Titre : À cette période de l'année
Genres : Romance
Rating : T (premier chapitre), M (second chapitre)
Personnages/Pairings : Akashi/Furihata, mention de Kagami et quelques autres
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.

Résumé : Après deux mois de séparation, Akashi et Furihata ont enfin l'occasion de passer ensemble une soirée complète.

Note de l'auteur : Coucou ! Avant toute chose, nous sommes le 20 décembre, alors souhaitons un joyeux anniversaire à Akashi /o/ Pour l'occasion, voici un petit (?) OS sur le sujet... Cet OS ne parlait pas de son anniversaire, à la base (c'était juste un AkaFuri comme un autre), mais en cherchant les dates des samedis de décembre je me suis rendu compte que l'un d'eux était le 20, alors... Voilà... C'est pas l'OS du siècle, mais j'espère qu'il vous plaira. :) J'ai essayé de faire un Akashi assez... humain, pour une fois.

EDIT: Et voilà, deuxième (et dernier) chapitre en ligne ! À cette occasion, je tiens à préciser que le rating M ne s'applique qu'au second chapitre, et que ce premier chapitre peut tout à fait être lu comme une histoire à part entière. En d'autres termes, le chapitre 2 n'est qu'une sorte de bonus qui n'apporte presque rien à l'histoire. Bonne lecture ! :3


À cette période de l'année

Le dos bien appuyé contre l'un des murs glacés de la gare de Tokyo, Furihata Kouki réajusta son écharpe de sorte à ce qu'elle couvre son nez gelé et poussa un soupir long, presque désespéré.

Décidément, il n'en pouvait plus d'attendre. Cela ne faisait qu'une quinzaine de minutes qu'il avait les yeux rivés sur les portiques à la sortie des voies, pourtant ; mais c'était le 20 décembre, la météo avait annoncé moins dix degrés, il avait froid, et selon le panneau d'informations qu'il pouvait lire d'ici, le Shinkansen en provenance d'Osaka était arrivé depuis deux bonnes minutes déjà... Une fois encore, il soupira et croisa les bras.

Son petit ami allait le rejoindre d'un instant à l'autre et le jeune homme n'en pouvait vraiment, vraiment plus d'attendre.
Outre le froid hivernal qui régnait partout dans la gare, il fallait dire que cela faisait presque deux mois qu'il n'avait pas vu Akashi ; deux longs mois qu'il n'avait pas eu ne serait-ce qu'une occasion de se blottir dans ses bras ; deux interminables mois aussi que son amant et lui ne communiquaient plus que par Skype et par messages différés ; et depuis ces deux foutus mois, eh bien, l'homme qu'il aimait lui manquait terriblement...

Mais toutes ces inquiétudes n'avaient plus lieu d'être, à présent. Encore quelques secondes d'attente, à peine, et le capitaine de Rakuzan passerait le portique pour le retrouver, c'était sûr et certain ; alors, s'il parvenait à s'armer de patience, tout irait bien.

D'autant plus que la soirée à venir s'annonçait particulièrement agréable. Non seulement le jeune homme reverrait le garçon qu'il aimait le plus au monde, mais en plus, tous deux passeraient la fin de la journée (et l'intégralité de la nuit) ensemble – d'abord, il était question d'aller dignement fêter Noël qui approchait, et Akashi lui avait promis qu'ils se rendraient au moins à l'un des marchés de Noël qui occupaient maintes rues de la capitale en cette période de fête puis ils iraient dîner, seuls, en tête à tête, et ensuite-

« Bonsoir, Kouki. »

Ces deux mots suffirent à faire sursauter l'interpellé – de surprise, d'abord, mais la joie eut tôt fait de remplacer toute autre émotion dans le cœur de l'adolescent et ce dernier releva la tête pour offrir à son amoureux le plus beau sourire, sans doute, de tous ceux qui avaient animé ses lèvres cette année.

« Akashi ! S'exclama-t-il joyeusement, tout en se dirigeant vers son petit ami d'un pas rapide. Tu m'as manqué ! »

Face à lui, le capitaine de Rakuzan lui lança un regard doux, presque tendre, et lui sourit d'un sourire qui voulait assurément dire : toi aussi. Debout, au milieu des mille courants d'air qui traversaient ce couloir de la gare, il avait sur l'épaule la bandoulière d'un sac de sport qui devait contenir ses affaires pour les prochains jours, tandis qu'un long manteau probablement hors de prix le protégeait du froid comme de la neige qui tombait dehors ; et sur le coup, Furihata eut tellement envie de l'embrasser qu'il dut se faire violence pour se forcer à rester immobile. A ne pas bouger. A surtout, surtout, ne pas-

Malheureusement pour lui, toutes ses bonnes résolutions partirent en fumée à l'instant même où son amoureux s'approcha de lui, et passa les bras autour de ses épaules.

« Ah- Akashi ! Lâcha-t-il, surpris, sans pour autant repousser l'autre garçon. Mais tout le monde va-
– Ne t'en fais pas. »

Pendant une longue (mais tellement trop courte) seconde encore, le capitaine de Rakuzan le serra contre lui, et le cœur de Kouki se mit à battre si fort que le brun s'étonna bientôt qu'il n'ait pas encore détruit sa cage thoracique pour s'échapper de sa poitrine – mais c'était vrai, quoi ! Même dans la gare dont les couloirs ne semblaient peuplés que de courants d'air et de bruits de pas lointain, deux garçons qui s'enlaçaient ne pouvaient pas passer inaperçus, c'était impossible ; et déjà il voyait une mère de famille tirer par le bras sa petite fille qui les pointait du doigt, un adolescent de leur âge leur jeter un regard de travers, un-

Heureusement (ou malheureusement – Furihata ne savait pas vraiment, il n'arrivait pas à choisir), Akashi s'éloigna bientôt de lui. Des trois centimètres à peine qui le faisaient de lui le plus grand d'eux deux, il le toisa d'un air légèrement amusé.

« Ignore-les, Kouki, commanda-t-il alors, sur un ton d'indifférence et de lassitude mêlés. Tokyo est une grande ville, c'est probablement l'unique fois de ta vie que tu les croiseras. »

Puis, sans un mot de plus, il glissa ses mains jusqu'à l'écharpe qui entourait le cou de son petit ami, et s'employa à la réajuster de sorte à ce qu'elle le protège suffisamment des courants d'air froid. Furihata le laissa faire, tout comme il le laissa remonter la fermeture éclair de son blouson d'hiver rembourré ; ce n'était pas qu'il aimait particulièrement que son compagnon le traite comme s'il avait douze ans, mais il y avait toujours une infime lueur d'affection pure qui brillait dans les yeux d'Akashi lorsqu'il ne regardait que lui et ne s'occupait que de lui, et...
L'autre garçon l'embrassa du bout des lèvres et Kouki ferma les yeux comme par réflexe.
Il ne pouvait pas s'en empêcher – même s'il savait que c'était mal, que c'était stupide, que tout le monde les regardait, il aimait Akashi de tout son cœur et il aimait imaginer, non, savoir que c'était réciproque.

« On y va ? Proposa le capitaine de Rakuzan comme il faisait un pas en arrière et s'éloignait de lui, l'air aussi impassible et imperturbable qu'à son habitude (alors que Furihata, lui, se mourait d'un bonheur que tout son visage laissait probablement deviner).
– Heu... Ah, oui ! On passe à la consigne d'abord, c'est ça ?
– Hm. »

Le roux acquiesça d'un bref signe de la tête et pivota bientôt sur ses talons, avant de se diriger vers l'espace réservé aux consignes automatiques avec autant d'assurance que s'il s'en servait tous les jours de l'année. Bon, d'accord, c'était vrai qu'il avait habité à Tokyo plusieurs années avant de déménager pour Kyoto (Furihata s'en mordait d'ailleurs les doigts – il ne pouvait s'empêcher de se dire que si Akashi et lui s'étaient rencontrés avant, alors peut-être que son petit ami ne serait pas parti, ou du moins, qu'ils auraient pu avoir une relation normale et non à distance pendant quelque temps), mais quand même... Parfois, Kouki se demandait sérieusement si son amoureux n'avait pas un sens de l'orientation surdéveloppé ou quelque chose comme ça ; remarque, c'était sûrement le cas.

Quelques minutes de marche plus tard, les deux garçons arrivèrent à l'espace consignes de la gare et Akashi ouvrit le premier casier qui lui parut assez grand pour y entreposer son sac en bandoulière. C'étaient ce dont ils avaient convenu, en effet : puisqu'ils allaient se promener dans l'immense capitale, le capitaine de Rakuzan préférait ne pas s'encombrer de ses affaires et les laisser ici, en sécurité, quitte à revenir les chercher plus tard dans la soirée. L'air satisfait, donc, il inséra quelques pièces dans la porte du casier, qu'il ferma avant d'en retirer la clé et de se redresser.

C'était une bonne chose de faite – et sur ce, il glissa la petite clé dans une poche intérieure de son manteau, quelque part contre son portefeuille ou son téléphone.

« Voilà, conclut-il. Nous pouvons y aller. »

Debout à ses côtés, Furihata le gratifia d'un sourire radieux et acquiesça.

Akashi, quant à lui, eut de la peine à réprimer le sourire tendre et amoureux qui menaçait de s'emparer de son visage ; à vrai dire, en toute honnêteté, il était heureux. Heureux comme il l'avait rarement été. Il n'avait pas l'habitude de fêter Noël et en ses dix-sept ans de vie, il s'était rarement réveillé le 25 décembre pour remarquer qu'une montagne de cadeaux avaient envahi le tapis sur lequel, dans le salon, se dressait un immense sapin illuminé – peut-être avait-il reçu un présent ou deux, autrefois, mais son père avait toujours décrit Noël comme une fête inutile et purement commerciale, et...
Il n'était jamais à la maison, de toute façon ; alors forcément, dès le jour où la mère de Seijuurou s'en était allée, les Noëls ne s'étaient plus résumés qu'à des jours de congé où la neige tombait dehors et où quelques coéquipiers lui envoyaient leurs vœux ou lui proposaient de l'inviter à déjeuner.

