Le Secret De Fortdragon
Pour plus de facilité, le décor dans lequel l'histoire se passe est entièrement inventé (je vais sans doute tirer pas mal de noms de Skyrim car je les trouve toujours très inventifs et particuliers.)
Castiel, historien, travaille à la Bibliothèque de Fortdragon. L'endroit renferme un immense secret. Les gens parlent et les rumeurs circulent. Quelle version de l'histoire est la bonne? Ou plutôt "quelles versions"? Dean et Castiel se retrouvent au cœur de la légende de Fortdragon.
Chapitre 1 - Fortdragon
Castiel Madesi entamait sa 25e année. Son anniversaire avait eu lieu quelques jours auparavant et il l'avait, conformément à chaque année, fêté en compagnie de ses parents.
Il fallait dire que Castiel était du genre solitaire. Il était historien et travaillait à l'unique bibliothèque de Riften: Fortdragon. De nombreuses légendes et rumeurs circulaient sur ce lieu: du squelette de dragon conservé dans les souterrains à la malédiction jetée sur les conservateurs. Ces derniers étant pour la plupart morts dans d'étranges conditions.
Fortdragon était une des plus anciennes et importantes bibliothèques du monde. Elle comprenait presque 30 millions de livres, de documents et de parchemins. Seule une infime partie était consultable par le public, Fortdragon étant axée principalement sur l'étude et la recherche.
L'actuel conservateur se nommait John Winchester. Sa fonction l'avait enrichi. Par conséquent, lui et ses deux fils, Dean, l'aîné et Sam, le cadet avaient emménagé une quinzaine d'années auparavant dans une grande villa, plus semblable à un petit manoir, à l'extérieur de la ville. Sa femme Mary était morte d'un cancer quelques semaines après qu'il ait eu le poste. Il avait bien failli tout abandonner, cependant il ne l'avait pas fait. Pour elle et pour ses fils. Être le conservateur de Fortdragon était le meilleur événement qui se produisait dans sa vie depuis longtemps. Sa passion et son amour pour les livres l'avaient aidé à avancer. Il n'avait cependant jamais envisagé de se remarier, ni même d'avoir une quelconque relation. Le reste de son existence était dédié à la bibliothèque.
Dean et Sam, respectivement âgés de 24 et 21 ans n'avaient eux que de vagues souvenirs de leur mère. Ils avaient néanmoins souvent ressenti le manque d'une présence maternelle. Un manque qui n'avait jamais été comblé.
Dean étudiait la chimie. Il venait de terminer son avant-dernière année. On lui laissait un mois et demi de répit avant d'attaquer la dernière ligne droite. Sam, lui, s'était lancé dans des études de droits.
Castiel, comme tous les vendredis, termina tard. À 20h30, il était encore penché sur cette phrase qui ne voulait strictement rien dire. Plus il la traduisait et la replaçait dans le texte, moins elle prenait de sens. Les versions n'étaient pas sa partie préférée du travail. Il optait le plus souvent pour des manuscrits déjà traduits ou en français d'origine. Il n'avait rien contre le latin, bien au contraire, mais tous les textes qu'on lui refourguait avaient la fâcheuse tendance à ne pas respecter la grammaire.
Il abandonna aux alentours de 21h et se dit que cette phrase finirait bien un jour par se laisser faire! Si ce n'était pas vendredi, ce serait lundi. Il rangea son stylo, son ordinateur portable et ses nombreuses notes dans son sac, mit son manteau noir et sortit de la salle où il avait passé toute la journée.
L'intérieur de la bibliothèque de Fortdragon était principalement fait de bois, tantôt clair, tantôt foncé. Certains endroits étaient néanmoins construits en pierre, c'était le cas pour de nombreux escaliers. Le bâtiment datait de plusieurs siècles mais plusieurs parties avaient du être rénovées. Tout était mis en œuvre pour que Fortdragon garde un air ancien et mystique, ce qui motivait les diverses légendes à son sujet.
La majorité des salles étaient interdites au public. Seules les personnes travaillant à la bibliothèque avaient accès à toutes, ou presque.
Castiel aimait Fortdragon. Il avait commencé à y travailler par fascination. Il était né dans une ville non loin de là et l'intérêt de ses habitants, tout comme ceux de Riften, était uniquement porté sur la bibliothèque.
Il dévala les escaliers, faisant claquer bruyamment la semelle de ses derbys. À l'heure actuelle, il ne risquait plus de déranger qui que ce soit. Il traversa les innombrables couloirs et salles qui le mèneraient à la sortie, non sans regarder les murs recouverts d'immenses étagères pleines à craquer de livres. Dieu, qu'il aimait cette bibliothèque.
Lorsqu'il franchit enfin la porte d'entrée, il s'étonna de voir encore des gens présents. Il leur rendit leur signe de main par politesse mais s'éloigna rapidement.
