«Mais parfois, dépenser beaucoup d'argent ne mène ni à la réussite ni au prestige»
Il releva la tête. Depuis que le cours avait commencé, c'était la toute première chose que disait le ''moniteur'' qui, croyait-il, en valait la peine. Ses toutes dernières paroles avaient attiré son attention et l'intéressaient; et cela, sans avoir eu un quelconque besoin de faire allusion à des relations sexuelles, au pouvoir ou à des troubles de toute autre nature.
Se redressant sur sa chaise, il entreprît de se réveiller intérieurement. Il retira soigneusement de son abri, son propre bras, plié quelques minutes auparavant sous son visage, s'interdisant ainsi de somnoler. Tout à coup, et à la grande surprise du gars parlant et déblatérant au beau milieu de la salle; il arbora un regard pour le moins captivant et captivé.
Feignant un manque d'intérêt et de la lassitude desquels il imprégna sa voix, il essaya de ne laisser transparaître quelconque émotion pouvant trahir l'état de nervosité dans lequel les paroles antérieures l'avaient mis. Il demanda alors, d'une vois dénuée de toute préoccupation:
«Admettons que ce que tu dis est vrai, à quoi l'argent sert-il, alors?»
L'homme à qui la question était posée fut pris au dépourvu, légèrement surpris par le fait que ce soit précisément lui qui intervienne. Ne voulant pas paraître absent ou incapable de répondre à une aussi simple question (mais pourtant très profonde) devant ses ''stagiaires'', il se promit de prendre le temps de repenser à la scène qui venait d'avoir lieu un peu plus tard. Malgré tout, il en resta légèrement troublé et tenta tant bien que mal, finissant par y arriver, comme d'habitude, à afficher un visage neutre.
«L'argent sert à bien des choses»
«Exemple?»
Sérieusement, pour qui se prenait-il? En plus, il arborait ce petit air suffisant et arrogant qui donnait des envies de meurtre. Réprimant difficilement son agacement, il se vit flancher et vaciller dangereusement avant de se reprendre en main, fermant les yeux quelques secondes en se massant les tempes. Ces gestes là serviraient au moins à faire comprendre à celui qui lui avait posé cette foutue question qu'il l'importunait au point de lui donner des envies de partir en claquant la porte sans dire mot.
Il arrivait parfaitement à se l'imaginer, là, assis, parmi tant d'autres ''stagiaires'', à poser des questions qu'il pourrait s'abstenir de poser et à le fixer avec son regard plein de dédain. Ces pensées ravivèrent la flamme allumée par l'intervention complètement stupide de l'autre.
Plus que quelques secondes...
