CHAPITRE PREMIER

On entendait une mouche voler dans la salle de classe de botanique. Le silence était à peine troublé par le bruit du frottement de la craie de la professeur sur le tableau noir. Hermione regarda les corps inertes de ses camarades affalés sur leurs tables. Harry avait la joue posée sur son manuel ouvert, observant Ginny qui était dans une autre classe, qu'on apercevait par la fenêtre, en croyant être discret. Ron, à ses côtés, les avait définitivement abandonnés et une léger ronflement s'échappait de sa bouche entrouverte. Tous les élèves étaient dans le même état. Madame Chourave continuait son cours, sans même prendre garde à ses élèves assoupis.

Hermione soupira en regardant la place vide à ses côtés, puis un sourire se dessina sur ses lèvres. Depuis le début de l'année où Madame Chourave l'avais assise à côté de Drago Malfoy, ils ne cessaient de se lancer des piques en restant le plus éloigné possible l'un de l'autre. Enfin, plus depuis une semaine. Son voisin avait soudain déserté l'école sans explication. Le trio d'or avait été ravi de s'en apercevoir. Ils avaient beau harceler Dumbledore pour en savoir plus sur ce départ soudain, la bouche du directeur restait désespérément close. Depuis le départ de Malfoy, tous les élèves étaient inconsciemment devenus plus souriants, de meilleure humeur. Les Serpentards étaient devenus aussi inoffensifs que des chiots, et même Crabe et Goyle se tenaient à carreau, sans ordres de leur meneur.

La classe se réveilla au son de la sonnerie annonçant la fin des cours et le début du week-end. Les élèves sortirent dans un joyeux chahut. Hermione fendit la foule pour rejoindre ses deux amis. Elle émit un son de protestation en réalisant qu'Harry avait toujours le regard fixé sur Ginny, qui passait dans le couloir.

- Harry, il va vraiment falloir que tu ailles lui parler, lui dit Hermione. Vous êtes tous les deux aussi coincés l'un que l'autre, la situation ne va pas se débloquer toute seule !

Harry baissa la tête, et Ron continua.

- Ouais, et puis, tu vas lui avouer tes sentiments, elle te dit qu'elle n'attendait que ça, vous vous marriez, vous avez beaucoup d'enfants, je suis tonton, et tout le monde est heureux !

-Si seulement c'était aussi simple, murmura Harry.

Il soupira en reposant le regard sur sa belle. Ils sortirent de la salle de classe pour rejoindre la salle commune de Gryffondor. D'un coup, Nick Quasi-Sans-Tête surgit de nulle part, les faisant tous sursauter.

- Hihi ! Vous auriez vu vos têtes ! Hihi ! Je me demande quelle tête va faire Miss Granger ce soir quand elle apprendra la nouvelle ! Hihi !

Le fantôme s'en alla en continuant de rire. Harry fronça les sourcils et la questionna.

- Mione, de quoi est-ce qu'il parle ?

- Par Merlin, je n'en ai strictement aucune idée... Mais j'espère qu'on va m'annoncer une bonne nouvelle, et pas que Malfoy revient !

Le trio repartit en rigolant.

A la fin du dîner, le soir, Dumbledore se leva pour faire une annonce.

- Mesdemoiselles, messieurs, il est temps comme chaque année d'élire les deux nouveau préfets-en-chef ! Pour cette tâche, nous avons sélectionné les plus sérieux, les plus forts, les plus dignes de confiance.

Toute l'assemblée applaudit cette tirade, attendant impatiemment la suite.

- Pour le premier poste de préfet-en-chef, j'ai nommé une personne qui nous a prouvé à de nombreuses reprises que l'intelligence triomphe souvent. Une personne en qui nous pouvons tous avoir confiance. J'ai nommé, de Gryffondor, Hermione Granger !

Une ovation se fit entendre à la table de Gryffondor. Hermione rougit de plaisir, recevant félicitations et poignées de main de la part de ses camarades.

- Hihi ! rigola Nick Quasi-Sans-Tête. Sa tête est encore plus drôle que tout ce que j'ai pu imaginer ! Hihi !

Dumbledore attendit que le silence se fit puis continua.

- Pour le deuxième poste de préfet-en-chef, pour sa bravoure et son intelligence, j'ai nommé, chez Serdaigle, Marvel Trader !

Les applaudissements crépitèrent dans toute la salle, puis chacun commença à se lever pour se rendre dans les dortoirs. Le professeur Mcgonagall les arrêta et tenta d'accaparer leur attention.

- Jeunes gens, j'en profite pour vous annoncer l'arrivée future d'un nouvel élève de septième année dans notre école. Bien que l'arrivée en cours d'année soit rare, je vous prie de lui faire bon accueil.

Aucun des élèves ne fit pas attention à l'annonce du professeur, tout occupés qu'ils étaient à féliciter les nouveaux préfet-en-chef.

Le soir, alors que le couvre-feu était imposé, Hermione rejoignit à pas de loups le dortoir des garçons où elle discuta longuement avec ses deux meilleurs amis.

- Je n'en reviens pas ! s'extasiait Hermione, les joues rouges d'émotion.

- C'est bon, on a compris, Mione, grommela Ron. Et puis, c'est pas comme si on ne s'y attendait pas, Miss Je-Sais-Tout ! Tu peux nous laisser dormir maintenant ?

