Titre: Overdrive
Auteur: Chaz Hatake (a.k.a. L)
Couple(s): Le plus simple est de vous faire la liste des personnages masculins: Naruto, Sasuke, Neji, Sai, Gaara, Kakashi, Iruka, Shikamaru, Itachi, Deidara, Pein, Kimimaro, Orochimaru... Maintenant, vous mélangez le tout et vous obtiendrez la plupart des couples présents :PP
Raiting: M+
Genre: Yaoi, Lemon, Lime, Shonen-ai, UA, NCS (certainement ), Slash, bref, je peux pas vraiment prévoir jusqu'où cette fic va me mener...
Disclaimer: Masashi Kishimoto me les a gentiment prêtés... Vous ne me croyez pas...? Vous avez raison, je les ai honteusement pris XD...
Avertissement : Cette fiction traite de relations homosexuelles plus ou moins explicites. Homophobes, suicidez-v… Euh, passez votre chemin… !
Chapitre premier : Winds of Change
- NON, JE TE DIS !!
Le jeune homme frappa violemment son verre contre la table. Ses mains tremblaient de rage.
- Calme-toi. On a pas d'autres solutions. Il faut…
- JE REFUSE DE L'ABANDONNER !!
Tout le bar se retournait à ce moment vers la furie blonde qui s'était levée, plaquant les deux mains sur la table. Il lançait un regard furieux à son vis-à-vis, qui continuait de le fixer de ses grands yeux clairs, serein.
- Pchuuut !… Tout le monde te regarde ! chuchota la serveuse aux cheveux roses.
Un troisième garçon autour de la table soupira en se pinçant l'arrête du nez.
- Naruto… S'il te plaît, il faut que tu comprennes...
Le nommé respirait bruyamment et tourna son regard vers lui, en passant nerveusement son piercing à la langue sur sa lèvre inférieure.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse d'un guitariste à qui il manque un doigt… ? continua le troisième, passant un doigt dans ses cheveux bruns, gêné.
La serveuse s'approcha de Naruto et lui posa une main dans le dos, le caressant doucement.
- Ecoute, je sais que tu voudrais garder Lee, mais… Vous ne pouvez pas. Il lui faudrait plusieurs mois de rééducation… Alors que…
Elle marqua une pause et s'éclaircit la gorge, rougissant un peu.
- Alors que je connais un excellent guitariste qui recherche un groupe.
Naruto baissa la tête. Après quelques secondes, un ricanement sourd se fit entendre.
- Lui… ? Tu te fous de ma gueule… ?
- Naruto, je sais que tu ne l'apprécie pas trop, continua le deuxième garçon aux yeux clairs en mettant une longue mèche de ses cheveux noirs derrière les oreilles. Mais il est vraiment bon !…
Il se tourna vers la jeune fille.
- Sakura, tu peux lui envoyer un SMS de notre part… ?
- Hum… Je crois qu'il a cours maintenant.
- Il est dans quelle fac ? demanda le troisième.
- Sciences criminelles, répondit Sakura avec une pointe de fierté dans la voix.
Naruto se redressa violemment, les toisant d'un regard mauvais.
- Franchement… Vous me dégoûtez.
Il prit sa veste d'un geste vif pendant que le garçon aux cheveux sombres tentait de le retenir par la manche.
- LÂCHE-MOI, NEJI !… Je vais voir Lee à l'hôpital, moi qui est encore un peu de respect pour lui !!
Il s'en alla à grand-pas en direction de la sortie du bar, empoignant sa guitare au passage.
- NARUTO ! hurla le brun en se levant.
- Laisse-le, Kiba, souffla Neji. Il finira bien par se calmer tout seul.
La porte du bar claqua.
- Sakura, demande à Sasuke de nous rejoindre ici après ses cours.
Se recroquevillant sur son siège, Neji sortit son propre portable à commença à pianoter les touches.
- T'écris à qui, toi ? demanda Kiba.
- … T'occupe.