Fort heureusement, c'était terminé, maintenant – parce qu'aussi niais que cela puisse paraître, il y avait Kouki, à présent. Cela ne faisait pas encore tout à fait une année qu'ils sortaient ensemble, mais le capitaine de Rakuzan s'étaient d'ores et déjà attaché au petit brun plus que de raison ; et le pire, dans tout cela, c'était qu'il ne le regrettait absolument pas.
D'ailleurs, c'était son idée – à Kouki. Leur rencontre d'aujourd'hui. C'était lui qui, le mois dernier, lui avait soudain proposé qu'ils passent ensemble le dernier week-end avant le réveillon et qu'ils en profitent pour se rendre au plus grand marché de Noël de Tokyo ; et dans l'absolu, Seijuurou ne s'intéressait pas particulièrement aux marchés de Noël, mais la perspective de passer la soirée et la nuit (et les jours qui suivraient) avec son petit ami l'avait tout simplement enchanté.

Voilà donc pourquoi il se trouvait ici, en ce moment-même, à emboîter le pas à Furihata qui les guidait dans les couloirs de la gare, non sans s'arrêter régulièrement pour vérifier qu'il avait emprunté le bon chemin – et décidément, Akashi ne regrettait rien.

« Bon, alors..., commença soudain le numéro 12 de Seirin, l'air incertain. On va prendre le métro et, heu... Ah- On en aura pour trois arrêts ! Enfin, je crois... »

Intrigué, le capitaine de Rakuzan haussa un sourcil et s'approcha du plan que son amoureux observait activement, l'air un peu perdu.

« Je pense que deux arrêts devraient suffire, lança-t-il, sûr de lui. Je vais aller acheter un billet. »

Il lui fallut quelques minutes encore pour récupérer le précieux sésame à l'un des nombreux distributeurs automatiques installés dans la gare, puis Kouki et lui purent enfin passer les portiques de la station de métro et s'engouffrer, peu après, dans la première rame qui s'arrêta à leur hauteur.

Le wagon étant bondé, comme toujours, Seijuurou prit la liberté de s'appuyer contre une paroi, tandis que son compagnon se plaçait en face de lui. Maintenant qu'il y réfléchissait, cela faisait bien longtemps que le roux n'avait pas eu l'occasion de prendre le métro à Tokyo – à vrai dire, même lorsqu'il habitait encore la capitale, il tenait de son père une nette préférence pour les voyages en taxi ou en voiture réservée... Cependant, les trajets en métro avec son petit ami avaient quelque chose de plaisant. Quelque chose de banal et de plaisant, oui.

« Ah, au fait, Akashi..., osa Kouki au bout d'une minute de voyage, et tandis qu'une voix féminine annonçait dans les haut-parleurs le nom du prochain arrêt.
– Oui ? »

Le brun avait l'air embarrassé, ce que le capitaine de Rakuzan remarqua immédiatement au rouge de ses joues (qui n'était, à coup sûr, pas dû qu'au froid dehors) et à la façon dont il n'osait pas le regarder, pas dans les yeux du moins – tiens... C'était intéressant, et le jeune homme attendit patiemment que son camarade se décide à prononcer les mots qui, visiblement, lui tiraillaient l'esprit comme le bout de la langue.

« Heu..., reprit alors le joueur de Seirin. Joyeux anniversaire... Je voulais te le dire plus tôt mais sur le coup j'ai oublié, et heu... »

Ah, c'était donc ça.
Encore une fois, Akashi peina à réprimer un sourire mi-amusé, mi-attendri, et tendit instinctivement la main pour la poser sur celle de Kouki, bien accrochée à l'une des barres en métal froid prévues à cet effet.

« Merci. »

Tout comme Noël, le 20 décembre n'avait pas de signification particulière pour Seijuurou – tout au plus, c'était cette année le jour de ses dix-sept ans, et à partir de maintenant il pouvait considérer qu'une année de moins le séparait de sa majorité, mais sinon... C'était une fête que peu de gens lui souhaitaient (enfin ; la femme de chambre y avait pensé lorsqu'elle l'avait vu quitter la demeure des Akashi tout à l'heure, son chauffeur l'avait salué d'un excellent anniversaire, monsieur, et plusieurs de ses anciens comme actuels coéquipiers lui avaient envoyé des messages divers et variés) et à laquelle lui-même n'accordait que peu d'importance.
Ce qui, bien évidemment, ne voulait pas dire que la perspective de la passer en compagnie de son petit ami ne le réjouissait pas, loin de là.

D'un geste tendre, il promena son index sur les phalanges de son amoureux, et dans les haut-parleurs du wagon grésilla bientôt le nom du prochain arrêt, celui auquel ils descendaient.

« Ah, fit alors remarquer Furihata. On descend là. »

Akashi acquiesça d'un rapide mouvement de tête et emboîta le pas au joueur de Seirin lorsque celui-ci se retourna et descendit sur le quai.

D'un commun accord, ils avaient décidé qu'ils iraient visiter le marché de Noël dès l'arrivée de Seijuurou à Tokyo, puisqu'il fermerait aux alentours de neuf heures ; après quoi ils iraient manger dans un restaurant non loin de l'hôtel où le capitaine de Rakuzan leur avait réservé une chambre pour la nuit, et tout irait pour le mieux. A vrai dire, plus ils se rapprochaient du fameux marché, plus Kouki lui souriait en coin et semblait se réjouir – et chaque regard, chaque sourire réchauffait étrangement le cœur du roux, au point qu'il commençait à avoir vraiment hâte, lui aussi.

Côte à côte, les deux garçons grimpèrent la dizaine de marches qui les séparaient encore de l'air frais et quittèrent le métro pour la nuit qui, à dix-huit heures, était déjà tombée depuis un certain temps.

« C'est par là, annonça le numéro 12 de Seirin dès qu'ils se retrouvèrent dehors, sous la lueur des lampadaires et des mille lumières qui éclairaient constamment la capitale. On... on y va ? »

L'éclat de la ville entière faisait briller la neige aux pieds de Kouki et se reflétait dans chaque parcelle de sa veste matelassée et, l'espace d'un instant, Seijuurou faillit y perdre son regard – il se reprit de justesse, toutefois, et se contenta de poser la paume sur l'épaule de Furihata.
Son blouson était gelé et le roux put le sentir malgré les gants qu'il portait.

« Je te suis », répondit-il simplement.


Si Akashi avait dû, en deux mots, décrire la première impression qu'il eut du marché de Noël où ils débarquèrent ce soir-là, il aurait dit : illuminé et bondé.
Et comme toujours, il avait raison, ce qu'il disait était vrai : les milles lumières jaunes, oranges, parfois rouges, blanches et de nouveau jaunes qui encadraient les différents petits chalets bruns dont l'ensemble formait ce qu'on appelait marché étaient si nombreuses et si brillantes qu'elles n'avaient d'égales que la foule, immense et bruyante.

« Ouah..., lâcha Kouki sitôt qu'ils s'approchèrent de l'entrée du marché. C'est magnifique... »

Il va sans dire qu'aux yeux de Seijuurou, s'il avait quelque chose de magnifique ici, c'était son petit ami et personne d'autre ; mais le roux devait tout de même reconnaître que malgré l'attroupement qui l'occupait, cet espace dont émanaient l'odeur du vin chaud et des crêpes sucrées avait quelque chose d'attirant, ou du moins, d'intéressant – à commencer par l'impressionnant sapin de Noël à l'entrée, vert foncé dans la nuit, paré de guirlandes et de boules dorées, qui dominait le marché de sa silhouette immense.
Tandis que Furihata s'émerveillait des couleurs et de la chaleur qui les entouraient, Akashi fit quelques pas dans sa direction sur le chemin dont la neige avait été dégagée et, doucement, lentement, lorsqu'il se trouva à sa hauteur, glissa sa main contre celle de son compagnon.

« Avec le monde qu'il y a, personne ne nous verra », se justifia-t-il lorsque Kouki tressaillit et lui jeta un regard interloqué – puis il sourit et resserra ses doigts contre ceux du garçon qu'il aimait.

Et il eut le plaisir de voir le brun rougir jusqu'aux oreilles, avant de fourrer dans les poches de sa veste sa main libre aussi bien que celle dont les doigts se mêlaient aux siens.

Kouki avait plus ou moins toujours été angoissé par l'idée que des gens (c'est-à-dire, des inconnus qu'aucun d'eux deux ne reverrait jamais) puissent les surprendre ensemble et se rendre compte qu'ils se fréquentaient, qu'ils s'aimaient ; pendant un certain temps, Seijuurou s'était donc demandé si son petit ami n'avait pas un peu honte de sortir avec lui, mais il avait vite réalisé que la réalité était tout autre. En vérité, le joueur de Seirin était juste... gêné. Trop habitué à ce qu'on ne remarque pas son existence, à n'être qu'un autre personnage anonyme dans la foule des inintéressants, il n'aimait pas qu'on le place sur le devant de la scène, qu'on le juge et qu'on parle de lui.
Et puis, à ce qu'il avait dit au capitaine de Rakuzan, il n'avait jamais parlé de leur relation à personne, aussi.

Akashi, lui, n'avait ni honte ni peur de quoi que ce soit.
A vrai dire, il avait pris conscience de son homosexualité depuis longtemps déjà et n'avait jamais spécialement cherché à le cacher ; il n'en avait pas parlé à son père, bien sûr, mais il le mentionnerait sans doute un jour si l'occasion se présentait, et en dehors de ça... Il ne gardait ce secret que pour respecter les désirs de son amoureux, rien de plus.

D'ailleurs, Kouki avait accepté de mettre Reo dans la confidence, et cela faisait du shooting guard de Rakuzan l'unique personne sur Terre à être au courant de la relation qu'ils entretenaient ; en dehors de lui, personne ne savait, pas même les membres de Seirin, encore moins les parents du brun (et c'était la raison pour laquelle Seijuurou soupçonnait son petit ami de leur avoir menti, en leur racontant par exemple qu'il passerait la nuit chez un ami).

