Bonjour !
On se retrouve pour une toute petit fic de quelques chapitres (trois ou quatre tout au plus). C'est différent de la première et j'espère sincèrement que ça va vous plaire. Je m'essaie à de nouvelles façons d'écrire.
J'ai hâte de vous lire.
Merci encore pour vos mots sur A notre seconde chance. Ils étaient tous incroyables.
A très vite j'espère !
« Regarde-moi droit dans les yeux et ose me dire que ça n'a pas compté ! »
Et le vide. Le silence qui s'installa dans la pièce après cette demande figea les deux jeunes femmes qui restèrent ainsi, sans bouger. La nuit était tombée depuis bien longtemps sur Storybrooke et tout avait changé en l'espace d'une demi seconde. Un instant perfide qui avait bouleversé toutes les convictions d'une vie. Un lâché prise. Un moment d'égarement.
Une erreur.
Sans réponse. Sans un mot. Sans un geste.
« Tu fais chier ! »
Sur ces mots, elle enfila à la hâte les vêtements qui s'étaient éparpillés sur le sol de longues heures auparavant. Elle ravala une larme qu'elle refusait de faire tomber. Incapable de montrer ce qui lui paraissait être un aveu de faiblesse. Incapable de l'accepter. Elle s'acharnait sur l'attache de son soutien-gorge qu'elle peinait à fermer, s'agaçant d'être aussi lente. Ou incapable. Peut-être même misérable.
Elle lui tournait le dos, brisée à l'idée même de recroiser son regard froid, hautain et méprisant. Inconsciemment, elle avait engagé un combat contre elle même pour ne pas craquer, pour ne pas lui montrer que sa peau tremblait encore des milles caresses qu'elle lui avait donné.
Pourtant, elle mit un temps fou à remonter la fermeture éclair de ses bottes, comme pour laisser à son amante le temps de rebrousser chemin, le temps d'accepter et d'oser dire que ça avait compté. Faire que ce temps d'une nuit soit celui de tout une vie.
Mais le silence persistait. Lourd. Plus douloureux que jamais…
Alors sans prendre la peine de reposer les yeux sur ce corps nu qu'elle savait caché par des draps en satin dans lesquelles elle avait glissé des heures durant, Emma Swan quitta la chambre de Regina Mills.
Au volant de sa coccinelle jaune dont les phares illuminaient encore la porte du garage de Madame le Maire, la blonde était perdue entre la haine et le désespoir, incapable de réfléchir correctement face à la situation.
Première réaction : quitter cet endroit, appuyer sur l'accélérateur jusqu'à Boston et ne s'arrêter qu'au moment ou elle serait arrivée à son appartement.
Seconde réaction : rentrer à nouveau dans ce manoir, clouer la brune contre son lit et l'embrasser, encore et encore. Sentir sa peau et faire courir son nez le long de son échine. Lui murmurer juste à côté de son oreille à quel point elle lui fait tourner la tête. Lui répéter, encore et encore, à quel point ce moment compte. Frémir sous ses caresses. Sentir son cœur se retourner à chaque regard échangé. Mourir asphyxiée de ses baisers.
Et merde.
Elle frappa deux coups brutaux contre son volant, geste qui lui fit grincer les dents au moment ou elle entendit un craquement distinctif au niveau des os de son index. Elle jura un bon nombre de fois face à la situation et se maudit de se mettre dans des états pareils après ce qui venait de se passer. Comment tout pouvait changer à ce point en si peu de temps ?
Sa vieille voiture pris naturellement la route de sa grande maison blanche. A cette heure tardive de la nuit, toutes les lumières étaient éteintes et elle se surprit à avoir un haut le cœur lorsqu'elle se dirigea vers son porche. Elle ne s'y sentait plus à sa place. Cette maison qui était sienne semblait sortir de nulle part.
Le verre de scotch qu'elle se servit ne l'aida pas à se débarrasser de cette étrange sensation et ses jambes semblaient bien trop lourdes pour l'emmener jusqu'à l'étage où se trouvait sa chambre et celle de Killian.
Killian.
Et merde. Encore…
Elle resta de longues heures ainsi, regardant la lune depuis la fenêtre de sa cuisine et pensant aux événements qui l'avaient bouleversée. Elle ne pouvait pas croire qu'elle était la seule à être dans un pareil état il lui semblait moralement impossible que la mairesse ne ressente pas la moindre chose. Etait-il possible que la brune ressente la même chose ? Qu'elle tremble encore en pensant aux moments qu'elles avaient échangés dans son immense lit ? Les caresse, les sourires, les baisers… Les moments qu'elles avaient passé juste à se regarder.
Non. Son silence voulait tout dire.
Demain, elle partirait.
