Disclaimer : J'adore le fromage.

A/N : Bonjour à tous ! Je suis heureuse de vous retrouver pour une nouvelle fic qui me trottait en tête depuis longtemps ! Il s'agit d'une petite histoire centrée sur Lucius, assez sombre, se déroulant lors de la 7ème année de la bande à Potter. Ça faisait longtemps que j'avais envie d'écrire sur lui et essayer de déceler en lui ses bons côtés, surtout après l'avoir tellement sali dans ma précédente fic Draymione lol ! Même si Lucius est quelqu'un de cruel et de mauvais dans la saga, j'aime à penser qu'il a derrière ses côtés sombres quelque chose de bon sans pour autant être du côté des gentils, et des qualités qui font de lui un être humain… si quelqu'un l'aide un peu… Et le personnage principal de ma fic sera une héroïne de ma création. Donc voilà ! Que vous aimiez Lucius ou non, j'espère avant tout vous faire passer un bon moment devant ma fic… Bon pour finir rendons tout de même à César ce qui est à César : Le monde d'HP est l'œuvre totale de JKR ! Et pour cette fic, je remercie (même s'il ne lira jamais ceci) le merveilleux acteur qu'est Jason Isaacs pour m'avoir inspirée car sans lui je n'aurais probablement jamais pu écrire une fic Romance sur Lucius…

ENJOY et bonne lecture !


¤¤ CHASSE D'UN PASSE ¤¤

§

- Le passé ne meure jamais totalement pour l'homme. L'homme peut bien l'oublier, mais il le garde toujours en lui.

Fustel de Coulanges

- Admettons et faisons un essai…

Mely-chan86


Prologue

« Te souviens-tu ? C'est ainsi que nous avons fait connaissance, en cette nuit de fin d'été… Je t'avoue que la première fois que je t'ai vue, je ne t'ai pas trouvée jolie. Mais tu avais ce charme sauvage et ce piquant si atypique dans ton visage sévère et pointu qui m'a plu dès le premier instant… Ce visage que je cherche à travers celui de chaque femme que je rencontre à présent, en vain… car aucune n'est toi. »

A l'arrêt sombre de l'Allée des Embrumes de Londres, en ce crépuscule de fin août, le Magicobus fit soudain retentir la sonnerie de l'arrivée comme un immuable réveille-matin. S'il était arrivé à peine quelques heures plus tôt, la bruyante sonnerie aurait été piétinée par la foule qui se bousculait quotidiennement afin d'atteindre les marches qui allait mener chacun à sa destination. Mais en cette heure avancée de la soirée, il n'y avait personne, si ce n'est un ou deux personnages solitaires vaguement déjà installés à l'intérieur.

C'était pour cela qu'il avait choisi cette heure tardive pour s'en aller. Il ne pouvait pas être vu, reconnu, ni même aperçu… A présent, l'amère solitude rongée par les regrets serait sa seule compagnie et son lot quotidien jusqu'à la fin de sa vie…

Il monta d'un pas lent et raide dans le Magicobus, prenant le soin de bien garder son visage emmitouflé dans cette capuche sombre, comme si celle-ci pouvait le dépouiller de son identité, celle qu'il détestait tant, comme si c'était aussi facile de devenir un être anonyme et libre dans une foule sans visage, à l'aide d'un simple masque ou d'une cagoule… comme celles qu'il avait si souvent dû porter… avant…

Quelques mèches d'un blond argenté s'échappaient de sa capuche noire qu'il se hâta de remettre à l'intérieur, en vain car elles étaient si longues, fines et légères qu'elles s'en évadaient constamment. Il paya son voyage sans un mot au nouveau contrôleur et alla prendre place à l'arrière du Magicobus, loin des autres voyageurs, à l'endroit le plus calme et obscur… tout comme lui.

Se laissant balancer doucement par les mouvements du Magicobus, il regardait d'un œil vague la lune caresser cet horizon qu'il haïssait tant. La nuit tombait sur le paysage quasi automnal, et l'amer et fier passager à la capuche relevée et sans bagages, observait les ombres des villages et des forêts qui, à travers la vitre du bus filant à toute allure, transparaissaient comme un étrange paysage, un vieux film passé à la lueur de la lune sur une bobine défectueuse, la vision de la vie au dehors étant sporadiquement entrecoupée par les poteaux soutenant les caténaires.

