Hunters
Chapitre 1: Le chasseur et son chien
janvier 1994,
Sa cape claqua sur le sol en pierre. L'homme s'arrêta un instant, ayant visiblement perçu un bruit suspect mais finit à contrecœur par repartir en direction du château. Ses bruits de pas s'estompèrent lentement dans la nuit pour devenir inaudibles et se fondre dans les nombreux crissements de la forêt. La proie attendit encore quelques minutes avant de laisser échapper un soupir de soulagement presque humain. Il avait failli l'attraper cette fois, si le vent n'avait pas caché son odeur. Son traqueur devait être en train de manger maintenant, avec les autres, lui laissant à lui aussi le répit pour reprendre des forces. Une brusque envie de mordre quelque chose, quelqu'un, pour faire passer cette horrible tension qui fourmillait dans le moindre de ses pauvres muscles bien malgré eux contraints à l'immobilité, le prit. Mais d'humain il n'y avait plus et d'animaux il n'y avait pas encore. Il faisait trop clair pour que les nocturnes sortent, il faisait trop sombre pour que les animaux vivants le jour ne soient pas terrés dans leurs tanières, entre chien et loup. Une fois encore il musela son instinct de chasseur…
Au même moment, l'homme se retourna une dernière fois, puis secoua la tête pour oublier la mauvaise impression qu'il avait. C'était comme si quelqu'un l'espionnait, pourtant, cela ne pouvait pas être lui; il en était sûr, il avait fouillé plusieurs fois le parc. Il accéléra le pas et se déplaça en direction du château. Il ne fallait pas qu'il soit en retard car il avait un rendez vous essentiel. Il allait falloir convaincre le directeur de prendre les mesures qui s'imposaient contre cette bête. Il frissonna à cette pensée: comment allait-il réagir? Il pénétra dans le château et se dirigea vers le bureau du directeur, de moins en moins assuré au fur et à mesure que ses pas l'en approchaient. Enfin le moment fatidique arriva et il se retrouva en face de la gargouille.
« chocoballes »
La gargouille pivota pour laisser place à un escalier qu'il emprunta, gravissant lentement les marches qui le rapprochait avec une fatalité inexorable du grand sorcier. Il arriva en haut et mit plusieurs secondes à se décider puis toqua. La porte s'ouvrit sur un vieil homme à l'air malicieux.
« Entre Remus, je t'en pris! De quoi voulais-tu me parler?
-Eh bien...Je crois que j'ai quelque chose à vous avouer...Remus s'arrêta, il semblait en proie à un dilemme intérieur. Voyant que Remus n'arrivait visiblement pas à continuer, Dumbledore insista:
-Oui?
-Cela concerne Sirius Black. C'est un animagus... Les mots avaient été dis tout d'une traite, comme un secret trop longtemps retenu. Il se sentait maintenant libéré. Dumbledore releva la tête et sourit l'œil pétillant. A cette vue le visage du loup-garou se détendit. Il ne lui en voulait pas. ... Je crois que je vous dois des explications, directeur. Je vous promets de prendre toutes les mesures possibles contre ce monstre.
-Allons Remus, un traître, surement. Un tueur, il semblerait mais un monstre…Sirius Black a toujours été très humain dans ses pires bassesses comme c'est le cas de nombres d'entre nous.
-Vous avez probablement raison, directeur. Il se trouve que Lui, James Potter et Peter Pettigrow sont d'abord devenus animagus pour m'aider.
-Un exploit impressionnant, il semblerait que l'amitié, à l'instar de l'amour, donne des ailes.
-Ne vous moquez pas professeur. »
Plus tard dans la journée, quand les choses eurent été mises à plat, de nombreuses décisions furent prise. La maison qui nous intéresse alors était à cette heure sombre et silencieuse. Des meubles brisés jonchaient le sol de celle-ci, n'étant que les marques les plus visibles de la folie furieuse qui avait conduit la maison à cet état de délabrement. La poussière avait depuis longtemps figée ces marques d'un déchainement définitivement passé, scène d'une bataille qui avait été sans cesse perdue mais sans cesse renouvelée jusqu'à... Un chien était endormi dans le seul fauteuil encore entier, cependant le dormeur remua légèrement dans son sommeil puis se réveilla. Il huma l'air puis, réalisant qu'il y avait une présence étrangère dans la pièce, bondit brusquement. Un homme apparut à la place du chien et brandit sa baguette.
