Disparition
Je restais de marbre, totalement figé derrière une Lenalee en pleure qui ne faisait que me rappeler la disparition d'Allen. Je venais de voir la vidéo que Timcampy avait fait de la rencontre entre Allen et ce Noé et je savais qu'Allen avait perdu son bras : sa seule et unique raison de rester à nos côtés, de combattre les akumas, d'être un exorciste. Je le savais et pourtant, je ne pouvais me résoudre à l'accepter et à penser qu'il devait probablement être mort. Même si cette immense tâche de liquide rouge et pâteux devant laquelle, Lenalee pleurait, démontrer ce qui s'était déroulé après le départ de Tim, je ne pouvais accepter cette idée. C'était beaucoup trop pour une seule fois.
Alors que j'étais perdu dans mes pensées, jiji me contacta par l'intermédiaire d'un golem. Cependant, un peu trop choqué sur le moment, je ne pu répondre qu'un faible « oui ». Une réponse tellement vague et pourtant si claire. Suite à ça, nous sommes retourné au bateau, les visages ravagés par la tristesse et la peine où nous furent surpris d'y voir un messager de la branche asiatique. Très rapidement et sans aucun détour, il nous annonça de continuer notre route sans Allen. Sans aucun indice pour nous dire si il est en vie ou non, nous laissant dans l'ignorance, le messager s'était contenté de passer le message de son chef. Cependant, en entendant Lenalee demandait avec insistance si Allen était encore en vie ou non, je réalisais que je mettais trop laisser aller. Il fallait que je me ressaisisse. C'est dans cet état d'esprit que j'ai prononcé ces paroles que jamais je n'aurais cru pouvoir dire.
« Lenalee…Tu as visionné les images de la mémoire de Tim. Allen a perdu son bras gauche. Il ne fait donc plus partie des exorcistes. »
Cette dernière phrase sonné faux. Je l'avais dites mais sans beaucoup de conviction. Je voulais m'en convaincre en la disant à voix haute cependant, cela ne servit à rien. Pour moi, Allen était toujours des nôtres et jamais je ne pourrais le considérer comme un étranger. Jamais… Malheureusement, je crois que mes paroles et celles de Wong avaient eu l'effet d'une bombe pour Lenalee qui perdit toute son énergie et sa force de combattre. D'ailleurs, cela dura longtemps. Même après notre départ de Chine en compagnie de Miranda et ce découragement provoqué par la disparition d'Allen m'énerva au plus haut point. Si sa disparition devait touché autant quelqu'un, ça aurait dû être moi et non elle. J'étais sûrement celui qui le connaissait le mieux, celui qui connaissait toutes ses angoisses et ses sentiments. Et c'est rempli de ces sentiments de jalousie et d'énervement que j'explosai.
« Ca commence à bien faire… On y peut rien ! Hier, on a tout donné dans la bataille !! Il n'y avait rien à faire ! On ne pouvait pas le sauver !! On est en guerre après tout, non ?!!! REDRESSE LA TÊTE ET PASSE A LA SUITE !!! »
Tous ces mots étaient sortit de moi comme si je les retenais depuis des années pourtant… lorsque je vis Lenalee pleurait, je ressentis comme une douleur au niveau de mon cœur. Etais-ce vraiment ce que je ressentais ? Au plus profond de moi ? Non, il y avait autre chose mais quoi… je ne savais pas. Cependant, lorsque le vieux me rappela la raison de ma véritable existence que tout commença à s'éclaircir…
Après ça, je réussi à m'isoler sur un coin du pont. Je voulais réfléchir par moi-même, retrouver la vraie raison pour laquelle j'avais oublié que je n'étais dans la congrégation que pour enregistrer l'histoire et rien d'autre. Je voulais trouver la cause de cet oubli et de ces sentiments qui apparaissaient lorsque je me retrouvais entouré des autres exorcistes. Non, les sentiments qui apparaissaient lorsque je me retrouvais seul avec Allen...
Flash Back –
« Qu'es-ce qu'il se passe Allen ? » demandais-je en voyant le visage rempli de tristesse de celui-ci. Il se retourna vers moi, les cheveux au vent car nous étions en haut du mat.
