La barque glissait silencieusement à travers l'eau verdâtre.

A l'avant, Sir Brian plissait les yeux pour tenter tant bien que mal de discerner quelque chose à travers la brume quand pour l'énième fois, la barque se bloqua, prise dans les herbes gluantes.

Il agita sa baguette en grommelant, et les herbes se consumèrent,

-Fait attention quand tu guide la barque, dit-il en se tournant vers le jeune homme roux qui l'accompagnait.

-Oui, sir, répondit-il penaud.

Il agita sa propre baguette et la barque repris sa route.

Depuis qu'ils étaient entrés dans les marais, son écuyer d'habitude si extraverti n'avait pas quasiment pas desserré les dents et il avait le teint verdâtre sous ses taches de rousseurs. Ça jurait horriblement avec ses cheveux.

Il fallait dire que ces marais auraient mis mal à l'aise n'importe qui. Ils avaient une atmosphère malsaine, comme si tout y était mort.

C'était faux bien évidement, tout y regorgeaient de vie au contraire. Ça devait grouiller la dessous. D'ailleurs, la vase verdâtre épaisse comme si ils naviguaient dans une soupe de pois, se troublait régulièrement. Les insectes étaient légions, au grand désarroi de Brian. Enfin, les herbes hautes et les roseaux, tellement nombreux, qu'ils ne pouvaient pas faire dix pas sans accrocher la barque, devaient foisonner de bestioles : les cris lugubres qui résonnaient de temps à autres en étaient la preuve.

Non, vraiment, c'était trompeur. Mais Brian avait beau le savoir, il n'en demeurait pas moins qu'il avait l'impression de naviguer sur un cimetière.

-A gauche, ordonna-t-il.

Le garçon obtempéra. Ce côté-ci n'était guère plus accueillant. Sur la rive, des saules pleureurs laissaient pendre lamentablement leur branche dans l'eau.

« Seriez-vous perdu, messieurs ? » Fit soudainement une voix moqueuse.

Les deux hommes sursautèrent. Brian avait l'impression ridicule que c'était l'un des arbres qui avait parlé.

-Qui a parlé ? demanda-t-il d'une voix forte.

-Moi, répondit la voix narquoise.

-Là ! fit l'écuyer un pointant une branche du doigt en même temps qu'il rapprochait la barque.

Il fallut un certain temps à Brian pour le discerner.

Il n'était pas facile au premier abord de le distinguer de la branche du saule sur laquelle il était nonchalamment allongé,. Et encore moins de discerner la personne sous l'épaisse couche de crasse dont il était couvert. Il avait des guenilles en lambeau, une apparence osseuse et les joues creuses. Mais elles étaient surmontées par des yeux noirs, vifs et brillants qui contrastaient avec le reste. Ses cheveux étaient couleurs de boue, mais Brian doutait que ce soit leur vrai couleur du reste, c'était une tignasse épaisse, vigoureuse, rappelant curieusement les mauvaises herbes au milieu desquelles ils étaient. C'était un garçon qui ne devait pas être beaucoup plus âgé que son écuyer.

Il les fixait tous les deux, la tête en bas avec un large sourire.

-Il y a bien peu de monde qui s'aventure dans ses marais, reprit-il.

-Nous sommes à la recherche d'un sorcier, dit Brian de sa voix de stentor Les villageois nous ont dit qu'il vivait ici. Mène-nous à lui, et tu seras récompensé.

-Je pourrais, je sais où il vit. Mais il sait probablement que vous êtes là. S'il voulait vous voir, il serait venu à vous. A votre place, je rebrousserai chemin.

-Je me passerai de ton avis, répondit Brian, mène nous à lui, c'est très important.

-Pourquoi ? Il n'est pas de très bonne compagnie.

Brian hésita, puis céda.

-On dit qu'il peut parler aux serpents.

-On dit vrai. Et ?

-Je suis mandaté par le Roi. Ses compétences pourraient être utiles pour….

Brian s'arrêta.

-Pour… ? Le relança l'autre.

Mais Brian resta silencieux. L'étranger se retourna souplement pour mieux le scruter.

-Oh, j'y suis finit-il par dire, la guerre. Il vous faut des chiens de guerre. Mais j'ignorais que les sorciers reconnaissaient les roi des moldus.

-Cette guerre concerne tout le monde ! S'écria soudainement son écuyer d'une voix indignée. C'est tout le peuple qui est en danger ! Moldu, comme sorcier ! Et il nous faut rester uni, si nous voulons l'emporter!

-Ce ne sera pas son point de vue, rétorqua le garçon en jaugeant le jeune roux. Il déteste les moldus et les moldus le détestent. Il n'aime pas beaucoup plus les autres sorciers d'ailleurs. Quoiqu'il en soit, bon retour.

Il se leva de sa branche, et fit mine de s'éloigner.

-Attend ! Dit Brian.

Le garçon s'arrêta.

- Porte-lui au moins notre message, dit -il. Dit-lui qu'il sera récompensé au-delà de ses espérances.

-Je suis curieux. Que comptez vous lui offrir, pour l'emporter dans une guerre qui ne le concerne pas ? De l'or ? Des terres ? Pourquoi pas un titre ?

Il marqua une pause.

-Pensez-vous vraiment que se sera suffisant pour l'acheter ?

Ça sera toujours mieux que de mijoter dans ce trou, siffla Brian à bout.

Le garçon ne répondit pas. Semblant réfléchir intensément.

-Bien vu, finit-il par répondre. Alors peut-être bien que je vais vous accompagner.

La barque vacilla légèrement quand il sauta dedans. Il se pencha au bord de l'eau et murmura quelque chose dans une langue inintelligible. Aussitôt, un serpent, une vipère reconnu Brian, apparu à la surface et s'enroula autour de son bras.

-Je vous avez bien dit, dit-il, que je savais que vous étiez là. Vos noms ?

Brian considéra longuement le garçon. Ce n'était pas tout à fait ce qui était prévu. Il finit par répondre :

-Sir Brian, et Godric, mon écuyer.

- Salazar. Salazar du marais.