C'était la solution la plus simple qu'elle avait trouvé. Qui lui en voudrait de fuir une énième fois ? C'était son truc à elle de toute façon, la fuite. Qui d'autre que Regina saurait pour leur brève relation qui n'avait duré que le temps de quelques étreintes fugaces ? Elle n'aurait qu'à prétexter un rendez-vous important à Boston, une enquête criminelle à résoudre, un dégât des eaux dans son ancien appartement, une météorite géante qui risquait de décimer toute son ancienne ville et qu'elle pouvait détourner à elle seule…
Alors que le soleil commençait à se lever sur Storybrooke, Emma avait dans sa besace un nombre incalculable de mensonges, tous plus grotesques les uns que les autres. Quand elle entendit le réveil d'Henry sonner à sept heures, elle sursauta alors, presque dérangée dans le silence qu'on lui avait imposé. Son fils, maintenant adolescent, descendit sans un bruit dans la cuisine et fut surpris d'y trouver sa mère biologique déjà debout et habillée. Maquillée également. Il n'était peut-être pas du matin, mais il était clair qu'elle portait les mêmes vêtements qu'hier soir. Sa soirée avait-elle durée si longtemps ? Il fronça des sourcils à cette constatation et s'assit sans dire un mot, de toute façon, il était ronchon le matin.
La blonde respira un grand coup… Si elle faisait ça maintenant, peut-être que son fils ne se rendrait compte de rien vu son état encore endormi. Si elle faisait comme si tout était normal alors peut-être que…
« Il faudrait que tu prépares tes affaires pour retourner chez… » elle fit une courte pause, dérangée à l'idée de prononcer le nom de Regina, celui là même qu'elle avait plusieurs fois crié durant la nuit, lorsqu'elle sentait son orgasme arriver « Chez ta mère. J'ai un truc à régler à Boston et j'en ai pour quelques jours. C'est à propos de mon ancien boulot, on m'a rappelé et je dois vraiment y retourner pour éclaircir tout ça… »
Trop long. Définitivement trop long.
A trop se justifier, elle en devenait pathétique. Ses mensonges étaient ridicules et Henry n'était pas dupe et vu comme il penchait sa tête légèrement sur le côté, il se doutait qu'Emma mentait. A croire que lui aussi avait hérité de son super pouvoir.
« Bref, elle est au courant donc tu files directement chez elle après l'école. »
Il acquiesça doucement et continua de manger les céréales qu'il avait versé dans son bol. Telle mère, tel fils ! Ce silence tuait la blonde qui haussa les épaules avant d'embrasser son fils sur le front et de quitter la pièce pour rejoindre sa chambre.
Il dormait encore et ne se doutait probablement de rien. Elle se sentit coupable. Elle avait probablement encore l'odeur de Regina sur son corps et si elle se concentrait bien, elle pouvait sentir les mains de la brune parcourir ses courbes, descendre le long de son cou, passer entre ses seins avant de les caresser, descendre le long de son ventre…
Emma s'enferma avec quelques affaires dans la salle de bain pour prendre une douche, pour effacer ce qui s'était passé entre elles après le refus indiscutable de la mairesse d'en reparler, pour se rafraichir après y avoir pensé pour la centième fois depuis qu'elle avait quitté le manoir. Le bruit de l'eau avait du réveiller le pirate qui entra dans la salle de bain sans la moindre gêne.
Pourquoi devait-il l'être ? Pourquoi Emma l'était-elle tout d'un coup ?
La blonde se dépêcha alors de se rincer, craignant que son compagnon officiel la rejoigne sous le jet d'eau. Elle s'enroula dans sa serviette et à peine eu-t-elle le temps d'ouvrir la porte de sa douche que déjà Killian l'embrassait pour lui dire bonjour. Elle répondit à peine et se recula, incapable de faire semblant plus longtemps.
« Tu m'en veux encore ? » lança-t-il avec une certaine agressivité dans la voix qui fit automatiquement perdre toute patience à Emma.
« Parce que tu pensais que j'allais te faire confiance aveuglement et ne pas prendre en compte ce qui s'est passé ? »
« Hier, tu me disais que tu comprenais et aujourd'hui tu me rejettes… »
Quel con.
« Comprendre la situation ne veut pas dire pardonner. J'ai besoin de temps pour assimiler tes mensonges. »
« Ça s'est passé il y a des dizaines et des dizaines d'années Emma, j'étais un autre homme. »
« Tu as tué de sang froid le père de David ! Mon grand-père ! Tu as menti, délibérément, tu nous as caché cette situation durant des mois et des mois alors que tu savais pertinemment qui il était. Tu as dit la vérité seulement parce que tu sentais que les choses risquaient de tourner à ton désavantage mais sinon, il ne te serait jamais venu à l'esprit de me le dire. C'est bien digne d'un pirate d'être aussi lâche. »
« C'est les filles qui t'ont mis ça dans la tête n'est-ce pas ? » changea-t-il presque de sujet brutalement, une colère noir semblant prendre possession de ses yeux.
