Detour
(ou la suite longuement attendue de 'True Happiness')
Auteur : jessa4865
Traducteur : Aybarra
Catégorie : Romance/humour
Résumé : comme le titre l'indique, une suite longuement attendue de True Happiness. C'est bien sûr une histoire Sam/Jack.
Spoiler : Tout est possible à travers les épisodes de la saison 7 et, naturellement, 'True Happiness'. Certaines références n'auront pas de sens si vous n'avez pas lu 'True Happiness', mais pour le reste…
Disclaimer: I don't own them; I'm just taking them out for some fun. I'll put them back when I'm done. Promise.
Note du traducteur : que dire de plus que le résumé ? Ah si, l'histoire est écrite du point de vue de Sam. Et un Jack assez… différent^^. Bonnes fêtes de fin d'année !
Un grand merci à Sam star et à Bibiche pour leur aide.
Bonne lecture !
Prologue
Le téléphone dans le labo de Samantha Carter sonna juste au moment où elle allait sortir. Elle n'avait voulu s'y arrêter qu'un instant, suffisamment longtemps pour s'assurer que rien n'avait été oublié qui pourrait mal tourner pendant qu'elle déjeunait ou disparaissait inexplicablement après le déjeuner. Le Colonel O'Neill l'attendait au mess et elle ne voulait pas le faire attendre. Elle soupira et se dirigea vers son bureau, riant intérieurement à sa propre stupidité – bien sûr qu'il ne l'attendrait pas s'il y avait de la nourriture devant lui. L'homme avait des priorités.
Elle porta le combiné à son oreille et pria pour qu'il ne s'agisse pas d'une crise à l'autre bout du fil quand elle s'identifia. « Carter. »
« Ce sont des Tacos, aujourd'hui. »
Ses mots la firent sourire, la faisant se sentir un peu mieux qu'il ne puisse attendre cinq minutes pour qu'elle revienne et qu'il doive l'appeler entre temps. « Oui, mon Colonel, c'est mercredi. Il y a toujours des tacos le mercredi. »
« J'adore les mercredis. » Il paraissait vraiment content.
Elle était encore en train de sourire comme une idiote au téléphone. « Oui, monsieur, je commence à ressentir une certaine affection pour eux aussi. » Il resta silencieux après qu'elle parla et elle craignit pendant un instant que son allusion à ce qui venait de se passer entre eux était trop audacieux. Elle rougit fortement, quelque chose qu'elle faisait bien trop souvent dernièrement.
Mais elle put entendre le sourire dans sa voix. « Je peux comprendre ça. Pourriez-vous me faire une faveur et aller chercher ma sauce épicée ? Vous savez le mess n'a rien qui ressemble à de la sauce épicée. »
« En fait, mon Colonel, ils en ont une. C'est le truc rouge dans ces petites bouteilles qui portent l'étiquette 'sauce épicée'. » Elle ne put s'empêcher de le dire d'un ton désinvolte. Elle était simplement de trop bonne humeur.
« Carter ! »
« A vos ordres, monsieur, je vais aller la chercher. » Elle savait que le colonel préférait de loin sa sauce épicée et il ne serait satisfait que par cette étrange substance que Teal'c lui avait trouvé. L'odeur seule était suffisante pour lui déboucher les sinus et elle se tenait très loin du truc. Mais elle savait que le colonel ne mangerait pas ses tacos sans cela. Et elle était incapable de lui refuser quoi que ce soit.
« Dépêchez-vous, Carter. »
« Je ne peux pas aller le chercher avant d'avoir raccroché, mon Colonel. J'aimerais, cependant, saisir cette opportunité pour souligner que je doute sérieusement que vous mourriez de faim avant que je n'arrive au mess. »
« Je ne suis pas affamé. Vous me manquez. » Comment pouvait-elle résister à cela ?
