L'histoire se passe bien avant la mort de Margaret. Du temps où Don traquait encore les fugitifs.

Fic en deux parties.

Chapitre 1 :

Dearpaw Mountains, Montana, 12 h 00 :

L'agent spécial Don Eppes n'était pas un homme heureux. Il était fatigué, il avait froid et il avait faim. Pourquoi est-ce que les fugitifs ont toujours la fâcheuse tendance de se réfugier dans les régions glaciales au beau milieu des montagnes ? Ils pourraient aller en Floride, au Nouveau-Mexique, en Louisiane ou même en Arizona. N'importe où du moment qu'il fasse chaud. Mais non ! Au lieu de poursuivre un évadé sous un soleil de plomb, il devait le faire en pleine tempête de neige avec trois kilos de laines sur lui, un gros manteau qui limitait les mouvements de ses bras, un jean boueux et des chaussettes mouillées. Atchoum ! Et un rhume !

« Shhh ! »

Don lança un regard furieux à Billy Cooper et éternua une nouvelle fois. Cette fois-ci ce fut le shérif qui se retourna en lui faisant signe de faire moins de bruit.

Don et Billy traquaient depuis cinq mois Clayton Foster, accusé des meurtres de sa femme et de son meilleur ami. Ils avaient traversés l'Iowa, le Nebraska, le Dakota du Sud et le Dakota du Nord pour finir, ici, dans les montagnes du Montana. Foster avait grandi dans ces montagnes. C'était son point fort mais aussi son point faible. Son point faible puisqu'en revenant dans sa région natale, erreur que font la plupart des fugitifs, Don et Billy avaient pu retrouver sa trace après l'avoir perdu depuis trois semaines. Son point fort puisqu'il connaissait ces montagnes par cœur et, s'ils n'avaient pas eu l'aide du shérif local et de ses adjoints, jamais les deux agents ne l'auraient retrouvé.

Après avoir marché plus d'une heure dans la neige dans des petits chemins escarpés, la petite cabane en bois de Foster était en vue, dans la vallée, en contrebas. Une fumée s'échappant de la cheminée indiquait une présence mais quant à savoir si c'était bien Foster à l'intérieur était une autre histoire. Il y avait 99 pour cent de chance que ce soit lui, mais le un pour cent restant n'était pas à négliger. De leurs positions, Don fut frappé par la beauté du paysage. La rivière du Missouri scintillait de milles feux par l'effet du soleil d'hiver mais aussi par la réverbération de la neige. Deux élans étaient même en train de s'abreuver tranquillement. Et la végétation, composée notamment de magnifiques sapins, était un mélange fabuleux d'orange, de vert et d'or. Le tout recouvert de poudreuse blanche. Cette vue respirait la paix et la sérénité.

« Don, tu viens ?! Ce n'est pas le moment de faire du tourisme. Je te rappelle qu'on a un criminel à arrêter ! »

« J'arrive ! »

Aussi silencieusement que possible, Don, Billy, le shérif et ses adjoints s'approchèrent de la cabane, tout en veillant à ne pas trop s'éloigner de la lisière de la forêt. Don, en tête de file, s'arrêta à une dizaine de mètre de la petite habitation et fit signe à ses hommes de s'arrêter.

« Bien. Il y a une porte principale sur le versant sud de la cabane et deux fenêtres. Une petite lucarne sur le côté est. Une fenêtre et une porte secondaire sur le versant nord. Pas besoin de se soucier du côté ouest puisque nous sommes à l'opposer. Voilà ce que l'on va faire. Billy, tu te charges de la porte de derrière, moi je m'occupe de celle de devant. Shérif, vous et vos adjoints couvrez nos arrières pour le moment. Si Foster est seul, vous n'aurez certainement pas à intervenir. Mais s'il est accompagné, je vous ferais signe et vous vous diviserez en deux groupes : l'un rejoindra Billy, l'autre viendra avec moi. Tout le monde a compris ? »

Tous les représentants de la loi acquiescèrent et Don et Billy s'approchèrent de la cabane. Don s'accroupit à l'approche de la première fenêtre et grimaça lorsque la vieille petite terrasse en bois gémissait sous son poids. Mais, apparemment, le bruit n'était pas assez fort pour éveiller les soupçons puisque l'agent put voir, à travers les rideaux de la fenêtre, le fugitif préparait sereinement son repas.

