-1Chapitre 1: « Elles ne connaissent pas elles-mêmes le pouvoir dont-elles disposent… »

Tokyo, institut de surveillance :

- La nuit est déjà tombée ? S'écria Momiji. Oh non je vais être en retard !

- En retard ? T'as vraiment une toute petite mémoire. Mais comment fais-tu ? Répondit une voix féminine en riant.

-Oh ça va n'en rajoute pas Kusanagi me dit assez souvent que je suis une tête de linotte…

-Et il a pas tort.

-Arrêtes j'te dit. C'est pas drôle. Ce soir Koume va présenter le bébé à tout le monde. Kunikida et Takeuchi ont préparé tout un ram dam pour l'occasion.

- Ah oui c'est vrai elle a accouché. Je me demande si le bébé est aussi bagarreur que sa maman …

Momiji éclata de rire.

- Ah ça y'a des chances vu tous les coups de pieds dont elle a put se plaindre au cours de la grossesse.

- Rhaaaa mais pourquoi je suis coincée ici moi pendant cette période…

- C'est ta faute t'avais qu'à pas retourner aux Etats-Unis.

- Oui mais…

- Oh pardon, je n'aurais pas du te dire ça c'est ton pays d'origine. Mais tu sais il m'arrive souvent d'être maladroite. Je veux pas mal faire mais c'est systématique à chaque fois je…

-Oui oui, c'est bon . Il faudrait plus que ça pour me vexer.

Momiji sourit . Mais il lui arrivait souvent de s'inquiéter pour Valencia. Elle n'avait plus de famille désormais. Elle était restée au Japon jusqu'au mariage de Koume et Yaegashi. Elle était ensuite retournée dans son pays natal avec Sakura et avait intégré la même organisation gouvernementale que cette dernière. Elle ne savait pas comment au juste mais Sakura en était mécontente. Elle disait que de toute façon elle ne laisserait pas une gamine comme Valencia lui piquer la vedette…enfin bon.

-Oh ne t'en fais pas je suis sûre que lorsque tu reviendras au Japon ce sera ta fête..

-J'espère bien mais en attendant ce sera la tienne si tu continues à bavasser avec moi. Aller file je n'ai pas envie de m'attirer la colère de Koume si tu es en retard par ma faute.

- Mais non. Et puis de toute façon Kusanagi doit venir me chercher . Bon aller j'y vais . Portes -toi bien Valencia.

- Toi aussi Momiji bye.

Et la discussion s'arrêta là. Depuis le départ de son amie , Momiji avait tenu à ce qu'elles gardent le contact. On pouvait trouver cela étonnant compte tenu de la tournure qu'avait prise le début de leur relation. Momiji ayant craint de voir en Valencia une rivale, mais finalement elles avaient tout naturellement su s'entendre ( une fois tout quiproquo dissipé).

Massant sa nuque endolorie par de longues heures penchée sur son ordinateur Momiji éteignit son PC et les lumières avant de sortir de l'institut. Il était étonnant qu'elle s'en sorte aussi bien dans ses travaux ici, sachant qu'à la fac elle ramait comme une folle. Elle se demandait encore comment elle avait fait pour réussir son concours (in extremis il est vrai). Momiji se rendit alors sous le cerisier de Susano-wo. C'est là que Kusanagi devait venir la chercher. Mais il n'était pas encore là. Depuis toutes ces années le mystère n'était toujours pas entièrement résolu. Mais peut être les solutions existaient elles ailleurs…Dans leur lutte contre les Aragamis, ils s'étaient beaucoup basés sur la science mais il restait une part que même la science ne pouvais expliquer. Après tout le Matsuri , les Kushinada et les pouvoirs de Susano-wo n'étaient pas des notions clairement définies. On avait cru que le pouvoir des Kushinada se révélaient à leur mort. Et puis finalement on avait découvert le Matsuri. Momiji s'était depuis lors souvent demandé si au fond d'elle-même ne se cachait pas un pouvoir encore inconnu…

- J'en reviens toujours là, murmura-t-elle. Au fond je n'évolue pas . Comme ma relation avec Kusanagi.

Elle soupira.

-Dès que je me retrouve seule ici à te contempler j'en reviens toujours à ces interrogations là. Mais tu ne m'apporteras pas de réponses n'est-ce pas ?

Un brise se leva, les feuilles volèrent et le chant de l'arbre s'éleva. Lorsqu'elle était vraiment seule ici et qu'elle se concentrait sur le vent elle croyait parfois entendre véritablement une voix chanter dans un murmure…

- Allez, dit-elle. Pour une fois que j'ai le temps.

