Que se passe-t-il quand je mate la belle et le clochard 2 avec en tête les fanarts canidés de supernatural ? Et bin ça donne ça...
Écrit d'une traite ! (c'est assez rare pour en être noté)
Merci à Pimpiericky pour sa correction !
Màj du 21/01/2016 : avant d'écrire la suite j'ai voulu modifier un peu ce chapitre. Pas mal de détail me gênait alors... Voici la version bis !
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Une vie au poil
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Le Trickster trottinait tranquillement dans la rue, l'œil et l'oreille aux aguets, flairant les bonnes odeurs matinales de la ville tandis que le vent se mêlait à son pelage. Il cherchait un endroit où s'alimenter et le trouva sous la forme d'une boucherie de quartier. Toujours prêt à faire son cinéma pour un peu de viande, le Trickster se planta devant la vitrine, pencha la tête sur le côté et fit ses yeux tristes en poussant de petits gémissements de martyrs. Cinq minutes plus tard on vint lui apporter un os à ronger qu'il commença à déguster sur place pendant qu'on le caressait. S'il voulait revenir plus tard et espérer le même traitement, il était dans son intérêt de se laisser papouiller. Il fallait savoir faire des sacrifices pour gagner sa croûte et se faire flatter le dos n'était pas le plus désagréable qu'il ait fait...
Il s'éloigna tout de même quand les caresses commencèrent à se faire trop insistantes et à devenir vraiment pénible. Il avait un os à ronger et c'était du boulot ça ! Ça demandait de la concentration ! Il s'échappa donc tranquillement des papouilles de l'humain et partit se planquer dans une ruelle discrète, l'os entre les crocs.
Le Trickster aimait sa vie, celle de chien des rues. Il était libre, sans les soucis d'une famille à gérer ou d'un gosse à supporter. Trouver de la nourriture n'avait vraiment rien de compliqué quand on savait s'y prendre, pas besoin de travailler et de garder une maison pour ça. Il lui suffisait d'entretenir un petit peu son beau pelage doré et le tour était joué ! Les touristes lui donnaient leurs restes en pleine saison et les autres mois il n'avait qu'à mendier auprès des commerçants.
Les humains étaient si facilement manipulables...
Soudain, Alors que le Trickster s'échinait à lécher le moindre morceau de moelle juteuse, un bruit derrière lui le mit sur la défensive. Il aurait peut-être dû s'assurer que la rue était vide avant d'attaquer son petit-déjeuner... Les oreilles levées et les babines retroussées, il vit une poubelle se renverser à quelques pas de lui.
Allait-il devoir défendre son bout de gras ? L'idée ne l'enchantait pas vraiment. Les chiens borgnes ou boiteux recevaient beaucoup moins de morceaux de bifteck et beaucoup plus de coup de balais.
Le Trickster se tenait sur ses gardes, prêt à bondir, quand il aperçut derrière les poubelles un autre chien à l'air tout penaud. Les oreilles basses et la queue entre les pattes, ce dernier l'observait avec de grands yeux humides. Il n'avait vraiment rien de menaçant, au contraire. Et puis cette bouille triste... Si le Trickster avait su faire une tête pareille, il nagerait dans la viande rouge !
- T'as du talent gamin, admit-il en lorgnant d'un œil appréciateur cette truffe à faire pleurer les pierres.
- J'ai perdu ma famille, pleurnicha l'autre en s'avançant dans la lumière.
Le Trickster se sentit immédiatement menacé, très menacé, en découvrant l'apparence de l'autre.
Le nouveau canidé le dominait d'une bonne patte et était tout en muscles et en nerfs. Son pelage brun sombre rehaussé par un poitrail et un museau beaucoup plus clair lui donnait un air particulièrement féroce sans parler des griffes qui raclaient le sol ou des crocs tranchants à souhait qui devaient se cacher sous ce long museau... Si combat il y avait, le Trickster ne donnait pas cher de ses jolis poils blonds.
- Tu veux bien m'aider ? geignit le broyeur à os sur pattes en baissant davantage la tête.
Bon ok, il avait « l'air » féroce ! Mais avec ses yeux tristes et son arrière train au ras du sol, il donnait juste envie qu'on lui léchouille le museau et qu'on lui frotte l'encolure de la truffe pour le rassurer. Sans compter que, en y réfléchissant bien, avoir une tête pareille dans ses amis, ça pouvait être un très bon plan ! Du genre repas grand luxe à volonté ! Entrecôtes et rumstecks, au moins ! Sans parler de l'avantage « garde du corps » non négligeable… A lui de s'en faire un allié maintenant.
- T'as faim ? proposa le Trickster en poussant son os du bout du nez.
Il fallait savoir faire des sacrifices dans la vie. Qu'était un pauvre os face à la promesse de viandes saignantes et juteuses à souhait ?
- Mais c'est à toi, objecta le brun.
- J'en trouverais d'autres, régale-toi gamin !
L'autre chien devait être affamé puisqu'il se jeta aussitôt sur l'os et se mit à le déchiqueter avec ses crocs. Qui étaient bel et bien dangereusement blancs et pointus...
Amusé par l'empressement du plus jeune - il devait avoir perdu son statut de chiot il y a peu – le Trickster alla s'allonger à côté de lui, museau sur les pattes. Il en profita pour renifler discrètement son invité. Savon et anti-puce. Un chien de maison donc, avec un maître. Dommage ! Mais tout n'était pas encore perdu...
- Tes maîtres t'ont abandonné kiddo ?
- Non, aboya aussitôt l'autre chien en le regardant durement. Il ne m'a pas abandonné !
