Bonjour bonjour cher ami lecteur,

Une petite fiction différente de ce que j'ai eu (long time ago) l'habitude d'écrire. Une envie comme ça, pendant que je mangeais des céréales. Un bisou magique à celui qui trouvera la marque ^^

Bonne lecture.



Il existe certaines histoires que l'on raconte aux petites filles le soir, pour les endormir, d'un prince charmant et de sa princesse charmante.

Elle est seule et pauvre. Il est là, beau, parfait. Ils se rencontrent. Ils se cherchent un peu pour la forme, ils me marient et ont beaucoup d'enfants.

Comme si le fait de se marier comprenait leurs descendants. Aller expliquer aux pisseuses qu'il faut en réalité passer par le sexe pour y arriver. Qu'on ne leur a pas dit que les princes peuvent aussi péter au lit et que les princesses peuvent avoir des pellicules.

Cette histoire n'est pas un monde peuplé de charmant ou charmante. Juste une tranche de vie dans un monde un peu plus réel ou presque. Il n'y aura pas de mariage dans cet épisode, pas de parfaite perfection. Que la présence d'un château ne vous trompe pas. Ce n'est pas à mettre aux oreilles des petites filles avant qu'elles ne se perdent dans leurs rêves. Ou peut-être que si, mais aux vilaines petites filles, aux petites coquines.

Il était une fois, dans la campagne anglaise, un internat de renommé international. C'était un lieu magique. Les orphelins y trouvaient une maison, les enfants gâtés des limites à ne pas franchir et les autres ordinaires et peu importants un établissement où acquérir les meilleures bases possible pour avancer dans le monde tortueux d'aujourd'hui. Cet institut était un univers à lui tout seul. Il était dirigé par un directeur hors du commun, qui imposait ses idées facétieuses aux élèves ainsi qu'au corps professoral. Pour lui, tout était sujet à grandes rigolades. Il n'hésitait pas à imposer un uniforme ridicule à chaque fête de l'année : de la citrouille géante à Halloween, aux petits cœurs à la Saint Valentin, jusqu'au jaune criard le jour de son anniversaire renommé le lemon-day.

Il commençait chaque année avec un discours sur le monde actuel ancré dans la crise et les guerres, maudissant l'argent, les criminels et le système, devant un parterre de jeunes de-la-haute, filles et fils à papa, ainsi que de pauvres bien contents d'avoir justement pu se jouer dudit système afin d'entrer dans ces lieux impayables.

De son point de vue, il ne tentait qu'une chose : leur donner un autre point de vue sur la vie que le merveilleux château qui les hébergeait durant les sept années que comptait leur scolarité.

Il était étonnant, de la part d'un homme si aguerri par la vie, qu'il ne voyait pas la souffrance dans ses ouailles.

Prenons, au hasard, cette classe de septième année. Qui d'eux ne connaissaient pas les difficultés de la vie ? Le petit grassouillet là. Il n'était pas malheureux de son physique peu avenant. Il aurait pu, oui, pleurer sur le peu d'intérêt que lui portent les filles, mais penser vous vraiment qu'un garçon dont les parents sont en institut spécialisé, pour ne pas dire hôpital psychiatrique, pour cause d'abus de médicaments et plantent illégales en tout genre, pensez vous qu'il ne connait pas la douleur d'être seul, chez sa grand-mère acariâtre, qu'il ne connait pas la noirceur du monde sous sa dégaine joufflue ?

Et celui là, ce métis aux traits magnifiques, à la famille de longue lignée, pensez-vous qu'il n'a jamais connu le racisme ? Oui, ici tout le monde le respect ou le craint, mais dehors, dans le vrai monde, il n'est ni blanc ni noir, sans son coussin doré et entourant, il n'est personne.

Que dire de ces pauvres demoiselles, toujours unies et solidaires, toujours prêtent à affronter à deux le monde. Pensez-vous réellement qu'elles n'aimeraient pas être seules de temps en temps ? Personne ne les reconnait, l'une sans l'autre, elles n'existent pas.