Elle alla alors poser ses deux mains et son front contre le tronc de l'arbre. Chaque fois qu'elle le faisait elle avait l'impression de pouvoir discerner à travers l'écorce l'écoulement de la sève, en un rythme régulier et calme. Etait-ce le pouls de Susano-wo ? Ou était-ce celui de sa sœur ? Car après tout elle aussi reposait à ses côtés. Elle avait choisi de demeurer auprès de lui. Jusqu'à ce que le Japon ait à nouveau besoin de nous, avait-elle dit…Momiji ne l'avait connu qu'à travers le combat qu'elle avait mené face aux Aragamis. Il lui arrivait par moment de regretter que ces derniers les aient si injustement séparées. Après tout, elles étaient jumelles et n'avaient pas eu la chance de réellement pouvoir se connaître.

-Mais si ça se trouve on se serait sans cesse crêper le chignon hein ?

Peut être en réponse à sa plaisanterie, Momiji sentit brusquement une onde étrange venir perturber les pulsations.

- Quoi ?

Momiji décolla alors le front de l'arbre et ouvrit les yeux. Et elle vit avec horreur le décor se changer sous ses yeux. Derrière le cerisier Tokyo avait place à un environnement montagneux. Et non loin de là gisait un Aragami. Momiji restait pétrifiée de peur et d'incompréhension. C'était impossible. Il n'en existait plus.

Un jeune homme apparut alors. Il lui tournait le dos. Plutôt grand et athlétique , il avait cependant une étrange chevelure verte. Il était au milieu de l'Aragami, ce dernier étant immense et pourvu de nombreux bras semble-t-il. Il plongea la main vers quelque chose et en retira une épée couverte de sang de l'Aragami en question. Le jeune homme considéra l'épée d'une étrange façon…

- Kusanagi, murmura-t-il. Que vais-je faire de toi ?

-Ku…sanagi ? bégaya Momiji.

Une jeune femme en Yukata traditionnel apparut alors. Momiji hoqueta de stupeur. Elles avaient exactement le même visage. Seule la couleur de leur yeux différaient. Ceux de la femme étaient jaunes ambrés. Et sa chevelure était incroyablement longue et brune au reflet bleuté. Comme Kaede mais en beaucoup plus foncés, songea Momiji.

- Que faites vous là Hime-sama ? demanda alors le jeune homme.

- Je …Je ne pouvais pas rester tranquille , j'avais si peur.

- Hime-sama…

- J'avais tellement peur qu'il ne vous tue vous aussi. Comme il a dévoré mes sœurs…

La voix de la jeune femme s'étrangla. Des larmes roulèrent sur ses joues.

-Est-il …mort ?

- Oui Hime-sama vous n'avez plus rien à craindre, ni vous , ni vos parents .

- Vous…vous avez risqué votre vie…

- Vous aussi en venant ici.

- Mais je…

Momiji pouvait parfaitement sentir la peur de la jeune femme et le chagrin qu'elle portait.

- J'aurais tellement voulu pouvoir posséder votre force. J'aurais tellement voulu…sauver mes sœurs…

La jeune femme pleurait à chaudes larmes à présent. Le jeune homme la saisit par ses manches et la propulsa dans ses bras.

- Merci.., murmura-t-elle entre deux sanglots. Oh merci…

- C'est fini à présent Hime-sama.

La serrant étroitement contre lui il poursuivit :

- Si vous m'épousez je pourrais peut être vous octroyez cette force…

La jeune femme releva alors le visage vers l'homme en question:

- Quoi ?

Momiji ne comprenait pas. La situation lui apparaissait clair à ceci prêt qu'elle ne connaissait pas ces deux personnes, qu'elle se demandait pourquoi cette femme lui ressemblait autant et surtout pourquoi était-elle là ?

Rêvait-elle ? S'était-elle assoupie au pied du cerisier ?

Soudainement elle sentie à nouveau l'onde étrange sous ses doigts. Elle eu alors un vertige tel qu'elle en perdit l'équilibre et s'effondra sur le sol.

Allongée de tout son long par terre, Momiji se posait bien des questions. Mais que lui arrivait-il bon sang ? Elle rêvait ça ne pouvait être que ça. Et là elle allait se relever et retrouver ce bon vieux Tokyo derrière le cerisier. Mais ce ne fut pas l'auguste arbre que Momiji vit en ouvrant les yeux. Mais des buildings. Des buildings qu'elle ne connaissait que trop bien, puisqu'ils s'agissaient de ceux entourant le BST.