- Alors quoi ? Tu t'es juste réveillé un matin accroché à un arbre au milieu de nulle part ?
L'autre sauta d'un coup en grognant et le Trickster se retrouva sur le dos, emprisonné entre quatre pattes et une puissante mâchoire qui le menaçait dans un grondement plus qu'inquiétant.
- Compris ! J'ai compris ! Pas la peine de le prendre comme ça ! Je me renseigne c'est tout ! C'est pas comme si j'avais pas sacrifié mon repas pour toi...
Le Trickster bénit son ventre quand celui-ci se mit à gargouiller juste au bon moment pour confirmer ses dires. L'attitude de l'autre changea immédiatement à l'écoute du bruit stomacal. Il se recula, s'assit sur son arrière-train, baissa les yeux et se mit à gémir pitoyablement. Se remettant debout d'un coup de rein bien placé, le Trickster tourna un instant autour du plus jeune, savourant sa petite victoire, avant de répondre à son instinct et de lui lécher le museau d'un grand coup de langue qui lui ébouriffa la moitié du pelage jusqu'au crâne.
- Reprends ton repas gros malin, se moqua-t-il.
- Mais toi...
- Moi je ne suis pas un chien de salon, ricana le blond. C'est pas une petite faim qui va me tuer !
L'autre continua de le regarder avec tristesse un instant avant de s'éclairer, littéralement. Ses oreilles se dressèrent ainsi que sa queue et il se précipita vers l'os. Il le prit dans sa gueule et serra les mâchoires, encore, encore et encore jusqu'à ce que... Crack.
L'os céda.
Gloups, pensa Trickster en sentant sa fourrure se hérisser de peur. Je ne le contrarie plus jamais moi...
- Tiens, voilà ta part, lui indiqua l'autre, tout content, en poussant vers lui la moitié d'os la plus grande.
- Sympa Kiddo ! Et tu t'appelles comment ?
- Samuel ! Mais mon maître m'appelle Sam.
- Et qu'est-ce que tu fais ici tout seul si tu n'as pas été abandonné ?
- Je me suis égaré, soupira tristement son compagnon. Ma famille et moi on est arrivé ici il y a quelques jours. J'ai voulu partir en balade seul et je n'ai pas réussi à retrouver mon chemin. Les odeurs sont tellement... Étranges ici !
- On s'y fait Kiddo ! s'esclaffa le blond.
- Et toi, tu t'appelles comment ?
- Moi c'est le Trickster ! Le seul et l'unique !
- Ton maître t'a appelé comme ça ? le questionna Sam, dubitatif.
- Du tout ! Je n'ai pas de maître moi, je suis libre comme l'air ! Je n'ai besoin de personne et j'ai trouvé mon nom tout seul !
- Oh, ça doit être amusant, acquiesça Sam d'un air pas si amusé que ça.
- Ça l'est ! aboya fermement le Trickster. Tu devrais essayer, tenta-t-il à tout hasard.
- Non merci. Moi, je veux juste rentrer chez moi. Retrouver ma famille.
Le Trickster se fit de nouveau avoir par les yeux mouillés de son compagnon. C'était presque rageant de voir à quel point le plus jeune était doué, plus que lui !
- Bah, je connais pas mal le coin, je peux éventuellement t'aider à rentrer, lâcha le blond avec un sourire vaincu.
Le Trickster ne sut pas ce qu'il avait déclenché avant de voir Sam lui sauter dessus, le noyer dans sa bave du bout du museau jusqu'à la pointe des oreilles avant de finalement s'asseoir devant lui, la queue battante et la langue pendante.
- Quoi ? Tout de suite ? Mais on a même pas fini le p'tit-dèj !
Attaque "yeux mouillés".
- J'ai compris, on y va... Amène-moi à l'endroit où tu t'es perdu, soupira le blond, vaincu.
Sam sauta sur ses pattes et se dirigea vers l'entrée de la ruelle. Le Trickster regarda avec tristesse les deux bouts d'os remplis de moelle à peine mâchouillés. Adieu le repas...
Retournant rejoindre Sam, il remarqua aussitôt le changement d'allure. Le chien un peu fou et apeuré avait laissé place à la bête de race, gracieuse et noble. Il faisait vraiment nabot à côté... Et pourtant il n'avait pas la taille d'un caniche ! Loin de là ! Ça devait être question de prestance. Il avait envie de lui mordiller une patte pour se venger... Mais c'était là une trèès mauvaise idée. Il ne fallait pas oublier les crocs brise-os, surtout pas !
Les deux chiens trottinèrent de concert pendant un petit moment et le Trickster put confirmer son intuition concernant les dons de mendiant de Sam. Les humains lui mangeaient dans la patte ! Sans même sortir ses yeux de chiot malheureux, son compagnon attirait toute la sympathie et l'admiration des passants. Il allait véritablement perdre un filon de steaks sur patte. La vie était cruelle ! On croyait trouver son El dorado, sa fontaine à viande fraîche, et on découvrait que celle-ci souhaitait à tout prix rentrer chez elle pour faire le beau et manger des croquettes... C'était honteux.
- C'est ici que je ne retrouve plus ma trace, annonça tristement Sam en posant à nouveau sa truffe à terre, à tout hasard.
- M'étonne pas, on est à côté du marché aux épices, constata le Trickster. Tu te souviens de ce que tu as fait avant d'arriver là ?
- Il y avait un parc... J'ai pourchassé un écureuil puis un oiseau et après je me suis retrouvé ici, incapable de retrouver mon chemin.
