Encore un one-shot, pour s'infiltrer dans les pensées de Yoite cette fois. Quel personnage torturé et passionnant...Je devrais avoir calmé mon besoin d'écrire sur Nabari no Ou maintenant..Ou pas.


Je voudrais pouvoir me séparer de ce corps que je ne contrôle plus, m'évaporer dans l'espace en un milliers de particules friables comme la cendre. Le miroir ne reflète plus que le mur contre lequel je repose ma carcasse douloureuse, mon excuse d'existence. Je suis un fantôme hantant mes propres souvenirs, je suis un nuage qui déverse la rage du ciel, un rien qu'on écrase sous la semelle clouté d'une chaussure sans s'en rendre compte. Je suis un insecte, une bactérie, un microbe qui dévore sa propre chair dans un cycle sans fin. Faim, satiété, faim, satiété, agonie, repos dans le crime. Je nettoie ma peau putréfiée dans le lac du sang que j'ai versé, entre deux montagnes blanches ivoires d'ossements humains qui s'élèvent vers l'immensité. Je comprends enfin que me séparer de ce corps souillé n'effacera pas le rouge qui noie mon esprit.

Il faudrait que la foudre frappe le ventre encore plat de ma mère et qu'elle anéantisse une existence vouée à l'errance meurtrière, il faudrait qu'elle déploie sa rage salvatrice sur l'embryon que je fut et n'aurais jamais dû être.

Il faut que je cesse d'exister.


Mi/Ha/Ru Comme un sortilège ou un vœu. Une malédiction ou une prophétie. Qui es-tu ?De ton poing serré tu déchire mes entrailles et me dis avec un sourire, farfouillant dans les décombres d'un être décomposé, « Yoite, tu es un autre moi-même ». Je ne sais pas qui tu es, mais je sais ce que tu n'es pas. Tu n'es pas le néant. Tu es un sourire, la buée sur la fenêtre d'un compartiment de train. Parfois tu enterres ton regard dans la terre meuble et tu rejoins mon monde mort-vivant. Mais tu n'es pas la mort. Tu n'es pas la mort.

Mi/Ha/Ru...un secret.

C'est toi qui peut me faire disparaître. Bien sûr, car tu es tout ce qui n'existe pas dans mon monde. Tu serre mes mains rongées par la gangrène entre tes mains blanches et enfantines et tu dis « Yoite, je promets que je vais te sauver ». Tu appelle sauver ce que j'appelle anéantir. Est-ce ta façon à toi de te laver du crime ? Ou jongle-tu avec les mots pour déformer mon souhait à ta convenance ? Je ne peux pas lire en toi, car tes yeux ne reflètent pas les sentiments humains que ceux de ces autres créatures qui nous entourent reflètent. Je ne te comprends pas. Mais si tu me trahis, je pointerais sur toi la détresse et la putréfaction dont j'ai été doté. Je m'emparerais de ton pouvoir et je réaliserai mes aspirations à l'aide de mes membres défectueux. Je peux y arriver, sans toi.

Mi...Ha...Ru...Un démon.


Mon corps est lourd comme une plaque de marbre et je me traîne dans la neige pour te rejoindre. Je sais que tu ne me trahiras pas. Car je sais à présent que je n'ai pas besoin de voir mon reflet sans attrait dans le miroir, si je peux y voir tes yeux écarquillée, tes yeux brouillés.

Tes doigts qui caressent mon visage l'enflamme et le noircisse. Tes larmes qui coulent sur mes joues sont des traînées d'acide qui me rendent au néant.

Miharu.