« Tu m'entends Billy ? »

« Affirmatif »

« Je ne vois que Foster. Je répète : je ne vois que Foster. De ma position, je ne vois qu'une seule pièce principale et une petite cuisine donnant sur la petite lucarne, côté est. Il y a une porte sur le côté opposé. Elle donne sur une chambre visiblement. Mais il n'y a pas de fenêtre. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un à l'intérieur. »

« Négatif. Il n'y a personne dans cette chambre. Il y a une fenêtre de mon côté. Je confirme : seul Foster est dans la cabane ».

« Je ne vois d'armes nulle part. »

« Moi non plus. Ce sera l'arrestation la plus facile de toute ma carrière.»

« Bien. A trois, on y va ».

« Que la fête commence ! »

« Un…Deux…Trois ! »

Instantanément, Don et Billy, défoncèrent les portes avec leurs pieds et entrèrent en criant FBI. Foster était un homme impressionnant. Il était grand, de forte carrure, des cheveux longs crasseux et un regard perçant à faire froid dans le dos. Et pourtant, les deux agents fédéraux étaient médusés de son comportement. Don dut même se frotter les yeux pour être certain de ce qu'il voyait. Les mains en l'air, le criminel tremblait de peur et il pleurait en les suppliant de ne pas tirer.

« T'as vu ça Don ?! Une chasse à l'homme infernale de cinq mois et qu'est-ce qu'on trouve ?! Une mauviette !»

Agacé et la mâchoire serrée, Don se contenta d'acquiescer de la tête et s'approcha de leur prisonnier tandis que Billy transmettait au shérif, au moyen de son oreillette, le succès de l'opération.

« Arrêtes de pleurer Foster ! C'est répugnant. Tu ne t'es pas priver pour tirer sur ta femme et ton meilleur ami ! »

« Ils…Ils couchés ensemble ! »

« Ce n'était pas une raison pour les tuer ! Mets tes mains derrière le dos, paumes à l'extérieur et pouces vers le haut ».

Foster obéit et Don lui passa les menottes sans grand ménagement.

« Avances et je t'ai dis d'arrêter de pleurer ! » Pas croyable !

Lorsque le shérif entra, Don s'empressa de lui remettre le fugitif et il rengaina son arme en essuyant la sueur sur son front d'un revers de main.

Maison des Eppes, Pasadena, 19 h 30 :

Margaret s'amusait de la panique grandissante de son mari. Alan recherchait sa cravate depuis quelques minutes déjà. Tous les coins et recoins de la chambre étaient passés au peigne fin. La salle de bains, la chambre de Charlie et la salle de séjour avaient aussi reçus la visite de l'ouragan. Visiblement, Alan ne connaissait pas le rasoir d'Occam : deux choses étant égales, la solution la plus simple est toujours la meilleure. La cravate tant recherchée se trouvait tout simplement autour de son cou, attendant qu'une main experte vienne y faire un nœud. En bonne épouse, aimante et dévouée, Margaret aurait pu le lui faire remarquer mais Alan était tellement mignon avec son air bourru. Et elle n'attendait qu'une seule chose pour être parfaitement combler : une pleurnicherie.

« Tu peux m'aider Margaret ?...S'il te plaît.»

Et voilà, Margaret Eppes était une femme heureuse. Un peu plus et Alan sautillait sur ses pieds comme le ferait un petit enfant capricieux qui n'obtient pas ce qu'il veut. Mais Margaret avait un grand cœur et elle abandonna la recherche de ses chaussures pour voler au secours de son mari. Elle s'approcha de lui avec un petit sourire malicieux et noua la cravate. Se sentant subitement idiot, Alan sentit ses joues rougir.

« Oh »

« Ne sois pas si nerveux. Tout se passera bien.»

« Je sais mais ce n'est pas tous les jours que notre fils reçoit le prix Milton. Il a reçu des tas d'autres prix mais celui-là c'est…whao ! »

« Et dans deux jours, il sera le plus jeune professeur titulaire d'une des plus prestigieuses université de notre pays. Je suis tellement fière de mon bébé.»

« Notre petit Charlie est devenu un grand homme.»