Toujours est-il que dans l'effervescence qui animait le marché de Noël, il était impossible que quiconque remarque qu'ils se tenaient la main, et Furihata en parut suffisamment convaincu pour ne rien dire de plus, se contentant de garder les doigts du roux serrés contre les siens, dans la chaleur de sa poche.

« Hé, Akashi..., commença-t-il alors qu'ils s'engageaient tous deux dans la foule attroupée autour des divers stands. Merci d'être venu... »

Légèrement surpris, le roux haussa un sourcil.

« Je suis venu parce que j'en avais envie, répondit-il comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

– Mais... c'est ton anniversaire, et on fait un truc que j'avais envie de faire, alors... »

Seijuurou soupira, un peu agacé et un peu lassé à la fois. Il ne comprenait vraiment quel était le problème – enfin si, il le comprenait très bien, mais... Pour lui, ce n'était pas un problème. Il ne ressentait pas le besoin de fêter son anniversaire, alors pourquoi partirait du principe que la journée du 20 décembre lui était consacrée et qu'il fallait par conséquent faire ce qu'il voulait ? D'autant plus que, même s'il n'était pas particulièrement habitué à Noël et à ses lumières, il appréciait cette fête, et...

« J'avais envie de passer la soirée avec toi, Kouki, continua-t-il d'une voix plus douce. Et c'est ce que je fais. Je n'en veux pas plus. »

A côté de lui, Furihata rougit un peu et tourna la tête, comme il serrait un peu plus fort la main du capitaine de Rakuzan, et ce dernier ne put s'empêcher de sourire.

« Viens, maintenant. »

Sans attendre de réponse, Akashi se dirigea vers le premier des stands, ou plutôt des petits chalets de bois illuminés bordés de petits sapins et d'étoiles multicolores, et le joueur de Seirin n'eut d'autre choix que de le suivre. A l'intérieur du minuscule abri étaient entassées maintes décorations rouges, oranges, bleues, vertes, violettes, dorées – suffisamment sans doute pour redécorer complètement la triste et monocorde salle à manger de sa demeure, songea le roux, non sans une pointe d'amusement.

« Ah ! S'exclama Kouki, apparemment étonné. Regarde ! Tu vois ce Père Noël, là ? On a le même ! »

Seijuurou tourna la tête et l'interrogea du regard.

« C'est la coach, expliqua alors le brun, un sourire amusé aux lèvres. Enfin, avec le club, on a prévu une petite fête le 25, et... Hier, on a ramené quelques décorations... Et la coach a exactement le même ! »

Intrigué, le capitaine de Rakuzan prit enfin la peine d'observer plus en détail le Père Noël dont il était question – c'était un bonhomme tout de rouge et de blanc vêtu, en métal apparemment, pas très grand non plus, et dont la tête au visage barbu vacillait de droite à gauche. L'espace d'un instant, le garçon se prit à imaginer ce même objet dans les vestiaires de son équipe, dans le casier de Reo qui semblait apprécier tout particulièrement ce genre de gadgets, ou encore sur le bureau du coach...
Cette dernière image était plus qu'improbable et il faillit pouffer de rire, mais s'en empêcha de justesse.

« Je devrais ramener quelque chose à Reo, songea-t-il alors à voix haute, tandis que Kouki se rapprochait de lui pour mieux observer certains décors.
– Mais... et rien aux autres de ton équipe ?
– Je ne crois pas qu'ils seraient ravis d'apprendre que j'ai passé le week-end à Tokyo avec mon petit ami au lieu de venir au dernier entraînement de l'année... »

Le joueur de Seirin sembla soudain comprendre et lâcha un petit ah mi-surpris, mi-gêné que Seijuurou trouva absolument adorable ; après quoi les deux garçons se décidèrent à quitter ce stand et poursuivirent leur exploration du marché de Noël.

Partout dans la rue piétonne réservée à la manifestation étaient disséminés, à droite comme à gauche comme au milieu parfois, ces petits chalets en bois qui servaient de stands et dont les toits enneigés avaient été bordés de guirlandes multicolores ; et de leurs avant-toits pendaient des étoiles, des décors, des objets à vendre, des lumières, encore des lumières, de la couleur ; et d'immenses arbres emmaillotés dans leurs illuminations rouges ou bleues surplombaient la route, la fête, la foule-
Les yeux rivés sur ces derniers, Furihata se serra soudain contre Akashi.

« Uh, il fait super froid, se plaignit-il malgré sa main qui, toujours dans celle dans son petit ami, était bien tiède. Mais c'est tellement beau... »

Attendri, le capitaine de Rakuzan ne résista pas à l'envie de déposer un rapide baiser contre sa tempe, dans ses cheveux bruns et gelés.

« Aide-moi à choisir, demanda-t-il, dans l'espoir que cela suffirait à faire oublier les basses températures à l'homme qu'il aimait. C'est pour Reo – lequel tu préfères ? »

Furihata s'approcha du stand que son amoureux était en train d'observer et le roux lui désigna les deux décorations en pâte fimo qu'il trouvait les mieux réussies : un petit Père Noël à la moustache bien coiffée qui brandissait fièrement un paquet cadeau vert foncé, et un adorable hibou coiffé d'un bonnet rouge à pompon blanc.

« Reo a acheté un sapin synthétique, expliqua Akashi tandis que son compagnon examinait les deux pendentifs. Il l'a installé dans les vestiaires du club.
– Et tu l'as laissé faire ? S'étonna Kouki, un peu amusé. Ah, j'arrive pas à choisir... Sinon, il y a ça, aussi... peut-être ? »

Avec précaution, il tendit au roux une boule à neige dans laquelle se tenait, souriant jusqu'aux oreilles qu'il ne possédait pas, un bonhomme de neige coiffé d'un chapeau haut-de-forme, habillé d'une écharpe rouge. Un instant durant, l'ex-joueur de Teikou considéra la proposition ; un pendentif pour le sapin synthétique qui égayait vaguement les vestiaires du club, ou une boule à neige qui empêcherait sans doute Reo de réviser pour ses examens d'entrée à l'université ? En apparence, le choix était vite fait, mais...
Un nouveau regard à son petit ami (qui avait, entre-temps, repris la boule à neige et s'amusait à la secouer pour le plaisir pur et simple de voir les flocons tomber) le fit soupirer, et Seijuurou se dit qu'il avait bien assez d'argent, de toute façon.

« Je vais prendre les trois. Et une comme ça pour toi aussi.
– Hein- Quoi ? »

Pris au dépourvu, Furihata se hâta de reposer l'objet dans le panier où s'en trouvaient d'autres modèles, mais Akashi eut tôt fait de le récupérer – et quelques minutes plus tard à peine, il avait acheté deux décorations (le Père Noël et le hibou) pour le sapin synthétique du club, une boule à neige (avec un pingouin) pour son vice-capitaine, et le bonhomme de neige souriant qu'il tendit à son amoureux.

« M-Mais je- Je..., bafouilla Kouki, apparemment aussi surpris qu'embarrassé. C'est-
– Ça te fait plaisir, non ? »

Comme pour appuyer sa question (qui relevait plus de la déclaration que de la véritable interrogation), le capitaine de Rakuzan laissa sa main retrouver celle de son petit ami et entremêler leurs doigts gelés, fins.

« Si ça te fait plaisir, cela en vaut la peine », conclut-il ensuite, avant d'entraîner son amoureux vers le stand suivant.

Quelques secondes durant, Seijuurou crut voir son compagnon baisser les yeux, probablement gêné de s'émerveiller encore autant d'une simple boule à neige à son âge – mais le froid alentour dut bien vite rafraîchir la chaleur à ses joues car bientôt il ne s'en fit plus. La paume à nouveau blottie contre celle du roux, il continua de le suivre joyeusement, un léger sourire aux lèvres et d'éclatantes étoiles plein les yeux, comme toutes les lumières du marché de Noël l'inondaient et se reflétaient sur ses vêtements, sur son visage, dans ses cheveux.

Leur exploration de la rue illuminée se poursuivit plusieurs minutes encore sous les arbres aux branches couvertes de rouge, de bleu, de vert et de blanc brillant, mais chaque heure en compagnie de l'autre ne semblait durer qu'une seconde et les dix-neuf heures approchèrent si rapidement qu'elles furent soudain là, sans que ni l'un ni l'autre des deux garçons ne les aient véritablement vues venir.
Akashi fut le premier à deviner, toutefois, qu'une cloche au loin avait bien dû sonner les sept heures et demie, lorsqu'il entendit son propre estomac se manifester à l'odeur délicieuse et envoûtante d'un stand de crêpes non loin.

« Kouki ? » Appela-t-il, la voix calme mais le ton décidé.

L'intéressé remit en place l'adorable hérisson en peluche avec le bonnet rouge duquel ses doigts étaient en train de jouer et tourna la tête vers son petit ami, juste à côté de lui.

« Hm ?
– Que dirais-tu d'aller manger quelque chose ? »

Le brun parut réfléchir. Certes, si la mémoire de Seijuurou était bonne (et elle l'était), le joueur de Seirin lui avait dit leur avoir réservé une table dans l'un des restaurants avoisinant l'hôtel où ils avaient prévu de passer la nuit ; mais l'établissement ne les attendait qu'à partir de vingt-et-une heures, soit dans plus d'une heure et demie, et le roux n'avait rien mangé depuis midi... En théorie, manger une crêpe maintenant ne devrait pas lui couper l'appétit jusqu'au lendemain, et Kouki dut parvenir à la même conclusion car il acquiesça joyeusement.