Lorsque l'obscurité eut finalement volé tous ses droits à la clarté du jour, et qu'il ne vit plus que son propre reflet abhorré dans la vitre du bus, le voyageur se prit à imaginer ce que la nuit couvrait de son voile ici et ailleurs et la fatigue le fit songer à ces choses qu'il aurait tant voulu oublier… à son passé, sa faiblesse, ce qu'il avait perdu, comme sa femme et son fils, ce qu'il avait été… un vulgaire esclave aux ordres d'un tyran vil et ignoble ne songeant pas une seule seconde au mal qu'il faisait aux siens mêmes…

Un lâche… Voilà ce qu'il était… Un horrible lâche, dont tous les combats n'avaient été motivés par aucune conviction, sinon la peur… une peur honteuse, celle de mourir… celle qui avait engendrée la solution de facilité, faisant de lui l'homme qu'il était aujourd'hui, rattrapé par son passé, sa conscience, son amour-propre… incapable de se regarder dans une glace et redevenu si amer et vindicatif qu'à présent, il avait quitté ceux dont il avait fait parti si longtemps, ne songeant qu'à fuir, loin de cela, loin de lui-même… même si au fond de lui, il savait que cette exécrable et honteuse partie de lui serait ancrée à son âme à jamais, quoiqu'il fasse…

Sombrant lentement dans un sommeil uniquement stimulé par la fatigue de ses nuits de plus en plus courtes, hanté par cette continuelle pensée d'horreur, celle qu'ils pourraient le retrouver, il sursauta soudain lorsque le Magicobus stoppa d'un coup sec, l'arrachant même à son siège durant un quart de seconde avant de retomber durement dessus.

Totalement réveillé à présent, il leva la tête avec humeur pour voir ce qui se passait. Ce stupide Magicobus avait une fois de plus failli manquer un arrêt et avait donc par conséquent été forcé de freiner d'un coup brusque.

-Navré, Miss, nous ne vous avions pas vue… s'excusa le contrôleur en aidant la personne à monter. Mais vous êtes apparue si brusquement… comme… comme…

-Ce n'est rien, interrompit une voix féminine, posée et un peu rauque ; celle de la nouvelle passagère.

-Où vous rendez-vous ?

-La gare de King's Cross.

-Très bien. Ça fera onze Mornilles, s'il vous plaît, lui annonça le contrôleur avant de lui énumérer le reste des possibilités pour quelques pièces de plus, ce que le passager encagoulé avait, lui, superbement ignoré.

-Voilà quatorze Mornilles, je prendrai une tasse de chocolat chaud.

-Ah, très bien ! s'enthousiasma le contrôleur en prenant l'argent qu'elle lui tendait. Ça ne vous intéresse pas de prendre une bouteille et une brosse à dents pour une Mornille de pl…

-Non ! répliqua sèchement la voyageuse en traçant droit vers l'arrière du bus après avoir récupéré sa monnaie d'un geste vif, plantant le contrôleur sur place.

Du siège où il était, dans son esprit tourmenté, le passager encagoulé ne put s'empêcher d'esquisser une grimace de sourire amusé à la mine déconfite du pauvre contrôleur par rapport à cette jeune femme qui venait de l'envoyer paître si superbement, se disant que même lui, avec son expérience de snobisme et d'arrogance dû à ses origines, n'aurait pas mieux répondu.

Elle s'approcha alors de l'endroit où il était installé mais il ne parvint pas à distinguer son visage ; des mèches auburn tombaient devant ses yeux de façon raide, masquant en partie sa figure. Elle était grande et semblait trop maigre, vêtue d'une longue robe de sorcière d'un noir uniforme et brillant. Elle sembla alors considérer l'endroit, les sièges sales alentours et les lits défaits du Magicobus avant de se tourner vers le sombre voyageur encagoulé.

-La place est-elle libre ? demanda-t-elle d'un ton toujours aussi décidé, bien que calme.

-Je n'attends hélas aucun invité ce soir, ni plus jamais, d'ailleurs… répondit-il en soupirant tout en montrant d'une main pâle le siège à côté de lui.

-Un simple oui aurait suffi, fit-elle remarquer avec ironie, montrant qu'elle n'avait aucune envie qu'il lui raconte sa vie.

-Alors pardonnez à mon vocabulaire d'avoir un niveau qui lui permet explicitation et politesse.

-Mais je n'en demandais pas tant. Je ne m'attendais pas à recevoir une leçon d'esprit dans le Magicobus un dimanche soir, me voilà chanceuse, fit-elle en roulant les yeux.