Un soupçon d'humidité apparut dans les yeux de Margaret et d'Alan mais tous les deux furent sauver de leur embarras par la sonnerie du téléphone. Ils eurent à peine le temps de réagir qu'une tornade aux cheveux bouclés déboula dans le couloir et descendit les escaliers à la vitesse de l'éclair. Inconsciemment, ils retinrent leur souffle en attendant la réponse de Charlie.

« Don !...Oh, tante Irène.»

Alan poussa un grognement de mécontentement tout en réajustant sa cravate. La déception de son plus jeune fils était douloureusement audible.

- « Il pourrait au moins faire l'effort d'appeler. Un coup de téléphone n'a jamais tué personne.»

« Alan, Donnie ne fait pas un travail facile. Je suis sûr que s'il pouvait appeler, il le ferait. Ne sois pas si dur envers lui. Il fait ce qu'il peut.»

« Tu crois vraiment ? Il n'est même pas venu pour les fêtes de fin d'année. C'est tout juste s'il a pris le temps de nous téléphoner. Nous ne l'avons pas vu depuis…quoi…sept mois ? Et tout ce que nous avons à Noël c'est un coup de fil de deux minutes trente ! »

Margaret préféra ne pas répondre. C'était une discussion sans fin qui revenait souvent et elle en était fatiguée. Alan avait raison. Don aurait pu appeler. Son fils lui manquait mais elle respectait son travail et elle comprenait qu'il ne puisse pas toujours faire comme il veut, comme venir à la maison plus souvent. Mais jamais elle ne lui fera part de ses angoisses et, d'une certaine manière, de sa désapprobation, malgré tout. Alan ne s'était pas privé de lui faire connaître son mécontentement, elle n'allait pas en rajouter. Don avait besoin qu'au moins un de ses parents l'encourage dans sa voie, même si elle aurait préféré qu'il soit avocat comme elle.

S'arrêtant de grogner, Alan s'assit lourdement sur le lit.

- « Je sais qu'il fait ce qu'il peut. C'est juste que je suis inquiet. Nous ne savons même pas où il est. Si ça se trouve, il n'est même pas sur le même continent que nous. Il est peut être blessé et nous ne le savons pas.»

Margaret s'assit à côté de lui et lui caressa le dos dans un geste de réconfort :

« Le FBI nous aurait appelé si c'était le cas. ».

« Je veux juste qu'il vienne à la maison. Ne serait-ce qu'une journée. Il me manque. »

« Je sais. Il me manque aussi ».

Charlie était nerveux. Il torturait sa cravate devant son miroir tout en répétant son discours. Ou, du moins, il essayait de le répéter. Il n'arrivait pas à se concentrer. Les cérémonies étaient devenues une routine pour lui et il collectionnait les prix depuis sa plus tendre enfance. Mais aujourd'hui, c'était une soirée spéciale. Il recevait le prix Milton pour son travail sur la convergence de Eppes et il venait de recevoir sa titularisation alors qu'il venait à peine de passer le cap des vingt ans. Il ne pouvait pas être plus heureux. La vie lui souriait, son avenir était plus que prometteur, ses parents étaient très fiers de lui, il était adulé par toute la communauté scientifique, et son ami le professeur Larry Fleinhardt en personne allait lui remettre le prix Milton dans quelques petites heures. Que demandait de plus ? Que Don soit là. Charlie secoua sa tête. A quoi bon se faire des idées ? Il y a un peu plus d'un mois maintenant il lui avait envoyé un mail lui annonçant la nouvelle. Mais il n'avait reçu aucune réponse. Don avait appelé à Noël mais son appel était tellement rapide qu'il n'avait pas eu le temps de lui dire de vive voix. Il n'a peut être pas reçu mon mail. Oui, ça doit être ça. Il ne l'a pas reçu et il ne sait pas pour cette soirée…Ouais, c'est la seule explication. Malgré ses pensées positives, le jeune génie ressentait un petit pincement au cœur. Et si c'était parce que tout cela n'avait aucune importance pour son frère. Après tout, Don n'a jamais été un fanatique de ses maths et de ses nombreuses récompenses. Je ne fais certainement pas partie de sa vie. Plus il est loin de moi, mieux il se porte. Bah, de toute façon, ce n'est pas comme si on était les meilleurs frères du monde. Le mot « inséparable » ne s'applique pas à nous. Il a sa vie, j'ai la mienne. Cela a toujours été comme ça, et cela le sera toujours. Deux frères, deux mondes, deux vies définitivement parallèles.