Le blond ne put s'empêcher de frotter son museau contre l'encolure de Sam devant sa bouille à nouveau triste.
- Je sais où on va, suis-moi.
Trickster zigzaga sans mal entre les étals, suivit plus difficilement par son ami un peu plus haut sur pattes et plus imposant. Il ne savait pas s'il devait en être vexé ou non... Dans le doute, il allait dire oui !
Une fois le marché traversé, il ne leur fallut pas longtemps pour retrouver la piste de Sam et encore moins de temps pour arriver à l'entrée du parc.
- Comment est-ce que je peux te remercier ? haleta Sam avec joie.
- J'ai bien ma petite idée, fit malicieusement le Trickster qui avait repéré un marchand ambulant à l'étal appétissant. Va faire le beau devant cet humain !
- Ça te suffira ?
- Oh que oui !
Perplexe, Sam accepta la demande et alla se mettre à côté du stand de hot-dog pour faire son tour. Le Trickster attendit que le marchand soit bien occupé à féliciter le brun avant de se coller discrètement contre le muret et de se faufiler jusqu'à l'arrière du stand. D'un coup de museau et de patte bien placé, il ouvrit la porte de la petite réserve frigorifique et récupéra un paquet de saucisses. Il s'éclipsa sans demander son reste, amusé de voir que l'humain était toujours occupé à jouer avec un Sam tout content.
Ce dernier le retrouva quelques minutes plus tard, juste après qu'il ait éventré le sac en plastique contenant la viande et commencé à engloutir son repas.
- Ce que tu as fait est mal, l'accusa immédiatement Sam.
- Mais tellement bon ! Viens manger avec moi, tu verras ! Le goût de la nourriture honnêtement chapardée est toujours meilleur !
- Non, tu as volé cet humain. Cette nourriture ne t'appartenait pas !
- Maintenant si !
Sam se mit à grogner avec intimidation. En réponse, le Trickster se leva sur ses pattes et grogna à son tour. Il voulait bien être gentil mais il y avait des limites ! Une saucisse, c'était une saucisse !
- Pourquoi tu ne rentres pas chez toi ? Tu connais la route maintenant, grogna le Trickster.
- Je... J'avais espéré que tu m'accompagnerais jusqu'au bout...
Combo "yeux mouillés" et "gémissements plaintifs". Échec critique.
- T'es pas croyable toi...
Le blond observa son paquet de saucisses à peine entamé, en goba deux autres pour la route et laissa son butin sur le côté. Ça ne valait pas la peine de l'enterrer, l'odeur était bien trop forte même pour un museau enrhumé.
- J'espère que ce n'est pas loin...
- Merci Trickster, lâcha soudain l'autre en le regardant avec une intense gratitude.
Mais il disposait de combien d'attaques ce foutu chien ? C'étaient quoi ces yeux doux et cette langue en mirliton ? Il en avait les pattes flageolantes ! Et maintenant sa putain de queue battait derrière lui sans lui avoir demandé la permission ! Ça avait le don de le mettre de mauvais poil ça ! Et quand on savait la quantité de poils qu'il se trimballait, c'était pas peu dire !
Grommelant et grognant, le Trickster reprit la marche en tête, truffe au sol, jusqu'à ce que Sam le rejoigne, de nouveau dans sa démarche du noble chien sauveur d'enfants.
- Lassie.
- Quoi ?
- Je vais t'appeler Lassie, grogna Trickster en tentant de faire revenir sa mauvaise humeur. Tu as tout de ce taré à poils longs !
- Qui est-ce ? demanda Sam curieux.
- Une affreuse bestiole rousse et blanche qui n'avait rien d'autre à faire que de sauver les petits d'humains assez stupides pour se coincer dans les avalanches.
- Comment le connais-tu ?
- C'est une véritable légende chez les humains et son histoire a fini par circuler de chien en chien. Il vivait loin et il est mort. Tant mieux ! Les chiens ne sont pas faits pour être au service des humains ! Les colleys ont toujours eu le cerveau ravagé de toutes façons...
- J'aime beaucoup mon maître moi. S'il tombait dans une avalanche, quoi que ce soit, j'irais le sauver.
Trickster se remémora les crocs et préféra ne pas commenter.
Tous les deux, ils arrivèrent après une route plutôt longue de l'avis des pattes du blond jusqu'à la maison de Sam. Elle n'était pas difficile à reconnaître, c'était la seule avec une chatière énorme dans la porte, des carcasses métalliques tout autour et qui fleurait l'odeur de Sam. C'était aussi la seule tout court.
- Allez file, je te suis des yeux jusqu'à la porte des fois que tu te perdrais en route, se moqua le Trickster.
- Merci pour tout, fit Sam avant de coller sa tête contre la sienne dans un geste de gratitude très intime.
- Grouille avant qu'on ne t'oublie, s'pèce de Lassie !
Trickster regarda avec amusement Sam se diriger lentement vers la maison, inquiet et excité, et gratter à la porte. Un humain plus tout jeune, sentant la graisse, l'essence, la poussière et le mauvais alcool fit son apparition accompagné d'un autre chien aux teintes plus claires que le brun de Sam et à l'allure plus trapue. Son frère à l'odeur, conclut Trickster même s'il était éloigné.
Le blond s'éloigna discrètement alors que Sam se faisait accueillir comme un roi.
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- Sammy, tu me saoules avec ce chihuahua, grogna Dean alors que lui et son frère se promenaient en laisse dans le parc.
- Ce n'est pas un chihuahua Dean, soupira Sam.
- Petit, blond, une grande gueule, je vois pas de meilleure définition pour un chihuahua !