« Je vais en prendre une au chocolat, déclara-t-il, sûr de lui – pour une fois. Et toi ?
– Eh bien... Aux fraises. »

Le jeune homme avait tendance à préférer les mets salés, d'ordinaire ; mais l'ambiance qui régnait sous les branches colorées, entre les petits chalets décorés lui donnait envie de sucré et il se dit qu'il n'y avait pas de mal à ça – tant que ce n'était qu'une fois ou deux dans l'année.
Furihata insista pour acheter les crêpes lui-même (sous prétexte que son amoureux lui avait déjà offert une boule à neige et qu'en plus, c'était son anniversaire à lui, pas celui de Kouki) et Akashi prit la sage décision de l'attendre un peu à l'écart du stand littéralement pris d'assaut par les affamés. Calmement, il s'écarta de l'avenue passante qu'occupait la majorité de la foule et se retrouva bientôt sous l'un des grands arbres chargé de guirlandes lumineuses – par chance, un rebord qui séparait la rue pavée des racines et de la terre put lui servir de siège et c'est donc assis qu'il attendit le retour de son petit ami.

Trois ou quatre minutes encore, et le numéro 12 de Seirin s'extirpait (difficilement) de l'attroupement, une crêpe dans chaque main.

« Et voilà, lança-t-il fièrement, avant de se laisser tomber sur le muret à côté de Seijuurou. Bon appétit. »

Le sourire de son compagnon était si large que le capitaine de Rakuzan ne put s'empêcher d'y répondre.
Puis ils mangèrent en silence, un peu à l'écart de l'effervescence sous leurs yeux, observateurs anonymes au point que Kouki osa même s'appuyer doucement contre l'épaule d'Akashi. Ce dernier leva légèrement la tête et laissa ses yeux rouge et doré se perdre dans l'immensité du ciel – tout était noir au-dessus d'eux, enfin, bleu foncé peut-être, et les lumières brillaient autant sur les arbres que le long des bâtiments qu'il apercevait au loin... ne manquait que la neige, blanche, en flocons fins, pour donner à cette soirée le cadre enchanteur d'un conte de fées.

Enfin – c'était le cas, jusqu'à ce que le jeune homme laisse son regard retomber sur la foule et y repère une silhouette terriblement familière.

« Kouki, souffla-t-il aussitôt, regarde. »

Intrigué, Furihata leva d'abord les yeux sur son petit ami avant de les tourner vers la rue principale du marché, suivant la direction que le roux pointait aussi discrètement que naturellement – et c'était vrai, une tête en particulier se détachait de l'attroupement. Plus grand que tous, plus large d'épaules, les cheveux presque aussi rouges que ceux de Seijuurou, et-
Il n'en fallut pas plus au joueur de Seirin pour sursauter et manquer de laisser tomber ce qu'il restait de sa crêpe ; heureusement, il la rattrapa de justesse et, en tremblotant, passa instinctivement un bras autour de celui de son amoureux.

« Ah- Akashi, appela-t-il, le ton suppliant, comme il enfouissait son visage contre le manteau hors de prix de l'autre garçon. C'est K-Kagami... faut pas qu'il nous voie... Faut vraiment pas qu'il nous voie ! »

La voix du brun s'était faite désespérée et le capitaine de Rakuzan ressentit le besoin de se tourner pour déposer un rapide baiser dans ses cheveux fins – il le fit sans hésiter, puis releva les yeux sur la foule et y retrouva rapidement le rouquin de Seirin. Celui-ci semblait visiter le marché comme n'importe qui d'autre, s'intéressant tantôt à un stand, tantôt aux arbres décorés qui les surplombaient, et quelques instants plus tard seulement, il se fut éloigné.

« Ne t'inquiète pas, Kouki, fit alors Akashi. Il ne nous a pas vus. »

Rassuré sans doute par la certitude dans le ton de son compagnon, Furihata osa enfin se redresser (mais resta tout de même aussi collé que possible à Seijuurou).

« Il doit être trop pris par le marché. »

Le numéro 12 acquiesça d'un signe de tête peu certain.

« J'espère... N'empêche, je me demande ce qu'il fait là... Il est peut-être venu acheter un cadeau pour sa copine ?
– A moins qu'il ne soit venu avec sa copine. »

Ni l'un ni l'autre ne savait exactement qui était la copine de Kagami, à vrai dire, ni même si l'as de Seirin avait vraiment une copine pour commencer, mais s'imaginer le grand roux parcourir le marché en compagnie d'une fille émerveillée suffit à détendre l'atmosphère. A la grande satisfaction d'Akashi, Kouki se calma vite mais resta blotti contre lui, un bras passé autour du sien et la tête posée sur son épaule de temps à autre – puis il termina sa crêpe encore tiède et le couple put bientôt quitter le petit muret sous l'arbre illuminé pour s'en retourner à son exploration du marché de Noël.

Pendant une dizaine de minutes encore, Furihata se montra méfiant et réticent à laisser le capitaine de Rakuzan prendre à nouveau sa main pour le guider à travers la foule, stand après stand ; cela agaça le roux, au début, mais l'autre garçon se rasséréna heureusement bientôt. Une fois encore, le numéro 12 de Seirin se montrait absolument terrifié à l'idée qu'un de ses camarades ou amis puisse découvrir qu'il sortait avec un autre homme, avec Akashi – et ce dernier respectait la décision de l'élu de son cœur, mais... Il devait reconnaître que, parfois, il avait un peu de peine à le comprendre. Dans le sens où il ne voyait pas exactement quel était le problème.

Lui-même, il se serait fait un plaisir de répondre avec fierté qu'il fréquentait Kouki (un garçon aussi mignon, aussi gentil, aussi adorable que Kouki) à quiconque se serait inquiété de son statut amoureux, si son petit ami l'y avait autorisé ; alors pourquoi le brun n'était-il pas du même avis ? D'accord, Seijuurou n'était peut-être (sans doute, même si ça lui faisait mal de l'admettre) pas la personne la plus rassurante et appréciable du monde, mais leur relation n'avait rien de honteux... Ils s'aimaient, simplement, de manière saine et réciproque, depuis près d'une année – et leur histoire avait toutes les chances de continuer.

Jusqu'ici, Akashi avait accepté de garder leurs rapports secrets, mais viendrait forcément un jour où ils devraient tous deux en informer leurs proches, ne serait-ce que lorsqu'ils auraient (enfin) le projet et la possibilité de s'installer ensemble ; et autant le roux savait d'ores et déjà qu'il n'aurait aucune peine à le faire, autant il se demandait si ces moments ne s'avéreraient pas particulièrement éprouvants pour Kouki...

Légèrement inquiet, il se prit à mordiller sa lèvre inférieure et s'efforça de chasser de son esprit ces pensées négatives. Ils n'en étaient pas encore là, de toute façon – pour l'instant, ils n'étaient qu'un duo de lycéens, amis aux yeux de certains, amoureux en vérité, et ils consacraient leur soirée à l'un des marchés de Noël organisés dans la capitale japonaise, point.
C'était tout, et aussi difficile que cela puisse paraître, Akashi n'avait pas à se soucier de quoi que ce soit d'autre.

Fort heureusement, une fois rassuré, le brun eut tôt fait de laisser sa main retrouver celle de son compagnon (Seijuurou s'en étonna d'ailleurs, en bien – le fait que Kouki soit capable de prendre pareille initiative le surprenait toujours, mais lui faisait tellement plaisir à la fois) et, comme toujours, le simple fait de sentir la peau de son petit ami contre la sienne suffit à calmer le capitaine de Rakuzan. Non sans un très léger sourire, il releva les yeux sur le joueur de Seirin et l'autorisa silencieusement à le guider jusqu'à un stand qui avait attiré son regard ; et peu à peu, petit à petit, minute après minute, la soirée se déroula lentement.

Bonshommes et maisonnettes en pain d'épices colorés défilèrent sous les yeux rouge et or de Seijuurou, au même titre que d'autres décorations pour sapin encore, maintes guirlandes et lumières, encore des crêpes ou des gaufres ou des chocolats, et somme toute tant d'objets qu'il aurait été difficile de tous les nommer séparément – des pendentifs, des bijoux, des ronds de serviette et des assiettes, des Pères Noël et petits rennes en peluche, des bonbons, des calendriers de l'Avent...

« Kouki, attends », lança Akashi en retenant son petit ami par la main.

Ils venaient d'arriver à hauteur d'un stand de cartes postales ; et le jeune homme n'était pas particulièrement entré dans l'espace réservé au marché pour acheter quoi que ce soit, mais... La finesse avec laquelle certaines cartes avaient été réalisées ou bien l'esprit de Noël qui progressivement l'imprégnait lui donnaient envie de se laisser tenter. Un instant durant, il eut une pensée pour Reo, son coéquipier qui l'avait toujours écouté parler de Kouki, de leur relation, des moments qu'ils passaient ensemble ; Reo qui les rejoignait parfois lorsque Kouki venait à Kyoto, aussi ; Reo avec qui le brun s'entendait même bien, et qui se souciait toujours de savoir s'ils étaient heureux, si tout allait bien...

Akashi ne se sentait pas vraiment redevable envers son camarade – le vice-capitaine n'avait pas besoin de faire tout ça, vraiment –, mais il était... comment dire... reconnaissant.

« Oh, s'étonna son petit ami à côté de lui, tu voulais écrire une carte à Reo ? En- Enfin, heu, remarque, je-
– Effectivement, confirma le roux, un peu attendri par cette façon qu'avait son amoureux de deviner ce qu'il pensait. Aide-moi à choisir, nous l'écrirons ensemble. »

Puis, sans se gêner ne serait-ce qu'une seconde, il attrapa Furihata par le bras et s'arrogea le droit de s'appuyer contre son épaule, comme il lui montrait d'une main les différentes cartes que proposait le stand.
A son grand étonnement, le joueur de Seirin sursauta (et dut passablement rougir, dissimulant autant qu'il pouvait son visage dans son blouson) mais ne le chassa pas et se rapprocha même de lui. Le jeune homme avait enfin compris que personne ne se souciait d'eux au cœur de cette foule en pleine effervescence, apparemment – et c'était une bonne nouvelle.

