Chapitre I : Comme une petite fille
Miwako se tenait debout devant la maison qu'elle partageait avec sa mère. Habillée d'une courte robe gris-bleu d'une sublime simplicité et protégée du froid mordant de cette soirée d'hiver par un épais manteau noir, elle attendait l'homme avec lequel elle devait se rendre au bal annuel de la police.
Ils sortaient ensemble depuis maintenant presque un an et l'amour qu'elle lui portait augmentait de jours en jours.
Enfin, elle vit la voiture de son collègue tourner à l'angle de sa rue. Quand, arrivé à sa hauteur, il sortit du véhicule pour lui ouvrir la portière, elle ne put que l'admirer. C'est vrai qu'il était beau comme jamais dans son magnifique smoking bleu marine.
Quant à Wataru, il trouvait son amante attirante à souhait. Il ne se gêna pas pour l'embrasser avec fougue et se séparant d'elle avec regret, lui murmura quelques mots à l'oreille. Personne n'a jamais su ce qu'il lui avait dit, mais toujours est-il qu'elle devint plus rouge qu'une tomate.
Après cela, il la souleva de terre, et ignorant ses protestations, alla l'installer sur le siège passager, avant de prendre le volant.
Quand ils arrivèrent à l'entrée de la salle des fêtes, louée par le commissariat au groupe Suzuki, ils furent accueillis à bras ouverts par leur supérieur hiérarchique Shiratori et sa charmante petite amie Kobayashi-sensei.
- Et bien voilà le couple le plus attendu de cette soirée !, fit la jeune femme en regardant les nouveaux arrivants.
- Et vous serez, comme tous les autres couples de cette soirée, obligés de vous embrasser sous le gui !, enchaîna son ami sur un ton joyeux.
Wataru, habitué aux tirades moqueuses de son supérieur, n'y prêta pas attention.
- Que faîtes-vous là à attendre devant la porte ?, demanda-t-il plutôt. Vous n'êtes pas à la fête ?
Nous sommes là pour avertir les invités que nous changeons de salle. Nous sommes au cinquième étage plutôt qu'au premier.
- Et bien, merci de nous avoir avertis, fit Miwako, en tirant son homme par le bras. On se retrouvera là-bas.
Ils pénétrèrent donc dans le bâtiment. Miwako se dirigea vers les escaliers, mais Wataru la retint.
- Ça te dérange si on prend un ascenseur ? Je n'ai pas envie de me taper cinq étages à pied.
Sans se douter de rien, sa compagne accepta sans broncher.
Quand ils furent à l'intérieur de l'ascenseur, Wataru appuya sur le numéro cinq et avant que Miwako n'ait pu esquisser le moindre mouvement, il l'avait appuyée avec douceur contre la paroi et avait posé ses bras autour de ses hanches.
- Que…? murmura-t-elle
Mais elle fut interrompue par les lèvres de son amant qui s'étaient déjà approprié les siennes. Ils s'embrassèrent un moment avant que la bouche de Wataru ne vienne s'intéresser au cou gracile de sa compagne. Il s'emplissait les narines du parfum enivrant de sa peau sensuelle quand le bruit significatif de l'arrivée se fit entendre. Les deux amoureux se séparèrent à regret et finirent par sortir de l'ascenseur.
Miwako était un peu troublée. Bien sur elle sortait avec Wataru depuis longtemps maintenant, mais ils n'avaient jamais été très loin…
Là, dans cet ascenseur, elle avait senti le désir qu'éprouvait son amant pour elle. Et elle avait un peu peur, car elle, qui paraissait si forte, ne connaissait rien à l'amour.
Le contact de la main de Wataru dans la sienne la ramena sur terre. Elle s'y accrocha si fort que celui-ci se retourna.
- Tout va bien ? lui demanda-t-il d'un air inquiet.
- Oui, oui, répondit-elle en rougissant.
Elle s'engueulait intérieurement. « Reprends-toi !, se disait-elle. T'es plus une petite fille qui rougit à tout ce qui concerne l'amour, non ? Si Matsuda me voyait… Franchement, je me fais honte ! »
Dans la salle, leur entrée fit grande impression. Premièrement à cause des hommes de leur brigade qui fixaient Takagi d'un air mauvais – le saviez-vous ? Ils sont tous amoureux fous de Sato – et deuxièmement parce que toutes les collègues de Yumi, la meilleure amie de la jeune femme, s'étaient mises à applaudir à tout rompre.
Sato lui lança un regard mauvais. Elle n'aimait pas être au centre de l'attention publique.
Le commissaire Maigret vint à leur rencontre. Takagi était resté impassible pendant toute l'ovation qui leur avait été faite. Depuis qu'il sortait officiellement avec Miwako, il était devenu plus sur de lui et n'avait plus peur de ses collègues excessivement jaloux.
- Takagi, fit le nouveau venu, votre couple est devenu la mascotte du commissariat ! Et pour cela, le super intendant voulait vous récompenser.
Il sortit d'une mallette deux couronnes en fausses fleurs de cerisiers –Où trouver des vraies en plein hiver ! – et les déposa sur leurs têtes.
- Eh !, lança Wataru à Miwako, tout joyeux. Je ne savais pas qu'on devait se marier aujourd'hui !
Et il l'embrassa avant de la soulever de terre et de la faire tourbillonner dans ses bras sous les hourras de la foule.