« J'arrive tout de suite, monsieur. » Elle gloussa en raccrochant, gambadant pratiquement jusqu'aux vestiaires pour prendre les deux petits flacons dans la poche de sa veste. Il transportait cette sauce épicée avec lui partout où il allait, ça devait donc être dans son uniforme. Et apparemment, remarqua-t-elle, il avait pris l'habitude d'avoir un flacon de dépannage. Elle prit le plus rempli des deux et se dirigea à nouveau vers les ascenseurs.
Ce ne fut que quelques minutes plus tard que Carter entra dans le mess, s'asseyant à la table où il y avait deux plateaux dessus. Le visage du Colonel s'illumina quand il la vit, mais elle réalisa que sa jubilation était dirigée sur la substance dans sa main et pas forcément vers elle. Elle secoua la tête comme il lui prenait le flacon des mains, laissant prudemment tomber à peine quelques gouttes dans sa nourriture.
Elle ne put tout à fait refouler un sourire alors qu'elle feignait l'innocence. « Vous réalisez qu'aucune femme saine d'esprit ne vous embrassera pendant plusieurs jours après que vous ayez mangé ce truc, n'est-ce pas ? »
Il lui fit un clin d'œil en s'attaquant à sa nourriture. « Je suppose que c'est une bonne chose que vous ne soyez pas complètement saine d'esprit alors, hum ? »
Abasourdie par son aplomb, elle sentit son visage se colorer une fois de plus et elle baissa brusquement la tête, s'appliquant à mettre sa propre sauce sur sa nourriture. Quand elle releva les yeux, Jack mettait encore de la sauce épicée sur son déjeuner – généreusement. Il le lui tendit.
« Ca ne me semble pas si épicé que ça. » Il l'agita sous son nez, mais elle rejeta vivement la tête en arrière.
Ses yeux s'étaient déjà mis à pleurer, rien que de savoir que c'était devant elle. « Je vous interdis. Tenez ça loin de moi. »
Elle le regarda avec horreur enfoncer directement son doigt dans le petit flacon, puis porter son doigt à ses lèvres et le lécher. Mais elle fut distraite par la vue de sa langue et cela eut pour résultat qu'elle remarqua à peine que le goût ne lui convenait absolument pas. Il posa la bouteille à l'envers et haussa les épaules.
« Peut-être que le piquant se dissipe après un certain temps. »
Encore paralysée par l'action de sa bouche, une bouche qu'elle avait eu le glorieux privilège de goûter à peine quelques minutes plus tôt, elle hocha simplement la tête en réponse. Elle douta sérieusement que le piquant de ce truc se dissipe un jour. Ses yeux revinrent sur les siens de l'autre côté de la table et elle découvrit que son visage était rouge aussi. Elle savait que cela n'avait rien à voir avec la nourriture. Elle soupçonna que cela avait quelque chose à voir avec la façon dont sa jambe s'était glissée entre les siennes et se pressait contre son mollet. Ce n'était pas le contact le plus intime du monde, mais dans le mess, en treillis, devant témoins, c'était plutôt diablement osé.
Le visage de Sam était encore rouge plusieurs minutes plus tard quand Daniel vint se joindre à eux.
« Salut. » Il regarda autour de lui avec méfiance. « Est-ce que j'interromps quelque chose ? »
Tardivement, Carter remarqua que toutes les têtes dans le mess étaient tournées dans leur direction. « Non, Daniel, pas du tout. » Certainement pas le déjeuner, réalisa-t-elle, car ni l'un ni l'autre n'avait réussi à cesser de se regarder assez longtemps pour prendre plus d'une bouchée, ce qui pouvait sans doute expliquer le public. Elle déplaça sa jambe et rompit le contact avec celle de Jack et trouva que la température dans la pièce était redevenue à peu près normale. « Quoi de neuf ? »
Daniel se tourna vers Jack, qui était pratiquement en train de s'empiffrer depuis qu'il n'était plus distrait par Carter. « Jack, le Général Hammond m'a demandé si nous avions encore l'échantillon de 738. »
Il parla la bouche pleine de nourriture. « Quel échantillon et d'où ? »
« Jack, combien de fois vous êtes-vous retrouvé à transporter un échantillon de quelque part ? » Les mots de Daniel rappelèrent immédiatement à Jack qu'il n'y avait qu'une chose qu'il avait transportée et que c'était parce qu'il avait été celui à l'obtenir.
