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Résumé : Le prix de la grandeur, c'était l'humanité.
Le prix à payer
Les yeux fixés sur Henriette, Louis n'arrivait pas à en croire ses yeux. C'était un cauchemar. Ca ne pouvait pas être réel. Pourtant la mort, il connaissait, il l'avait tellement côtoyée malgré son jeune âge ! Mais son esprit refusait d'admettre qu'Henriette était morte.
Henriette.
Sa cousine.
Son amie.
Son amante.
Sa confidente.
Henriette… venait de les quitter.
Il pouvait sentir un trou dans son cœur, un vide en lui, une dévastation réelle. Il leva les yeux au ciel, les yeux secs, terriblement secs, malgré son envie de pleurer, malgré son besoin de pleurer. C'était viscéral, cependant, aucune larme ne parvenait à couler. Et hélas, il savait pourquoi.
C'était là le fruit de son éducation.
Sa mère et Mazarin l'avait élevé en roi et non en homme. Un roi pouvait pleurer pour son royaume, pour son peuple. Un roi ne pouvait pleurer pour lui-même, pour sa peine. Le roi devait toujours dominer l'homme. Le roi devait toujours passer avant l'homme. Entre l'homme et le roi, ces deux entités toujours en conflit, le roi devait toujours sortir victorieux. Louis savait qu'il était un être humain, pourtant, par moment, il se sentait tout autre. Il était une espèce de créature, d'expérimentation, pour créer le roi dont le pays avait besoin. Il ne blâmait si sa mère ni le cardinal. Sa pauvre mère avait fait de son mieux et dans une France à feu et à sang, elle avait été plus qu'une grande reine, elle avait été un grand roi, et elle avait aimé la France au point de vouloir lui léguer un roi digne d'elle, digne de la protéger, un roi fort. La tentative était réussie. On l'appelait déjà le Grand. Mais le prix de cette grandeur, c'était son humanité. Preuve en était : il venait de perdre un être cher à son cœur, il sentait toute la peine que cela lui causait, la douleur était indicible, il était effondré et il n'arrivait pas à pleurer, à extérioriser ses sentiments, tout simplement parce qu'on ne le lui avait jamais appris. Pourtant, l'homme désirait ardemment sortir, sortir tout ce qu'il avait sur le cœur, être plus humain, plus proche des siens. Quand Philippe était revenu changé de la guerre, il avait voulu aider son petit frère. Il se souvenait encore de sa colère froide face au chevalier de Lorraine. Au-delà de la piqûre de la trahison, ce qui l'avait énervé le plus, c'était le fait que le chevalier avait brisé le cœur de Philippe. Il y avait eu certains moments de connexion, des moments où une proximité avait pu se faire, comme lors de la création de l'Etiquette, ou le feu d'artifice. Cela n'avait jamais duré hélas. L'homme ne sortirait peut-être jamais. Ou trop peu à son goût. C'était sa croix à porter. Il la portait de bonne grâce, car il aimait la France. Il l'avait eue en héritage de son père, de son grand-père, et elle méritait mieux que les périodes de trouble. Il était de la lignée de ceux nés pour régner sur le royaume de France, des siècles de rois s'étant écoulés avant son arrivée. Il devait s'en montrer digne. Composer entre l'homme et le roi. D'où l'éducation de sa mère pour que le roi gagne toujours.
Pourtant, alors qu'il tenait la main d'Henriette, si froide et pourtant toujours aussi douce, malgré toute sa compréhension, il l'exécrait de tout son être.
Il voulait pleurer mais il ne le pouvait pas.
Et le plus triste, c'était de savoir qu'il ne le pourrait jamais, condamné à réprimer ses sentiments jusqu'à la fin de son existence.
FIN