Le brun se refrogna, tripotant machinalement ses oreilles percées. Son bassiste était décidément vraiment secret en ce qui concernait sa vie privée…
Il sortit des baguettes de batterie de son sac et commença à frapper en rythme sur la table. Neji, agacé, leva les yeux en haussant son arcade percée.
- Kiba… Tu voudrais pas réviser tes cours plutôt ? T'as un examen dans deux semaines, non ?
- Ouaip, anotomie animale… Super. Toi, il me semble que t'en fous pas une !
Neji se redressa en rangeant son portable.
- En médecine ? Tu rigoles ? J'ai une dizaine d'examen le mois prochain. Demande à Hinata, elle me voit bosser tous les soirs.
- Ah ! Ca se passe bien votre collocation ? Elle… invite pas trop de monde ?
Le bassiste sourit.
- Tu veux savoir si ta copine est fidèle ?
- NON ! Non non… C'est pas ça… C'est que… Je veux juste m'assurer que tu aies assez de silence pour… hum… travailler…
Neji lui répondait qu'il était un bien piètre menteur lorsque Sakura réapparut.
- Sasuke arrive dans vingt minutes. Je vous ressers quelque chose en attendant ?
Le noiraud fouilla dans ses poches en rosissant un peu. Kiba sourit.
- Deux bières, s'il te plaît. C'est moi qui offre.
Emportant les deux précédents verres, la jeune fille s'éloigna.
- Tu n'as pas besoin de faire ça… murmura Neji en se recroquevillant sur son siège.
- Tu rigoles ? Entre potes, on se sert les coudes… Et je sais que depuis que ta famille… Enfin…
Le batteur était le meilleur pour se mettre les pieds dans le plat. Une lueur triste apparut dans le regard de Neji, qui détourna le visage.
- D'ailleurs… Enfin, tu ne m'as jamais dit pourquoi ta famille t'avais… Renié… Tu… veux pas qu'on en parle ?
Neji leva les yeux sur lui en fronçant les sourcils.
- Si je ne t'ai jamais rien dit, ça ne te serait pas venu à l'esprit que c'est parce que je n'ai pas envie d'en parler ?!
Le visage du batteur s'empourpra violemment. Il venait de faire une gaffe.
- Excuse-moi… C'est juste que… Enfin, tu vois, on est amis depuis longtemps et… Je vois bien que quelque chose te préoccupe et que…. Voilà… Si une fois t'as besoin de parler…
- Laisse tomber.
L'ambiance se refroidit brutalement. Kiba écarquilla les yeux, fixant son ami qui avait toujours le regard dans le vide. Sakura arriva au moment où Neji reçut un message, coupant enfin le silence pesant qui s'était installé.
- Vous en faites une de ces têtes ! s'exclama-t-elle en posant les boissons. Vous parlez encore de Naruto ?
- Euh… commença Kiba.
- Exact, le coupa Neji en rangeant à nouveau son portable, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres.
La jeune fille le remarqua aussitôt.
- Et peut-on savoir qui a le don de te mettre de si bonne humeur ?
- Non, bande de curieux, répondit Neji d'un ton jovial. Occupez-vous de vos oignons.
Sakura appuya son plateau contre elle en soupirant.
- Mis à part tes cachotteries, j'espère que Naruto a pu se calmer. C'est vraiment moche ce qui est arrivé à Lee…
XXXXX
Le silence se faisait lourd aux oreilles de l'écrivain. Il continuait de fixer l'écran de son ordinateur portable, espérant en vain que l'inspiration lui reviendrait… Inspiration qui lui venait en diversifiant ses expériences et ses conquêtes.
Après une enfance difficile, cet hédoniste avait décidé de jouir de la vie au maximum… Dans tous les sens du terme.
L'homme soupira en s'étirant sur sa chaise. Il plaça ses deux mains derrière la nuque et relut pour la centième fois la phrase qu'il avait tapée il y avait approximativement une heure de cela.
« Sa langue râpeuse et chaude allait et venait sur le membre du brun, haletant. »
Il la relut encore. Et encore.
« Mauvais. C'est mauvais. »
Le doigt sur son clavier, il s'apprêtait à effacer son texte lorsque son portable se mit à sonner.
