06 octobre 844, District d'Orvud.

Le toit des maisons était d'un blanc immaculé, pourtant il n'avait pas neigé, mais tout avait gelé, jusqu'aux fines branches des arbres. Un froid sans pareil s'était vulgairement abattu sans prévenir, surprenant un peu tardivement les habitants qui n'avaient eu le temps de se protéger.

Un bout de nouveauté s'invita près de la capitale, pas des moins étranges, mais, qui avait le don d'égailler les places marchandes de bon matin. Le bataillon d'exploration. Du moins, trois caporaux ainsi que le Major.

C'était en quelques sortes devenu une habitude, une routine continuelle, Livaï Ackermann, le vaillant soldat devant s'occuper d'Hanji Zoe et de ses sauts d'humeur. Mieux valait alors ne pas évoquer les hurlements et jurons que le jeune homme devait alors injurier pour espérer avoir ne serait ce qu'un peu de silence.

Tout ce petit monde faisait bien du bruit, ils auraient amplement mérité de se faire bousculer entre ce tas de chairs mouvantes. Pour le noiraud qui détestait la foule c'était bien le comble ici de devoir supporter cette multitude de corps qui demeuraient dans la léthargie la plus totale.

Le brun soupira farouchement, son escouade s'était depuis un moment dispersée, c'était à son tours désormais d'également se trouver une excuse pour s'évader de ce cauchemar, de ces palabres inutiles. Pas besoin de passer par quatre chemins, son tact naturel suffisait à le sortir de toutes les situations. Frugalement.

— Je crois que je n'ai pas été assez clair, tu me fais chier, va te trouver une autre victime, lâcha-t-il irrité.

La brunette se vit dès lors parcourir seule les grandes allées de ce District, et, malgré ses nombreuses tentatives pour retrouver qui que ce soit, il paraissait désormais incontestable qu'elle devrait rentrer au quartier général sans personne pour l'accompagner dans ses rêveries.

A quelques pas de là, c'était le teint laiteux de porcelaine mais empli de douceur qu'une jeune femme entamait sa route vers une petite échoppe pour s'encombrer de quelques vaines babioles. Les premières lueurs du jour se levait, les aiguilles du cloché affichaient gracieusement que les sept heures quarante quatre avaient été atteinte, il s'en suivit alors les lourds tintements de la fonte s'entrechoquant dans une sonorité qui hantait le labyrinthe des rues du district.

Son regard verrons se porta au loin, et, baissant alors prestement la tête, vérifia l'heure qu'affichait sa montre comme pour se convaincre que tout n'était que chimère et que les minutes conspiraient à être plus friande dans leur sollicitude. Elle soupira. Son jour de permission se voyait filer à toute allure.

Beaucoup avait été forcés de prendre leurs journées, les réunions entre les hauts gradés se déroulant dans la semaine, les supérieurs avaient fait pressions pour que le maximum de soldats ne soit pas là.

Quelques mèches de sa chevelure brune s'échappèrent délicatement par-dessus son épaisse écharpe, tandis que le bruit de ses talons heurtant le sol dans une succession de petit pas vint lourdement claquer à ses oreilles.

La jeune femme grimpa dès lors les trois escaliers du petit bar de la rue Maria tout en laissant filer sa main le long de la barrière faite du vieux bois usée qui l'ornait.

Une douçâtre chaleur vint s'éprendre d'elle, minaudant alors légèrement pour desserrer son écharpe, elle en profita pour entrouvrir sa veste tout en ayant les paupières closent. Elle laissa ensuite claquer ses talons contre le planché vieilli qui donnait le charme de l'ancien à cet endroit.

La brune était alors partie s'assoir, remettant en place les plis de sa robe noire sous son manteau beige.

Le bâtiment avait la chance d'être surélevé de quelques pas, alors elle perdit son regard à la fenêtre, le visage gracieusement déposé au creux de sa main. Pensive.

Une voix rauque vint l'interpeller, elle ne la connaissait que trop bien. Surprise sûrement, elle retourna sa tête d'un coup sec, laissant ses cheveux suivre son mouvement.

— Giulia...?, demanda le jeune homme.

La jeune femme se leva alors, lui adressa un large sourire et n'hésita pas à l'enlacer avant de ne lui proposer de s'assoir à ses côtés.

— Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu dit donc, commença-t-il.

— Oui, c'est vrai, rigola-t-elle. Content de ne plus faire partie des brigades spéciales alors ?

— C'est moins la routine disons..., soupira-t-il.

La dite Giulia baissa son regard sur ses mains croisées au rebord de la table. C'était improbable qu'un jour elle ne puisse le revoir, lui qui était parti tel un voyou en pleine fuite, déchirant les souvenirs des longs mois qu'ils avaient passé ensemble.

— Et que viens-tu donc faire ici maintenant ? Tu sais qu'ils ne voudront plus te reprendre désormais..., continua-t-elle.

— Je ne reviens pas, le bataillon d'exploration a juste été envoyé pour régler une ou deux affaires avec les brigades spéciales, rétorqua-t-il alors.

— Ce ne sont que les hauts gradés qui ont été invités à venir, il me semble trois caporaux ainsi que le Major non ?

—Oui, tout à fait mais les caporaux ont amené chacun deux membres de leur escouade, et j'en fais partie, j'avais insisté pour pouvoir reprendre un peu racine ici, et pour tout te dire ça me rend même un peu nostalgique de revenir !, souri-t-il faussement.