- Ça n'en était pas un. Et puis je ne t'en parle pas tant que ça !
- Naaan ! Au levé, à la promenade matinale, quand on garde la maison, avant qu'on fasse la sieste, au dîner, durant la balade du soir, quand on garde les tas de métaux, au coucher...
- C'est bon j'ai compris ! N'en jette plus ! Mais tu comprendrais si tu l'avais rencontré ! Il était tellement...
- Et c'est reparti pour un tour, râla Dean la langue pendante.
- Il est là !
- Hein ?
- Je le sens ! Dean, tu m'excuseras auprès du maître !
Sam ne laissa pas le temps à son frère ou à son maître de réagir avant de s'échapper brusquement de la prise molle de ce dernier et de s'enfuir en pistant l'odeur fraîche du blond pendant que Dean lui aboyait dessus. Il dut tourner plusieurs fois dans les allées et faire des détours mais il le trouva enfin, en train de se bronzer le poil sur un banc chauffé par le soleil.
Sam s'approcha en toute discrétion, bien décidé à faire une surprise au Trickster.
Arrivé à son niveau, il lui lécha subitement le museau, attendant le glapissement de surprise avec un sourire amusé.
Mais ce dernier ne vint pas.
Sam recommença sa manœuvre, poussa du bout du museau la tête du blond qui se laissa faire comme un poids mort. De plus en plus inquiet, Sam commença à lui mordiller gentiment l'oreille avant de le pousser à nouveau, au flanc cette fois et en gémissant plaintivement.
Soudain, un brusque tiraillement sur sa laisse le fit sursauter violemment et glapir en claquant des mâchoires.
- Dire que j'ai failli ouvrir les yeux alors que tu avais mon oreille dans la gueule Lassie ! J'ai bien fait de m'abstenir, j'aurais perdu une partie de moi dans l'affaire, ricana le Trickster.
- Tu m'as fait une peur de tous les diables ! s'insurgea aussitôt Sam.
- Je suis désolé kiddo, j'ai cru que tu avais décidé de me surprendre et j'ai simplement voulu te donner une petite leçon...
Sam se sentit aussitôt gêné et honteux avant de se reprendre et de sauter sur le banc pour ennuyer le Trickster en abusant de sa prédominance physique. Mais le Trickster étant ce qu'il était, d'une feinte il réussit à s'échapper de la langue et du museau de Sam et atterrit par terre sur ses quatre pattes.
- Amateur, renifla-t-il avec dérision.
- Je suis content de te revoir, annonça soudain le labrador en s'allongeant sur le banc. C'est dommage que tu ne sois pas venu avec moi la dernière fois. Je suis sûr que mon maître t'aurait récompensé.
- Et quoi ? J'aurais eu un collier ? Très peu pour moi ! J'aime pas les humains et les familles encore moins !
- Comment peux-tu savoir sans avoir testé ?
- Je le sais, c'est tout. Dis-toi que je sais beaaaucoup de choses que tu ne sais pas Lassie !
- Je crois que mon maître arrive, annonça Sam en se redressant. Il doit se demander ce qu'il m'a pris...
- Tu veux dire que ce qui pend dans ton dos n'est pas un accessoire de mode ? Je suis déçu.
- Tu veux bien que je te présente ?
- Ce sera sans moi mon beau ! J'ai des trucs de prévus et me faire embarquer par la fourrière n'en fait pas partie.
Le Trickster lui fit un dernier câlin avant de s'enfuir à travers les buissons.
- Sam !
- Sammy ! Qu'est-ce qu'il t'a pris !
Les explications allaient être longues...
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Après cette rencontre, les jours passèrent et le temps tourna. La sécheresse estivale fut entrecoupée de pluie orageuse. Le Trickster se retrouva à vadrouiller dans les rues avec apathie. Il avait faim mais la pluie rendait les gens beaucoup moins désireux de lui faire des offrandes. Soi-disant qu'il empestait le vieux tapis mouillé... Bande de racistes ! Est-ce qu'il leur disait lui que les humains sentaient le cochon avarié ?
En attendant, il avait faim. Vraiment faim. Il ne lui restait plus qu'une solution vu les refus répétés des humains de le nourrir mais elle ne lui plaisait guère : fouiller les poubelles. Des souvenirs d'os à moelle, de saucisses, d'ailes de poulet et steaks frais lui envahirent la tête et le flair. C'était moche ce que lui jouait là le Grand Esprit !
Avec un brin de dégoût, il renversa une poubelle qui lui paraissait aussi peu attirante que toutes les autres et commença à fouiner dedans. Un bout de viande par-ci, un morceau de poisson pas trop pourri par là, trois pâtes en passant, c'était pas ça qui allait lui remplir l'estomac.
Il trottina un peu plus loin dans la rue, cherchant encore une idée de secours avant de fouiller une nouvelle poubelle quand un aboiement connu le figea.
- Trickster ? appela Sam.
- Mais qui c'est qui voilà ? C'est mon Lassie d'amour ! Et en laisse en plus ! Et si tu faisais le beau pour moi ?
- Idiot !
- Calme-toi Sam ! Qu'est-ce qu'il te prend à tirer sur ta laisse comme ça ? râla l'homme au bout du chien.
- Attention, ton humain va bientôt se fâcher contre toi si tu continues. Tu risques le journal sur le nez mon gars, se moqua le chien blond.
- Le maître ne lui fera aucun mal, gronda une voix féroce et menaçante.
Le Trickster avait complètement occulté le frangin... La faute à cette pluie aussi ! Il en perdait tout son odorat !