- Moshi moshi, dit-il d'une voix morne.
- « Takeshi ? »
L'homme sourit.
- Vous n'avez pas à m'appelez par mon nom de plume, Tsunade-sama.
- « Excusez-moi, mais c'est vrai que j'ai vraiment adoré votre dernier livre… Pardon, je m'égare. J'ai besoin de vous. Pourriez-vous venir à mon bureau au plus vite ? »
L'écrivain acquiesça en passant une main dans ses cheveux argent, avant de boucler le téléphone. Il regarda l'état de ses vêtements… Non, décidément, ce n'était pas une tenue pour aller voir le maire. Son vieux t-shirt blanc était rapiécé et sale, depuis combien de temps de s'était-il pas changé déjà ?
Perdu des ses pensées, il se dirigea vers sa pile de linge. Il devait sérieusement se mettre à ranger son appartement. Dans la deuxième pile, il choisit un pull moulant noir qui avait l'avantage de le mettre en valeur tout en restant sobre. Il décida de garder son jean ample et enfila rapidement son manteau sombre, qui lui donnait de faux airs de journaliste, avant de passer rapidement la porte.
XXXXX
Naruto respirait encore bruyamment alors qu'il était déjà loin du bar. Ses mains tramblaient presque convulsivement ; il n'aimait pas quand la rage l'aveuglait à ce point.
Cet abruti… C'est lui qui allait faire partie de son groupe… Et les deux autres qui avaient l'air de se ficher complètement de leur ami…
Il se dirigea vers un kiosque et s'y engouffra vivement. Il n'avait pas remarqué jusque là à quel point le froid était pénétrant cet après-midi-là.
- Tiens, bonjour Naruto !
Le blond grommela quelque chose qui ressemblait à une salutation en direction du vendeur tout en recherchant des pièces au fond de ses poches.
- Donnez-moi les rouges, s'il vous plaît, marmonna-t-il sans hausser le regard.
- Tiens, je croyais que tu avais arrêté de fumer, lui dit son interlocuteur en lui tendant un paquet de cigarette et en encaissant l'argent.
- Moi aussi. Au revoir.
Une brise glaciale l'enveloppa lorsqu'il sortit du petit magasin. Ce début de printemps n'était vraiment pas des plus cléments, pensa-t-il en remontant le col de sa veste orangée.
Le blond s'engouffra dans une petite impasse où l'odeur nauséabonde des déchets entassés depuis des semaines flottait. Il sortit le paquet préalablement acheté en évitant soigneusement de se poser trop de questions pour éviter les crises de conscience et glissa une cigarette entre de ses lèvres, tout en sondant ses poches à la recherche de son briquet, qu'il trouva aisément due à la forme imposante de l'objet. Il passa de longues secondes à l'observer, passant ses longs doigts sur la fine inscription, « FoXxX », le nom de son groupe. Bien qu'ils en soient encore au stade de groupe local, ils commençaient à acquérir une certaine notoriété dans la ville et les alentours… Cette pensée fit sourire le blond avant qu'il ne se décide à enfin allumer sa cigarette et à inspirer une longue bouffée. Il recracha longuement la fumée, qui formait alors de fines volutes s'échappant d'entre ses lèvres, puis se mit subitement à tousser alors que sa tête se mettait à tourner légèrement. Cependant, il sentit ses membres se détendre peu à peu alors qu'il s'appuyait dos au mur tagué, levant ses yeux azurs au ciel, celui-ci grisâtre et nuageux. Il reprit une bouffée de tabac et se mit à observer la cigarette qu'il avait coincée entre ses doigts, perdu dans ses pensées. Il n'arrivait pas à définir comment il se sentait tant des émotions diverses l'envahissaient ; tantôt la colère, tantôt la tristesse ou encore l'incompréhension. Ce qui était sûr, c'est qu'il avait besoin de parler à son ancien guitariste, à son ami.
Le blond commençait à avoir sérieusement le tournis ; il décida de jeter la cigarette à peine entamée et de se remettre à marcher en direction de l'hôpital à pas traînant.