« Qui êtes-vous?
-Baissez cette baguette Sirius!
-Dumbledore! Comment m'avez vous trouvé? Qui vous a dit pour moi?
-Remus.
L'homme grogna sous le coup de l'étonnement et de la déception mais continua:
-Vous devez m'entendre! Ce n'est pas moi qui les ai tués! Pettigrow était le gardien... Un plan pour tromper Voldemort...Le rat s'est enfui...
-Rendez vous et suivez-moi sans résistance si vous voulez avoir une chance de vous expliquer. Vous savez comme moi que les détraqueurs seront bien moins cléments. »
L'homme eut une étrange lueur dans les yeux. Elle ne dura qu'un instant puis il se résigna et s'approcha du vieillard dont le regard perçant le traversait.
« Je vous suivrais si vous le recherchez. Il se terre à Poudlard sous forme de rat.
-De qui parlez-vous?
-De Peter. »
Le nom avait été prononcé dans un murmure. Le nom du mort, quelle bonne blague, il parlait du mort le plus vivant de la terre! Pourtant le vieux sorcier sembla prendre en compte les divagations du fugitif. Des formes blanches apparurent et le vieillard leur ordonna:
« Rechercher un rat...signe distinctif...il hésita puis continua sur un acquiescement... une patte en moins. Attention c'est un animagus. »
Cela ne dura qu'un bref instant mais l'inattention du plus vieux permit au futur prisonnier d'esquisser une réaction. Un bruit de fenêtre brisée raisonna dans la rue, alors qu'une masse sombre trottait de toutes ses forces jusqu'aux collines environnantes, manquée de peu par un cocktail de lumières multicolores. L'instant d'après, alors que les habitants de Pré-au-lard, subitement réveillés, venaient voir ce qui avait déclenché un tel feu d'artifice, tout était redevenu parfaitement calme. Sans un mot de plus le directeur de Poudlard disparut de la maison dans un éclair doré. ...
...Pour réapparaître dans une pièce circulaire recouverte de plusieurs portraits dont les personnages dormaient et d'étagères qui contenaient d'étranges objets.
« Comment? L'interrogea, d'une voix paniquée Remus Lupin
-Il a brisé la vitre de manière moldue. Je ne pouvais pas prendre le risque de le poursuivre et de blesser quelqu'un dans la fuite…
-Mais comment va-t-on faire, il doit être furieux à l'heure qu'il est…
-Ne vous inquiétez pas, il semblerait qu'il ne soit pas dangereux malgré tout. Nous en reparlerons demain. Il est plus que temps que vous rejoigniez le saule cogneur. A moins que vous soyez devenu raisonnable et que vous acceptiez de passer la nuit dans votre bureau.
-Il en est hors de question ! Ce n'est que la deuxième fois que je prends la potion Tue-loup, il se pourrait qu'elle ne marche pas cette fois.
-Je vois que vous n'avez pas changé d'avis. Alors allez y, cela ne sert à rien de rester ici, vous n'y pouvez rien jusqu'à demain matin.
-Vous avez raison professeur, mais vous être vraiment sur…
-Oui, allez-y ! »
Quand la lumière de l'aube chatouilla ses paupières et le réveilla, Remus était dans un sale état. Il souriait cependant, comme au sortir d'un rêve agréable. Mais les rêves de loup étaient on ne peut plus flous et il n'arrivait pas à s'en souvenir. Son sourire se figea quand il vit Sirius, devant lui, droit comme la justice. Il eut un mouvement instinctif de recul mais heurta le mur derrière son dos. C'est à ce moment là qu'il s'aperçut qu'on l'avait étendu dans le seul lit encore debout de la maison hurlante. Sa baguette, posée sur le guéridon à l'autre bout de la pièce ne lui était d'aucune utilité. Aucun des deux hommes ne bougea le moindre muscle et le silence s'éternisa.
« Sirius Black, finit-il par murmurer
-Content de voir que tu te souviens de mon nom !
-Es-tu venu pour me tuer ?
-Tu n'es qu'un imbécile.