« Heu... J-J'aime bien celle-ci..., souffla Kouki, sans aucun doute embarrassé par leur situation malgré le fait que personne ne leur prêtait la moindre attention, tout en pointant du doigt une carte blanche décorée d'étoiles pailletées d'or et d'argent.
– C'est vrai qu'elle est jolie, mais je me demande si Reo ne préférerait pas quelque chose de plus... mignon.
– Ah, heu... Ouais... »

Timidement, Furihata baissa les yeux et examina les autres cartes de vœux. Il y en avait plein, et pour tous les goûts ; Akashi, lui, en dénombra plus d'une dizaine de modèles différents, allant de la carte raffinée aux étoiles filantes en argent au carton kitsch exhibant la photographie d'un chiot, encadrée par maints petits cœurs et autres boules de Noël... Reo aimait ce qui était mignon, mais sans doute pas à ce point-là – aussi, les deux garçons finirent par se décider pour une carte où avaient été brodés un petit lutin coiffé d'un bonnet vert et plusieurs cadeaux multicolores, sur un fond blanc comme la neige.

Seijuurou, satisfait, régla leur achat (malgré les protestations de Kouki qui défendait que c'était à lui de payer, puisque c'était l'anniversaire du capitaine de Rakuzan ; après tout, l'argent qu'il possédait devait bien servir à quelque chose, et le roux préférait mille fois l'employer à acheter des présents pour son petit ami ou des cartes de vœux pour son plus proche coéquipier qu'à s'offrir chaque semaine un nouveau costume, comme le faisait son estimé paternel) et rangea la carte dans le sac de son amoureux, avec les autres objets qu'ils avaient achetés plus tôt.

« On pourra l'écrire pendant le repas, suggéra le brun, tandis qu'ils s'éloignaient du stand, toujours main dans la main.
– Hm. Ou même ce soir, à l'hôtel... Ou demain, nous avons le temps. »

Furihata sembla rougir un peu quand Akashi mentionna l'hôtel, et rien que pour ça, ce dernier ne put retenir un sourire ; bientôt une année qu'ils sortaient ensemble et l'autre garçon se gênait encore à l'idée de passer une nuit complète avec lui, contre lui, dans ses bras... C'était attendrissant (ou alors, c'était agaçant mais Seijuurou était amoureux au point de trouver ça adorable – au choix). Quoi qu'il en soit, c'était vrai : son petit ami et lui allaient effectivement dormir dans l'un des hôtels de la capitale ce soir-même, et leur chambre était réservée depuis plus d'un mois déjà.
C'était dans ce genre de (rares) cas, par exemple, que le capitaine de Rakuzan trouvait quelque intérêt à représenter la descendance directe du chef d'entreprise multimillionnaire qui lui servait de géniteur – parce que le nom sur sa carte d'identité et les relations que son père avait nouées lui permettaient de réserver une chambre dans un hôtel quatre étoiles de Tokyo, à un mois d'avance, sans être inquiété le moins du monde.

Tandis qu'Akashi s'accordait quelques minutes pour songer à ce qu'il se passerait ce soir, à leur dîner en tête-à-tête au restaurant et au moment fatidique où ils se retrouveraient enfin seuls dans leur chambre, cependant, Kouki sursauta et le retint soudain de toutes ses forces par le bras.

« A-Akashi ! Bredouilla-t-il, l'air apeuré. K-Kagami ! Il est encore là ! »

Aussitôt, Seijuurou leva les yeux et ne tarda pas, en effet, à repérer la tignasse rouge de l'as de Seirin qui dépassait bien d'une tête la foule au grand complet ; il se tenait loin d'eux, fort heureusement, mais quelque chose dut attirer son attention puisqu'il se retourna bientôt et-
Ni une, ni deux, le capitaine de Rakuzan passa un bras autour de la taille de son petit ami et le tira d'un coup sec contre lui, de sorte à ce que le visage de Furihata se retrouve enfoui contre son épaule. Ainsi, il espérait que la nouvelle lumière de Tetsuya ne parviendrait pas à reconnaître le numéro 12 de son équipe, et que Kouki et lui seraient suffisamment protégés par la foule alentour pour qu'il ne fasse même pas attention à eux... Par chance, sa tactique fonctionna à merveille, et d'un coup d'œil rapide il put bientôt voir Kagami pivoter sur ses talons et partir dans la direction opposée.

« C'est bon, déclara alors le roux, toujours sur ses gardes. Il est parti. »

Lentement, il laissa donc son amoureux s'éloigner de lui et reprendre ses esprits.

« Je pense qu'il a dû t'entendre quand tu as crié, continua d'expliquer Akashi comme sa main retrouvait celle de son petit ami. Fais attention, dorénavant.
– D'accord... »

Encore un peu sonné, Furihata bredouilla quelques mots incompréhensibles et les deux garçons restèrent au même stand pendant plusieurs minutes supplémentaires, ne serait-ce que par précaution – comme ça, lorsqu'ils reprendraient la route, l'as de Seirin se serait suffisamment éloigné et ils ne risqueraient plus de le croiser... Du moins, c'était ce qu'ils espéraient.
Seijuurou poussa un bref soupir et ferma les yeux. Il n'en voulait pas à Kouki, loin de lui cette idée, mais force était de reconnaître que ne pas pouvoir apprécier pleinement le marché en compagnie de l'homme qu'il aimait l'agaçait profondément. Pourquoi avait-il fallu que cet abruti de Kagami Taiga décide d'y venir lui aussi, et aujourd'hui, ce soir-là de surcroît ? C'était à croire que cet imbécile de première classe n'était né que dans le seul et unique but de lui taper sur le système, et le capitaine de Rakuzan avait de plus en plus de peine à le tolérer.

Enfin... Un coup d'œil à sa montre lui apprit qu'il était déjà huit heures moins le quart et, si cela signifiait malheureusement que les stands illuminés fermeraient dans un peu plus d'une heure, cela voulait également dire que Kouki et lui se dirigeraient bientôt vers la gare pour y récupérer ses affaires, avant de se rendre au restaurant – et là-bas, plus personne ne les dérangerait, que ce soit Kagami ou n'importe qui d'autre.
Une fois encore, c'était là l'un des rares privilèges à partager son arbre généalogique avec l'estimable et richissime président d'une multinationale : sa carte bancaire permettait à Seijuurou d'emmener Kouki dans des établissements qui ne laisseraient jamais entrer aucun de leurs amis (et ce, même si c'était Kouki qui avait réservé le restaurant ; en aucun cas Akashi ne laisserait son amoureux sacrifier toutes ses économies pour leur payer un dîner à deux).

« Ça va aller, souffla Seijuurou à son petit ami, lorsqu'il se rendit compte que ce dernier tremblait encore à l'idée d'avoir presque été repéré par Kagami. Il nous reste moins d'une heure pour profiter du marché... Ne laissons pas ton coéquipier gâcher notre soirée, d'accord ? »

En face de lui, Furihata inspira profondément, puis expira et acquiesça.

« T'as raison..., lâcha-t-il en un soupir, avant de sourire. On... On y retourne, alors ? »

Satisfait, le capitaine de Rakuzan lui rendit son sourire et se fit un plaisir de lui emboîter le pas lorsqu'il s'engagea à nouveau dans la rue principale aux pavés dégagés, bordée d'arbres multicolores illuminés.

Par la suite, les stands qu'ils visitèrent commencèrent à ressembler à ceux qu'ils avaient déjà vus, et ce quand bien même les décorations ou denrées proposées différaient un peu de celles qu'ils avaient aperçues voire achetées précédemment ; toujours, c'étaient des cartes de vœux, des animaux en peluche (et Seijuurou faillit acheter un adorable renne qui attirait un peu trop le regard de son petit ami – ce dernier refusa, cependant, et les deux garçons arrivèrent au compromis qu'Akashi achèterait plutôt le hérisson que Kouki avait repéré juste avant qu'ils n'atteignent le stand de crêpes), des boules à neige, du pain d'épices... Ils passèrent à côté d'un homme qui, de son chalet en bois décoré, proposait à qui en voulait des verres de vin chaud dont l'odeur chatouillait agréablement les narines, mais leurs dix-sept ans les empêchèrent de céder à la tentation et les obligèrent à se rabattre sur le café et le thé chaud disponibles en gobelets sur un autre stand.

« Tiens, dit doucement le roux en tendant à son compagnon l'un de ses deux verres isothermiques bruns. Fais attention, ne te brûle pas. »

Furihata fit la moue et attrapa avec précaution le gobelet, qu'il porta sans plus attendre à hauteur de son visage.

« Je sais, je sais... »

L'air aussi boudeur que résigné, il se mit à souffler un peu sur son café brûlant et Seijuurou ne put retenir un léger sourire attendri.
Lui-même, il s'était laissé tenter par un thé bien noir qu'il ne pouvait pas encore boire, à en juger par la vapeur qui s'échappait du breuvage bouillant ; mais contrairement au garçon qu'il aimait, apparemment, il n'était pas pressé. Maintenant que Kouki et lui se tenaient l'un en face de l'autre un peu à l'écart de la foule, et pourtant si près de l'avenue passante encore (ils s'étaient déplacés jusqu'à contourner le stand de boissons chaudes, mais maints visiteurs se hâtaient encore tout autour d'eux), il appréciait la nuit tombée et le noir teinté de lumières tièdes qui les entouraient – à vrai dire, il ne voyait absolument aucun inconvénient à l'idée de rester là encore un moment, rien qu'un petit moment...
Les yeux rivés sur son amoureux, dans ceux de son amoureux, et ils étaient si proches pour ne pas se perdre dans l'effervescence que la situation en devenait presque magique ; le monde alentour, émerveillé par les couleurs, aveuglé par les lumières, ne leur prêtait plus aucune attention et c'était bien, c'était ce qu'il fallait... C'était parfait. Assurément.

Profitant d'un instant où son petit ami sembla lever les yeux au ciel et perdre son regard loin de son café, quelque part dans les illuminations de Noël, Akashi se pencha sur Kouki pour l'embrasser tendrement sur les lèvres-

« Ah ! Attends ! »

Ou du moins, c'était ce qu'il avait eu l'intention de faire – mais sitôt qu'il s'était approché, Furihata, surpris, embarrassé, avait reculé d'un coup et l'avait repoussé de sa main libre.
Évidemment, le choc suffit à faire trembler la main de Seijuurou, celle qui tenait fermement son gobelet de thé bouillant, et le roux pinça fort les lèvres dès l'instant précis où quelques gouttes du breuvage brûlant atterrirent sur sa peau nue.

