Avertissement : Comme indiqué dans le résumé cette fiction prend place pendant la Seconde Guerre mondiale et comme vous l'avez peut-être compris avec la langue utilisée pour le titre, le conflit est surtout vu du point de vue allemand (principalement celui de la Wehrmacht pour être plus précis). Je met donc un ici un avertissement général pour l'ensemble de la fic, le récit comportera des scènes de morts plus ou moins violentes, de mutilations, de massacres, des exactions en tout genre... Mais étant donné le contexte et le point de vue pris le récit comportera aussi des actes discriminants et des paroles relayant des idées nauséabondes qui ne sont nullement cautionnées mais qui ont malheureusement marqué la période. Sinon malgré une volonté de coller au plus près de l'Histoire, je me permets quelques libertés comme la présence d'éléments surnaturels et de corps d'armée mixte sur le modèle de SNK.
Disclaimer : Shingeki no Kyojin est la propriété de Hajime Isayama (même si parfois faudrait lui empêcher de faire n'importe quoi avec...Oui le chapitre 93 m'est resté en travers de la gorge).
Wir waren Soldaten
Chapitre 1 : schweiß und Blut
Finlande – décembre 1939
La forêt endormie par l'hiver et le froid était parcourue d'un brouillard qui étouffait les sens et dissimulait les silhouettes. Le soldat se tassa derrière l'arbre brisé en deux qui lui servait d'abri dérisoire. C'était un jeune sous-officier emmitouflé dans un manteau blanc qui recouvrait son uniforme grisâtre, et qui attendait que les Russes s'approchent suffisamment pour lancer l'assaut. Mentalement il compta le nombre d'hommes qui s'étaient portés volontaires et qui l'accompagnaient pour la mission : Trois, plus un parti en éclaireur. Leur seule chance de s'en sortir était de frapper vite et fort au bon moment, puis de se replier aussitôt.
Le soldat envoyé en éclaireur revint à pas de velours, rampa jusqu'à lui, murmura :
– Korpraali, quinze soldats russes à moins d'un kilomètre, normalement le pont a été détruit donc ils vont être obligés de passer par ici.
Et il se glissa derrière un roc recouvert de neige pour s'abriter.
Le jeune caporal leva le bras et fit le signe qui indiquait que des ennemis étaient en approche, le geste passa de main en main jusqu'au soldat le plus éloigné. Ces satanés diables rouges allaient apprendre que les Finlandais n'étaient pas du genre à se laisser faire sans rien dire, quand ils étaient attaqués ils mordaient.
Une neige épaisse et compacte se mit à tomber. Les corps se raidirent dans la perspective de l'assaut et les cinq combattants resserèrent leurs doigts sur leurs armes, une prière au bord des lèvres.
Le bruit d'une branche se brisant sous une semelle et un juron en russe déclenchèrent la curée.
Frapper et casser !
Le jeune sous-officier se leva le premier, c'était son rôle que d'entraîner les autres en avant. Les premiers coups de feu fauchèrent deux membre de l'armée rouge mais aussitôt leurs camarades répliquèrent et l'enfer se déchaîna sur ce petit morceau de forêt. Au moins il n'y avait pas d'artillerie cette fois...Plus rien ne comptait excepté le combat, l'humanité s'était réduit à cette poignée de militaires hurlants.
En nombre la petite unité finlandaise était clairement désavantagée mais elle profitait du brouillard et d'un terrain qu'elle connaissait bien mieux que son adversaire. Néanmoins une balle traversa le torse de l'un des assaillants finlandais, il s'écroula, mort. Le leader de l'opération évita de peu le même sort mais un sniper en appui lui sauva la vie.
Le son d'une centaine de pied marchant sur le sol gelé indiqua que la chance risquait de changer de camp si le combat se prolongeait.
– Ramassez le corps de Svein et repliez-vous, je vous couvre.
– Vous entendez le caporal ? Repli les gars.
Un contre huit, il y avait plus qu'à espérer que la balle portant son nom n'était pas dans l'un de ces fusils...L'ennemi le plus proche était trop près pouvoir ajuster un tir, à la place il lui donna un coup de le crâne avec la crosse de son Mosin. Aussitôt après il se jeta derrière un tronc, visa et tira. La chute d'un corps indiqua qu'il avait touché sa cible. Une balle lui passa à travers l'épaule et lui arracha un grognement. Le jeune caporal voulu répliquer sauf que son arme s'enrailla entre ses mains. Bon sang, à ce rythme...