« Lavi… Qu'es-ce que tu fais là ? » dit-il, un peu surpris mais aussi d'une voix à peine audible.
« Je voulais te voir. » répondis-je avec un petit sourire.
Il me répondit avec un petit sourire. Je regardai sur le pont pour voir si quelqu'un était dehors mais dans la nuit, je ne voyais rien et j'en déduisis que cela devait être de même par en bas. Je m'approchai d'Allen et le pris dans mes bras, le surprenant un peu car il prononça mon prénom sous forme de question.
« Lavi ? »
« Désolé mais… tu as l'air si triste que j'avais envie de te prendre dans mes bras. » murmurais-je. A cet instant, je sentis son pouls s'accélérer et très rapidement, il mit ses bras autour de moi en enfouissant sa tête dans mes vêtements. « Qu'es-ce qu'il se passe ? » demandais-je, inquiet.
« … Je… depuis que mon œil est revenu… j'ai de plus en plus de mal à dormir. C'est comme si Mana voulait m'en empêcher afin de me punir une seconde fois… » dit-il avec hésitation.
« Tu te sens encore coupable de l'avoir transformé en akuma ? » questionnais-je avec appréhension.
« Je pense que… jamais je ne pourrais oublié ce que j'ai fais. Un péché et un péché et je le porterais jusqu'à la fin. Je m'étais dis ça lorsque j'ai décidé de devenir exorciste. Cependant, après avoir perdu la capacité de voir l'âme des akumas une fois, j'ai ressentis comme un grand vide en moi. Mana n'était plus à mes côtés et j'ai ressentit les mêmes sentiments que lorsqu'il était mort. Je crois que j'aurais pu refaire la même erreur que lorsque j'étais enfant si cela avait été le cas… » commença t-il à dire. « Mais, lorsque j'ai récupéré mon œil gauche… la sensation que Mana était là est revenu… Je pensais que tout redeviendrai normal puisque je m'y étais habitué cependant, cet œil est beaucoup plus puissant. La malédiction s'est accru et prend encore plus possession de moi. Au début, je pensais pouvoir le supporter mais plus les jours passent, plus je ressens une présence m'envahir et prendre possession de moi… C'est comme si Mana me punissait en anéantissant tout mon être… Et… c'est vraiment troublant… Tellement troublant que je ne dors plus… » termina t-il en disant sa dernière phrase dans un murmure de terreur.
Sur le coup, je n'avais jamais pensé qu'autant d'angoisses auraient pu se trouver dans l'esprit d'Allen. Il n'avait que 15 ans et pourtant, il se torturé pour tellement de choses. Lorsque je réalisai ceci, je compris que nous étions encore plus similaire que je le pensais lorsque je l'ai rencontré. Lui et moi avions nos propres angoisses : les miennes par rapport à mon devoir, les siennes par rapport à son défunt père. C'est pourquoi, je compris vite ses sentiments et pu répondre rapidement pour ne pas le laisser se perdre encore plus dans ses peurs.
« Je crois que je te comprend un peu. C'est comme si tu essayais de rejeter une partie de toi, de la fuir mais qu'elle finissait toujours par te rattraper, n'es-ce pas ? » dis-je. Je l'entendit acquiescer d'un murmure et continua de parler. « Dans ton cas, cela doit être un peu plus complexe mais je pense que à force de trop y penser, tu en fais une obsession. C'est surtout à cause de ça que tu n'arrives plus à dormir la nuit. Si tu essayais de penser à autre chose, à une chose qui te rend heureux ou te donne un peu de joie la plupart du temps, ton poids sera largement allégé, tu pourrai vivre bien plus facilement et ne plus te torturer l'esprit avec tous les malheurs qui t'entourent. » terminais-je.
« Tu ressens aussi une force oppressante contre toi ? » me demanda Allen en relevant un peu la tête pour voir mon visage.
« Evidemment. Depuis mon enfance, je vis avec mes propres fardeaux, je les enfouis au plus profond de moi pour essayer de ne plus y penser mais… ils refont toujours surface. Ce sont des forces tellement oppressantes qu'on ne peut presque jamais oublié leur présence. » répondis-je en resserrant mon étreinte sur Allen.
