Disclaimer: Les personnages sont à Tite Kubo... Néanmoins je suis très certaine que Renji et Byakuya voudraient bien m'appartenir si je leur demandais! En attendant, ce n'est pas le cas...T_T


Je remercie mon épatante correctrice Soul004, et en passant je vous invite à aller lire ses histoires qui méritent le détour :)


Prologue


On pourrait dire que tout avait commencé dans les quartiers de la première division, par une après-midi estivale.

- Bien, il est temps de clôturer cette réunion. Capitaine Kuchiki, prononça le soutaichou, à propos de la nomination de votre nouveau vice-capitaine, vous avez un choix varié parmi les différentes divis…

- Renji Abarai, le coupa abruptement Byakuya.

- Comment ?

- Je veux Renji Abarai comme premier lieutenant.

Pendant un court instant, on crut entendre une mouche voler dans l'allée qui séparait les capitaines du Gotei 13 en deux rangées.
Puis un tintement de clochettes, agitées au rythme de larges épaules secouées par un rire puissant, rompit le silence.

- Alors comme ça, toi, tu viens chercher tes officiers chez les roturiers maintenant ?

Le capitaine de la 6e division leva un sourcil mais ne daigna pas répliquer. Tourné vers le commandant, le menton fièrement dressé, il attendait sa réponse. Son regard était celui d'un homme qui savait ce qu'il voulait et qui ne repartirait pas sans.

- C'est la meilleure de l'année. Si tu crois que je vais laisser un de mes lieutenants être muté dans ta division d'aristos efféminés, tu te trompes, continua Kenpachi.

- Aux dernières nouvelles, cette décision n'est pas de votre ressort, et c'est un honneur que je lui fais en le retirant de cette division de rustres non civilisés… répondit le noble d'une voix méprisante, en insistant particulièrement sur les derniers mots.

- Tu veux que je te montre comment se battent les rustres non civilisés ?

- Vous avez envie de me le montrer ?

La tension entre les deux hommes était palpable. Si Byakuya n'avait pas élevé la voix, son reiatsu s'était intensifié, signifiant qu'il était particulièrement contrarié.
Si mouche il y avait eu dans l'allée, elle était désormais très certainement atomisée par la force spirituelle qui émanait de lui...
Leur différent ne datait pas de la veille.
Byakuya Kuchiki n'avait jamais estimé Kenpachi Zaraki, qu'il trouvait être une brute sans aucun intérêt, et accessoirement sans cerveau. Le capitaine de la 11e division lui rendait la pareille, car les manières aristocratiques du noble lui sortaient par les yeux. Aussi s'ils avaient l'occasion de se provoquer, aucun ne s'en privait. Dieu merci, il s'était toujours trouvé dans les parages quelqu'un pour les dissuader d'en venir aux mains, sans quoi le Seireitei aurait probablement été mis dans un état proche de celui d'une confiserie après un passage de Yachiru en manque de sucre.

Le capitaine-commandant, passablement agacé, frappa le sol de son imposant bâton :

- Messieurs, je vous prie de vous comporter à la hauteur de votre rang ! Un tel échange n'a pas lieu d'être entre deux officiers, et encore moins lors d'une réunion de capitaines !

Si Byakuya fut honteux de ce rappel à l'ordre, il essaya de n'en rien laisser paraître. Comment osait-on le remettre à sa place, lui, parfait en tous points ? Il tenta de garder son habituel air imperturbable, mais ne parvint pas cependant à duper ceux qui le connaissaient bien.

Autour de lui, les commentaires allaient bon train.

- Le sixième siège de la 11e division ? Il a le niveau d'un vice-capitaine ? questionna un géant de presque trois mètres, la voix résonnant sous un large casque cachant entièrement ses traits.

- Mmm…De fait c'est un choix étonnant, mais néanmoins intéressant… lâcha Shunsui Kyôraku, capitaine de la 8e division, de sa voix grave, amusé par le tour que prenaient les événements.

- Abarai est un bon combattant. Il me semble que c'est un homme loyal, et je l'ai toujours vu attentionné auprès des jeunes recrues, déclara Jûshirô Ukitake.

Ce n'était pas dans les habitudes de son protégé, d'ordinaire tout à fait maître de ses émotions, de se laisser emporter si facilement, aussi cette décision devait être très importante à ses yeux. Il voulut lui faire un petit signe pour lui montrer qu'il le soutenait, mais fut pris d'une violente quinte de toux, autrement dit, rata complètement sa tentative d'appui discret.

Tandis que la douce -en apparence du moins- Retsu Unohana se précipitait pour soutenir le malade, le petit capitaine de la 10e division prit la parole :

- Deux de ses camarades de promotion sont vice-capitaines depuis un certain temps, je crois que son niveau est largement du leur…

- Cela ne change pas le fait que c'est un voyou qui ne pense qu'à se battre ! Il est à l'origine de plusieurs rixes, le coupa Soi Fon. Vous voulez élever un tel officier au rang de premier lieutenant ?

- Tiens donc, Monsieur le capitaine de la sixième division, j'aurais pensé moi aussi que vous viseriez un peu plus haut… Encore que, ce ne serait pas la première fois que vous choisiriez quelqu'un parmi le bas peuple pour vous entourer...

Le capitaine aux cheveux argentés, à charge de la 3e division, souriait, dévoilant ses minuscules dents, le regard mi-clos, fier de la pique qu'il venait de lancer.