Il bondit hors de sa cachette, bouscula le Russe qui lui barrait la route et prit ses jambes à son cou. Il connaissait suffisamment ses hommes pour savoir qu'ils avaient eu plus de temps qu'il ne leur en fallait pour disparaître. Les balles sifflèrent à ses oreilles, le manquèrent de peu. Si son plan marchait il avait une petite chance de s'en sortir, sinon...
Sans ralentir il franchit l'orée du bois, la lumière du soleil sur la neige blanche était aveuglante.
Plus que quelques mètres...Plus que quelques mètres complètement à découvert...Ses pieds entrèrent un bref instant avec le bord du précipice, puis ce fut le vide, et enfin la chute dans l'eau glacée.
Le courant était trop fort pour que l'eau gèle mais celle-ci restait suffisamment froide pour représenter un danger mortel, surtout étant donné la température extérieure. Une fois hors de portée de tir, le sous-officier entreprit de se hisser sur la berge, la première tentative fut infructueuse et il manqua de se briser les os sur un rocher. Encore un effort...Ses mains gantées s'enfoncèrent dans la neige et saisirent la neige dissimulée dessous avec l'energie du désespoir.
Epuisé il resta étalé au bord de la rivière. Il devait bouger, si il restait là, trempé, il allait mourir. L'humidité et le gel rendaient ses vêtements beaucoup trop lourds. Fichu hiver, fichu guerre...
Le jeune finlandais n'aspirait plus qu'à rejoindre sa base pour se réchauffer. Il aperçut la coiffe avant l'uniforme au détour d'un chemin, mais il était trop tard pour se cacher. Par réflexe ses mains placèrent le fusil en avant et appuyèrent sur la gachette, c'est seulement à ce moment qu'il remarqua l'insigne de manche en forme d'étoile et le liseré bleu sur les insignes du col. Le commissaire politique s'écroula, la nuque déchirée par une balle.
Le caporal s'empressa de s'éloigner, avant que le bruit du coup du feu n'attira d'avantages d'ennemis, il ne remarqua pas la forme sombre qui avait quitté le cadavre et qui rampait vers lui.
Front de l'est – Septembre 1941
Eren sentit la boue aspirer ses bottes avec un bruit de succion, il les dégagea et pesta entre ses dents. Bon sang, il allait encore échouer à rendre son uniforme impeccable et l'Oberfeldwebel Shadis allait encore lui passer un savon. Il regrettait l'été, ce bel été russe avec ses champs de blé à perte de vue et ses températures chaudes, il regrettait ce temps où ils fonçaient à travers le pays rouge avec la sensation que Moscou était à portée de Panzer. Mais à en croire les vétérans, ceux qui avaien fait la Grande Guerre, l'automne n'était rien par rapport à ce qui les attendaient en hiver.
Sa plaquette avec son nom et son matricule se balançait sur son torse, en louchant il pouvait presque lire « Eren Jäger ».
– On prend quel chemin Unteroffizier ?
– J'en sais rien, tu en pense quoi Armin ?
Eren était doué pour un tas de choses, par exemple il savait bondir devant des soldats adverses et manquer de se prendre une bastos entre les deux yeux, il était également capable de porter un ami blessé jusqu'au camp de repos alors qu'il avait lui-même une balle dans la jambe, mais en revanche lorsqu'il fallait choisir un itinéraire ou une stratégie il préférait faire appel à son meilleur ami Armin, car l'une des qualités d'Eren était aussi de savoir s'entourer des meilleurs alliés.
– Nous devrions sortir de la forêt et longer la rivière jusqu'au bivouac suivant, nous serons à découvert mais nous verrons l'ennemi arriver et nous serons suffisament éloigner de la lisière pour ne pas être à portée de tir.
– Bien faisons ça !
Eren avait toujours admiré Armin, son ami d'enfance était l'une des personnes les plus intelligentes qu'il connaissait et il était prêt à mettre sa vie entre ses mains sans hésiter une seule seconde. Il se souvenait encore du jour où il avait rencontré un gamin blond en revenant du parc où il s'était battu avec des plus grands et des plus costauds que lui, la première chose qu'avait fait l'autre garçonnet avait été de planquer derrière lui livre d'Erich Maria Remarque qu'il était en train de lire, aussi que se rappelait Eren, Armin avait toujours adoré lire, surtout Ernst Jünger.
Le sergent était aux aguets en conduisant ses hommes le long du cours d'eau. Voyager en territoire ennemi était une entreprise périlleuse mais c'était lorsque la nuit était tombée qu'ils étaient le plus en danger, à cause des partisans qui profitaient de ce moment pour sortir les attaquer. En fait à la guerre il y avait trois choses qui lui mettaient les nerfs en pelote et il savait qu'il était loin d'être le seul : voir ses hommes tombés dans une embuscade tendue par des partisans, subir un feu d'artillerie impuissant et pouvoir juste attendre que ça passe, et le risque de...
