Et c'est parti pour une nouvelle histoire ! Il s'agissait ici de répondre à un concours organisé par Winchesters' Lair, qui demandait d'écrire notre propre épisode de la saison 3. Et pour compliquer un peu l'exercice, j'ai décidé d'inclure un challenge proposé par Moth, qui était d'écrire une fic à partir d'une citation (en gras).

Un grand merci à Anychou qui m'a bien aidée à débloquer mon syndrome de la page blanche.

Voilà, je suis addict aux reviews, donc ne modérez pas votre envie de me donner votre avis ! :P

Bonne lecture, j'espère que vous aurez autant de plaisir à lire que j'en ai eu à écrire.

My bloody suede shoes.

L'hôtel ne semblait pourtant pas si maudit que ça au premier abord. Ce n'était pas en admirant la façade rose bonbon aux moulures typiquement « Disneyland » ni les fleurs qui débordaient des balcons que le touriste lambda pouvait se douter qu'y passer la nuit serait sûrement la pire meilleure idée de sa vie. Et aussi la dernière. Voilà pourquoi Sam regardait son frère avec un air exprimant à la fois l'agacement et l'étonnement. Certes, Dean et lui n'étaient pas des touristes et savaient parfaitement à quoi s'attendre. Justement. Seul Dean pouvait afficher cet air d'enfant excité sachant ce qui les attendrait une fois la nuit tombée.

Les frères avaient débarqué à Las Vegas quelques heures plus tôt, après deux jours de voyage à bord de l'Impala. Sam s'extirpa avec joie du siège passager et étira ses longues jambes ankylosées tandis que son frère se dirigeait vers le coffre pour prendre leurs affaires, plus quelques munitions, au cas où. « Tu crois qu'on a le temps de faire tomber quelques tables de poker avant de commencer ? » demanda l'ainé, un sourire aux lèvres.

« Dean, tu ne peux pas être sérieux deux minutes ? » répondit Sam, un peu agacé. « Je te rappelle que tu m'as trainé ici pour résoudre une affaire, pas pour faire sauter la banque. » Et que pendant ce temps, je ne peux pas faire de recherches pour te libérer de ton foutu deal à la con, pensa-t-il. Il ne restait que cinq mois avant l'échéance et il n'avait toujours rien trouvé pour sauver son frère. Tout ce qu'il avait récolté, c'était un ulcère à l'estomac.

« Tu me gâches tout mon plaisir. » bougonna Dean, plus pour le plaisir d'embêter son frère qu'autre chose. Il posa les sacs sur le coffre de sa voiture bien aimée et respira un instant l'air frais de la ville ensoleillée, un petit sourire aux lèvres.

« Bon. Raconte-moi ce que tu as sur ce fichu hôtel. » capitula le cadet, s'adossant aux côtés de son frère sur la carrosserie rutilante de l'Impala.

« L'hôtel a été construit en 1966 et il parait qu'Elvis y a fait un tour en 1967. C'est ce que dit la brochure. » Dean brandit un petit dépliant vaguement cartonné aux couleurs criardes, entièrement écrit en italique rose bonbon et qui vantait les mérites du Bello Flam-inn'go, antichambre du Paradis. « Ce que ne dit pas la brochure, c'est que depuis plus de trente ans, des gens y meurent assez bizarrement. Je suis remonté à janvier 1978, où un certain Lowell Klingle a réussi le prodige de se décapiter tout seul avec un disque vinyle. Il commençait à avoir du succès en tant que sosie d'Elvis apparemment. Deux ans plus tard, on retrouve le gérant de l'hôtel électrocuté dans sa baignoire… »

« Electrocuté dans sa baignoire ? » L'interrompit Sam.

« Les enquêteurs ont déduit qu'il avait voulu changer une ampoule, mais les circonstances sont encore mal définies. » reprit Dean. « En 1984, un client est retrouvé dans son lit, étouffé en mangeant un sandwich, mais apparemment dans son sommeil… J'admire ici le merveilleux travail de la police qui ne s'est pas posé plus de questions que ça. » Ils échangèrent un sourire complice. « Et l'hécatombe continue. 1988 : overdose dans sa chambre, 1992 : étouffé dans son vomi, 1996: se tire une balle dans la tête, 2000 : crise cardiaque dans la baignoire… »

« Rappelle-moi de ne pas utiliser les baignoires de l'hôtel, elles ont l'air dangereux. » remarqua son frère.