- Alors c'est toi Trickster. T'as vraiment tout du nabot, se moqua l'autre chien en se hérissant.
Le blond grogna. Il n'aimait pas ça du tout. L'autre voulait rentrer dans un rapport de dominance et lui voulait juste se trouver un coin au sec et de préférence au chaud avec de quoi se baffrer.
- Ça suffit Dean, s'interposa Sam.
Les deux frères se regardèrent avec une certaine tension et le Trickster observa ça avec intérêt, jusqu'à ce qu'une grande main inquiétante apparaisse dans son champ de vision et atterrisse sur sa tête. Il s'apprêtait à grogner en réponse quand l'humain commença à le grattouiller, juste à l'arrière des oreilles, juste là où c'est bon... Oh oui, fallait surtout pas qu'il s'arrête ! Il remuait la queue comme un chien de maison mais il n'en avait rien à foutre !
- Tu veux qu'on le ramène avec nous Sam ?
Le grand brun aboya aussitôt son accord.
- Et toi t'es d'accord ?
Tout ce que vous voulez mais n'arrêtez surtout pas, aurait bien voulu répondre le Trickster sauf qu'il était trop occupé à fondre sous les gratouillis. Quand ceux-ci cessèrent, il gémit à l'intention de l'humain et lui fit ses yeux mouillés. Enfin... Encore plus mouillés vu la situation.
- M'étonne pas que tu t'entendes avec Sam toi, marmonna l'humain avec un brin d'amusement.
- C'est chouette que tu viennes avec nous, s'enthousiasma le brun en posant sa tête sur les omoplates du Trickster.
- Ma présence honore toujours les habitations que je daigne visiter, se vanta le Trickster.
- Ce qu'il faut pas entendre, soupira Dean. Vous venez ou vous avez décidé de dormir là ?
Le Trickster suivit les deux autres chiens avec une apparente mauvaise volonté. Dans les faits, il était plutôt content. Fini les poubelles pour aujourd'hui, vive la gamelle et la maison au sec !
Durant toute la promenade, le Trickster s'amusa à regarder Sam qui contenait très mal son enthousiasme. Il avait toujours son allure fière et racée mais on pouvait apercevoir une langue pendante de temps à autre ou une queue qui battait la mesure comme un métronome en allegro. Il trouvait ça très mignon et très drôle. Sous ce corps de bête féroce se cachait encore le chiot qu'il avait dû être.
Arrivé à la maison, Trickster n'eut pas le temps de passer la porte d'entrée qu'une serviette éponge lui atterrit sur le dos. Quoi ? Son odeur de vieille carpette était à ce point gênante ? Au moins avait-il des poils lui ! Il n'était pas un singe nu aux allures de crevettes avariées !
Bon gré mal gré, il accepta de se faire essuyer, y trouvant même un certain plaisir quand ça passa sur des zones à gratouillis. Puis il suivit Sam et découvrit, oh bonheur ! Une cheminée ! Une vraie ! Avec un grand tapis juste devant ! Et un vieux chien galeux aussi...
- Dean, c'est bien ça ? lâcha Trickster. On ne t'a jamais appris à laisser la place aux invités ?
- Non.
- Bon bah, je te l'apprends !
- M'en fous. Si t'es pas content, t'as qu'à venir me disputer la place, ricana l'autre chien en dévoilant ses crocs.
Trickster avait l'impression qu'ils étaient encore plus impressionnants que ceux de Sam... Pas juste...
En parlant de Sam, celui-ci alla s'installer à côté de son frère, le poussant un peu pour avoir de la place et appela Trickster.
- Viens, lui proposa-t-il à montrant l'espace à ses côtés. Dean n'ira pas t'embêter ici.
- Ah oui ? Et pourquoi je ne le ferais pas ?
- Parce que sinon je montre au maître le trou que tu as déjà fait dans le jardin.
- Traître.
- Taupe.
- Banane.
- Mortadelle.
Trickster laissa les deux frères à leur tendre échange et alla s'installer au côté de Sam. Et ce fut le paradis. Rectification, il monta au paradis quand le corps de Sam se colla à lui et qu'il posa sa tête dans son cou. Là c'était sûr, le Grand Esprit l'avait rappelé au pays des arbres à os et des rivières de steaks.
Il ne réalisa même qu'il s'était endormi, bercé par la respiration de Sam et la chaleur des flammes jusqu'à ce qu'il fut réveillé par des coups de truffes dans son cou.
- Quoi, grogna-t-il de mauvaise humeur.
Il était dans un super rêve et n'avait pas envie d'en sortir.
- C'est l'heure des croquettes, lui indiqua la voix de Sam.
- Je suis réveillé, bailla-t-il en se levant mollement.
Il suivit Sam à la cuisine. Deux gamelles étaient déjà prêtes pour les deux habitués et une assiette faisait office de gamelle provisoire pour lui. Il commença à manger, sa queue touffue balayant le sol derrière lui à un rythme régulier. C'était bon les croquettes !
Jetant un petit coup d'œil à ses côtés, il découvrit la couleur étrange de celles de Sam.
- Elles sont vertes, constata-t-il bêtement.
Dean ricana aussitôt à côté alors que Sam paraissait soudain gêné.
- Ton maître a confondu et t'a donné de la nourriture pour mouton ? Je sais que t'en as la taille et l'obéissance mais...
- Elles sont... Aux légumes, marmonna Sam avant de replonger le nez dedans.
- Hein ? Légumes et quoi ?
- Légumes et légumes, se moqua Dean. Mon frère est fan des croquettes végétariennes ! Je savais bien que c'était le plus bizarre de notre portée !