« Vous voulez dire la potion 'mini-moi' de Loh'ran ? »
Daniel roula ses yeux. « Oui, Jack, cet échantillon-là. »
« C'est dans mon vestiaire. »
« Très bien, je vais aller le chercher. » Daniel sourit à Carter. « On se voit plus tard. »
Jack se leva rapidement, oubliant complètement sa nourriture et sa compagne. « Pas question, Danny boy. Dieu sait ce qu'il se passera si vous mettez vos mains dessus. »
Il s'arrêta avant de faire deux pas et regarda Carter. « Je vous vois plus tard ? »
Carter sourit. « J'y compte bien, mon Colonel. »
Il ne lui vint pas à l'esprit, malgré tout le tapage qui en suivit, quand le colonel fut incapable de mettre la main sur l'échantillon, ni quand, par la suite, personne ne fut capable de localiser ledit colonel, que cela avait quelque chose à voir avec le manque de saveur de la précieuse sauce piquante de Jack ni qu'elle avait pris le mauvais flacon.
Chapitre Un
Quelques heures plus tôt.
Vous savez, j'ai toujours été pleine d'assurance. Mettez cela sur le dos de mon père. Je n'oublierai jamais ce jour où j'avais presque trois ans quand j'ai lacé, toute seule, mes chaussures pour la première fois. Hé, mon frère aîné n'y arrivait même pas, mais moi oui, ayant appris par moi-même quelque chose d'important. Mon père fut aux petits soins pour moi à cause de cela. Je me rappelle la façon dont il s'était accroupi devant moi et m'avait serrée dans ses bras et avait alors posé ses mains sur mes épaules, en me disant que j'étais la personne la plus intelligente du monde. Je l'ai cru. Il était mon papa. Mentirait-il ? Bien sûr que non. Donc à trois ans, j'étais presque certaine qu'il n'y avait rien au monde que je ne pouvais faire.
Trente et quelques années à croire cela s'est avéré à me prouver, en plusieurs occasions, qu'effectivement, si je ne suis pas la plus intelligente de l'univers, je suis diablement près d'être la personne la plus intelligente de la Terre. J'ai rebâti les lois de la physique pour qu'elles s'accordent à mes besoins dans ma quête personnelle. Et n'oublions pas le soleil – celui que j'ai fait exploser – parce que je suis aussi douée que cela. La plupart des gens ne songeraient jamais à faire exploser un soleil et peu de ceux qui essaieraient seraient capables de le faire. Mais je l'ai fait.
J'essaie d'être modeste et j'y réussis la plupart du temps. Et quand je n'y réussis pas, j'ai recours à mes fossettes. Car ça toujours fonctionné avec papa. Je suis mignonne. C'est un fait. Je n'utilise pas souvent cela à mon avantage, mais j'avoue l'avoir fait quelques fois – comme quand j'étais à l'école et un peu fauchée, quand je battais mes cils à un employé, un adolescent sans méfiance, qui rougissait vivement et me laissait partir sans payer le prix fort.
Mais vraiment, la plupart du temps, je suis une petite fille modèle. Je n'utilise mon cerveau que pour sauver le monde, et de temps en temps à réparer des appareils, et je n'étouffe pas impitoyablement le libre arbitre des hommes en exploitant mes atours. La seule certitude qui est apparue, du fait de savoir que je suis intelligente et jolie, c'est celle qui vient avec la connaissance que je pourrais probablement régner sur une partie de l'univers si je le voulais. A condition, bien sûr, que je n'ai pas à tuer quelqu'un pour ce faire, à moins qu'ils soient vraiment méchants, et j'aurais à faire cela sans utiliser la force, parce que c'est mal, tout simplement.