Mais ils m'ennuient à la fin ! Comme si leur avis m'importait…
Byakuya leva les yeux au ciel, exaspéré d'avoir à justifier son choix.

- C'est un combattant talentueux. Il maîtrise parfaitement son shikai, et ses qualités en tant que meneur ne sont pas négligeables.

Le commandant Yamamoto reprit la parole, mettant fin au débat.

- Eh bien, capitaine Kuchiki, j'ai comme l'impression que votre idée est bien arrêtée. Je suppose que c'est votre dernier mot.

- En effet.

Dans tous les cas, l'aristocrate était on ne peut plus têtu, alors à quoi bon s'opposer à sa décision ? À partir du moment où le chef du clan Kuchiki voulait quelque chose, il n'en faisait qu'à sa tête.
Comme tous les capitaines en fait… Genryûsai Yamamoto soupira intérieurement et se dit qu'il était tout de même à la tête d'une sacrée troupe de caractériels.

- Très bien, qui s'oppose à la nomination du lieutenant Abarai en tant que vice-capitaine de la 6e division ?

- MOI, rugit Kenpachi. Il est hors de question que je lui cède un des meilleurs éléments de ma division.

Le commandant lui fit remarquer que ce n'était certainement pas une raison suffisante pour empêcher une nomination de cet ordre, et accompagna le tout d'un regard noir –et menaçant–, coupant ainsi toute revendication du capitaine aux grelots.

Soi Fon hésitait à lever la main, puis au final haussa les épaules. Si le capitaine Kuchiki voulait s'entourer d'un officier turbulent, c'était son problème. Elle avait bien assez à faire avec sa division pour s'occuper de celle des autres. Elle pensa à son propre lieutenant, qui devait être en train de s'empiffrer comme à son habitude au lieu de remplir la paperasse, et soupira.

Dans son coin, visiblement ennuyé à en mourir, Mayuri Kurotsuchi bâillait sans retenue. Tout ce qui ne concernait pas son laboratoire l'embêtait au plus haut point. Aussi, à moins que le dénommé Renji n'ait deux têtes, des cheveux phosphorescents, ou n'importe quoi qu'il puisse étudier ou disséquer, pas moyen qu'il s'intéresse un tant soit peu à cette histoire.

Kaname Tôsen, les bras croisés, écoutait distraitement les commentaires autour de lui. L'ouïe surdéveloppée du fait de sa vision condamnée, il cherchait la mouche dont il suivait le bourdonnement et le parcours depuis le début de la réunion. Mais ne la trouvant pas –car le pauvre insecte avait été atomisé un peu plus tôt–, ayant ainsi perdu sa principale source d'occupation, il afficha une moue boudeuse.

Quant à l'homme aux boucles brunes non loin de lui, au beau et doux visage camouflé sous d'épaisses lunettes carrées, il ne semblait pas vouloir se prononcer non plus. Un petit sourire ornait ses lèvres.
Peu m'importe, toutes ces futilités ne me concerneront bientôt plus.

En fait, peu leur importait à tous.
Par cette journée d'été l'atmosphère avait été lourde et chaude, et le travail fatiguant, aussi chacun ne pensait plus qu'à rentrer dans ses quartiers.
Alors le vice-capitaine de Kuchiki, c'était bien la dernière de leurs préoccupations…

Devant l'absence de réaction -voire d'intérêt- des dirigeants du Gotei 13, le soutaichou reprit la parole :

- Bien, veillez à ce que le concerné soit informé. La réunion est levée.

Et dans le frémissement d'étoffe de leurs haoris, les capitaines quittèrent la salle.

. . .

Byakuya attendit de se retrouver seul pour quitter son masque impassible et esquisser un semblant de sourire. Il était satisfait.
Comme à chaque fois, il avait obtenu ce qu'il désirait.


À ce moment-là, le noble Kuchiki n'avait pas prévu qu'il serait obligé de massacrer son lieutenant quelques semaines plus tard.

Il baissa les yeux sur l'impudent qui avait cru pouvoir l'affronter.
L'imbécile…quel gâchis…

- Le singe peut tenter d'attraper la lune, mais les yeux de la bête ne peuvent guère se poser que sur le reflet de la lune miroitant dans les flots en fin de compte. Il a beau se démener pour la capturer, il finira seulement par couler au fond des eaux…

Le cœur du vice-capitaine se serra sous l'insulte et l'opprobre, tandis que la voix glaciale continuait :

- Tes crocs ne pourront pas m'atteindre, ni maintenant ni jamais.

Une larme de rage coula sur la joue de Renji et vint se noyer dans la flaque de sang qui s'agrandissait au sol.

Il s'était fièrement redressé, rugissant malgré ses blessures, pour frapper avec toute sa force, toute sa volonté, tout son désir de hurler à la face du monde qu'il se battrait jusqu'à la mort.
Et pourtant, il était de nouveau au sol, rampant dans son propre sang, les cheveux trempant dans le liquide de la même couleur écarlate que celle de sa chevelure, le regard hagard levé vers celui de l'homme qui le dominait et qui l'avait mis à terre.

Rukia…Ichigo…pardonnez-moi…
Vaincu, une douloureuse amertume au fond de l'âme le transperçant de part en part, il ferma les yeux et se laissa entraîner au fond des eaux.

. . .

Byakuya Kuchiki, puissant capitaine de la sixième division, chef de l'illustre clan Kuchiki, symbole de magnificence, de force et de noblesse, ne supportait pas qu'on se dressât devant la loi.

Et par-dessus tout, il ne supportait pas qu'on s'opposât à lui.