Sans un mot de plus, d'un geste lent mais volontaire, elle s'installa à côté de lui et d'un rapide coup d'œil, il put entrevoir une partie de son visage, comme des yeux marron tristes et durs ainsi qu'un nez en trompette, pointu et arrogant. Elle semblait assez jeune, vu ce qu'il pouvait entrevoir de son visage. Une petite vingtaine d'année, selon lui… Quel cynisme pour quelqu'un d'aussi jeune ! Néanmoins, sa sécheresse et son air décidé si atypique des jeunes eurent le don de l'amuser légèrement.

Le voyage se poursuivit quelques minutes en silence, avec comme unique fond sonore le bruit du moteur du Magicobus ainsi que celui de la circulation au dehors, de moins en moins bruyante au fil des minutes. Chacun des deux voyageurs inconnus observaient vaguement par la fenêtre ce que l'obscurité voulait encore bien révéler à leurs yeux fatigués. Ils pouvaient encore voir distinctement Londres qui veillait peu à peu, les lumières des néons se reflétant sur les pavés translucides où il leur sembla que résonnaient les chants emportés de musiciens de fortune réunis dans les pubs sorciers aux alentours.

Puis, le paysage se fit progressivement sauvage, révélant de longues et infinies plaines vertes, ornées d'animaux sauvages ci et là, du chant des criquets et du bruit des fleurs que le vent faisait flotter en une douce brise.

-Je trouve ça tellement laid, déclara soudain la voix de la jeune fille.

Haussant les sourcils d'un air intrigué et pincé, le voyageur la considéra un instant. Elle trouvait cela laid, alors qu'elle était une femme ? Lui, avait le droit de trouver ça laid, idiot et ridiculement cliché, ce genre de paysages de romantiques à deux Noises.

-Ces panoramas de campagne font pourtant rêver la plupart des gens, répondit-il d'une voix indifférente.

-Idiots de romantiques. Tout ce que m'inspire un paysage comme celui-ci, c'est de l'ironie, une immense ironie. Les petits animaux gambadant joyeusement sur les grandes plaines toutes vertes et fraîches, les oiseaux faisant leur cui-cui matinal et les fleurs s'ouvrant au printemps, symboles que le monde est merveilleux et tout rose, déclara-t-elle avec sarcasme en levant les yeux au ciel. Par rapport aux réalités de notre monde, ces paysages ne m'inspirent ni espoir, ni rêveries, seulement moquerie, nous montrant que le monde et les hommes sont loin d'être aussi… jolis, surtout par les temps qui courent… Je les déteste.

Il la regarda les sourcils haussés. Quelqu'un qui pensait comme lui, sur un sujet aussi idiot… c'était étonnant, surtout de la part d'une fille si jeune…

Oubliant un instant son amertume et le fait qu'il était sensé rester discret, il demanda soudain :

-Et est-ce que par hasard, il y aurait un nom assorti à ce charmant cynisme ?

-Cela dépend. Mr Politesse et Explicitation en a-t-il un, lui ? répliqua-t-elle du tac au tac en buvant une gorgée de son chocolat chaud.

Ce dernier, s'entendant désigner ainsi, ébaucha un demi-sourire, l'air faussement offusqué avant de répondre :

-Il n'a aucune importance, croyez-moi, c'est un nom que j'aimerais oublier… Je donnerais même tout pour ça.

-Je vois. Vous êtes de ces hommes qui détestent leur père ?

-Il y a un peu de ça, je l'admets, même si le mien est mort il y a déjà bien longtemps. Mais en réalité, celui que je déteste avant tout, c'est moi.

-Ça arrive tôt ou tard, quand on regarde son moi passé. On en vient même à se mépriser du plus profond de son âme… Mais vous vous pardonnerez, ajouta-t-elle d'une voix sûre d'elle.

-Vous êtes bien optimiste avec quelqu'un dont vous ignorez tout.

-Nous nous ressemblons tous, après tout, tout aussi différents que nous puissions être.

-Vous êtes bien philosophique.

-Ça m'arrive. Et vous, bien amer, mais cela vous va bien.

-Merci, et je dois dire que la froideur vous sied au teint presque autant qu'à moi.

La jeune fille grimaça un sourire et leva les yeux vers le contrôleur, debout à l'avant du Magicobus.

-Vous parlez de ma réaction par rapport à l'idiot de tout à l'heure ?

-Rassurez-vous, j'ai trouvé ça superbement effronté. C'était charmant.

-Merci.

Un ange passa. Finalement, après un moment, il se décida à reprendre la parole.

-Et vous ? Avez-vous un nom dont vous n'ayez suffisamment pas honte pour l'avouer ?

