Bonjour à tous,

Voici le premier volet d'une nouvelle fic, afin de célébrer avec vous la rentrée…

Cela fait longtemps que je n'ai rien publié, ayant été trop prise l'année dernière pour me consacrer pleinement à l'écriture. J'ai bon espoir de pouvoir m'y remettre cette année, et je reprendrai dès que possible mes fics en cours (je n'en abandonne aucune, rassurez-vous –enfin, pour ceux qui étaient éventuellement inquiets).

Simplement, aujourd'hui j'étais inspirée pour un nouveau texte, alors je me suis lancée… Ce premier chapitre vous paraîtra sans doute un peu étrange, mais je pense que cela sera plus clair dans les prochains chapitres.

Je vous laisse découvrir ce texte, en espérant qu'il vous accroche ou vous intéresse. Vos impressions et remarques sont toujours les bienvenues, que vous ayez aimé ou pas, bien sûr. Alors, sur ce… bonne lecture, et merci d'avoir pris le temps de venir jeter un œil par ici !

Disclaimer : la plupart des personnages et lieux cités sont à J.K. Rowling. Les paroles de la chanson Dirty picture (en gras) sont de Taio Cruz et de Ke$ha.

Rating : K +


Dirty desire

Mauvais cliché

Fermant les yeux, il tenta d'ignorer la boule d'angoisse qui s'était nichée dans sa gorge et ne semblait plus vouloir en sortir. Mais bien vite, la douleur des coups qui pleuvaient sur lui l'eut assez distrait pour qu'il oublie sa peur.

Et le seul sentiment qui réussit alors à poindre sous ses élancements fut la lassitude. Une sourde mais profonde lassitude, face à un acte qui se répétait, comme un mauvais film bloqué sur sa pire scène.

S'il avait pu desserrer les lèvres, Colin aurait soupiré. Si jeune et déjà si fatigué. D'être contraint à rejouer, jour après jour, sous les feux de projecteurs insensibles, la scène de son humiliation, de sa mise à terre.

Le souffle coupé par le poing qui s'était profondément enfoncé dans son estomac, le garçon tomba à genoux, se voyant glisser en un ralenti grotesque pour tenter de fuir quand son agresseur se pencha pour le rattraper par le col de sa chemise afin de lui mettre une autre gifle. Mais nulle échappatoire pour la victime non consentante de ce cauchemar trop réel.

Nulle porte de sortie pour ce tunnel trop noir.

Son œil gauche, tuméfié, ne lui permettait plus de distinguer une partie de son champ de vision. Pas grave. Les visages grimaçants et détestablement ironiques de Crabbe et Goyle ne lui manqueraient pas. Tournant à demi la tête, tout en essayant de faire abstraction du craquement inquiétant qui retentit sur le côté de sa tempe, là où le poing d'un des Serpentards s'était de nouveau abattu, Colin cligna de son seul œil valide, cherchant un secours dans le couloir trop sombre.

I could dream of ways to see you

Mais pas âme qui vive en vue. Pas de héros pour le jeune admirateur esseulé ce soir.

Réprimant un sanglot qui était venu traîtreusement se glisser au cœur de sa lassitude, le jeune adolescent ferma l'œil. Tentant de fermer le rideau sur ce spectacle si pitoyable, même à ses yeux, lui le héros de cette minable mini-tragédie.

I could close my eyes to dream

Lui qui ne se sentait réellement heureux que dans sa chambre noire magique, où avec patience et dévotion il développait les clichés de ses rêves éveillés, aurait aimé en cet instant, plus que jamais, s'y enfermer.

I could fantasize about you

Fermant son cœur à l'extérieur, comme il avait appris à le faire depuis quelques temps maintenant, il s'éloigna peu à peu des rires éraillés et mauvais de ses deux bourreaux…

S'enfermant en lui-même, en ce jardin secret qu'il préserverait envers et contre eux tous, il oublia peu à peu la réalité pour s'enfoncer dans la douceur de ses fantaisies inoffensives…

Refermant la porte de sa conscience sur un dernier sursaut de lucidité, il se calfeutra en lui-même, là où les héros étaient toujours présents, toujours disponibles, toujours vainqueurs.

Toujours là pour lui.

Tell the world what I believe

Et Colin Crivey, alors qu'il s'écroulait sur le sol froid et rugueux de ce couloir sombre, sous les rires de Vincent Crabbe et les insultes de Grégory Goyle, esquissa un sourire incompréhensible, surtout pour ces deux handicapés de l'imagination.