« ... Kouki », finit-il tout de même par dire en un soupir, tandis qu'une minuscule larme perlait au coin de ses yeux fermés.

Le numéro 12 de Seirin lui jeta un regard des plus interrogateurs, mais il dut vite comprendre quel était le problème car il ne tarda pas à écarquiller deux grands yeux paniqués.

« Ah, je- Je suis désolé ! »

Penaud comme jamais, il baissa la tête tandis qu'Akashi priait pour que le froid de l'hiver contre vite la brûlure qui lui laisserait sans doute une petite marque rouge sur le dos de la main.

« Mais, heu..., reprit cependant le brun, le ton peu assuré. On- On peut pas... Faire ça... Enfin, pas ici... »

Le jeune homme, rouge de honte, ne détailla pas plus et préféra rentrer encore la tête dans les épaules, les deux paumes plaquées contre le gobelet chaud qui contenait son café – et c'était une réaction que Seijuurou aurait trouvée adorable à n'importe quel autre moment du jour ou de la nuit, mais là, tout de suite, dans l'immédiat, ça l'agaça surtout un peu.
Une fois pour toutes, Kouki était son petit ami, et ce simple fait aurait dû lui donner le droit de l'embrasser où il le voulait, quand il le voulait, à tout instant de n'importe quelle journée.

« Kouki, personne ne nous regarde, insista alors Seijuurou, un soupçon de plainte dans la voix.
– Et si Kagami nous voyait ? »

Un tantinet désespéré par pareille réponse, le capitaine de Rakuzan haussa un sourcil et retint de justesse un nouveau soupir.

« Kagami n'est pas là, mon amour. »

Sur ces mots, il ne laissa pas le temps à son amoureux de s'embarrasser et de bredouiller quoi que ce soit d'autre et s'approcha encore de lui, autant qu'il le put, jusqu'à n'être plus qu'à un centimètre ou deux de poser son front contre celui du brun.

« Je t'aime », souffla-t-il d'un ton sûr et sans rougir.

Et cette déclaration dut avoir un effet considérable sur l'autre garçon, car le visage de celui-ci passa du rouge à la gêne au sourire à la mine boudeuse au regard énamouré en moins de dix secondes – puis, soudain, Seijuurou sentit les doigts de son compagnon se poser sur sa main et recouvrir tendrement la petite brûlure qui ne le faisait déjà presque plus souffrir.

« Hm... pardon. »

Ce furent les seuls mots que lâcha Kouki et Akashi ne sut jamais s'il parlait de la blessure contre sa peau ou du baiser qu'il déposa sur ses lèvres l'instant d'après – mais sur le coup, il supposa que ça n'avait pas d'importance, et ferma les yeux pour embrasser tendrement son amoureux.

Lorsqu'ils s'éloignèrent l'un de l'autre, le capitaine de Rakuzan s'accorda encore quelques instants pour examiner pleinement les traits de son petit ami, et toute l'expression à son visage qui semblait vouloir dire je t'aime aussi encore plus fermement que les mots du jeune homme ne le déclareraient jamais ; et finalement, ce fut Furihata qui rompit la magie du moment en portant à ses lèvres son gobelet de café toujours chaud, mais moins brûlant qu'auparavant.

« On y retourne ? Proposa-t-il à voix basse, une gorgée plus tard. On a encore quelques stands à voir... »

Le roux acquiesça d'un signe de tête calme mais décidé et le laissa reprendre sa main (l'autre, celle qui n'était pas brûlée et ne tenait pas le verre de thé) pour le guider à nouveau dans la foule où ils s'engouffrèrent aussitôt.

Comme l'avait prédit Kouki, il ne leur restait cependant que quelques stands à voir et bientôt ils atteignirent le bout de la rue principale du marché, qui se terminait en un cul-de-sac agrémenté de plusieurs stands. Ceux-ci ne vendaient toutefois rien de bien original ; alors, d'un commun accord, les deux garçons décidèrent de faire demi-tour et de jeter un dernier coup d'œil aux objets qui auraient pu les intéresser avant de rentrer. Ainsi, Furihata s'attarda à nouveau sur quelques décorations qu'Akashi lui offrit sans trop hésiter, arguant que ce Père Noël en métal ferait bonne figure sur le bureau de son petit-ami, tout comme ce sapin de Noël s'avérerait sans doute un serre-livre admirable – et il ne leur fallut pas plus d'une vingtaine de minutes pour revenir sur leurs pas jusqu'au stand de crêpes où ils s'étaient arrêtés précédemment.

Tout en avançant, le capitaine de Rakuzan s'efforçait de garder à l'esprit à la fois l'heure qui tournait lentement et l'éventuelle présence de Kagami, mais la nuit au-dessus de leur tête était toujours aussi bleue-noire et la tignasse rousse de l'as de Seirin ne dépassait à aucun moment la foule. Une fois, tout au plus, Seijuurou crut bien discerner la silhouette de son ennemi juré ; il se trouvait bien loin d'eux, cela dit, aussi le jeune homme n'y prêta que peu d'attention et préféra se focaliser sur les guirlandes que lui montrait son petit ami.

Stand après stand, lumière après lumière, décor après décor, ils retrouvèrent bientôt l'échoppe dont l'adorable hérisson en peluche avait attiré le regard du joueur de Seirin plus tôt dans la soirée. Akashi n'eut pas besoin de réfléchir, ne serait-ce qu'une seconde, pour attraper l'animal au bonnet rouge surmonté d'un pompon blanc et l'acheter à son compagnon – et sur le coup, Kouki s'embarrassa beaucoup à l'idée qu'un garçon de dix-sept ans comme lui avait pu se laisser offrir une peluche par son petit ami, mais... Les peluches n'étaient pas réservées aux filles, si ?

Avec un soupir, le brun garda le hérisson dans les mains et l'examina d'un œil critique.

« Je le trouve très mignon, déclara alors Seijuurou, sans savoir trop lui-même s'il parlait de l'animal ou de l'homme à ses côtés.
– C'est quand même un peu la honte, pour un garçon...
– Je ne pense pas. Tu serais étonné par le nombre d'animaux en peluche que possède Shintarou. »

Furihata écarquilla les yeux.

« C'est pas un exemple ! S'exclama-t-il.
– Shintarou est un garçon, se défendit alors le roux. Sinon, je peux t'assurer que Reo s'en offre régulièrement, lui aussi. »

Le joueur de Seirin sembla abandonner la bataille, car il ne rétorqua pas, à la grande satisfaction d'Akashi qui lui sourit doucement ; et bientôt cette histoire fut oubliée, car les aiguilles à la montre du capitaine de Rakuzan dépassèrent la demie de huit heures et le jeune homme décréta qu'il leur fallait songer à partir.
Certes, le personnel du restaurant ainsi que leur table réservée ne les attendaient pas avant neuf heures, mais il leur faudrait encore retourner à la gare, puis prendre le métro jusqu'à l'établissement dont il était question... Ce qui leur prendrait sans doute une demi-heure, voire plus – c'est pourquoi il était impératif qu'ils ne tardent pas, et Kouki, quoiqu'un peu triste de devoir quitter l'ambiance tendre et chaleureuse du marché, accepta sans problème de s'en aller.

En quelques pas ni trop lents, ni trop pressés, et sans prendre vraiment le temps de s'arrêter à des stands qu'ils auraient pu manquer ou avoir envie de revisiter, les deux garçons rejoignirent assez vite l'entrée du marché de Noël, où se dressait toujours l'immense sapin tout vêtu d'or et de vert foncé.
L'arbre majestueux scintillait dans la nuit noire et paraissait englober toute la place, non, toute la surface du marché et les rues alentours de sa lumière douce et délicate, qui émerveillait sans torturer la rétine – alors, Furihata ne put s'empêcher de s'immobiliser à son pied, immergé dans l'aura de lueur tiède que le géant projetait.

« Ouah..., s'extasia-t-il comme ses yeux clairs traçaient les courbes des guirlandes dorées ou argentées ou rouges ou parfois bleutées, marquant une pause à chaque décoration qu'ils rencontraient. C'est magnifique ! »

Un tantinet attendri, Akashi marcha les quelques pas qui le séparaient encore de son petit ami et se stoppa juste à côté de lui. Ce sapin n'avait ni bougé ni changé depuis l'instant où ils l'avaient tous deux dépassé pour la première fois, pourtant ; mais Kouki n'y avait pas prêté attention auparavant, sans doute, l'esprit trop occupé à se réjouir de visiter chaque recoin du marché.

« Je reconnais que cette décoration a été correctement travaillée, commenta le roux, et ce quand bien même son regard à lui ne s'intéressait déjà plus qu'au joueur de Seirin. C'était une bonne idée. »

Debout dans les huit heures et demie sombres et pourtant si lumineuses d'un hiver aussi froid que celui de l'an dernier, Furihata avait les yeux grands ouverts sur la beauté d'une fête qui n'avait rien de japonais et tout portait à croire qu'il ne se souciait plus depuis longtemps du vent qui lui mordait les oreilles – elles étaient bien rouges, cela dit, et Seijuurou était presque jaloux de ces fichues températures qui osaient mordiller la peau de son amoureux à lui. Et puis, en même temps...

Il fallait avouer que Kouki était absolument adorable. A croquer, justement. Avec son regard qui brillait comme celui d'un enfant face au Père Noël, son sourire sincère et naturel qui ne manquait jamais une occasion de troubler le rythme cardiaque du capitaine de Rakuzan, ses oreilles gelées rougies et son nez aussi ; ses mains qu'il gardait dans les poches, y compris celle qui caressait toujours les doigts d'Akashi... C'était un tableau magnifique que seule la neige fine en flocons blancs aurait pu sublimer encore et le roux esquissa un rapide sourire – l'instant d'après, un bref coup d'œil autour de lui lui apprit que les visiteurs se faisaient de plus en plus nombreux à quitter le marché, et dès lors, il ne put plus résister.