— Oh... Edge, prononça-t-elle simplement avec compassion.

Pour tout dire, ce jeune homme, Edge Adermann était tout particulièrement beau, de somptueux cheveux à la couleur des marrons glacés et des yeux pâles majestueux, il ne lui manquait que le charme et un caractère un peu moins enfantin pour pouvoir être cribler par les demande de toute les vaines minaudières de la ville environnante.

La belle brune posa délicatement sa main contre celle du châtain en espérant le réconforter à sa manière.

— Toujours les mains gelées hein, tu veux mes gants ?, rigola-t-il.

— Non c'est bon, j'ai ce qu'il faut !, ajouta-t-elle en lui désignant son écharpe.

— Ah oui, celle de ton ancien petit copain...

Un soupire un peu amusée s'échappa des lèvres de la jeune femme, combien de fois avait-elle bien pu lui dire qu'il ne se faisait qu'une histoire de ça.

— Je t'ai déjà dit qu'il ne s'est rien passé entre nous, je lui ais presque volé son écharpe avant de disparaitre ! J'ai même honte !, se défendit-elle.

En effet, ils avaient à cœur de souvent se taquiner ainsi. Rien de bien agaçant. Inéluctablement. Après un verre prit à la va vite et quelques rires échangés ils s'en allèrent en courant et sans payer, il avait commencé par lui murmurer à l'oreille un « J'ai quelques choses à te dire...» avant de grotesquement lui hurler « Cours ! Cours ! » Aucun d'eux deux n'avait un sous en poche, ce n'était pas de mauvaise fois, dans le cas contraire ils auraient sans hésiter payer l'addition.

Ils partirent en direction du quartier général, les cheveux grossièrement décoiffés, s'arrêtant donc un instant pour reprendre leur souffle. Le vent glacial ainsi projeté à toute vitesse avait laissé leurs yeux couler sans déconvenue, le maquillage de la brune la payant bien.

Giulia passa délicatement sa main dans ses cheveux désordonnés, son autre main était contre sa taille qui bougeait au rythme effréné de sa respiration. Le prévenant ensuite avec toute la gentillesse dont elle était pourvu que c'était bien cette fois-ci la dernière fois qu'ils feraient ça, elle n'était pas un étalon prêt à courir dans cette tenue.

La jeune femme prit un instant pour remettre convenablement son manteau et reprit cette fois ci avec douceur sa route. Le ciel était blanc, laiteux, incompréhensible mais d'une quiétude apaisante.

Dans les allées du quartier général régnait d'étranges complaintes semblable à celle des propagandes, Edge les avait bien entendu après avoir quitté Giulia à l'entrée du bâtiment, dès lors effaré, comment rester muet ?

09 octobre 844, District D'Orvud

Les frêles rayons qu'exhibait le soleil perçaient l'aube, elle était alors là, regardant le spectacle des corbeaux virevoltant chacun leur tour contre les fines branches des arbres, brisant la vu contre ce ciel aux allures rosées matinales.

Elle se tenait au bord du ruisseau, agenouillée, et comme elle venait le faire chaque jour après s'être maquillée de noir, la belle brune remettant ses cheveux en arrière passait délicatement l'eau froide de la rive contre son visage.

Après cela, elle ne pouvait qu'être correctement réveillée et débarrassée de toute envie d'aller se rendormir au chaud de son lit. Alors elle entama d'aller à petit pas jusqu'aux places marchandes de la ville comme elle avait déjà pût le faire la veille.

Ici, l'on pouvait sentir l'odeur du bon pain chaud sortant tout juste du four ou bien même des spécialités que les artisans aimaient à faire connaître. Malgré tout, ce qui attirait la brune était cette petite boutique d'antiquité non loin du bar fuit le jour précédant. Voulant alors s'y aventurer, vêtue d'une longue cape serrée à ses épaules et surmontée d'une large capuche autour de sa robe vert bouteille, elle fût contrainte de revoir ses priorités.

Sans qu'une parole ne puissent être dites, à travers toute cette foule de femmes bestiales négociant à tout va, une main, preste, vint se déposer contre ses lèvres tandis qu'une autre la tirait non sans l'apeurer jusque dans une petite ruelle, une main pressée à sa taille.

Relâchant alors son emprise sur son corps tremblant, ses mains vinrent se déposer contre ses épaules, détaillant son visage pétri de grâce et de stupeur.

Une seule question se décida à redessiner ce silence, d'une voix rauque il prononça :

— Giulia, qu'est-ce que tu fais ici..., commença-t-il avant de regarder le blason discret dessiné à la bordure de sa capeline noire, dans les brigades spéciales ?

La belle brune avait écarquillé les yeux, béate, elle déposa non sans montrer tout son étonnement ses mains contre ses lèvres rosées tout en reculant à petit pas pour se défaire de cette emprise légère. L'instant d'après, ce nom, pourtant si souvent prononcer vint fendre ses lèvres :

— A-Ackermann..., prononça-t-elle d'une petite voix.

Celui-ci se tenant devant elle, passait sa main dans sa chevelure dans la plus élégante des expressions, ses iris polaires la scrutant sans déconvenue.

Et elle semble, au bord du vase, un vol de papillon arrêté dans l'extase.