L'hiver approchait à grands pas et chaque jour était plus frais que le précédant. Castiel aimait l'hiver. Une fois le paysage recouvert de cette masse de neige, les sons étaient coupés par le manteau blanc. Tout était plus calme, plus paisible. Néanmoins, il aurait aimé que la neige vienne sans automatiquement amener le froid avec elle. Il était excessivement frileux et ne sortait jamais de chez lui sans veste mais cela ne l'empêchait pas d'apprécier les joies de sa saison préférée. Il entoura son cou de son écharpe et fourra son menton dans la laine qui avait quelque peu gardé la chaleur de l'intérieur.
Castiel prit un raccourci pour sortir plus rapidement du parc de Fortdragon dans lequel se trouvait la bibliothèque et se dirigea vers le bar tenu par un certain Bobby avec qui il s'était lié d'amitié.
Encore un geste qui le rapprochait de la frontière entre son monde et le secret de Fortdragon.
Dean, puisqu'il avait un mois et demi de congé avant de reprendre pour une dernière année les cours, avait décidé de passer ce temps à Riften avec son père.
Riften était une petit ville n'atteignant même pas les dix milles habitants. Elle avait été construite autour de la bibliothèque et les habitants ne vivaient que pour conserver ce monument si extraordinaire. C'était la "petite" fierté des habitants. Loin de tout, entourée de forêts, Riften était à l'écart du monde et du temps. Certes, beaucoup de touristes venaient visiter les quelques salles de Fortdragon ouvertes au public mais on pouvait constater une baisse dans leur nombre. Sans doute avaient-ils enfin compris qu'il n'y avait pas grand chose à voir hormis un grand bâtiment d'époque identique à celui sur les photos.
Dean était arrivé un peu avant midi, même jour. Il avait rapidement déposé ses bagages à la maison familiale et était revenu en ville. Il s'était donné rendez-vous avec Charlie, sa meilleure amie depuis sa tendre enfance. Ils avaient grandi ensemble, appris ensemble, ri et pleuré ensemble. Lorsque Charlie lui avait avoué son attirance pour les femmes, Dean n'avait pas été surpris le moins du monde car il en était secrètement convaincu depuis le début. Il riait bien lorsqu'il surprenait son amie à examiner de haut en bas le corps d'une femme que lui même avait remarquée.
Charlie, dès qu'elle entra à l'école, fut passionnée par la bibliothèque et toutes ses légendes. Il était donc dans la normalité des choses qu'elle y travaillât. Il était vrai qu'elle passait plus de temps derrière son ordinateur que dans les rayons de Fortdragon mais cela lui plaisait, rien d'autre n'était important.
Dean et Charlie se retrouvèrent pour déjeuner ensemble dans un café qu'ils connaissaient depuis qu'ils avaient la capacité de marcher. L'endroit donnait sur la place centrale et, une rue plus loin, se trouvait le parc de Fortdragon.
Ils s'assirent et discutèrent durant plus de trois heures. Ils ne s'étaient pas vus pendant un an, et tant d'événements s'était produits depuis leur dernière rencontre. Dean s'était séparé de celle qui avait été sa petite amie ces trois dernières années: Nora. Charlie avait obtenu une prime et avait donc maintenant accès à un plus grand nombre de salles de Fortdragon. Elle avait également emménagé avec Wendy, sa copine actuelle.
Vers 16h, Dean quitta Charlie et partit en direction de Fortdragon. Il aimait beaucoup cette bibliothèque. Pas uniquement car son père en était le conservateur, il appréciait les légendes qui s'étaient formées à son sujet. Il aimait se balader - il en avait bien évidemment la permission - entre les centaines d'étagères qu'il croisait. Il s'intéressait aux livres mais ce n'était pas cela qui retenait particulièrement son attention. Le lieu en lui-même était intriguant et fascinant. Il avait accès à toute la bibliothèque excepté aux sous-sols et aux galeries. On disait que la superficie de celles-ci faisait le double du bâtiment visible de l'extérieur. Seules quelques personnes d'exception étaient autorisées à s'y aventurer.
Lorsque Dean arriva devant le bureau de son père, il avait déjà passé trois quart d'heure à s'émerveiller - il n'en avait jamais assez - dans Fortdragon. Il sonna et, quelques secondes plus tard, une petite lumière rouge s'alluma, signifiant qu'il était occupé. Il grimaça mais ne s'en préoccupa pas et ouvrit la porte.
John était assis à la table de bureau, la tête penchée sur un document, sans doute en train de le signer. Un jeune homme se tenait devant lui, il s'était retourné à l'instant où Dean était entré. Ses yeux étaient étonnamment bleus, ce qui frappa Dean lorsque leurs regards se croisèrent. Il n'eut pas le temps d'observer plus longuement le visage de l'homme car il faisait déjà de nouveau face au conservateur.