- Dean ! Qu'est-ce que ça peut faire ? J'aime ça et alors ?
- Sérieux ? insista le Trickster avec des yeux ronds.
- Tu vas pas t'y mettre toi aussi...
Attaque "yeux mouillés". Ça devrait être interdit par la convention de Nonosville ça !
- Je peux goûter ?
Sam se décala légèrement et Trickster récupéra délicatement trois croquettes qu'il glissa dans son museau avec appréhension.
- Mangeable. Surtout en cas de famine, convint Trickster.
Sam le remercia et lui lécha le museau avant de frotter sa tête contre la sienne. C'était une chose à laquelle Trickster risquait de vite s'habituer.
- Un teckel... Mon frère est le copain d'un teckel. T'as gagné Sam, maintenant j'ai honte !
- Je suis pas un teckel, grogna aussitôt Trickster.
- Ah ouais ? Et t'es quoi alors ?
- Un quart labrador, un quart golden retriever et une moitié grand génie !
- S'il y a pas du teckel ou du cocker dans ton sang, je veux bien me faire guide d'aveugles, se moqua Dean.
- Va te faire cuire un os...
- On se calme ! intervint Sam. Et si on retournait à la cheminée ?
Le Trickster et Dean se regardèrent brièvement avant de courir d'un même élan vers la cheminée. Quand Sam les rejoignit, il découvrit un enchevêtrement de pattes, de poils et de museaux sur le tapis et un maître surpris de la scène. Sam passa aussi discrètement que possible devant lui pour aller rejoindre son frère et son ami, rajoutant une couche supplémentaire à la confusion de membres.
Le maître ne fit aucun commentaire mais regarda d'un œil amusé les canidés se réagencer lentement dans une position plus confortable pour dormir.
Trickster passa sa meilleure nuit depuis bien longtemps. Le ventre plein d'une alimentation équilibrée – ça sonnait comme un gros mot mais parfois ça valait le coup - et entouré de deux masses chaudes, il était retourné dans son paradis personnel.
Comme toujours dans ces cas-là, le problème c'était le réveil.
- Gabriel ? appela celui qui l'hébergeait.
Par réflexe et parce qu'il n'était encore qu'en partie réveillé, il aboya en réponse et s'approcha mollement du maître. Jusqu'à ce qu'il réalise son geste. Une patte levée, tel un lévrier à l'affût, il découvrit une femme en costume bleu avec un appareil maudit entre les mains. Un lecteur de puce. Il était grillé.
Gabriel pouvait flairer derrière lui la tension et la surprise des deux frères.
Une solution ! Vite ! Rapidement ! Il fallait... La putain de chatière ! Elle devait forcément être ouverte, elle était là pour ça !
D'un bon, Gabriel se lança dans un galop désespéré, évitant les mains des humains et sautant sur la chatière en priant pour qu'elle ne soit pas fermée. Heureusement, il passa bel et bien de l'autre côté et s'enfuit au grand galop vers sa ville, fermant ses oreilles aux appels de son nom et se servant de toutes les ruses qu'il connaissait pour semer les deux labradors aux longues pattes et aux muscles entraînés.
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Dean commençait à être à bout. Ça faisait déjà quatre jours que son frère pignait tous les jours à longueur de temps ! Quatre jours que le cocker s'était enfui à toutes pattes en laissant son frère dans la confusion et l'inquiétude ! Ça allait se payer ça ! Mais d'abord, il devait réussir à remettre Sammy sur pattes.
- Tu comptes gémir encore longtemps comme ça ? grogna Dean.
Sammy lui fit son célèbre regard mouillé et Dean eut bien des difficultés à empêcher ses genoux de mollir.
- Tu veux qu'on le ramène par la peau du cou, oui ou non ?
- On a déjà essayé de flairer sa piste, geignit Sam. Et on a pas réussi... Il est introuvable...
Dean regarda furieusement son frère apathique et sentit la moutarde lui monter au nez. S'approchant à grandes enjambées, il attrapa la queue de son frère dans sa gueule et mordit. Pas assez fort pour le blesser mais assez pour l'énerver un bon coup et le faire grogner contre lui.
- Il y a du progrès ! J'ai cru que t'allais pigner encore des jours et des jours !
- Je suis inquiet pour lui !
- C'est un chien des rues Sam ! Comme on l'a été, tous jeunes chiots ! T'en fais pas pour lui, il saura se débrouiller !
- Mais... Pourquoi a-t-il fui de chez son maître ?
- Qu'est-ce que j'en sais ? Peut-être que son maître ne lui donnait pas la pâtée qu'il voulait ou alors les enfants ont tiré une fois de trop sur ses oreilles. Qu'est-ce que ça peut faire ?
- Ou alors il a été abandonné, murmura Sam dans un gémissement.
- Que... ? Si tu veux, il a été abandonné ! Dans tous les cas, ça n'a plus d'importance ! Aujourd'hui il se considère sans maître, c'est tout ce qu'i savoir.
- Dean ?
- Quoi ?
- Je veux le revoir, gémit Sam avant de hurler à la mort.
Dean soupira, sachant très bien que rien n'allait pouvoir calmer son frère, pas même une course entre les épaves métalliques, pas même de déchirer une vieille banquette arrière. Le mieux qu'il pouvait faire, c'était s'allonger contre lui en attendant que ça passe.
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Gabriel ne se sentait vraiment pas en forme. Entendre le nom que lui avait donné son ancien maître lui avait rappelé de mauvais souvenirs. Il mangeait à peine, ne prenait plus soin de lui et déprimait, tout simplement.