Elle tripota quelques instants un pan de sa robe tout en observant son voisin encagoulé, révélant uniquement de longues mèches blondes si fines, avant de déclarer :

-Oui, mais je préfère m'en tenir à mon simple prénom. Qu'est-ce qu'un nom, après tout ? Si ce n'est la marque d'un certain clan auquel on appartient, et que l'on n'a pas toujours choisi ? fit-elle.

-Tout à fait. Alors si vous me disiez quel prénom assiste ce nom si inutile ?

-Je préfère vous épargner les détails de ma vie sans grand intérêt. Pour faire court, disons simplement qu'un jour, on m'a appelée Megara, et puis, assez rapidement, on m'a oubliée…

-Megara ? Comme la fille du roi de Thèbes Créon et épouse d'Hercule dans la mythologie grecque ?

-Oui, et la même pauvre Megara cruellement tuée des mains de son époux dans un accès de folie, ajouta sombrement la jeune femme. Charmant mythe pour nommer un nouveau-né, n'est-ce pas ?

-Vos parents devaient être d'une humeur pessimiste.

-Vous n'imaginez même pas à quel point…

-A-t-il été prophétique ?

-Si vous parlez de ma personnalité, je suppose que oui. Et cela s'aggrave au fil des années… Mais je n'espère tout de même pas finir comme la Megara du mythe.

-C'est tout de même un prénom charmant.

-Moi, je le déteste. Pour son histoire comme pour sa consonance, il m'insupporte. J'ai toujours été surnommée Meg, à titre purement informatif…

-Eh bien, Miss Meg de Rien-du-Tout, je suis enchanté.

-Moi de même, Inconnu poli et explicite, ajouta-t-elle sans sourire, mais d'une voix teintée d'un léger amusement.

-Ce surnom va donc me rester jusqu'à la fin du voyage ?

-Certainement, puisque vous ne voulez pas me dire comment vous vous appelez.

-Vous n'aimeriez pas ce nom, croyez-moi.

-Si vous le dites.

Le voyage se poursuivit encore quelques minutes durant lesquelles la dénommée Meg termina son chocolat en silence tandis que son voisin se sentait moins amer qu'à son arrivée dans le Magicobus. Quel curieux petit bout de femme ! Sèche, franche, adorablement sarcastique et apparemment pas émotive pour un sou, continuellement froide et impassible.

Un arrêt de bus de dessina progressivement dans le paysage et il reconnut l'endroit devant lequel il venait d'arriver et où le Magicobus s'arrêtait à présent. Le brave contrôleur s'avança alors vers eux et se tourna vers Meg.

-Nous voici arrivés à la gare de King's Cross, Miss, l'avertit-il gentiment.

-Bien, déclara-t-elle en se levant lentement tout en lui plantant sa tasse vide dans les mains d'un geste vif.

Son voisin d'un voyage la regardait se lever et elle grimaça un sourire froid en se tournant vers lui avec un geste de la main en guise de salut.

-Eh bien… Merci de m'avoir offert une leçon d'esprit le temps d'un voyage, Mr Politesse et Explicitation.

-Je peux vous retourner le remerciement, Miss Meg Tout-Court. Ainsi, vous vous rendez à King's Cross la veille du 1er septembre… Je suppose que vous êtes étudiante à Poudlard ?

-Vous supposez mal ou alors à moitié bien. Cela fait des années que j'ai terminé Poudlard mais je m'y rends, effectivement, répondit-elle.

-Je vois… Professeur ?

Elle éclata d'un petit rire, se dirigea vers la sortie du bus, et juste avant de sortir, se tourna vers lui et déclara :

-Certainement pas. Je suis Chasseuse de Primes.

Haussant un sourcil stupéfait à cette déclaration, il ne put pas approfondir les questions qui lui venaient à l'esprit car déjà, elle lui adressait un signe d'adieu en sortant :

-A un de ces jours, peut-être, Mr Politesse et Explicitation.

-A un de ces jours, oui, Miss Meg de Rien-du-Tout, fit-il en une ébauche de sourire. Nous nous rencontrerons peut-être à nouveau lors d'un nouveau voyage, qui sait ?

-Ce serait sans doute très philosophique. Bonne fin de voyage.

Et là, il observa longuement la fière demoiselle à la crinière auburn et au nez trop long disparaître dans l'obscurité tandis qu'elle marchait d'un pas décidé vers la gare, le laissant poursuivre son voyage dans un état d'esprit étrange et quelque peu différent, sans trop savoir dans quel sens…