« Exact. Le dernier incident est survenu en 2004, où un intervenant est retrouvé noyé au fond de la piscine de l'hôtel. Et ce n'est pas fini » continua Dean. « Figure-toi que toutes les victimes avaient plus ou moins un point commun avec Elvis. Les deux premiers étaient des sosies… enfin, si tu considères qu'un rouquin bedonnant de 1,50m puisse être considéré comme un sosie. » Devant le regard perdu de son cadet, il expliqua « La deuxième victime, Rogers Jim Hardy. Le gérant de l'hôtel. Il a essayé de se faire un nom en tant que sosie, mais bizarrement, n'a jamais rencontré le succès. »

« Sérieux ? » Demanda le plus jeune, ironique.

« Ouais. Parmi les cinq autres victimes, l'un d'eux était l'agent d'un sosie d'Elvis, un autre avait sorti le single d'un remix techno/country de love me tender qui a fait un bide monumental, on a aussi un type qui a sorti une biographie romancée controversée sur le King, et encore deux sosies plus ou moins réussis. »

« Beau travail. » Apprécia Sam. « Et quand as-tu trouvé le temps de faire tout ça ? »

« Bah, fallait bien que je m'occupe l'esprit, avec toi et Bobby toujours le nez dans les bouquins, je me suis cherché de quoi nous dégourdir les jambes, et voilà. »

Sam resta un instant silencieux. Il avait promis à son frère de ne pas chercher à le sauver de son pacte, mais passait tout son temps à faire le contraire, en cachette. Mais Dean n'était pas dupe. Il ramena la conversation à leur affaire. « Tu penses à quoi, un fantôme fanatique d'Elvis au point de tuer tous ceux qui osent y toucher ? » il se passa la main dans les cheveux en imaginant le nombre de victimes potentielles.

« Ça y ressemble. »

« Y'a un truc qui colle pas. » réfléchit Sam, tout haut. Dean l'interrogea du regard. « Il y a un intervalle de quatre ans entre chaque mort, sauf entre la première et la deuxième. Si c'est le même esprit qui les a tous tués, pourquoi cette différence ? A moins que… »

« Ouep, c'est ce que je me suis dit aussi. Je pense que notre fantôme est la première victime, Lowell. Et qu'il s'est fait justice tout seul. Rogers Jim Hardy et lui étaient associés et Rogers Jim a été soupçonné par la police, il est même passé devant un tribunal, mais a été acquitté faute de preuves. Le lendemain, il décidait de jouer à Bob le Bricoleur dans sa baignoire. Ce que je pige pas, c'est pourquoi attendre quatre ans pour tuer ensuite. Las Vegas ne manque pas de gens prêts à surfer sur la vague Elvis et je parie que certains ont passé la nuit dans l'hôtel sans problème.

« Ce sont toutes des années bissextiles. Ça devait avoir une importance pour lui. » Remarqua Sam.

« Comment tu sais ça, toi ? » s'exclama l'ainé des Winchester, toujours prêt à s'étonner de la quantité abracadabrante de savoir emmagasinée dans le cerveau de son frère.

« C'est facile, une année est bissextile si son millésime est divisible par 4 mais pas par 100, à moins qu'il soit divisible par… »

« Je demandais ça pour la forme, Sameinstein. » le coupa Dean. « En tout cas, si le compte est bon, Lowell devrait recommencer à tuer dans les prochains jours. Il faut qu'on trouve un moyen de s'en débarrasser avant qu'il se trouve une victime. »

« Tu sais où il est enterré ? » demanda Sam en saisissant son sac de voyage et en y rajoutant quelques munitions supplémentaires.

« C'est là que ça se corse. Il a été incinéré. » ils se regardèrent en grimaçant. « Mais la bonne nouvelle, c'est que le gérant actuel du Bello Flam-inn'go est le fils de Rogers Jim Hardy, Harrison Robson Hardy. » il laissa un temps à son frère pour absorber l'atroce assemblage de prénoms et reprit tout en se dirigeant vers l'entrée principale de l'hôtel. « Il avait 21 ans au moment des faits et travaillait comme groom à l'hôtel. Il devrait pouvoir nous aider. » Il franchit la porte d'entrée tout en continuant la conversation. « On est en relative basse saison, et tant qu'un fan d'Elvis ne déboule pas ici, tout devrait marcher comme sur des roul… » il s'arrêta net, interdit.

Le hall de l'hôtel n'était pas assez merveilleux pour couper la chique à Dean Winchester. Non, loin de là.

En revanche, le grand panneau indiquant « Convention 2008 de sosies d'Elvis Presley – concours de chant tous les soirs à 10.00 PM » et la soixantaine de bonshommes en costume blanc rutilant et banane gominée qui déambulait dans la grande salle réussirent aussi bien que si Pamela Anderson avait débarqué à poil dans la salle de réception en hurlant « JE VEUX COUCHER AVEC DEAN WINCHESTER ! »

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