-Pourquoi alors ? »
Malgré les paroles précédentes, Sirius s'approcha vivement, une lueur troublante dansant dans ses yeux gris.
« Tu m'as trahi, tu lui as tout dit !
-J'ai fais ce que je devais faire. Pour protéger Harry, comme nous l'avions promis à James et Lily, rétorqua Remus incertain.
-Même pas capable de me faire face par toi-même pour régler cette affaire, affirma son vis-à-vis.
Sans plus de retenue, il cracha au visage de son ancien ami. Instinctivement, Remus répliqua et le premier coup vola. En un instant, c'était une bagarre de chiffonniers qui avait lieu dans la vieille maison. Elle ne dura pas bien longtemps, l'un comme l'autre n'étant pas au mieux de leur forme mais cela ne les calma pas vraiment. Epuisé et étendu sur le parquet, Remus se sentit glisser dans le sommeil malgré la présence de l'évadé. Son esprit eu juste le temps de prendre conscience de la froideur du parquet, du picotement à la base de son nez, là où un crochet du droit de Sirius l'avait plus ou moins atteint et d'un animal qui se blottissait contre lui.
Quand Remus se réveilla, le soleil était haut dans le ciel. Midi était probablement passé. Il avait vu Sirius lors de son précédent réveil, il en était sur ! Instinctivement il le chercha du regard. Même en scrutant toute la pièce, aucune trace ne révélait son précédent passage et il semblait être nulle part. Interloqué il se traina vers le seul miroir de la pièce à être resté en état -allez savoir pourquoi ce miroir là n'avait pas dérangé le loup qui sommeillait en lui !- et regarda les dégâts de cette nuit de pleine lune. Il trouva les griffures habituelles et chercha, à tout hasard, un bleu sur son nez. Il ne le trouva pas et commença à tâter avec étonnement la base de son nez. Aucune douleur particulière n'était présente. Toujours perplexe, il prit sa baguette dans sa poche de veste pour ouvrir un peu les volets. Sa vieille amie était là où il la mettait toujours. Avait-il finalement rêvé la présence de Sirius ?
Il ouvrit discrètement la porte de la cabane. Personne n'était en vu. Rapidement, il franchit le seuil et s'en écarta pour rejoindre les rues désertes de Préaulard. Bien, le plus dur était fait. Retournant vers Poudlard d'un pas hésitant, il aurait aimé que ses forces lui permettent d'aller plus vite. Cela lui aurait permis d'aller trouver Dumbledore pour mettre fin à ses doutes. Un sort détecterait surement la présence de Sirius. Cependant, au repas, l'auguste directeur semblait bien inquiet et il n'osa pas le déranger. Avisant Filius a sa droite, il décida que le petit professeur, spécialiste des enchantements, ferait bien l'affaire.
« J'aurais aimé vous demander un petit service Filius ?
-De quoi s'agit-il mon garçon ? Est-ce lié aux différents sortilèges de haut niveau qui sont vus dans le cadre de la défense contre les forces du mal ? Il me semble pourtant que vous êtes tout à fait compétant. Après tout, maîtriser le Patronus…
-Hum, eh bien il ne s'agit pas tout à fait de cela. En fait, ce matin, j'ai eu l'impression qu'un animal avait pénétré la cabane hantée. J'aimerais qu'un expert vérifie les protections car il y a le risque qu'un villageois le puisse aussi. C'est une question de sécurité vous comprenez ?
-Effectivement ! Il nous reste plus d'une demi-heure avant notre prochain cours, que diriez-vous de nous presser et d'y aller tout de suite ? »
Remus accepta, malgré sa fatigue et suivit le professeur de sortilèges qui sautilla plus qu'il ne marcha jusqu'aux calèches qui les amenèrent à leur destination. Une batterie de sorts de révélation de l'activité magique plus tard, le verdict tomba : à part la magie issue de la baguette de Remus, aucune autre trace de magie n'était présente. En outre, toutes les protections mises par Remus étaient encore en place et un animal, comme un homme, n'aurait pu sortir que par le tunnel du saule cogneur. Celui-là était bien fermé de l'intérieur par le sort de Remus. La rencontre avec Sirius avait donc été le pur produit de l'imagination de Remus.