Charlie sursauta en entendant la sonnerie stridente du téléphone. Il me veut peut-être dans sa vie après tout ! En deux temps, trois mouvements, Charlie prit ses jambes à son cou et se jeta sur le téléphone, faisant valdinguer tous ce qui se trouvait sur la petite table ronde.

« Don ! »

« Charlie ? C'est tante Irène. »

« Oh…Bonjour Tante Irène ».

« Tu n'es pas content de m'entendre ? Tes parents t'ont mieux élevé que ça. Enfin, surtout ta mère.»

« Si, bien sûr que si, je suis content de t'entendre. Seulement, je pensais…peu importe. Comment vas-tu ? »

« Je fais aller, mon petit. Je fais aller. Je t'appelle pour te féliciter mon garçon.»

« Merci »

« Je voulais venir mais mon médecin, le docteur Chandler Paxton, m'a déconseillé. Ma hanche me fait horriblement souffrir. Tu sais, à mon âge, on doit s'estimer heureux de pouvoir encore se lever le matin.»

« Ce n'est pas grave » Je vous aime docteur Paxton. « Je ne réalise pas encore vraiment tu sais ».

« Tu auras tout le temps de le réaliser. Tu peux être fier de toi mon petit sucre d'orge. »

Charlie roula des yeux à ce surnom qu'il détestait par-dessus tout. Mais il ne servirait à rien d'en faire la remarque. Une simple remarque et tante Irène se lancerait dans de grandes explications selon lesquelles il sera toujours son petit sucre d'orge et qu'elle l'appellera comme cela autant de fois qu'elle le voudrait, que ce n'est pas à un vieux sage que l'on apprend à faire la grimace, que les plus jeunes doivent respectés leurs aînés, yadi, yada...Et surtout, ce n'était pas le moment. Il fallait libérer la ligne au cas où Don appellerait.

« Je le suis.»

« Tu sais, quand j'avais ton âge, je… »

« Euh…Ecoutes tante Irène, je ne voudrais pas paraître impoli mais nous devons partir pour la cérémonie dans une minute et… »

« Ne t'inquiètes pas, je comprends mon petit sucre d'orge. Je ne veux surtout pas que tu sois en retard. Tu embrasseras bien fort tes parents pour moi, d'accord ? »

« Je le ferais »

« Et tu diras bonjour à ton frère. Au fait, comment va mon petit Donnie ? »

« Il va…bien. Je pense. »

« Il fait toujours ce travail dangereux ? »

« Oui, toujours. »

« Je n'aime pas ça Charlie. Je n'aime pas ça. Je n'ose pas imaginer tout le souci que mon petit miel doit causer à ma Margaret. Si c'était mon enfant…J'en frissonne rien qu'en y pensant ».

« Don est très bon dans son travail et il fait attention. »

« Mais il n'est pas à l'abri d'une balle. »

Charlie regarda sa montre. 19 h 49. Ils devaient bientôt partir. Don avait encore une dizaine de minutes pour appeler.

« Je lui dirais tante Irène. Si tu veux, je te rappelle demain. Nous pourrons parler plus longtemps ».

« Oh, mais où avais-je la tête ! Je papote, je papote et je ne vois pas le temps passé. A mon âge… »

« A demain tante Irène »

« Oui, oui, bien sûr. A demain mon petit sucre d'orge.»

Le jeune génie raccrocha le téléphone, victorieux. A peine trois minutes au téléphone avec tante Irène. Du jamais vu. Don, tu n'as plus que huit minutes pour m'appeler. Mais huit minutes plus tard, Don n'avait toujours pas appelé.

« Tu es prêt Charlie ? »

Charlie regarda une dernière fois le téléphone, tristement.

« Oui. Je suis prêt. Nous pouvons partir ».

Avant de fermer la porte d'entrée, Alan regarda également le téléphone. Un appel, Don. C'est tout ce que ton frère demandait.

Dearpaw Mountains, Montana, 14 h 15 :

Don éternua et maugréa en rangeant son équipement d'intervention dans le coffre du vieux 4X4 généreusement prêté par la police locale. Un rhume est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Maman, si tu voyais dans quel état je suis.

