Disclaimer : tout ce que vous reconnaissez appartient à la merveilleuse J.K. Rowling. Merci à elle d'avoir créé ce monde et ces personnages aussi merveilleux!
Prologue
Comme à peu près tous les jeunes de mon âge, je déteste les dimanches. Je les déteste viscéralement et j'aimerais les fuir avec autant de véhémence que je fuis les cachots de Rogue et leur infâme odeur de renfermé et de moisi. Je les déteste avec une force et une passion qui dépassent l'entendement, d'autant plus que le dimanche, rien n'est ouvert, même pas la bibliothèque, le seul endroit sur terre où je me sens à ma place.
Quelle délicieuse coïncidence que le premier jour de ma cinquième année à l'école de sorcellerie Poudlard soit justement… un dimanche. Constat affligeant pour une journée affligeante en perspective. Tellement consternant que je redéfinirais presque ma vie de tristement médiocre en me réveillant le dimanche 2 septembre 1990 dans mon lit à baldaquin bleu nuit. Même les étoiles en bronze brodées sur la soie bleutée n'égayent pas mon réveil déjà suffisamment déplorable. Comme tous les dimanches, je m'ennuie avant même de m'être levée. C'en est presque désolant.
Mais, charmante créature exagérant à peine la conjoncture de ta piteuse existence, me direz-vous, n'as-tu pas des amis, ou même des connaissances qui pourraient t'occuper en cette pénible journée de déliquescence intellectuelle ? Effectivement, j'ai quelques amis, mais je ne suis pas de celles que l'on pourrait appeler « populaires », grand bien m'en fasse. Cependant, même flanquée d'une flopée de copains et de copines, le dimanche, je m'ennuie. Car même eux n'ont pas le pouvoir d'arrêter le temps et d'empêcher le lundi de pointer le bout de son sale museau déprimant, ni de rendre les parties d'échec et de scrabble aussi intéressantes que de feuilleter un livre aux extrémités cornées sous le nez crochu de Mme Pince.
Il y a bien quelque chose, une seule petite chose qui pourrait me faire sortir de cette torpeur insupportable dans laquelle je plonge à pieds joints dès que mes yeux s'entrouvrent le dimanche matin. Une petite chose que je garde enfermée à double tour dans le compartiment de ma tête plus secret que le Département des Mystères du Ministère de la Magie, que je m'oblige à ne jamais prononcer devant une tierce personne, une petite chose dont je n'ai encore jamais osé parler à quelqu'un, une petite chose que je m'efforce d'étouffer dans ma propre conscience tant je crains d'être découverte, d'être sujette de moqueries diverses et variées. Cette petite chose, c'est le Quidditch.
Pourquoi n'ai-je jamais osé parler de cette passion secrète à quiconque ? Pourquoi n'ai-je pas sauté sur toutes les occasions pour tenter d'obtenir un poste fixe dans l'équipe de Serdaigle alors que chaque année, je peux tenter ma chance grâce au concours de circonstance qui fait que, à chaque rentrée, un septième année laisse une place vide et béante qui n'attend que moi ? Croyez-moi, j'ai souvent — trop souvent — soupiré devant les trophées remportés par les équipes victorieuses, j'ai souvent rêvé d'attraper le Vif d'Or avant un avatar imaginaire que je me représente à chaque fois en Han Solo — mon père n'aurait jamais dû me montrer ce film — me félicitant chaleureusement d'une bise virile sur mes deux joues après ses défaites, j'ai souvent ressenti les vibrations dans mon bras après avoir frappé de toutes mes forces un cognard fantasmé... Et pourtant, je n'ai jamais concrétisé ce rêve, niant à qui veut l'entendre mon amour pour le Noble Sport.
Parce que je suis une Greenwood, et qui dit Greenwood dit perfection au Quidditch. Or, je suis loin d'être parfaite. Je suis la petite dernière d'une fratrie de cinq frères et sœurs tous plus doués les uns que les autres, champions de leurs maisons respectives. Il y a d'abord eu Victor, le Gryffondor valeureux, recruté à sa sortie de l'école par l'équipe française, il y a de ça cinq ans maintenant, puis il y a eu Anastasia, l'intrépide Poufsouffle qui ne laissait jamais entrer le Souafle, peu importe le temps et la témérité de l'équipe adverse, ensuite il y a eu Wilhem, l'Aigle Royal, comme ils l'appelaient, lui aussi à Serdaigle et plus rapide que n'importe quel attrapeur, Helen, sur les traces de Victor, et enfin Frank, le courageux Serpentard qui se faufile entre les joueurs sans aucune trace de fatigue même après une demi journée de jeu...
Et il y a moi, Amelia Greenwood, nulle de chez nulle, incapable de tenir sur un balai sans hurler de peur et ressentir l'engourdissement proche de l'évanouissement provoqué par ce satané vertige, incapable de discerner le Vif d'Or parmi une ribambelle d'œufs de Pâques dorés, si chétive que même tenir une batte est capable de me tordre le poignet... Bref, le vilain petit canard, celle que ma famille a laissée de côté quand ils allaient s'entraîner au Noble Sport le dimanche après-midi. Et je peux vous assurer que passer son dimanche après-midi assise devant une tasse de thé aux motifs chatons, coincée entre des chansons françaises ringardes et une télévision dont les couleurs font plus penser à une choucroute périmée qu'à un champ de blé, ça vous traumatise une génération.
Mais cette année, c'est décidé. Je range ma confiance en moi aussi moisie qu'un roquefort tout au fond du placard, je prends mon fichu manque de courage à deux mains et deux pieds, je me fiche un gigantesque coup de chausson aux fesses, je me moque des regards fixés sur moi comme de ma première Dragée Surprise à la crotte de nez et je m'engage à passer les essais de Quidditch de Serdaigle.
Je suis une Greenwood, oui ou non ?
Ah ! si seulement la réponse avait été non...
Je tiens à remercier chaleureusement ma chère DocteurCitrouille et sa superbe fiction pour m'avoir donné envie de démarrer celle-ci.
Et je tiens également à vous remercier, lecteurs de l'internet, pour avoir lu ces quelques lignes de prologue. Les prochains chapitres seront légèrement plus longs que celui-ci.
Merci encore! J'espère vous retrouver très bientôt pour un autre projet fanfictionnesque!
AppleCherrypie
