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Une vie sans elle.
Londres, Mars 2000.
Calme, installée dans sa petite chambre étudiante, la jeune femme pensait. Elle se demandait quand est-ce qu'elle allait réussir à tourner sa page, mais elle n'avait pas la réponse. Elle soupira, jeta un œil à son bureau encombré de nombreux bouquins, puis secoua la tête, négativement. Ce n'était pas cet ouvrage de métamorphose avancée qui allait avoir raison de sa motivation, « pas cette fois » se dit la jeune fille, qui retourna finalement s'asseoir face à ses notes.
Elle attrapa sa plume et commença à annoter ses feuilles. Son dossier prenait forme suite aux minutes qui s'égrenaient et aux pages griffonnées qui se succédaient : Hermione Granger était restée la même élève studieuse qu'elle ne l'était avant, avant la guerre, lorsqu'elle étudiait encore à Poudlard. Mais aussi acharnée de travail que ne l'était la Gryffondore, étudier un document de métamorphose était, à chaque fois, une difficulté à surmonter. Notamment lorsque l'on pouvait lire « préface originale du professeur émérite Minerva McGonagall » dès la première de couverture de l'ouvrage en question. Mais s'étant engagée dans de telles études supérieures, Hermione savait pertinemment qu'elle aurait dû faire face, tôt ou tard, à la mention de son ancien professeur, que ce soit en cours, ou dans tous ces livres qu'elle dévorait quotidiennement. Cependant, elle ne s'attendait pas à avoir autant de mal à faire abstraction de ses sentiments pour son ainée. Non, la jeune femme pensait qu'avoir ouvert son cœur lui aurait permis de passer à autre chose, mais rien ne s'était passé comme elle l'avait prévu.
Elle reposa sa plume, satisfaite d'avoir pu se concentrer assez longtemps pour terminer son dossier, et retourna se pelotonner sous sa couverture, Pattenrond à ses côtés. Elle se permis alors de repenser à la sorcière aux yeux d'émeraude, de nouveau, même si elle savait bien qu'elle aggravait les choses en ressassant l'histoire éternellement.
Son esprit vagabondait dans ses souvenirs, et surtout sur cette journée de Juin dernier, ou Hermione avait laissé son secret s'échapper : « je devais le faire », se persuada-t-elle la gorge nouée. Ce jour-là, elle avait accompagné Ginny, voir ses résultats aux ASPICS, qui étaient affichés dans le hall de Poudlard. Elle était heureuse de voir la réussite de sa meilleure amie, mais n'avait pas perdue de vue son objectif du jour : avouer à Minerva les sentiments qu'elle ressentait pour elle. Mais Hermione n'osait pas, et savait qu'elle n'aurait jamais osé lui dire en face-à-face, alors elle glissa sa lettre dans la petite main de Ginny, qui lui sourit tristement. Cette dernière savait ce qu'elle devait faire : ce n'est pas comme si elles n'avaient pas répété le scénario des dizaines de fois.
L'étudiante soupira, et déplia une énième fois la copie de cette lettre, relue si souvent qu'elle commençait quasiment à se déchirer. Elle sentit son cœur se serrer, lorsqu'elle la parcouru des yeux.
Comment commencer cette lettre ? Je n'en ai aucune idée.
Je sais juste qu'elle risque d'être inconvenante et déplacée, j'en suis même certaine. Je ne vais sûrement plus jamais oser vous regarder dans les yeux et la honte m'envahie déjà. Mais je ne vais pas y aller par quatre chemins, parce que cela ne rendrait pas la chose plus facile. Je voulais vous dire que depuis près d'un an et demi j'éprouve des sentiments pour vous. Voilà, maintenant c'est avoué et il n'y a pas de retour en arrière possible.
Evidemment je sais que cela n'a pas lieu d'être, que c'est interdit, et je me sens très irrespectueuse. Bien sûr je n'attends rien de vous, en vous disant ce que je ressens. Mais je suppose que vous pouvez imaginer la souffrance qui m'accompagne au quotidien je ne supporte plus de faire semblant. Alors je comprends si à la suite de cette lettre je perds votre sympathie, je me rends bien compte de ce que cela implique. Je n'ai pas le moins du monde envie que les choses se déroulent de cette manière, mais je serais la seule fautive si cela arrivait.
J'ai essayé de tourner la page, mais garder cela enfoui n'aidait pas. Je m'excuse encore, et je ne m'excuserai jamais assez, mais malheureusement je ne suis pas responsable de mes sentiments car je ne les contrôle pas.
J'espère que vous saurez garder ces mots pour vous. C'est assez gênant pour moi vous savez, je me sens anormale et déboussolée quotidiennement.
Si vous avez envie de réagir, ça m'aiderait énormément pour continuer à avancer. J'ai très peur de votre réaction, de perdre toute votre estime …
Sincèrement,
Hermione.
Puis, elle replia la lettre, une larme perlant au coin de l'œil. Même 9 mois après, cela faisait toujours mal. Elle attrapa son sac, et partit pour l'université, ses pensées toujours dirigées vers la directrice de Poudlard. Le plus dur était certainement le fait que cette dernière n'avait jamais donné suite à ses mots. Et depuis ce 27 Juin 1999, Hermione faisait tout pour ne pas croiser celle qui faisait battre son cœur, de peur de mourir de honte ou d'éclater en sanglot.
La jeune femme attendait patiemment son bus : les cours débutaient dans une demi-heure. Elle s'apprêtait à présenter les conclusions de ses recherches à ses camarades lors de son cours de métamorphose. Elle inspira longuement, en espérant avoir un jour assez de courage pour tourner cette page de son histoire. Elle savait que Minerva serait toujours là, et qu'elle devrait vivre sans son sourire : c'est ce qui la faisait le plus souffrir.
