avait demandé un mouchoir le jour de la rentrée, en première année de fac. Et comme il ne connaissait personne, elle avait en quelques sortes pris pitié – oh, elle ne le lui avait jamais dit en face, bien entendu, mais il s'en doutait.

« On devrait retourner en cours, nan ? demanda-t-il finalement pour stopper le débat houleux.

-Nan. Luxord est parti s'en griller une lui aussi, t'façon.

-Eh beh, qui t'as autorisé à appeler les profs par leurs prénoms, grossier personnage ?

-Boh, il m'a tapé la discut' une fois, répondit Vanitas. Je lui ai demandé du feu et il a parlé de destin, de hasard et de dés. J'ai rien compris. Je comprends jamais rien à ce qu'il débite de toute façon alors ça change pas des masses.

-Si ça se trouve il te draguait » hasarda Sora pour plaisanter.

Vanitas grimaça.

« C'possible, admit-il bien que l'idée ne semble pas lui plaire.

-Mais non, il peut pas être gay ! » s'exclama Kairi avec des yeux ronds.

Vanitas haussa un sourcil.

« Tu rigoles ou quoi ? pouffa-t-il. Ca crève les yeux. Ce type est un stéréotype sur pattes. Même Sora a remarqué, hein Sora ?

-Euh...

-Ca veut rien dire les stéréotypes ! » protesta la jeune fille avec juste un peu trop d'ardeur.

Son meilleur ami se fendit d'un sourire cruel.

« Quoi, t'as le béguin pour lui c'est ça ? »

Elle baissa les yeux d'un air si coupable que sa faible protestation ne berna personne.

« Non pas du tout... J'aime ses cours, c'est tout.

-Ahn, c'est trop mignon, commenta sarcastiquement Vanitas.

-Laisse-la tranquille, soupira Riku. Ce sont des choses qui arrivent. »

L'autre claqua la langue et le dévisagea, l'air légèrement surpris.

« Quoi, toi aussi ? C'est la barbiche, c'est ça ?

-Mais non ! Je dis juste qu'on s'en fout.

-Pfff, cause toujours. Vous m'avez soûlé. »

Il faisait bien semblant d'être agacé, en tout cas, quoique cette fois-ci Riku ne voyait pas vraiment le but. Il aurait plutôt pensé subir des sarcasmes.

Au coin de son champ de vision, il vit Sora s'agiter.

« Je, euh... Toilettes, expliqua-t-il nerveusement.

-Faut qu'on aille en cours, lui rappela Vanitas.

-Gardez-moi une place ! » cria-t-il en s'éloignant déjà.

Riku fronça les sourcils en le regardant s'éloigner. Quelque chose clochait. Et il avait une petite idée de quoi. Même s'il n'aurait jamais imaginé voir Sora jaloux.


Lorsqu'il les rejoignit en amphithéâtre dix minutes plus tard, Sora laissa lourdement tomber ses fesses sur une chaise avec un soupir irrité, claqua son ordinateur sur la table, l'ouvrit d'un geste sec et dû taper quatre fois son mot de passe avant de réussir à l'allumer.

« T'es sûr que ça va ? demanda Riku.

-Impec' » ronchonna Sora.

Quelque chose clochait effectivement. C'était une chose rarissime que de voir ce garçon contrarié.

« Moi j'crois pas, rétorqua-t-il doucement, mais bon, comme tu le sens. »

Cela eut au moins pour effet de calmer un peu son ami, qui souffla d'un air un peu triste.

« C'est rien, c'est juste que... Eh, Riku ?

-Ouais ?

-Tu ferais quoi, si la personne qui... Laisse tomber. »

Bingo. Il avait encore vu juste. Il jeta un coup d'oeil vers Kairi, qui semblait ne pas écouter un traître mot de leur conversation. Entre eux, Vanitas traînait sur son téléphone portable. Parfois, Riku se demandait pourquoi il daignait venir en cours s'il n'écoutait jamais.

Il se tourna de nouveau vers Sora.

« Eh, on a plus que deux cours avec ce prof, tiens le coup. Après, on le reverra plus jamais. »

Ca eut au moins pour effet de le faire sourire un peu.

Pauvre Sora. Kairi n'avait sûrement aucune idée de ce qu'il ressentait.


Re, les enfants !

Pardon pour l'explication un peu floue et nulle du conditionnement pavlovien. Si ça vous intéresse, doit y avoir de tas de gens qui expliquent mieux que moi sur l'internet.

Je tiens à dire aussi que j'ai absolument rien contre les fumeurs, et j'espère que cette fic sonne pas trop moraliste, parce que c'est pas vraiment le but.

Hésitez pas à laisser un commentaire si ça vous a plu, même une ligne, ça vous fait toujours plaisir !

Des bisous !