- Bien, Mr. Madesi. Je vous souhaite bonne chance dans vos recherches.
- Je vous en prie, dit-il en se saisissant de la feuille qu'il lui tendait, Castiel.
John Winchester acquiesça et le dénommé Castiel Madesi sortit de la pièce après avoir adressé un poli signe de tête à Dean. Ce dernier s'avança et son père se leva de son siège. Ils se regardèrent pendant un instant avant de se prendre dans les bras. Dean n'avait pas plus vu John que Charlie.
Ils se mirent à rire et à se faire de chaleureuses tapes sur les épaules. Ils se séparèrent après un moment et se contemplèrent, un grand sourire dessiné sur les lèvres.
- Deux mois, c'est ça? Lança alors le père en posant ses mains sur ses hanches.
- Un mois et demi, rectifia Dean avant de balayer le grand bureau du regard.
- Ah... fit simplement John, triste de voir le temps qu'il pourrait passer avec son fils se raccourcir de quinze jours.
À peine une minute plus tard, quelqu'un d'autre entra dans la pièce, obligeant John à laisser Dean. Il s'excusa auprès de son fils et puis fila. Celui-ci fit la moue et commença à faire les cent pas dans le bureau. Il observa autour de lui, effleurant du bout des dois les petites babioles traînant par-ci par-là. Cette bibliothèque était effectivement hors du temps. Tout semblait vieux de plusieurs siècles et chaque objet avait, dans le décor, un aspect fantastique.
John, qui était censé ne partir que deux minutes, avait visiblement du rallonger le temps de son absence. Au bout d'un quart d'heure, il n'était toujours pas de retour. Dean décida donc de s'en aller et de laisser son père travailler. Il le verrait de toute façon le lendemain matin.
Il sortit du bureau, les mains dans les poches, le regard pensif. Il flâna encore une bonne heure dans Fortdragon, à la recherche de petits éléments qu'il n'aurait pas encore remarqué, et Dieu sait qu'il y en avait! Il finit par sortir pour de bon de la bibliothèque et se mit en tête de rendre visite à des amis de longues dates. Il passa la fin de l'après-midi et le début de soirée à discuter avec eux et à se remémorer de vieux souvenir.
Il finit par aller retrouver, dans les alentours de 21h, le meilleur ami de son père, avec qui Dean s'entendait merveilleusement bien: Bobby.
Encore un geste qui le rapprochait de la frontière entre son monde et le secret de Fortdragon.
Lorsque Castiel entra dans le bar, celui-ci était vide à l'exception du vieux Bobby toujours derrière le comptoir. Étonnant qu'un tel endroit soit désert en soirée. Bobby et Castiel se saluèrent et, comme à son habitude, le propriétaire du bar-restaurant partit en cuisine donner la commande de son client régulier du vendredi. Il prenait toujours le même plat, il était donc devenu inutile de lui demander ce qu'il souhaitait manger.
Castiel sortit son livre de poche et se plongea dans le policier qu'il était plus qu'impatient de terminer, tellement l'histoire était intrigante. Il était si aspiré par son roman qu'il ne vit pas l'homme entrer et s'installer quelques sièges plus loin. Il ne sentit pas non plus son regard insistant qui s'attardait longuement sur lui.
Bobby revint quelques minutes plus tard et aperçut l'homme à l'instant même où il poussa la porte de la cuisine:
- Dean!
Cela faisait, tout comme John, un an qu'il ne l'avait pas vu.
- Comment ça va, vieux? Fit le nouvel arrivant avec un grand sourire.
Bobby déposa le plat devant Castiel sans plus se préoccuper de lui et rejoignit Dean avant de lui serrer amicalement la main.
- Tu as manqué par ici, déclara-t-il après un léger rire.
- Je m'en doute, vous ne savez pas vous passer de moi!
- T'emballe pas petit! Répliqua Bobby en lui servant un imposant verre de bière.
Dean le saisit et but une gorgée en jetant un coup d'œil à celui qu'il avait reconnut comme étant Castiel Madesi. Ce dernier ne sembla rien remarquer.
On entendit un téléphone sonner et Bobby sortit son GSM avant de répondre.
- Quoi? Non, non. Oui, c'est bon j'arrive tout de suite.
Il raccrocha et Dean haussa les sourcils, dans l'attente d'une explication.
- Karen, il faut que je file. Je te laisse la clé fiston, tu fermeras, lança-t-il à l'adresse de Castiel.
Il était habitué à laisser le jeune homme fermer le bar le vendredi soir. Bobby prit ses quelques affaires et sortit, laissant Dean et Castiel seuls dans le bar.