- Hein ? Mais qu'est-ce que je fais au BS…Quoi ????

A la place du BST se trouvait une maison d'un style ancien assez particulier . Des croissants de lunes noirs ornaient le sommet d'une tourelle et celui de la partie centrale. Une palissage de bois entourait la propriété et deux autres croissants les piliers de l'entrée. Momiji se pinça alors.

- Aie!

Non elle ne rêvait pas. Par contre elle se sentait de plus en plus paniquée.

- Ah ? Dit alors une voix masculine.

-Hein?

Momiji se retourna et se retrouva en face d'un jeune garçon. Un lycéen au premier abord. Brun aux cheveux courts , aux yeux bleus et portant des lunettes.

- Ça va mademoiselle ? Vous êtes tombée ? Ah …je vois.

Après un court instant de réflexion il poursuivit :

- J'imagine que c'est pour elle que vous êtes là . Vous pouvez vous lever ?

- Euh…

- Tiens tiens , fit alors une voix féminine.

Momiji bondit. Elle n'avait pas entendu qui que ce soit arriver dans son dos. Elle se leva et sentit des doigts lui saisir le menton et vit tout à coup tout près de son visage celui de celle qui venait de parler.

- Mais qui nous voilà ? Susurra la femme.

Et elles restèrent comme ça pendant une éternité sembla-t-il à Momiji. La femme avait quelque chose de terriblement attirant. Son regard était plongé dans ses yeux couleur rubis et elle pouvait y voir son propre reflet piégé.

Et puis sans prévenir elle la lâcha brusquement et lança au jeune garçon:

- Watanuki peux-tu nous préparer un bon thé bien chaud et quelques uns de ces beignets dont tu as le secret ?

-Euh oui bien sûr.

- Parfait.

Momiji se sentait bizarre. La femme la prit par une épaule et sans autre forme de procès la dirigea vers la maison et l'y fit entrer. En temps normal Momiji n'aurait jamais suivi une inconnue comme ça mais en cet instant elle semblait avoir perdu toute volonté. Comme si les yeux de son hôtesse lui avait paralysé le cerveau.

- Asseyez- vous je vous en prie , lui dit-elle en lui désignant un canapé de style gothique.

Une brume lui opacifiait l'esprit. Toute la panique qu'elle avait éprouvée quelques instants auparavant semblait avoir disparu. En fait à bien y réfléchir elle se sentait relativement bien.

La femme prit alors un porte cigarette qu'elle alluma.

-Bien vous m'avez l'air secouée, dit elle de sa voix suave en rejetant quelques volutes de fumée.

Momiji sentit alors la brume disparaître de son esprit peu à peu. Elle vit plus nettement son hôtesse. C'était indiscutablement une belle femme. Ses cheveux immensément longs d'un noir d'ébène contrastaient remarquablement avec sa peau de porcelaine. La finesse de son corps et ses généreux atouts que l'échancrure de son Yukata aussi rouge que ses yeux laissait voir étaient autant d'attraits pour séduire. Un charme presque sorcier émanait d'elle.

- Je…je…qui êtes-vous ?

-Je m'appelle Yuko Ichihara. Et vous êtes ici dans ma boutique.

- Une boutique ? …Comment suis-je arrivée ici ?

- J'ai entendu Watanuki parler à quelqu' un alors je suis sortie. Vous avez un problème à ce que je vois …

- Est-ce que je rêve ?

- Non tout ceci est bien réel.

- Alors je ne comprends pas.

- Quoi ?

- Comment je suis arrivée là. J'étais à Tokyo à l'institut de surveillance près de l'arbre de Susano-wo et puis je me suis retrouvée dans les montagnes et maintenant ici.

Qu'était -elle en train de faire ? Ele devrait demandé à cette femme si elle pouvait se servir de son téléphone afin d'appeler Kunikida mais au lieu de ça elle déballait toute son histoire…

- Dans les montagnes ?

- Oui .

- Et avez-vous quelque chose de particulier dans ses montagnes ?

-Un Aragami

-Vivant ?

-Non mort. C'est étrange maintenant que j'y repense il m'est familier.

- L'avez-vous déjà vu auparavant ?

- Euh …je ne sais pas…

- Et quoi d'autre ?

Mais qui était vraiment cette femme. Pourquoi s'intéressait elle à son histoire ? Et pourquoi Momiji lui répondait-elle ?