Profitant de l'effervescence qui les entourait et grouillait devant, derrière, à droite et à gauche et partout ailleurs, il lâcha d'un coup la main de son petit ami et s'autorisa à glisser un bras autour de sa taille, derrière lui.

« Hein- Hé ! » S'écria aussitôt le brun, surpris – mais Seijuurou ne céda pas aux protestations de son amoureux et ne s'éloigna pas d'un pouce.

Contre sa paume, la veste rembourrée de Furihata était glacée, mais tout contre son corps, celui de l'homme qu'il aimait était tiède, comme sa simple présence réchauffait sa poitrine de sentiments qu'il ne connaissait pas – et ça lui suffisait amplement. Le fier leader de la Génération des Miracles n'avait besoin que de ça. L'année précédente, encore, il aurait clamé à qui voulait l'entendre que seule la victoire comptait, que seuls les matchs remportés dictaient chaque instant de sa vie et chacune de ses pensées ; mais aujourd'hui... Même s'il souhaitait toujours gagner plus que tout, et même si la victoire lui semblait toujours naturelle et nécessaire pour continuer, il avait changé. Quelque chose d'infime, au fond de lui, s'était modifié lorsqu'il avait rencontré Kouki, et n'avait cessé d'engendrer minuscule transformation après transformation négligeable depuis.

« Je t'assure que personne ne nous regarde », se justifia-t-il une énième fois, une pointe d'agacement dans la voix – parce qu'il avait envie d'enlacer son petit ami, et de l'embrasser, et de le garder aussi près de lui que possible toute la soirée.

A ces mots, le brun ne répondit pas, pas tout de suite du moins. Pendant un instant ou deux, il garda l'adorable mine boudeuse (lorsqu'il se prit à penser à penser en ces termes, le capitaine de Rakuzan faillit porter la main à son front et souhaiter toutes ses condoléances à sa pauvre santé mentale) qu'il prenait toujours lorsque son compagnon l'embarrassait mais le rendait heureux à la fois – puis il fit quelque chose de tellement incroyable qu'Akashi lui-même n'en revint pas.
Et deux minutes après, si ce n'est trois, Seijuurou écarquillait encore les yeux à l'idée que son petit ami ait pu, tout simplement, sans rougir ni se gêner ni bafouiller, décider de poser la tête contre son épaule.

« ... K-Kouki ? » Bégaya-t-il bien malgré lui, encore sous le choc ; parce qu'ils étaient debout, parce que son bras enlaçait toujours la taille de l'autre garçon, parce qu'ils étaient bien loin du petit muret tranquille sous un arbre illuminé où ils avaient mangé en secret, et parce que maintenant, tout compte fait, peut-être bien que tout le monde les regardait.

Le numéro 12 de Seirin, lui, lui offrit le plus malicieux des sourires timides et se serra un peu plus encore contre lui.

« Je profite que personne nous regarde, souffla-t-il, le rouge aux joues et le ton embarrassé. Je... »

Il ne parvint pas à terminer sa phrase, trop gêné sans doute pour prononcer les mots qu'il avait en tête ; alors, il se tourna légèrement et enfouit son visage contre l'épaule d'Akashi qui, de son côté, fut obligé de lever les yeux au ciel (vers l'immense, majestueux, scintillant sapin d'or et d'argenté dont la silhouette les dominait) pour ne pas céder à la tentation de disperser mille câlins et tendres baisers dans les cheveux du brun.
Le capitaine de Rakuzan était bien connu pour son calme et sa maîtrise de soi à toute épreuve, pourtant. En match, même lors des tournois les plus importants, il ne lui arrivait jamais de perdre son assurance, de laisser trembler ses mains, d'être emporté par l'excitation ou d'autoriser à transparaître ses émotions – mais là, dans ce cas précis, c'était...

Il avait fourré sa main libre dans la poche de son long manteau hors de prix et s'efforçait de garder le regard rivé sur le ciel ou le sapin ou l'ailleurs ou autre chose, mais l'homme qu'il aimait au point de sentir son cœur peser plus lourd dans sa cage thoracique était collé tout contre lui et chaque instant que Kouki passait le nez enfoui dans son épaule lui rendait plus ardue la tâche de ne pas glisser dix doigts dans ses cheveux pour l'attirer à lui et l'embrasser – maintenant. Tout de suite.
Et peu importe que tout le monde les regarde, la ville de Tokyo n'avait qu'à les voir, parce qu'ils-

Non.
Frustré, Seijuurou fronça les sourcils et se demanda combien de temps encore il allait devoir endurer cette torture avant de pouvoir jeter Kouki dans le premier taxi qui passerait et l'emmener à l'hôtel sans passer par la case dîner ; c'est alors qu'il sentit le nez gelé du principal objet de ses pensées frôler la peau de son cou, et les lèvres gercées de Furihata s'y poser.

« Que- »

Non, décidément, résister lui était devenu impossible et de sa vie, jamais le capitaine de Rakuzan n'avait été si heureux d'avoir échoué – son cœur manqua un battement, il se sentait complètement fou et il sourit à cette idée.
Aussi, sans plus attendre, il serra l'emprise de son bras dans le dos du brun, ne dirigea plus ses yeux hétérochromes que vers lui et n'empêcha plus sa main libre de se glisser dans ses cheveux, à son visage, contre sa joue, un pouce sur ses lèvres dont la simple idée l'obsédait ; une seconde, encore, à peine, et son nez manquait de heurter celui de Kouki comme il l'embrassait avec envie, amour, passion, désir.

« Kouki..., soupira-t-il contre les lèvres entrouvertes de l'homme qu'il aimait. Hm... »

Peu importe que tout le monde les regarde.
La ville de Tokyo au grand complet n'avait qu'à les voir ; Seijuurou s'en moquait, parce que leur relation était idyllique, parce que leur amour était parfait, et parce qu'il était prêt à égorger de ses mains nues quiconque oserait prétendre le contraire.

Il n'était pas comme ça d'habitude, pourtant. Même quand il embrassait le numéro 12 de Seirin, il était plus calme, généralement. Plus maître de lui-même. Plus à même de contrôler chaque instant de leur baiser de sorte à ce que tout reste à la fois tendre, lent et incroyable, juste ce qu'il fallait pour leur faire tourner la tête à tous les deux ; mais là...
Là, dans l'immédiat, il se fichait éperdument de tout ça – parce que ça faisait près de deux mois qu'il n'avait pas embrassé Kouki, qu'il ne l'avait pas touché, pris dans ses bras, qu'il n'avait pas senti sa langue contre la sienne et sa respiration rapide contre son visage.

A bout de souffle, il fut toutefois obligé de s'éloigner de son amoureux et en profita pour le regarder droit dans les yeux, tandis que son torse se soulevait et s'abaissait au rythme effréné de son cœur qui ne se calmait plus.

« Ah... Akashi..., bredouilla Furihata, le regard un peu perdu.
– Hm... ? »

Il n'attendit pas vraiment que Kouki réponde pour presser à nouveau ses lèvres conte celles de son petit ami en un baiser rapide, furtif, qui ne dura qu'une seconde et fit fermer les yeux du brun.

« Ah... Rien, en fait..., murmura ce dernier en glissant une main jusqu'à l'épaule de Seijuurou, puis dans sa nuque, puis dans ses cheveux roux. J'ai juste hâte d'être à l'hôtel... »

Un petit rire gêné lui échappa et Akashi se prit à se demander s'il était vraiment nécessaire qu'ils mangent au restaurant, ce soir-là ; ils pourraient se contenter du petit-déjeuner demain matin, peut-être, ou commander quelque chose depuis leur chambre-
Mais alors que le jeune homme remettait cette question à plus tard et s'apprêtait à embrasser encore le garçon dans ses bras, retentit une voix qui fit courir un frisson dans son dos et sursauter Furihata.

« Akashi-kun, Furihata-kun, joyeux Noël. »

Aussitôt, Kouki poussa un petit cri de surprise et s'éloigna d'Akashi, qui tenta instinctivement de le retenir en attrapant son poignet ; mais le joueur de Seirin se dégagea d'un mouvement brusque et lorsqu'il ne lut plus que la panique sur le visage de l'homme qu'il aimait, lorsqu'il tourna la tête et remarqua la présence de ce cher Tetsuya et de Kagami Taiga à ses côtés, le capitaine de Rakuzan se demanda pourquoi il ne les avait pas assassinés plus tôt.
Pourquoi il ne les avait pas égorgés, tous les deux, dès la première seconde où il en avait eu l'occasion.

« Tetsuya-, commença-t-il, le ton plus froid que jamais comme son regard de rouge et d'or fusillait le fantôme de Seirin.
– Mais... ! L'interrompit cependant Kagami Taiga, l'imprévisible, le détestable Kagami Taiga, qui semblait toutefois plus effaré que dégoûté et ouvrait sur le couple deux grands yeux écarquillés. Furi, t'étais pas chez tes cousins ?! »

A côté de Seijuurou, le brun ne répondit pas et se contenta de regarder ailleurs, de ses pieds à la neige au sol et de la neige au sol à ses pieds.

« C'était de toute évidence un mensonge, Kagami-kun, commenta alors Tetsuya, le ton aussi calme et monocorde qu'à son habitude. Quoi qu'il en soit... »

Il s'apprêtait à continuer, mais Akashi refusait de le laisser faire – car la simple idée que son imbécile d'ancien camarade soit la raison pour laquelle Kouki tremblait, se tenait en retrait et restait paralysé faisait bouillonner tout son être d'une fureur comme il en avait rarement ressenties.