Castiel termina son plat puis reprit la lecture de son livre. Il avait suivi la conversation tout en essayant de ne pas paraître trop flagrant. Ce Dean venait visiblement d'arriver. Il l'avait d'ailleurs aperçu cet après-midi lorsqu'il était venu faire signer l'autorisation de fouiller dans les archives au conservateur. Qui était-il donc?
Castiel allait tourner la tête pour lui poser la question lorsqu'il fut devancé:
- Vous travaillez à la bibliothèque? Demanda Dean qui s'était tourné vers lui.
- Oh! Heu, oui. Je suis historien à Fortdragon, répondit Castiel un peu dérouté.
- Je vous ai vu ce matin dans le bureau de mon père, vous faites des recherches à quel sujet?
C'était donc ça. Dean était le fils du conservateur. Tout prenait sens.
- Des vieilleries, je suppose, rit-il pensant que l'homme ne s'intéresserait en aucun cas à de vieux documents qui ne fascinaient que des hommes qui perdaient leur temps...
Dean rit à son tour sans quitter un seul instant son visage des yeux.
- Vous êtes donc le fils du conservateur? Reprit plus sérieusement l'historien en posant son marque-page à l'endroit où il s'était arrêté et en refermant son livre.
- Si on se tutoyait plutôt? Hasarda Dean
Castiel hocha la tête, un petit sourire dessiné sur les lèvres. Il était en effet bizarre que deux hommes de cet âge là se vouvoient.
- Mais oui, mon père est bien le conservateur de cette magnifique bibliothèque. J'aime d'ailleurs beaucoup y passer du temps.
- Tu viens de rentrer en ville? Demanda Castiel n'ayant jamais vu le fils Winchester dans les environs.
- Oui. Je suis étudiant en chimie. Dans un mois et demi, je commence ma dernière année.
- Pourquoi un étudiant en chimie s'intéresserait-il aux livres? S'interrogea Castiel sans s'arrêter de sourire.
- Disons que j'y ai été en quelques sortes forcé depuis longtemps. On peut difficilement faire autrement lorsqu'on est le fils d'un conservateur.
- Conservateur de Fortdragon, rectifia l'historien en se levant pour aller se servir un verre de bière.
- Vrai. Cette bibliothèque est un peu comme ma seconde maison. Elle est si grande qu'il m'arrive encore de m'y perdre.
Castiel but une gorgée avant de revenir s'asseoir sur le siège juste à côté de celui de Dean.
- Tu as accès aux galeries? Fit Castiel après s'être attardé un peu trop longtemps sur les yeux émeraudes de Dean à son goût.
- Non, malheureusement. Je me suis toujours demandé ce qu'il s'y trouvait. Mon père me racontait toutes sortes d'histoire à propos de ces souterrains lorsque j'étais gosse, sans jamais me dire la vérité. Ça doit sans doute l'amuser de me voir cogiter.
Castiel plissa les yeux et passa le bout de sa langue sur ses lèvres. Rares étaient les fois où il avait autant parlé, et avec un inconnu qui plus est. Oui, il était vrai que Castiel était seul. Il se sentait terriblement seul. Peut-être venait-il de trouver quelqu'un avec qui partager son intérêt pour Fortdragon? Il n'en savait rien mais ne voulut pas laisser passer l'occasion.
- Lundi, je dois aller y chercher quelque chose, dit-il alors. C'est ce pour quoi ton père à signé l'autorisation. Je ne peux pas y aller en temps normal. C'est d'ailleurs la première fois que je peux m'y rendre. Peut-être que tu pourrais m'accompagner, je suis sûr que si tu es avec moi, les gardiens te laisseront passer sans trop poser de questions.
- Sérieusement? Fit Dean, les yeux brillants.
Castiel hocha la tête en tentant difficilement de masquer sa joie. Dean semblait vraiment partager son attrait pour la bibliothèque.
- Rejoins moi lundi matin dans la salle 122. Je m'y trouverai certainement.
- Ok, j'y serai, confirma Dean sans même prendre note, il s'en rappellerait à coup sûr.
Ils continuèrent à parler de choses et d'autres ayant plus ou moins d'importance. Ils étaient d'accord sur pas mal de points mais se mettaient à débattre, toujours dans la rigolade bien entendu, dès que leurs avis divergeaient. Ils passèrent environ un quart d'heure à argumenter au sujet du personnage le plus important de la trilogie du Seigneur des Anneaux, sans jamais donner raison à l'autre.
Vers minuit, ils refermèrent le bar, les idées quelque peu brouillées par l'alcool. Ils confirmèrent leur rencontre du lundi matin et partir chacun de leur côté.
En voilà un geste qui venait fortement de les rapprocher de la frontière entre leur monde et celui du secret de Fortdragon.