« Presque jamais ? » dit-il. A cet instant, je baissai la tête pour le regarder et je lui souris.
« Lorsque je te parle, lorsque je te prend dans mes bras, lorsque je t'embrasse, lorsque je passe la nuit avec toi... Lorsque je suis tout simplement à tes côtés, j'oublie totalement ces angoisses. Tu es la seule personne qui arrive à faire ça… Tu es le seul à pouvoir faire de moi un homme normal et sans peurs. » expliquais-je en le regardant dans les yeux. « Et c'est pour cela que selon moi, tu es indéniablement mon âme sœur. » finis-je par dire en accompagnant cette phrase d'un sourire amoureux et réconfortant. Je vis les joues d'Allen rougir malgré l'obscurité et ses yeux brillaient comme si des larmes allaient couler mais, le sourire qu'il avait affichait me rassurait.
« Alors… on se ressemble car, les seuls nuits où j'arrivent à dormir… c'est celles que je passe à tes côtés. » murmura t-il en approchant son visage du mien. Alors que ses lèvres étaient à quelques millimètres des miennes, un invité surpris arrêta ce moment magique en quelques secondes.
« LAVI !! » cria une voix de vieillard.
Je m'écarta immédiatement d'Allen avec un peu de regret et me pencha à la passerelle pour regarder le pont.
« Jiji ? » demandais-je puisque je ne voyais rien.
« Descends tout de suite ! Nous avons du boulot ! » répondit-il sans plus d'explication.
Je me tournai vers Allen et esquissa un petit sourire désolé. Il n'y avait pas besoin de paroles, il savait très bien qu'il ne pouvait pas me retenir. Je lui fis un petit signe de la main en guise d'au revoir et descendit rapidement sur le pont pour y retrouver jiji.
Fin Flash Back –
En repensant à cet instant d'intimité entre Allen et moi, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. Cela s'était déroulé seulement quelques heures avant le début de la bataille, seulement quelques heures avant qu'Allen disparaisse. Si seulement j'avais été honnête avec mes sentiments à ce moment-là, si je les avais fait passer avant ma tâche de Bookman, je n'aurai pas eu à dire « au revoir » à Allen de façon si discrète, j'aurais pu l'embrasser, j'aurais pu passer un moment de liberté qui aurai peut-être pu influencer le tournant de cette bataille… J'aurais peut-être pu sauver Allen… Pourtant, malgré tous ces remords, pourquoi es-ce que les phrases de Jiji continuent de tourner en rond dans ma tête ? Pourquoi ne disparaissent-elles pas ? Essayèrent d'oublier Allen et mes sentiments en me consacrant à ma tâche de Bookman que j'avais commencé à oublier au fur et à mesure que j'étais à ses côtés ?
« Nous ne prenons pas parti. » murmurais-je.
Cette phrase ne cesse de se répéter. Est-elle fausse ou vraie ? Aurais-je moins souffert si je ne m'étais pas attaché à Allen ? Sûrement. Mais… Serais-je encore en vie si je n'avais pas eu une accroche qui me poussait à revenir en vie à chaque retour de mission ? Aurais-je eu le courage de surmonter ma tâche de Bookman et les combats contre les akumas si je n'avais pas eu la pensée qu'une fois la mission terminée, je pourrais prendre Allen dans mes bras ? Aurais-je pu survivre… seul ?
A cette pensée, je ne pu m'empêcher de regarder la carte abandonné par Allen.
« Les Bookmen… n'ont pas besoin de cœur. » chuchotais-je en enfouissant ma tête dans mes bras.
Quelle ineptie. Sans un cœur… sans ces sentiments envers Allen… sans ces palpitations qui faisaient battre mon cœur à chaque fois que j'étais aux côtés d'Allen… sans lui, je n'aurais jamais compris ce qu'avoir un cœur signifiait… sans Allen, je serais mort depuis bien longtemps : Mon corps n'aurait été qu'une coquille vide.