En tout cas, je suis pleine d'assurance. Quand quelqu'un me demande de faire quelque chose, peu importe combien ça semble impossible, généralement je dis simplement d'accord. Parfois j'hésiterai et dirai que ça ne peut être fait, mais jamais personne n'écoute, le Colonel O'Neill encore moins que les autres. Si je n'avais pas été si pleine d'assurance quand je l'ai rencontré et survécu à cette première rencontre où il avait essayé de me déstabiliser, il aurait réussi à faire exactement la même chose que mon père avait fait des années plus tôt. Il a parfois cette même expression de respect sur son visage quand il me voit… eh bien, c'est à peine si je peux m'empêcher d'être pétrie d'orgueil quand quelqu'un d'aussi fabuleux que Jack O'Neill pense que je suis la plus grande découverte depuis le pain coupé en tranches.
Malheureusement, ayant été sûre de moi et imperturbable toute ma vie, je me suis retrouvée soudain dans une position terriblement gênante auprès du Colonel O'Neill. Je ne peux pas lui parler. J'ai peur de lui parler. Je crains de le regarder. Il y a deux semaines, la merveilleuse drogue de Loh'ran m'a fait régresser à l'âge de trois ans. Ce qui aurait été bien, même si j'ai conquis le SGC avec mes fossettes, sauf que, pour des raisons qui étaient parfaitement claires pour moi à ce moment-là et me sont à présent totalement obscures, à moins d'être honnête avec moi-même, j'ai passé quasiment tout le temps où j'étais une petite fille de trois ans, dans les bras de Jack. Ou à m'accrocher à Jack. Ou à pleurer pour être avec Jack. Ou à déclarer mon amour pour Jack. Ou à demander à Jack de se marier avec moi.
Cela aurait été suffisamment embarrassant si je ne m'en rappelais pas. Mais je m'en rappelais. Et, bien que cela soit contraire à ma nature d'admettre que j'ai fait une erreur, j'ai bien peur que cela ne soit le cas cette fois. Je n'aurais jamais, jamais dû lui dire que je m'en rappelais. Mais j'étais encore confuse et mon cerveau n'était pas aussi alerte que mon corps après la transition vers l'âge adulte et j'étais plus qu'un peu submergée par la façon dont Jack m'avait reluquée quand nous étions dans l'armurerie, quand je n'étais vêtue que de son t-shirt. Aussi, j'ai flirté avec lui, lui rappelant qu'il me devait un Slinky.
Il avait insisté pour m'emmener dîner. Nous nous sommes vêtus avec classe et avons été dans un restaurant chic qui était si loin de la ville que la seule explication raisonnable pour nous d'aller là était qu'il n'y aurait pas de témoin au fait que nous étions ensemble à un rendez-vous. J'étais d'excellente humeur et il était visiblement enchanté d'avoir la version adulte de moi-même. Nous avons passé une soirée fantastique. Ce fut sans conteste possible le meilleur rendez-vous de ma vie. Il m'accompagna à ma porte et j'étais légèrement ivre à cause du vin et de l'excitation due à cette soirée si parfaite, et il sentait si bon, il souriait et était si beau que j'avais l'intention de l'inviter à entrer. Et, voyez-vous, c'est là que mon assurance m'a mise dans le pétrin. Parce que j'étais certaine que j'en ferais ce que je voulais.
Ses mains étaient sur ma taille et il fixait ma bouche et jamais je n'ai douté une seconde de moi-même. J'ai posé mes mains sur sa poitrine et j'ai presque ronronné, d'une voix qui jamais n'avait connu l'échec, une invitation à rester.
S'il fut surpris, il ne le montra pas. Il se pencha simplement en avant comme s'il allait m'embrasser. Il devait savoir que je pensais qu'il allait m'embrasser – il se penchait, après tout – et, en effet, il m'embrassa. Sur la joue. Il me sourit, un sourire parfaitement poli, désintéressé qui me donna presque l'envie de le gifler. Puis il dit, « Bonne nuit, Carter. » Sa voix était si calme, normale, nonchalante.