« Allons-nous-en, Kouki, ordonna-t-il alors, les bras croisés, plus incendiaire que jamais. Tetsuya, nous parlerons une autre fois. »

Puis, sans attendre de réponse, il se rapprocha de son petit ami et glissa doucement sa main dans la sienne ; par chance, ce simple geste suffit à calmer un peu le jeune homme, qui d'un coup trembla moins et osa même relever sur Seijuurou un regard gêné, terrifié, les joues rouges et une lèvre que la nervosité lui avait fait mordre au sang. D'ordinaire, le capitaine de Rakuzan n'était pas particulièrement sensible à la douleur ou à l'inquiétude des autres, mais là... Là, dans ce cas précis, c'était Kouki qui souffrait, plus embarrassé et honteux que jamais, et ce simple spectacle faisait tellement souffrir le roux qu'il avait de la peine à le supporter.

Il fallait qu'ils s'en aillent au plus vite, que son amoureux retrouve le sourire aussi tôt que possible ; puis, seulement, il pourrait s'occuper de Tetsuya et de cet abruti de Kagami Taiga.

« N'empêche, reprit d'ailleurs ce dernier, apparemment mal à l'aise, je savais pas que, enfin... vous deux... vous... »

Il était donc naturellement stupide au point de toujours prononcer les mots qu'il ne fallait pas – soit.
Le numéro 12 de Seirin déglutit difficilement, et son compagnon serra sa main un peu plus fort avant de regarder droit dans les yeux le plus puissant de ses adversaires.

« J'aime Kouki, déclara-t-il, avec tant d'assurance que le principal intéressé rougit encore et couvrit son visage de la seule main libre qu'il lui restait. Émets la moindre critique à notre sujet et je m'assurerai personnellement que tu ne sois plus jamais capable de jouer au basketball de toute ta misérable vie, Kagami Taiga. »

Il marqua une pause et se força à fermer les yeux, ne serait-ce qu'une seconde durant, le temps de retrouver un tant soit peu de son self-control habituel.

« Allons-y, maintenant. »

En face de lui, l'as de Seirin paraissait toujours aussi abasourdi qu'auparavant – Tetsuya, lui, avait gardé l'expression neutre et insensible qu'il arborait en permanence. Contre toute attente, ce fut cependant lui qui s'opposa à la décision d'Akashi (il voulait partir, s'en aller, maintenant, sans discuter) et reprit la parole.

« J'espère seulement que tu ne forces pas Furihata-kun à te fréquenter, Akashi-kun, déclara-t-il, distinctement, sans émotion aucune – et Seijuurou s'arrêta net.
– ... Quoi ? »

Les yeux à présent rivés sur son ancien coéquipier, il haussa un sourcil et se demanda si l'ex-fantôme de Teikou venait bien de dire ce qu'il croyait avoir entendu. Il lui avait demandé si lui, Seijuurou Akashi, unique héritier de l'une des plus richissimes multinationales au monde, capitaine de l'indomptable équipe de basketball du lycée Rakuzan, dix-sept ans aujourd'hui même, il osait-

Non.
Il avait très clairement et très sérieusement émis l'hypothèse que Seijuurou obligeait peut-être Kouki à sortir avec lui, à l'embrasser et à bien d'autres choses encore, et sur le coup, c'était plus douloureux que ce le roux aurait imaginé. A vrai dire, le simple fait de penser, non, de réaliser que Tetsuya le croyait capable de faire souffrir l'homme qu'il aimait plus que tout au monde, le garçon dont le moindre sourire accélérait les battements de son cœur, la personne pour laquelle il se savait prêt à abandonner absolument tout ce qu'il possédait, c'était...

Il voulut foudroyer son ancien ami du regard et s'efforça de garder les yeux rivés dans les siens mais n'y parvint pas.
Douloureux – c'était le mot.
C'est alors qu'il sentit, soudain, les doigts de Kouki bouger contre les siens, les attraper et les serrer doucement, puis fermement, puis tendrement.

« Heu... Kuroko, Kagami, entendit-il bredouiller le brun, dont l'embarras s'entendait de moins en moins dans la voix. Je- Je suis amoureux d'Akashi, moi aussi...
– Hein ?! Fit l'as de l'équipe. De ce taré ?! »

Ce... ? Encore une fois, c'était douloureux-

« Kagami ! Je t'ai dit que je l'aimais, alors arrête, enfoiré ! »

Tout à coup, l'expression du grand rouquin apparemment stupéfait se fit plus gênée, presque honteuse – cependant, une fois n'est pas coutume, Seijuurou n'y prêta aucune attention. Ne le remarqua même pas. Dans sa poitrine, son cœur s'était mis à peser plus lourd et à taper plus fort, au rythme de ses yeux qui voyageaient de son compagnon à Tetsuya, de Tetsuya à Kagami, de Kagami au garçon qu'il adorait ; et aussi étonnant que cela puisse paraître, il avait de la peine à y croire.
Kouki venait de prendre sa défense et il avait de la peine à y croire.
(Il se fit vite à cette idée, cela dit, et ne prit même pas la peine de réprimer le sourire tendre et amoureux qui courba ses lèvres lorsqu'il lança un nouveau regard à son petit ami.)

« Ah, heu... Je suis désolé, finit tout de même par s'excuser l'as de Seirin, une main frottant nerveusement l'arrière de son crâne. Je savais pas... Désolé, Furi. »

Certes, il avait l'air sincère, mais le capitaine de Rakuzan devait avouer qu'il lui en voulait toujours pour l'avoir insulté et, surtout, avoir insinué qu'il pourrait forcer Furihata à faire quoi que ce soit – le brun, toutefois, expira profondément et passa rapidement la main sur son visage avant de répondre.

« C'est... pas grave, lâcha-t-il, toujours aussi angoissé. Enfin... Merci... De pas t'être moqué... »

Était-ce donc ça que Kouki craignait tant ? Qu'on rie de lui parce qu'il fréquentait un autre garçon ? Pourtant, songea Akashi, il aurait dû se douter depuis longtemps que le roux ne laisserait jamais personne se moquer de lui, d'eux ou de leur relation... Mais il comprenait l'inquiétude de son amoureux. Force était de le reconnaître : lui-même, il avait souffert rien qu'à l'idée qu'on puisse croire qu'il faisait souffrir Kouki, alors... entendre des amis tourner leur relation au ridicule aurait sans doute été particulièrement douloureux pour celui qu'il aimait et, quelque part, il était (presque) reconnaissant envers Tetsuya et ce Kagami Taiga de ne pas avoir éclaté de rire en les surprenant enlacés, en train de s'embrasser.

« Dans ce cas, lança alors la voix insensible et monocorde du fantôme de Seirin, l'essentiel est que vous soyez heureux ensemble... Akashi-kun, bien que je te l'aie écrit ce matin, je te souhaite un joyeux anniversaire. Et beaucoup de bonheur avec Furihata-kun. »

Sur ces mots, Tetsuya s'inclina poliment – et Seijuurou n'était pas certain de ne plus nourrir aucune rancune à son égard (son ancien coéquipier l'avait quand même soupçonné de faire du mal à Kouki, son ancien coéquipier ne lui faisait quand même pas confiance, apparemment), mais...

« Merci, répondit-il tout de même, sincère, avant de se tourner vers Furihata dont les doigts étaient toujours mêlés aux siens. Maintenant... Nous devrions y aller, si nous ne voulons pas être en retard au restaurant.
– Ah, heu, oui ! Bafouilla Kouki en retour, sa timidité et son embarras reprenant tout à coup possession de son visage. Eh bien, du coup, Kuroko, Kagami... A bientôt, hein ! »

Un sourire gêné pour ses deux coéquipiers et quelques politesses plus tard, le brun prenait congé d'eux sans remords apparents et poursuivait son chemin aux côtés d'Akashi qui, quant à lui, se sentait simplement... satisfait, heureux de voir que le garçon qu'il aimait allait mieux.


« Aah... C'était super stressant... »

Furihata venait à peine de mettre un pied dans le wagon du métro qu'il s'était déjà, presque par réflexe, glissé contre son petit ami, lui-même appuyé contre l'un des sièges du véhicule qui ne désemplissait décidément pas, même en soirée.
Tendrement, Akashi accueillit son amoureux contre lui et chercha sa main de sorte à entremêler leurs doigts, quelque part dans l'atmosphère à hauteur de leurs épaules. Maintenant qu'il y réfléchissait, le fait que Kouki ait fait preuve d'autant d'audace face à Tetsuya et à sa nouvelle lumière l'avait surpris, lui aussi ; aussi il supposait que son compagnon subissait à présent le contrecoup de son effronterie.

« Mais tout s'est bien terminé, murmura Seijuurou, les yeux rivés dans ceux de l'autre garçon. Et puis... »

Le brun jeune homme et lui-même se tenaient si proches l'un de l'autre, maintenant, que le capitaine de Rakuzan pouvait sentir les regards qui commençaient, par deux ou trois, à se braquer sur eux – il ne s'en souciait que peu, cependant.
Dans un geste infiniment tendre, il se pencha encore vers Kouki et osa poser son front contre celui de son petit ami, de sorte à ce que les mèches claires chatouillent son visage, comme les joues de l'homme qu'il aimait se faisaient plus rouges encore qu'elles ne l'étaient déjà.

« Merci d'avoir pris ma défense. »

Abasourdi, le joueur de Seirin écarquilla les yeux et ouvrit la bouche comme pour parler-
Mais Seijuurou en profita pour lui voler le plus doux des baisers, et que les autres usagers du métro soient damnés.

C'était le 20 décembre, la météo avait annoncé moins dix degrés, et à vingt-et-une heures qui venaient de sonner, ils étaient tous deux en route pour fêter Noël avant l'heure – ensemble.


Fin (ou presque !)

Comme je l'ai précisé plus haut, cet OS s'arrête là. Le deuxième chapitre n'est pas une véritable suite, ce n'est qu'un (enfin, une tentative de) lime/lemon que j'avais envie d'écrire (et que certains avaient envie de lire, merci pour vos avis d'ailleurs. ^w^)

Si vous souhaitez lire le chapitre 2 malgré tout, bonne lecture - sinon, à tout bientôt. :3

En attendant, je vous souhaite un super début de vacances, et à tout bientôt ! :3