« Les filles ? Qu'est-ce qu'elles ont à voir dans cette histoire ? »
« Tu sors avec elles hier soir pour une soirée entre filles, tu pars en m'embrassant, tu ne rentres pas de la nuit et tu reviens en colère. J'aimerai comprendre ce qui s'est passé. »
Emma se mit à sourire, totalement consternée par les propos ridicules de son compagnon. Elle soupira et releva le regard vers lui. Elles n'avaient même pas parlé de lui durant la soirée. Et encore moins lorsqu'elle s'était retrouvée seule avec Regina.
« Premièrement, je suis rentrée cette nuit, je suis juste restée en bas pour réfléchir à tout ce qui s'est passé dernièrement. Deuxièmement, je n'ai besoin de personne pour réfléchir à la situation, je sais me faire mes propres opinions. Troisièmement… » elle fit une pause pour souffler un bon coup « je vais retourner à Boston quelques jours. J'ai besoin de sortir de cette ville, de penser à autre chose et d'oublier. »
« Oublier quoi ? Nous ? »
« Non » répondit-elle en fermant les yeux après avoir eu un flash de Regina murmurant son nom au creux de son oreille. Elle ne voulait pas l'oublier… Elle. Sa réponse avait rapide, peut-être même trop lorsqu'elle réalisa l'espoir que ça pouvait représenter pour l'homme qui se tenait devant elle. « Si… » se rattrapa-t-elle immédiatement « Peut-être. Sûrement. Je n'en sais rien… »
Elle quitta la pièce et s'aida de la magie pour se changer rapidement, préparer quelques affaires et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle était déjà prête. Elle claqua la porte de sa chambre sans se retourner et rejoignit celle de son fils.
« J'y vais Henry ! » dit-elle en frappant deux coups sur sa porte, effrayée à l'idée de déranger l'adolescent qu'il était en entrant trop rapidement dans sa chambre.
Il lui ouvrit une poignée de seconde plus tard, toujours intrigué par les agissements de sa mère. Elle ne put s'empêcher de le regarder avec un sourire et de poser une main protectrice sur sa joue.
« Fais attention à toi gamin ok ? »
« Maman ? »
« Quoi ? »
« Tu es sûre que tout va bien ? Je vous ai entendu crier avec Killian… »
« Ne t'inquiète pas, c'est rien. J'ai juste besoin de prendre un peu de recul. »
« D'où tes fameuses affaires à régler à Boston hein ? »
« Prise sur le fait… » tenta-t-elle en souriant. Etrange de voir à quel point il la connaissait par cœur. Son fils en fit de même et la jeune blonde se rendit compte à quel point elle pouvait être fière de lui et de l'homme qu'il était entrain de devenir.
« Ne tarde pas trop à revenir… »
« Promis. »
Dans un geste un peu brouillon, Henry s'approcha d'elle pour la serrer dans ses bras et Emma fut touchée de voir que c'était elle qui se reposait sur lui à présent et qu'il était devenu bien plus grand qu'elle. Après un dernier baiser sur chaque joue, Emma reprit son sac et quitta la demeure sans même se retourner.
La route fut longue et parsemée de nombreuses larmes que la blonde ne prenait même plus la peine de sécher tant elle en avait versé. Un kilomètre. Une larme. Dans cette solitude, elle s'était autorisée à enfin lâcher prise et remettre en question à peu près toute sa vie. Et lorsqu'enfin elle arriva à destination, elle ne put s'empêcher de se rappeler que la dernière fois qu'elle était venue dans cet appartement, elle était accompagnée de Regina. De rage, elle jeta son sac sur son lit avant de quitter l'endroit pour une balade dans les rues de la grande ville. Nouvel objectif : se vider la tête.
Echec. Elle y avait encore plus pensée…
La sonnette du manoir Mills sonna quelques minutes après dix-sept heures, manquant de faire faire un arrêt cardiaque à Regina qui ne s'attendait pas à recevoir la moindre visite. A pas de loup, elle descendit jusqu'à la porte d'entrée ou elle regarda à travers l'œilleton, effrayée à l'idée de voir une tête blonde juste derrière.
« Henry ? » s'étonna-t-elle en le voyant attendre sur le porche.
« Désolée, j'ai oublié mes clefs chez 'Ma et comme tu habites plus près de l'école, je n'ai pas cherché à y retourner. »
« Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Bah… 'Ma m'a dit qu'elle t'avait prévenu de son départ et que je devais venir dès ce soir au lieu de la semaine prochaine. »
Regina recula pour laisser entrer son fils qui, par habitude, retira ses chaussures pour les mettre dans le placard dans l'entrée sans plus se formaliser de la situation. La mairesse le regarda faire médusée par ce qu'elle venait d'apprendre. Il ne remarqua pas la larme discrète qui s'était formée dans ses yeux. Il ne remarqua pas que le cœur de sa mère adoptive avait manqué un battement. Il ne remarqua pas que sa seule envie était de hurler.
Où diable Emma était-elle partie ?