Clic...
Eren se retourna en même temps que Armin, derrière eux un soldat figé sur place regardait son pied gauche. Il releva la tête, son visage était décomposé par la peur et par la colère.
– Je ne veux pas mourir ici Unteroffizier, pas comme ça.
– Merde...C'est miné ! hurla Eren, repliez-vous en remarchant bien dans vos empreintes de pas... Thomas ne bouge surtout pas !
Au moment où Armin passa à côté de Thomas ce dernier l'attrapa par le bras. Eren sentit son sang se glacer dans ses veines.
– Laisse le partir Thomas, ne fais pas de conneries.
Mais le malheureux se contenta de décrocher son médaillon de chien pour le tendre à son camarade.
– Ecris à mes parents pour leur dire que je suis tombé au combat et que ma mort a été utile, invente quelque chose.
– Je le ferais.
Eren attendit que tous les autres soldats se soient éloignés du danger pour revenir sur ses pas à son tour. Une fois suffisamment loin il se retourna et regarda Thomas jusqu'au bout, c'est tout ce qu'il pouvait faire pour l'infortuné combattant.
Le reste du trajet jusqu'au camp de base se fit à l'aide d'une boussole, d'une carte et de la mousse sur les arbres, ils n'étaient partis que quelques heures mais le jeune agent se sentait épuisé.
– Alors les gars, vous en avez eu beaucoup de ces chiens de Staline ? L les interpella un soldat en vert de gris en venant vers eux alors qu'ils prenaient leur repas près d'un feu de camp.
Eren resta silencieux, peu importe le nombre d'ennemi vaincu, seul les pertes dans ses propres rangs avaient réellement un sens au final. De toute façon il ne s'était pas engagé dans la Heer pour ça, mais en espérant y retrouver son père qui y officiait comme médecin militaire et qui avait disparu de la surface de la terre depuis la campagne de France.
– Les bolcheviques vous ont coupé la langue ? J'ai entendu qu'ils faisaient ça parfois, mais généralement ils ne laissent qu'un seul survivant qu'ils renvoient pour faire un exemple, vraiment des animaux ces gens là.
Armin s'agita nerveusement. Le nouveau venu s'approcha de deux soldats occupés à partager une cigarette. Ils bondirent sur leurs pieds pour le saluer.
– Désolé Unterfeldwebel, on ne vous a pas entendu arriver, on était plongé dans nos pensées.
– Alors cette mission, la glorieuse Wehrmacht a-t-elle encore fait des exploits ? Racontez-moi.
Les deux fantassins baissèrent la voix pour répondre, si bien qu'Armin n'était pas en mesure d'entendre ce qui se disait, mais il avait un mauvais pressentiment. Sa bouchée de pain cartonneux glissa difficilement dans sa gorge.
Le sourire inscrit sur la figure du sergent-chef s'effaça au fur et à mesure que le récit se poursuivait. A la fin ses dents étaient serrées dans un rictus de colère.
– Arlert...Espèce d'enfoiré...
Armin se rappela que le frère ainé de Thomas servait aussi dans le même corps d'armée que lui.
– Unterfeldwebel Wagner, je...tenta-t-il de se justifier alors qu'il était soulevait par le col.
Eren bondit sur ses pieds, il ne pouvait pas laisser le sous-officier s'en prendre à Armin. Tout d'abord parce qu'il se sentait responsable de ce qui était arrivé à Thomas, après tout c'était son idée d'essayer d'avancer derrière les lignes ennemies avec un petit groupe d'hommes en passant là où la défense était moins renforcée, sur le modèle des Sturmtruppen, mais surtout car il s'était juré de protéger son ami d'enfance, ils avaient fait une promesse, lorsque la guerre sera finie ils iront voir la mer.
Armin se crispa dans l'attente, depuis tout petit son physique de chétif l'avait habitué à être utilisé comme puching-ball par les autres. Le premier coup lui fit voir des étoiles, le second le fit vaciller et le troisième le projeta à terre. Par réflexe il plaça les mains devant son visage pour se protéger, laissant ainsi son ventre à découvert pour les coups de pieds. Le sang coulait de sa lèvre fendue, ses côtes le brûlaient...Le déferlement de violence s'arrêta brusquement.
Prudemment il retira ses mains mis en protection devant sa tête, ses cheveux blonds étaient collés à son front par la sueur. La première chose qu'il vit en ouvrant les yeux fut Eren assis à califourchon sur le sergent-chef, les phalanges rouge d'avoir frappé.
– Retouche le et je te fais avaler ton insigne de combat d'infanterie.