Je n'avais jamais eu aussi mal, embarrassée ou surprise. Mais surtout, je n'avais jamais été si furieuse.
Et je suis certaine que c'était pleinement visible, car ses yeux s'agrandirent un peu – quelle révélation pour Jack, vraiment - et il marcha à reculons la moitié du chemin jusqu'à son 4x4 avant d'oser me tourner le dos.
Il passa deux semaines à agir parfaitement normalement tandis que je passai deux semaines avec l'impression que j'avais complètement perdu le contrôle de la situation. Je chancelle, bien que ne sachant pas vraiment ce qui me chagrine le plus – le fait que j'avais tort ou le fait qu'il soit celui qui m'avait prouvé que j'avais tort. Je prends conscience de quelque chose d'effrayant : s'il est immunisé contre mes charmes, alors je suis exactement ce qu'il a affirmé si clairement ne pas aimer – rien qu'une scientifique douée qui porte sur ses nerfs.
Je suis soudain intensément consciente que ce n'est peut-être pas uniquement sur lui que je me suis trompée – peut-être était-ce sur tout ? J'ai peut-être été une salope insupportable et égocentrique durant tout ce temps sans même m'en rendre compte. Ma place dans SG1 n'est peut-être pas aussi certaine. Le SGC n'a peut-être pas vraiment besoin de moi. Je ne suis peut-être pas aussi intelligente que j'ai toujours pensé. Et je n'arrive tout simplement pas à oublier le fait que je me suis donnée à lui – mon supérieur – et qu'il n'était pas intéressé, ne serait-ce qu'un instant. Cela était certainement la dernière chose à laquelle je me serais attendue. Je ne suis peut-être même pas jolie après tout.
J'enfouis mon visage dans les mains. Oh, je vous en prie, laissez-moi mourir maintenant. Je crois que je suis en train de faire une crise de panique. Chaque fois que j'entends des bruits de pas, comme maintenant, je deviens irrationnellement craintive – parce que je suis certaine que c'est lui et je suis trop mortifiée pour lui faire face. Je me dis à moi-même que ce n'est pas lui ; il n'est pas venu depuis deux semaines, parce que malgré son agissement habituel, il m'a soigneusement évitée tout ce temps-là. Je me calme un peu, me concentrant à respirer normalement. Je réalise qu'il n'y a plus de bruits de pas et je me détends.
« Est-ce que tout va bien, Carter ? »
Je pousse un cri. Je sursaute. Je pose brusquement mes mains sur mes yeux comme si, pour une raison ou une autre, cela le fera disparaître.
« Carter ? » Sa voix s'approche et je me force à cesser d'hyperventiler, ne serait-ce que parce que cela me fera m'évanouir et, grands dieux, il pourrait alors essayer de me rattraper.
« Oui, monsieur. Je vais bien, monsieur. » Je me surprends à parler d'une voix beaucoup plus aiguë que d'habitude et j'essaie de la ramener à la normale. « Vous m'avez seulement surprise, mon Colonel. » Là, ça semble normal. Pas mal.
Il ne donne pas l'impression d'être convaincu, mais apparemment, je ne suis pas si douée que ça pour lire en lui, pour preuve, l'incident dont j'essaie de prétendre qu'il n'est pas arrivé. Après un long et pénible moment, il hausse les épaules. « Que faites-vous ? »
« Je travaille, monsieur. »
« Vous avez beaucoup fait ça dernièrement. »
« C'est mon boulot, mon Colonel. » Je sais qu'il essaie de rencontrer mes yeux, aussi je ne le laisse pas faire. « Je suis vraiment très occupée, monsieur. » Je retourne mon attention à mon ordinateur et me rend compte, horrifiée, que cela faisait suffisamment longtemps que je n'y travaillais pas dessus pour que le moniteur se soit mis en veille. Ca n'avait pas pu lui échapper. Je sens mon visage brûler alors que je clique sur la souris, tapant sur les touches au hasard pour le duper. Il ne dit rien. Il me regarde. Je me mords la lèvre, me rappelant que l'ignorer est le plus rapide moyen de se débarrasser de lui.