C'est probablement pour ça qu'il ne fit pas attention en traversant. C'est pour ça qu'il ne vit pas la voiture. C'est pour ça qu'il vola durant l'espace de quelques secondes.
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Ça bouge. Mauvaise odeur. Voix humaine.
000
Nouveau réveil. Juste des couleurs.
Blanc.
Vert.
Blanc.
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Il ouvre les yeux.
Envie de vomir.
De bouger.
Il gratte.
Il gémit.
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Encore la douleur. Et les couleurs.
Blanc.
Blanc.
Gémir.
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Le réveil. Il est dans une salle étrange. Il y a une odeur connue. On le caresse. Il est groggy. Il en redemande. On le soulève. Il se rendort.
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On le déplace encore. Les odeurs familières sont plus fortes.
On le pause sur un tapis. Il y a une cheminée. Il y a un copain. Il y a Lui aussi. Des corps se collent contre lui.
Il a mal.
Des mains humaines s'interposent, écartent les corps. Ces derniers reviennent, moins près, moins pressants. Un museau se cale contre le sien avec douceur. Ça va aller...
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Sam avait cru avoir une crise cardiaque en voyant son maître rentrer avec un Gabriel dans les bras, comme mort, recouvert de bandages tout autour du ventre des pattes antérieurs jusqu'aux postérieurs. Le glapissement faible que le blond avait sorti quand il avait voulu se presser contre lui avait été un déchirement, autant que la main de son maître pour le ramener à la raison et l'éloigner un peu. Ensuite, il avait essayé d'être sage, de rester juste à la limite de ce qui était permis.
Pendant les jours qui suivirent, Sam fut aux petits soins. Gabriel ou le Trickster, peu importe, était complètement amorphe et déniait ses croquettes. Son maître dût agrémenter son eau de sucre et lui, il fit de son mieux pour lui redonner vie en le léchouillant et en frottant son museau là où c'était permis, soit presque uniquement à la tête.
Il était tellement occupé à prendre soin du petit blond que lui-même se nourrissait à peine et son frère devait grogner ou montrer les crocs pour qu'il daigne avaler sa gamelle et boire son bol d'eau. Et ne parlons pas des sorties... Mais aussitôt les besoins naturels remplis, Sam retournait auprès de Gabriel pour le veiller comme une chienne ses chiots.
Et il y eut le premier vrai gémissement.
- Sam, tu m'en mets jusque dans la truffe, se plaignit Gabriel alors que le brun le léchouillait encore.
- Tu es de retour parmi nous, geignit Sam en se mettant aussitôt à plat ventre pour être à son niveau.
- Faut croire, répondit-il platement.
- Comment ça va ?
- T'en as d'autres des questions du genre ?
Sam haleta de douleur devant le ton froid du blond.
- Le maître a dit que dès que tu pourras, il faudra que tu manges tes croquettes, indiqua Sam, la tête baissée.
- Puisqu'il le faut...
Gabriel se mit sur ses pattes avec quelques difficultés après les nombreux jours en activité très réduites et se traîna jusqu'à la cuisine, escorté par un Sam aux oreilles basses. Gabriel avala sa gamelle – il en avait une à lui maintenant, une jaune – avec lenteur, entama son bol d'eau et retourna se coucher. Sauf qu'il ne se sentait ni la force ni l'envie de retourner devant la cheminée. A la place, il se faufila entre un mur et l'arrière d'un fauteuil.
- Gabriel ? s'inquiéta Sam.
- Fiche-moi la paix, grogna le blond en montra les crocs, quelques poils, non recouverts de bandages, hérissés.
Gabriel ne se sentit pas plus coupable que ça en voyant Sam repartir la queue entre les jambes. Pas du tout. Et le voir s'installer dans un coin où il pouvait faire semblant de regarder ailleurs tout en veillant sur lui ne lui faisait rien non plus. Absolument rien.
Pourquoi avait-il survécu ? Tout fuir, y compris la vie, n'aurait peut-être pas été une si mauvaise chose après tout...
C'est sur cette pensée très déprimante que Gabriel se rendormit. Il se réveilla en entendant deux humains discuter racontant une histoire qu'il savait déprimante.
- … Suis renseignée Bobby, indiquait la voix d'une humaine. L'ancien propriétaire du chien a été destitué de tous ses droits sur ses animaux, en plus d'être en prison pour quelques années pour élevage et combats illégaux de chiens ainsi que tortures et maltraitances. Tu peux garder Gabriel, ça ne posera aucun problème. Fais-le-moi simplement savoir que je mette à jour sa fiche.
- Qu'entends-tu exactement par élevage, combats et le reste ?
- Il faisait des croisements de chiens pour la revente en tant que chien de combats. Combats qu'il organisait lui-même.
- Gabriel ne ressemble pas à un chien de combat Jody, remarqua l'humain.
- Il faisait partie de la seconde catégorie. Ceux qu'il se gardait sous le coude en tant que "compagnie". Il en avait encore trois sur les quatre qu'il possédait officiellement quand la police est intervenue. Gabriel, le quatrième, avait dû être abandonné avant.
- Et les autres ?
- Bobby...
- Je veux savoir.
- Le premier, Raphaël a été trouvé plus mort que vif. Il a été aussitôt pris en charge par les services vétérinaires mais... C'était trop tard. Le deuxième, Lucifer, était extrêmement dangereux. Il a blessé trois officiers dont l'un a été handicapé à vie et il a manqué de peu en égorger un quatrième. Il était totalement fou. Il a dû être abattu sur place. Quant au dernier, Michel, physiquement et mentalement ça avait l'air d'aller mais il a défendu son maître jusqu'au bout.