- « Hé Don ! Je viens d'appeler le bureau par l'intermédiaire du téléphone satellite du shérif. Tu ne le croiras jamais. Nous avons deux jours de vacances !»

A cette nouvelle, Don releva sa tête mais il avait oublié que la porte du coffre ne s'ouvrait qu'à moitié. Aïe !

« Tu vas bien ? »

« Ouais, c'est juste une bosse»

« Ce n'est pas à ça que je pensais. Je te trouve soucieux ces derniers temps, particulièrement aujourd'hui. Quelque chose te tracasse ? »

Don referma le coffre sans un mot et s'apprêta à prendre place dans le siège conducteur mais Billy le stoppa.

« Don »

Il soupira et s'adossa contre le véhicule.

« Mon petit frère. Charlie. Il doit recevoir le prix Milton ce soir à l'université de Calsci. C'est un prix extrêmement prestigieux. Et dans deux jours, il sera professeur titulaire de cette très renommée université.»

Une immense fierté était perceptible dans sa voix mais son regard triste ne passa pas inaperçu pour Billy.

«Je ne serais pas à la cérémonie. J'ai toujours détesté toutes ces mondanités mais la cérémonie de ce soir est importante pour lui. Je devrais y être. Je suis impardonnable. Quel frère je suis pour faire passer mon travail avant mon petit frère ? J'ai essayé de l'appeler plusieurs fois mais le réseau passe très mal derrière ces montagnes. Même la connexion internet ne passe pas. Charlie ne sait même pas que je suis fier de lui.»

« Le fait de ne pas pouvoir assister à cette soirée ne fait pas de toi un mauvais frère. Ces derniers mois ont été rudes. Nous avons parcouru quatre Etats et c'est à peine si nous avons pris le temps de dormir. Tu lui diras que tu es fier de lui la prochaine fois que tu le verras. Il comprendra. Ne t'en fais pas pour ça. Sinon, j'irais lui dire deux mots à ton p'tit frère. »

Un petit rire s'échappa des lèvres de Don. Il n'avait aucun mal à imaginer le résultat de la confrontation entre Billy et Charlie.

« Nous avons deux jours de congés ? »

« Ouais. Nous avons bossés comme des dingues pendant des mois, bravant le froid, la pluie, le gel, la neige, et, résultat des courses, le directeur nous offre deux petits jours de congés. Quel homme généreux !»

« Hmph. L'aéroport est à plus de deux heures d'ici. A supposé même que j'arrive à attraper un avion, je n'arriverais jamais à temps à la soirée. En plus, hier, j'ai entendu à la radio que plusieurs vols ont été annulés en raison de la tempête de neige.»

« Excusez-moi agent Eppes.»

Billy s'écarta et Don put voir le shérif s'approchait de lui.

« Je ne veux pas paraître indiscret mais j'ai entendu ce que vous avez dit. Où se trouve Calsci ? »

« A Los-Angeles. Pourquoi ? »

« Il y a une base aéronavale à Lewistown. C'est à une heure de route d'ici. Ma sœur travaille là-bas. Si vous voulez, je peux lui téléphoner pour lui demander si un avion est en partance pour la Californie. Je sais que les pilotes acceptent parfois de transporter des militaires pour leurs besoins personnels. En tant qu'agent fédéral, ils accepteront peut-être de vous prendre.»

Don se redressa d'un bond. Tout espoir n'était donc pas perdu finalement.

« Je vous en serais vraiment très reconnaissant. »

Les minutes qui suivirent furent les minutes les plus longues qu'il n'ait jamais vécues. Finalement, après ce qui lui semblait une éternité, le shérif ferma son téléphone et se retourna vers lui.

« C'est votre jour de chance, agent Eppes. Un avion transportant du matériel militaire accepte de vous prendre à son bord. Mais il s'envole pour la Californie à 15 h 00. »

Instinctivement, Don regarda sa montre avec un début de panique.

« Il part dans 35 minutes et il faut une heure de route pour aller à Lewistown ! »

Billy réajusta sa casquette et entra dans le siège conducteur.

« Bah alors, qu'est-ce qu'on attend ? En route ! »

Don serra chaleureusement la main du shérif et le remercia tout en prenant rapidement place dans le siège passager.

« Merci beaucoup shérif. Je vous dois une fière chandelle. »

«Ce fut avec plaisir agent Eppes. Bon vol.»

A suivre.