Emily soufflât les onze bougies disposées sur son gâteau, qui s'éteignirent rapidement. Tout le monde applaudissait et prenait des photos de la petite fille souriante. Ses amis lui offrirent des cadeaux qu'elle s'empressa d'ouvrir avec curiosité et sans oublier de les remercier, mais au fond d'elle-même, tous ce qu'elle désirait, c'était que tout cela se termine rapidement. Pas parce que c'était une petite fille gâtée ! Non ! Elle appréciait grandement cette journée ! Mais, quand elle était debout devant le gâteau et que tout le monde l'encourageait, lui disant de faire un vœu, le seul qui lui était venu à l'esprit n'était pas « je souhaite beaucoup de bonheur pour mes parents », « je voudrais que chaque journée soit aussi belle que celle-ci » ou même « j'espère que je vais recevoir beaucoup de beaux cadeaux ! », et elle est s'en sentait coupable. Non, le vœu qu'elle avait prononcé n'avait rien à voir avec tout cela. Son vœu était : « je souhaite que cette fête se termine rapidement pour que je puisse sortir dans la rue à temps pour lui dire au revoir une dernière fois. ». Pourquoi un tel vœu, me demanderez vous. Et bien, depuis sa naissance, Emily avait habité la même maison dans la banlieue londonienne, la même où elle se tenait aujourd'hui. Et pendant toutes ces années, ce qu'Emily aimait faire le plus au monde, s'était sortir et jouer avec son ami, un jeune garçon qu'elle connaissait depuis toujours, sur l'aire de jeu, dans son jardin, dans la rue. Elle l'attendait tous les jours quand elle revenait de l'école, parce que lui, il n'allait pas dans la même qu'elle. Ses parents étaient riche et l'envoyait dans une école privée, enfin c'est ce qu'Emily imaginait, il ne lui avait jamais réellement parlé de cela… Elle l'attendait sagement dans sa chambre, et elle jetait des regards impatients par la fenêtre jusqu'à l'apercevoir enfin se faufiler hors de chez lui. Ses parents n'aimait pas qu'il sorte jouer avec les autres enfants, Emily ne saurait dire pourquoi. C'était des gens renfermés et plutôt étranges. Dès qu'elle le voyait, elle courait le rejoindre et elle s'amusait comme une folle. Le petit garçon la faisait rire aux larmes tous les jours, et c'était le meilleur compagnon de jeu qu'une petite fille saurait imaginer. Il avait une imagination sans bornes et un don spécial pour inventer des histoires farfelues dans lesquelles elle se plongeait volontiers avec lui. Il courait d'un endroit à l'autre, sautait, se tortillait dans tout les sens, sans jamais sembler fatigué. Le soir, il raccompagnait Emily chez elle et rentrait rapidement chez lui avant que ses parents n'aient remarqué sont absence. Bien sûr, avec le temps, ils ne gambadaient plus autant dans les bacs à sable mais préféraient surtout discuter. Discuter de tout et de rien, mais quel que soit le sujet qu'ils abordaient, Emily se retrouvait inévitablement à se rouler par terre sans pouvoir retenir son rire. Avec le temps, il était devenu bien plus qu'un simple compagnon de jeu : il était son confident, son meilleur ami, la personne à laquelle elle tenait le plus au monde. Mais, depuis quelques mois, tout cela était devenu tellement plus compliqué. Depuis un jour, trois mois plus tôt, très précisément. Emily avait tout de suite senti que son ami n'était pas comme à l'ordinaire : il était calme et silencieux, et ça, ça ne lui arrivait presque jamais ! Elle s'était empressé de le bombarder de questions, mais avait vite remarqué que cela ne servait à rien : c'était comme s'adresser à un mur. Quelque chose ne devait vraiment pas aller. Elle avait donc décidé d'attendre tranquillement qu'il se décide à parler de lui-même, et bientôt, il s'était tourné vers elle, ses yeux gris étrangement vides, et lui avait dit :

« Emily…il…il va falloir que je parte d'ici. Mes parents m'envoient dans une école très loin. Avec un internat. Je ne reviendrais que pour les vacances. Je suis désolé. L'année scolaire commence le 1er septembre, mais on part en vacances je ne sais où avant. Je m'en vais le 1er juillet. Oh, Emily ! Ne fais pas cette tête. Moi je ne veux pas y aller, c'est de leur faute ! Mais tu sais, je t'écrirais tous les jours. Tous ! Et tu me répondras, hein, dis ? »

Emily avait été abasourdie. Elle n'avait vraiment pas vu cela venir. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien répondre ?

« Emily ? Tu ne m'en veux pas hein ? Emily ?... »

Elle voyait bien que le pauvre garçon était triste de devoir partir, et elle ne voulait pas le rendre encore plus misérable. Elle l'avait donc assuré que non, elle ne lui en voulait pas, et que oui, elle lui répondrait. Elle lui avait également confirmé que lui aussi lui manquerait énormément, et que ce n'était pas si terrible que cela, après tout. Que tout restera comme avant. Mais elle le savait, elle, que ce n'était pas vrai : elle allait perdre son confident, son ami. Son frère. A cette idée, elle avait éclaté en sanglots dans ses bras. Mais elle ne préférait plus y penser… Il partait le jour de son anniversaire - quel beau cadeau - dans l'après-midi. Elle devait réussir à le revoir une dernière fois avant qu'il ne parte. Elle devait faire ses adieux. C'est pour cela qu'elle avait formulé un vœu sortant quelque peu de l'ordinaire, le vœu de pouvoir dire adieu à son meilleur ami. Mais qui était-ce donc, cet étrange jeune homme, vous demanderez vous après que je vous ais éclairci sur ce premier point. C'était un garçon exceptionnel : d'ailleurs, dès qu'elle l'avait vu, Emily avait senti qu'il n'était pas comme les autres. Il avait quelque chose de…mystérieux. Tout en lui était spécial : sa manière de parler avec un accent anglais raffiné, la façon dont il s'interrompait parfois lors d'une discussion quand il sentait qu'il dévoilait trop son intimité, le regard triste et impuissant qu'Emily le voyait parfois lui adresser…Oui, chacun de ses gestes, chacune de ses paroles étaient différentes de celles des autres enfants, et c'est peut-être cela qui la fascinait tant chez lui. Même son nom était curieux, mais il allait tellement bien avec son visage pâle, ses cheveux noirs et ses yeux gris ! Et puis Emily le trouvait si beau ce nom! Elle avait raison : c'est vrai que Sirius Black, c'est un très beau nom.