Hermione redescendit les escaliers du dortoir des garçons, laissant grommeler Ron derrière elle, pour rejoindre le sien. Elle rentra dans la chambre, se prépara pour dormir tout en faisant le moins de bruit possible pour ne pas gêner les autres filles qui dormaient. Alors qu'elle rentrait dans son lit, elle entendit des sanglots étranglés provenant de l'opposé de la pièce. Elle parcourut sur la pointe des pieds la distance qui la séparait du lit de Ginny. Hermione, gênée, ne savait pas comment réagir. Elle était une des meilleures amies de Ginny et ne la connaissait très bien. La laisser dans cet état lui brisait le cœur. Elle posa maladroitement la main sur son épaule, s'asseyant sur le bord du lit. Elle prit une voix la plus douce possible.

- Que se passe-t-il, Ginny ?

Celle-ci renifla puis, étonnement, se livra à Hermione. Elle raconta qu'elle ne pouvait plus supporter l'absence d'Harry, qu'elle attendait qu'il lui avoue ce qu'il ressentait pour elle, ou bien même son absence de sentiments pour elle mais en vain. Qu'elle avait peur de ne jamais pouvoir être pour lui ce qu'il était pour elle. Hermione tenta tant bien que mal de la rassurer puis, quand son amie se fut endormie, elle rejoignit son lit en se promettant de parler à Harry dès que possible.

Alors que le sommeil le tenaillait, Hermione songea que c'était sa dernière nuit dans ce dortoir; les Préfets-en-chef avaient leurs propres appartements. Elle avait passé plusieurs années dans cette chambre, et s'y était attachée. Elle se demanda un instant que sera sa vie lorsqu'elle n'aura plus personne à réconforter, sans pouvoir bavarder avec ses amis toute la nuit dans la salle commune... Elle sentit la nostalgie l'envahir en pensant à tous les bons moments passés à Gryffondor, même si elle ne quittait pas vraiment la maison. La seule chose qu'elle ne regretterais pas était le manque d'intimité qu'offrait les dortoirs. Les préfets-en-chef possédaient chacun leur chambre et leur bureau privatifs, et ne partageaient que la salle de bain et le salon. Hermione se souvint de la première fois qu'elle avait fait l'amour avec un garçon. Ils avaient du s'enfermer dans la salle de bain des préfets. Repenser à ce qu'elle avait secrètement vécu avec Cédric lui fit monter les larmes aux yeux. Son absence lui était toujours douloureuse.


Deux semaines plus tard

Hermione fut réveillée par un rayon de soleil jouant sur ses paupières. Elle s'étira longuement, profitant de la douce lumière du matin, puis se prélassa dans son bain. Elle ne s'habituait toujours pas au luxe qu'offrait ses appartements. Prendre un long bain lui était impossible deux semaines plus tôt, il y avait toujours quelqu'un pour l'expulser en lui disant qu'elle prenait trop de temps.

Elle rejoignit Ron et Harry dans la grande salle pour le petit déjeuner. Elle trouva ses amis en pleines révisions, les cahiers étalés en vrac au milieu des pains au lait et du jus d'orange. Ils avaient en première heure de la matinée une évaluation en cours de potion, et s'y prenaient à la dernière minute pour apprendre les formules. Hermione se moqua gentiment d'eux, elle qui connaissait déjà tout son cours depuis la semaine passée, puis s'assit avec eux pour les aider. La sonnerie retentit et ils rangèrent leurs cahiers avec précipitation, puis prirent le chemin de la salle de classe. Hermione questionna Harry.

- Est-ce que tu as enfin parlé à Ginny, Harry?

-Justement, oui. Ce matin, je lui ai demandé ce qu'elle ressentait pour moi. Tu comprends, je ne pouvais pas me jeter à l'eau sans savoir si elle me déteste ou pas! Elle m'a dit qu'elle voulait que je lui dise ce que je pense d'elle, mais... Nous avons passé un moment à essayer de deviner ce qu'on pensait l'un de l'autre, mais elle abandonné. Elle avait l'air triste.

- Évidemment, qu'elle avait l'air triste! C'était le moment idéal pour lui avouer tes sentiments! Raah! Ginny t'aime autant que tu l'aime, Harry, il faut juste qe l'un de vous fasse le premier pas. Franchement, j'ai l'impression de parler avec un enfant moldu de six ans!

- Mais... Je ne comprends pas pourquoi elle ne m'a pas parlé de ce qu'elle ressentait pour moi ce matin...

Hermione et Ron soupirèrent en même temps, puis Ron pris la parole.

- Fais comme moi, Harry: abandonnes. C'est impossible de comprendre ce qu'il se passe dans le cerveau d'une fille. Même dans celui de ma petite sœur!

Hermione secoua la tête dans un signe de désespoir profond puis ils rentrèrent dans la salle de classe. Le professeur Rogue se tenait sur l'estrade, les mains croisées dans le dos et un air hautain figé sur le visage, attendant que tous les élèves se soient assis.

- Comme vous l'a dit le professeur Mcgonagall il y a quelques semaines, nous avons un nouvel élève à Poudlard. Ayant votre âge, il suivra les cours en votre compagnie. (Il ajouta d'un ton sarcastique:) Quelle chance!

-Mais quelle malchance qu'il vous ait comme professeur! Ironisa Ron, à voix basse.

- Weasley, vous viendrez en retenue avec moi demain matin.

Ron jura dans sa barbe puis baissa la tête. Le professeur reprit.

- Votre nouveau camarade est pour ainsi dire assez... spécial. Physiquement parlant. Il n'apprécie pas vraiment qu'on le dévisage. On lui a lancé un sort et son apparence s'en est retrouvée quelque peu... modifiée.

Il marcha jusqu'à la porte et fit entrer le nouveau en question.