« Il est maso, ou quoi ? Il sourit quand on le frappe… »

« Laisse tomber, c'est qu'un crétin. Viens, on va plutôt lui piquer ses affaires. » conclut l'autre sans plus de cérémonie, avant de donner un dernier coup de pied dans les côtes du jeune garçon. En bonus.

Se recroquevillant sous l'assaut, Colin resserra dans le même temps, presque instinctivement, sa main sur la poche de sa cape, du côté gauche. Près du cœur. Là où il cachait un des clichés qui ne le quittaient jamais. Pas un très bon, d'ailleurs, pas un de ses plus réussis. Mais c'était un de ses favoris. Un de ceux qui le rassuraient et lui apportaient la chaleur et le réconfort qui lui manquaient souvent.

Un de ceux qui lui redonnaient même du courage. Son petit secret de Gryffondor à lui.

Et il le serra si fort, se concentrant sur cette seule sensation -le tissu sous sa main, le papier glacé, épais et coupant sous le tissu- qu'il réussit même à ignorer le bruit soudain du flash, puis le choc sourd de son appareil sur les dalles. Se roulant un peu plus en boule, il ne sentit pas non plus les nombreuses photos qu'on éparpillait au sol sans retenue ni pudeur, certaines volant au dessus de lui avant de lui tomber dessus comme de vulgaires brouillons.

« Viens, on se casse. Il m'amuse plus. »

« Ouais, trop mou. Tu parles d'un Gryffondor ! Une vraie tarlouze, ouais… »

Le crachat qui s'échoua sur sa joue tira enfin Colin de sa transe autistique. S'étonnant de sentir que ses larmes coulaient sans qu'il s'en soit rendu compte, il essuya maladroitement le dernier affront que lui avait fait l'un de deux Serpentards avant de partir, et tira enfin d'une main tremblante la photo de sa poche. Un sourire vint effleurer de nouveau ses lèvres boursoufflées.

Harry était là. Harry le regardait de son air éternellement rassurant.

Harry était là. Pour lui. Comme à chaque fois.

« Putain, attends, Vince ! Il est réveillé ce petit con ! Il bouge encore… »

Des pas précipités, une haine qui suinte presque par terre jusqu'à lui, comme un avertissement. Colin rampe alors au sol, tentant d'atteindre le mur derrière lui comme un refuge insensé. Il serre contre lui, à la fois bouclier et trésor à défendre, la photo de son sauveur.

Mais trop tard, des mains se tendent, poussent, griffent, arrachent, repoussent.

« NOON ! Pas celle-là, non… » Même son cri, même ses sanglots, même ses suppliques n'y feront rien.

Aucun rempart, aucune prière ne peut atteindre la bêtise humaine.

Les pas repartent, les rires secouent les épaules musculeuses d'adolescents juste trop bêtes pour penser à être humains et le couloir semble bien plus sombre soudain au petit garçon blond.

Il fixe ses mains vides, tremblantes. Vides. Pantelantes de s'être vues arrachées le seul espoir qui lui restait.

Mais cette fois Colin, malgré son hématome douloureux, a ouvert les yeux. Il fait noir dans le corridor, mais nul besoin de torches flamboyantes pour voir qu'ici, il n'y a rien.

Pas de héros. Pas de sauveur.

But whenever I'm not with you

Ni dans la réalité, ni même plus sur papier glacé.

Non, plus rien à voir. Colin Crivey, malgré tous ses efforts, a ouvert les yeux.

It's so hard for me to see

Il a pu constater qu'une fois de plus, comme trop souvent, il n'y a rien à voir. Il est là, seul. Victime insignifiante d'un jeu cruel, proie dans les mains pataudes et lestes de deux bourreaux qui ne s'amusent déjà plus de cette farce.

Il est seul, et personne n'est venu le sauver. Et même ceux qui l'aiment, s'inquiètent-ils de son sort ? Qui le sait là, de toute façon ?

Qui s'en préoccupe réellement ?

Le garçon appuie sa tête sur le mur froid, et laisse couler ses larmes sans retenue cette fois. Son estomac lui fait mal, comme si un grand trou s'y était creusé et s'agrandissait, de seconde en seconde.

Ses mains se resserrent, en vain, sur l'espace vide sur son cœur. La poche est vide, laissée béante.

I need to see a picture of you

Même le rêve a fui. Plus d'échappatoire ce soir, pour lui.

Il est seul.

A special picture just for me