L'exemple le plus parfait est ce jeune homme, orphelin de père et de mère, il n'a connu comme seule famille son oncle et sa tante qui le martyrisait. Pourtant, ce n'est pas cela sa blessure. Ni la découverte de son parrain quatre ans plus tôt, mystérieusement réapparut et aussitôt disparu. Ni sa mauvaise habitude d'être là au mauvais moment, au mauvais endroit qui l'a fait devenir le héro du collège, sauver la sœur de son meilleur ami de la noyade ne fut qu'une coïncidence, gagné la coupe des internats du pays aussi. Il s'était habitué à vivre des choses peu ordinaires. Il supportait tant bien que mal d'être la coqueluche des étudiants. Ce qui le perturbait n'était qu'un simple goût, un goût qui pourrait lui porter préjudice et faire de sa vie un enfer. Ce goût fait parti intégrante de cette histoire.

Chaque élève de cette septième année pourrait être ainsi détaillé. Il ne s'agit souvent que de tourmentes d'adolescent, mais ce qui fait ce que l'on est à dix-huit ans peut gérer une vie entière, une génération entière.

Leurs parents n'étaient que le fruit des leurs propres chemins, il en vaudra de même pour les suivants.

Mais revenons un instant à la tranche de vie qui nous incombe.

Cela faisait six années que cette classe se connaissait. On pouvait départager ces étudiants en trois catégories : les lions, les serpents et les témoins. Dans toutes les écoles du monde, dans tous les systèmes planétaire, on retrouvait indiscutablement le phénomène de clan, que cela soit volontaire ou non. Dans ce cas ci, il ne le fut pas. Ce n'était qu'une seconde d'inattention, qu'un instant de distraction, une poussière dans l'univers. Le premier jour dans le château de cette génération, un jeune homme, trop perturbé par la disparition d'une grenouille, refusa une poignée de main tendue. Que venait faire ici un batracien ? Nul ne sait. Mais à présent, la vie de cette trentaine d'étudiants était à jamais séparée.

Un blond, un brun.

Un gosse de riche, un orphelin.

Un serpent contre un félin.

Petit à petit, anecdote après anecdote, les clans étaient formés et peu enclin à changer. Ils en étaient même arrivés à créer leur propre équipe de sport, se battant sur le terrain et dans les couloirs. Ils ne se laissaient aucun répit. Le blond prenait souvent l'initiative par un mot, par un regard et le brun fonçait tête baissée dans le piège. Etrangement, pour leur dernière année, comme s'ils s'étaient entendu sur ce point, une trêve apparu. Pas de drapeau blanc, pas de mort à pleurer, juste un calme illusoire.

Pour cette petite brune aux tâches de rousseurs mourantes en cette fin septembre, la nouvelle était rassurante. Comment aurait-elle pu travailler dans ces conditions de batailles acharnées ? Elle n'y participait jamais avec plaisir, mais si quelqu'un osait s'en prendre à son rouquin chéri là… Là, elle sortait ses griffes acérées. Elle aimait le challenge : travailler plus pour surpasser ses connaissances, oublier de dormir pour satisfaire son avidité d'apprendre. Mais son plaisir secret était de désarçonner un serpent rageur. Elle était presque déçue de ne plus avoir cela pour se distraire de ses cours.

Quelque chose changea mi-septembre, dans la vie de ce brun aux yeux verts, celui dont la cicatrice visible affolait les foules. Il découvrit une douceur de ce monde, un nectar onctueux qui n'avait jusqu'à présent jamais traversé sa vie, un plaisir sucré qui le faisait salivé à chaque petit déjeuné et qui devint une joie au long de ses journées : le miel. Dans son thé, dans son lait chaud, sur une tranche de pain avec du fromage français, en bonbon, en céréale, il avait testé toutes les recettes connues par son entourage. Il en était dingue.

