PROLOGUE


La Nuit. Cette douce et rassurante complice. Ce moment fragile et profond où le cœur s'apaise, où la respiration se fait régulière. Ce moment de folle insouciance où l'on baisse sa garde, où l'on s'offre à corps perdu aux douces brumes du rêve. Cette obscurité majestueuse, piquée d'argent qu'on apprend non plus à craindre mais à aimer. Et sous les rayons délavés de la lune, il y a ces êtres déchirés, innombrables, rejetés jusque par le sommeil. Mais peu importe, il est de ces heures où il est trop tard pour garder espoir, et encore trop tôt pour faire la Guerre.

C'est dans ces heures d'amère solitude, quand les secondes lui filent entre les doigts, insaisissables et insolentes, qu'elle veut Vivre, elle qui n'a encore rien vu. Parce qu'elle sent sa raison lui échapper dans ce monde qui se consume et que demain, ne resteront peut être plus que des cendres.