Un bon dix minutes plus tard et je fixe dix-sept pages de caractères tapés au hasard. Je fais une pause, analysant ce que j'ai tapé comme si je vérifiais vraiment mon travail, et découvre qu'enfouie dans les lignes sans aucune signification, la phrase 'allez-vous en' apparaît d'innombrable fois. Un à zéro pour l'inconscient. Malheureusement, je suis fatiguée de prétendre taper et je veux reprendre ma fixation du mur et réfléchir sérieusement à la façon de construire une machine temporelle pour réparer ce bordel que j'ai créé, mais je ne peux pas cesser de faire semblant de travailler maintenant car ce serait accepter la défaite. Admettre que j'avais tort et accepter la défaite sont deux choses entièrement différentes. J'essaie de faire un pas à la fois.
Je me tourne donc vers lui avec mon expression la plus respectueuse, bien qu'hautaine. « Aviez-vous besoin de quelque chose, mon Colonel ? »
Un côté de sa bouche se relève en un sourire incroyablement sexy. « Pourquoi ? Est-ce que je vous distrais ? »
Mes yeux s'étrécissent involontairement d'une infime fraction, mais je souris toujours. « Pas du tout, monsieur. Je sais juste que vous vous ennuyez facilement et je ne pense pas que vous n'ayez rien de mieux à faire que de vous tenir ici. »
Apparemment il n'est pas prêt à accepter la défaite non plus. « Vous voulez allez manger quelque chose ? »
« Je n'ai pas très faim. » Au moins c'est la vérité. Rien que la pensée de manger fait tourner mon estomac.
Il tire un tabouret et s'assoit. « OK. »
Bon, je sais que Jack O'Neill est intelligent. Parfois, je pense qu'il est en fait plus intelligent que moi parce qu'il a le bon sens de le cacher et faire l'idiot semble être un super moyen pour obtenir des choses de moi. Donc je sais qu'il n'est pas aussi ignorant de ce qui se passe dans ma tête qu'il le prétend. Et cela me met en colère.
Je me retourne vers l'ordinateur et martèle une autre page de charabia. Mon visage est toujours rouge, bien qu'entre l'embarras, la colère et la frustration, je ne sache pas vraiment lequel en est la cause exacte.
« Est-ce que vous vous sentez bien, Carter ? »
« Oui, monsieur, je me sens bien. » Mon ton sec et ma frappe coléreuse auraient vraiment dû le mettre en garde, mais remarquez, il fait cela exprès. Je n'aurais pas dû être surprise quand j'ai senti sa main fraîche sur mon front, mais je le suis et je saute sur mes pieds. « Que faites-vous ? »
« On dirait que vous avez de la fièvre. Est-ce que vous couvez quelque chose ? »
« C'est ridicule, monsieur. Je ne suis jamais malade. » Ce qui est vrai.
« Alors pourquoi êtes-vous toute rouge ? » Il a un sourire satisfait et je crois qu'il est simplement content de penser qu'il m'a surprise à mentir. Mais je le vois alors se tourner, ses yeux dérivant paresseusement vers mon ordinateur.
Il ne doit absolument pas découvrir que je venais de taper dix-huit pages de 'iairubahpoiah' pour éviter d'avoir à lui parler. C'est, je ne sais pas pourquoi, plus embarrassant que d'essayer, et d'échouer, de le séduire. Je passe avec assurance devant lui et claque le couvercle de mon portable. « A bien y réfléchir, je mangerais bien quelque chose. »
Ses yeux restent sur l'ordinateur à présent fermé pendant si longtemps que je crains vraiment qu'il ne le rouvre car il sait que j'essaie de cacher quelque chose et je me débrouille très mal à essayer de cacher que je cache quelque chose. Mais il me regarde alors et sa suspicion disparaît derrière un sourire. « Allons-y. »