Il était devenu mielophile et mielleux. Voilà pourquoi il ne réagissait plus aux attaques des subordonnés de l'autre clan.

Oui, des subordonnés, parce que le prince des serpents était trop préoccupé de son avenir pour s'enticher de son passé ou de son présent. Il était dans ses livres de cours ou dans sa tête, réfléchissant à son devenir. Ô certes, il était tout tracé, grande faculté, employé par son père et pour finir khalife à la place du khalife… Mais PDG d'une banque grande internationale de renommée fabuleuse blablabla, ne l'intéressait pas le moins du monde. Mais quand il repensait à son géniteur qui avait tout prévu jusqu'à la date de son mariage et de sa fiancée, il en avait des nausées. Il avait tout pour lui, il était beau, intelligent, il savait à merveille manipuler son monde, mais… Hélas pour lui, il était incapable de se résoudre à dire non à son père.

Il se tenait là, debout, face à son miroir dans sa chambre privée. Il tentait pour la énième fois de dire 'non' de manière convaincante. Qu'il le murmure, le pleure ou le hurle, il ne se faisait pas d'illusion. Son destin était scellé. C'était son tourment à lui, son malheur, sa vie. Depuis peu, son appétit lui faisait défaut. Il était pale et fatigué. Mais peu de gens s'en rendaient réellement compte. Ils avaient tous l'image d'un jeune homme aux traits parfaits, à l'allure superbe, aux mots tranchants. En réalité, plus personne ne le regardait depuis bien des années. On ne regarde plus ce que l'on croit connaître.

Il soupira et se mit en route pour cette nouvelle journée. Il fit une entrée impeccable dans le réfectoire. Les élèves mangeaient déjà bruyamment dans la salle. Ils ne se retournaient même plus sur l'arrivée du blond. Son petit numéro du –j'arrive après tout le monde, pour que le dit tout le monde me regarde quand j'entre- ne fonctionnait plus. Il s'assit près de ses amis, les deux molosses, la colle patte et le métis, et enfourna machinalement une cuillère de miel dans sa bouche.

Ce simple geste anodin pour le commun des mortels fut remarqué par deux personnes : le directeur dont les yeux montraient une lueur enfantine de joie mêlée à de la conspiration, ainsi que le balafré dont le souffle fut coupé.

Le blond suçota pensivement sa cuillère. Mouvement qui provoqua un certain émoi à l'autre bout de la salle. Avec emphase, le brun prit sa cuillère et la tendit vers le pot. Pourquoi n'avait-il jamais eu l'idée d'en manger à même sa cuillère ? Pourquoi avait-il attendu de le voir lui, l'autre, le faire pour avoir une envie furieuse d'y gouter ? Il reproduisit le geste. Et se dit un instant, bref, mais pourtant réel, que la saveur devait surement être divine à même la bouche du blond.

Surpris, il manqua de s'étouffer avec son délice en bouche. Quelle morte plus sublime ? Et non, il ne pouvait pas avoir sérieusement pensé à ça !

Le ton rouge de ses joues interpela ses amis. Mais sa soudaine suffocation était une raison suffisante à leurs yeux. Quand il se leva d'un bon, un pot de miel à la main, ils ne furent pas plus étonnés que cela et le regardèrent partir non sans en rire.

Le mimétisme de la scène n'avait pas échappé au prince. Quelque par, la maladresse de son ennemi le fit sourire. Lui au moins savait manger sans se tuer à la tâche.


Je lance un appel à la mer virtuelle qu'est ffnet. A celles et ceux qui apprécieront ce début, la suite est déjà quasi écrite, mais il me manque un passage important : le lemon. Il se trouve que je n'ai aucun talent dans les descriptions de scènes érotiques. Je recherche donc quelqu'un qui serait tenté, amusé, inspiré pour m'aider à l'écrire. Si je n'ai aucune manifestation dans les prochains jours, il faudra malheureusement s'en passer.

N'oubliez pas le concours pour le bisou virtuel.

A très bientôt.