- Que veux-tu dire par jusqu'au bout ?
- D'après le rapport de police, Michel a été maîtrisé très facilement et son maître n'a pas été difficile à arrêter après la mort de Lucifer mais quand la voiture de police est partie avec ce fou à son bord, Michel s'est échappé et jeté sous les roues de la patrouille. Littéralement. Comme s'il avait pensé pouvoir arrêter la voiture.
Gabriel gémit. Il s'en était douté. Ça n'avait pas pu se passer mieux après son départ, forcément...
- Je suis désolé pour toi, murmura Sam en apparaissant depuis le côté du fauteuil.
- Fiche-moi la paix, haleta Gabriel.
- Désolé, continua Sam en recommençant à léchouiller le blond.
- Arrête !
- Pardon.
- Tu sais rien ! Te n'y connais rien ! Tu ne peux pas comprendre !
- Désolé.
- C'était mon maître ! Je me suis libéré tout seul de cet arbre et j'ai essayé de le retrouver ! Vraiment ! Mais j'ai pas réussi...
- Désolé.
- Je l'aimais. Lui et les autres, gémit Gabriel.
- Je sais.
- C'est pas vrai...
- Aide-moi Sam, ordonna Dean de l'autre côté du fauteuil, prêt à repousser le meuble avec sa gueule.
Sam obéit et à eux deux ils écartèrent l'obstacle. Sam alla aussitôt s'allonger tout contre Gabriel et posa son museau sur les pattes de ce dernier.
- C'était mon maître. C'étaient mes frères, pleura Gabriel.
- Pardon Gabriel.
Les deux humains se retournèrent en entendant un hurlement. Ils découvrirent le chien blond en train de hurler à la mort et de pleurer en haletant, soutenu par les deux labradors couchés près de lui.
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Gabriel avait mis plusieurs jours encore à se remettre de ses blessures avec sa crise dépressive mais désormais il retrouvait sa bonne humeur.
Quand il fut définitivement guéri, Bobby l'adopta officiellement. Il n'en aurait pas eu l'intention que le chien serait de toute façon venu squatter chez lui et qu'il aurait peut-être reçu des représailles de Sam par-dessus le marché... Il découvrit par la même occasion le véritable caractère de Gabriel. Bobby comprit qu'il n'avait pas seulement adopté un chien mais aussi une catastrophe ambulante.
Dean et Sam, une fois leur période chiot fou passé, avait été des chiens plutôt calmes et tranquilles. Ça leur arrivait de faire des bêtises, Dean était la bête noire des chiennes du quartier et Sam adorait déchiqueter ses livres mais dans l'ensemble ils étaient plutôt reposants, s'occupant l'un l'autre sans faire d'histoires. Gabriel par contre... Il était né chien fou, avait grandi chien fou et mourrait sûrement en chien fou. Son jeu favori était d'enrager Dean et de le faire courir à travers toute la maison avant de se réfugier à l'abri entre les pattes de Sam. Il aimait aussi s'allonger exactement au bon endroit pour que Bobby se prenne les pieds dans son corps et avait un don pour leur attirer les pires ennuis en balade tel que des marchands de hot-dogs furieux. Sans compter ses plongeons réguliers dans la moindre mare qui passait à portée de promenade. Bon, quand les puces arrivaient par contre, il faisait tout de suite beaucoup plus pitié...
Mais Bobby avait fini par trouver son point faible ! Gabriel n'aimait pas les friandises pour chien, il en raffolait ! On pouvait tout lui faire faire ou presque en échange d'un os ou d'un stick à mâcher, fourré au porc ou au poulet. Le problème, c'est que Bobby ne pouvait malheureusement pas en abuser... Mais parfois ça lui sauvait la vie ! Ou au moins sa santé mentale. Ce chien était beaucoup trop intelligent pour son propre bien, et sa langue en mirliton et sa queue battante quand il observait Bobby affalé avec épuisement dans son fauteuil préféré prouvaient une chose : Gabriel savait très bien ce qu'il faisait.
Cela dit, Bobby ne l'avouerait que sous la torture mais il ne trouvait pas cela désagréable d'avoir une compagnie aussi vive, même si Gabriel abusait un peu pour ne pas dire beaucoup. Ça mettait du piment dans le quotidien et l'empêchait de s'encroûter. Et puis il y avait les moments de calme. Généralement c'était grâce à Sam. Ce dernier se frottait à Gabriel ou lui faisait les yeux doux et le blond devenait une vraie pâte à sucre. Surtout le soir, devant la cheminée, quand Sam était presque vautré sur lui et frottait son museau contre le sien. Dean détournait toujours la tête, comme désabusé par la scène pendant que Gabriel se laissait papouiller en silence.
C'était pas si mal une vie de chien, surtout avec des copains et un bon maître.
Fin
Ne me demandez pas ce que j'ai voulu faire ou dire ! J'en sais fichtrement rien ! C'était censé être joyeux, avec juste un passage triste sur l'histoire de Gabe mais je pensais pas que ce moment allait être aussi plombant T_T
Pour info, il se trouve que j'ai commencé cette fic à 1h du matin et que je viens de la finir à (regarde son horloge =.=) 5:20 ! Donc c'est sorti comme c'est sorti ;p
Une dernière chose, je vais faire des suites sous formes de petits drabbles. J'ai déjà trois petites suites de prévues. Après celle-ci... Vous verrez enfin arriver Castiel ;)