-il y avait un homme et une femme.

-Et eux vous les connaissiez ?

- La femme me ressemblait et l'homme …

Étrange voila que l'homme aussi lui paraissait familier maintenant.

- Quelqu'un vous prépare…

- Quoi ?

Cette phrase énigmatique finit de la sortir de sa torpeur.

- Que voulez-vous dire et pourquoi vous intéressez vous à cela ?

- Ceux qui entrent dans cette boutique sont ceux qui ont un vœu a réalisé . C'est l'inéluctabilité qui les mènent à moi. Cette boutique a été créé pour cela.

- Qui êtes-vous ?

- Celle qui peut vous aider…Par exemple je peux vous dire que les deux personnes que vous avez vu ainsi que l'Aragami appartiennent tout les trois à votre passé.

- A mon passé ? Mais comment pouvez vous le savoir ?

- Je suis médium…entre autre chose…Mais je ne peux pas tout vous dire Momiji-san , il y a des choses que vous devez comprendre de vous-même.

- Pourquoi ?

-Pour vous préparez…

- A quoi ?

- Ne vous en faites pas ce qui vous a envoyé ici vous ramènera d'où vous venez. Et vous guidera. Mais c'est seule qu'il vous faudra arpentez le chemin…

Un silence de plomb tomba dans la pièce. Momiji avait froid , elle avait peur et se posait une montagne de questions. Elle frotta ses mains l'une contre l'autre pour se réchauffer et c'est alors qu'elle sentie l'onde. Cette onde étrange qu'elle avait perçue sous sa main alors qu'elle touchait l'arbre.

- C'est l'heure, murmura Yuko. La prochaine fois vous aurez quelques réponses…

- Que…

Elle avait les paupières si lourdes tout d'un coup. Elle ferma les yeux presque malgré alors et…

- Momiji eh Momiji. Réveilles-toi bon sang tu vas attraper froid.

Elle connaissait cette voix.

- Kusanagi, murmura-t-elle, Kusanagi j'ai froid.

- C'est normal tu es par terre. Mais ouvres les yeux enfin.

Et pour la énième fois de la soirée Momiji rouvrit les yeux. Elle était couchée au pied du cerisier et bel et bien à Tokyo. Kusanagi se tenait à côté d'elle.

- T'en tires une tête t'es sûre que ça va ? Attends….

Enlevant son bon vieux manteau rouge , il l'aida à se redresser et lui déposer sur les épaules.

Elle se sentait complètement groggy et épuisée.

- Momiji tu as l'air…

Il appliqua sa main sur son front et s'écria :

- Mais tu es brûlante. Ça fait combien de temps que tu m'attends par ce froid ? Tu aurais mieux fait de rester à l'intérieur.

- Je…je me suis assoupie ?

- On dirait oui. Bon je te ramène et …eh MOMIJI !

En essayant de se relever Momiji fut alors prise d'un brusque malaise et sombra dans l'inconscience…

A mille lieu de là dans un autre Tokyo:

- Eh ? bah où est-elle passée ?

- Elle est repartie Watanuki..

- Ah ? Je l'ai pas vu passer pourtant.

- Elle est repartie dans son monde…

- Tu veux dire qu'elle venait d'une autre dimension elle aussi ?

-Eh oui.

-Tu as pu réaliser son vœu ?

- Non pas ce soir mais elle reviendra…

- Et le thé que tu m'as fait préparer alors ?

- Bah ,j'avais envie d'un thé chaud bien sûr.

- Ah d'accord…

Et encore une fois il s'était fait avoir. Repartant vers la cuisine en maugréant il s'arrêta dans son élan lorsqu'il l'entendit dire :

- Elles sont rares ces jeunes filles très rares. Elles ne connaissent pas elle mêmes le pouvoir dont-elles disposent.

- Quel pouvoir ? Celui de traverser les dimensions ?

- Non . C'est quelqu' un d'autre qui me l'a envoyé. Lui en personne…

- Lui ?

-Susano-wono-mikoto.

- Hein ? Le dieu de la légende ?

- Làd'où elle vient ce n'est pas qu'une légende. Cette jeune fille est l'héritière des Kushinadas. Et ce soir elle vient de commencer un pénible pèlerinage.

- Et toi ? Quel est ton rôle dans son histoire ?

Yuko ne répondit pas à la question. Elle se contenta de se servir son thé …

- Tout de même , murmura-t-elle, les choses auraient sans doute été plus simple si sa sœur avait été la véritable héritière…