XXXXX
- Ah ! Vous avez fait vite. Je vous en remercie.
L'homme salua mollement de la main. Il n'avait jamais été connu pour son énergie débordante, pensa le maire avec amusement. La pièce était très sobrement décorée, avec pour unique touche de couleur quelques fleurs à moitié fanées sur le bureau.
- Bonjour, Hatake-san… lança quelqu'un d'une petite voix.
L'écrivain tourna la tête et sourit en découvrant l'homme qui l'appelait.
- Tiens, Umino-san… Bien dormi ?
Le deuxième rougit vivement en détournant le regard. Haussant légèrement les sourcils, le maire pouffa.
- Je ne poserai aucune question… dit-elle en s'empourprant doucement à son tour.
- Il vaut mieux pour vous… Avec tout le respect que je vous dois, évidemment, répliqua l'écrivain, un petit sourire coquin au coin des lèvres.
C'est vraiment un bel homme, comme on en voit rarement de nos jours, pensa Tsunade en rougissant de plus bel. Il pourrait simplement me prendre sur le bureau et…
Le maire chassa vivement ces pensées en s'éclaircissant bruyamment la gorge, essayant de reprendre contenance.
- Hum… Kakashi-san, Iruka-san, s'il vous plaît, prenez place. J'ai quelque chose d'important à vous demander.
Pendant que le deuxième s'installait, l'écrivain enleva lentement son manteau et s'étira, le pull tiré contre le haut révélant son bas-ventre agréablement musclé. Iruka, rougissant violemment, ne put détourner le regard du fin tracé de poils qui semblait lui indiquer le chemin à suivre vers…
« Et mede… »
Iruka se recroquevilla en se cachant le visage d'une main, pendant que le maire concentrait tant bien que mal son regard sur le pot de fleurs. Kakashi ne sembla pas le remarquer, tandis qu'il s'asseyait tranquillement sur son siège.
- Bon, messieurs, calmons-nous…
L'écrivain écarquilla les yeux.
- Je vous demande pardon… ?
Un silence pesant s'abattit dans le bureau. Kakashi paraissait n'avoir toujours pas compris.
- Venons-en à nos moutons… Etant les tuteurs respectifs de Sasuke Uchiwa pour vous, Kakashi-san, et de Naruto Uzumaki pour vous, Iruka-san, nous avons pu remarquer que, malgré leurs enfances difficiles, nous avons pu, ou plutôt, vous avez pu, en faire de jeunes hommes à peu près stables, bien éduqués et charmants.
L'écrivain hocha poliment la tête.
- Il a son caractère bien à lui, mais il ne me semble de loin pas invivable.
- Pas selon Naruto, cependant, rétorqua Iruka en riant. Ils ne s'entendent pas du tout.
- Oui… ajouta Kakashi, amusé. Par contre, en ce qui concerne Sasuke… Je n'ai pas pu atténuer sa soif de vengeance. Il n'y renoncera jamais, à mon avis.
La maire appuya ses coudes sur la table et appuya la tête sur les poings, pensive.
- Son frère, n'est-ce pas ? soupira-t-elle. Ca me semble impossible, effectivement, après ce qu'il lui ait arrivé… D'ailleurs, nous n'avons plus de nouvelles de lui et de sa « bande ».
- J'ai l'impression qu'en ce qui leur concerne, c'est « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ». Quand on apprend quelque chose d'eux, ce sont généralement des meurtres, continua Iruka. Je tente de sensibiliser mes élèves à ça pendant les cours, les encourager à ne pas sortir trop tard.
- Hey, vous vous occupez d'adolescents… soupira Kakashi. Comment leur dire de ne pas sortir…
- Au moins, j'essaie, moi ! Je ne reste pas dans mon appartement à…
- CA SUFFIT !
Le maire frappa le bureau du poing, faisant tomber le vase à terre. Kakashi haussa les sourcils.
- Vous êtes insupportables, vous deux… Vous me faites penser à… Tiens, Naruto et Sasuke justement…
- Ne vous en faites pas pour ça, Tsunade-sama, dit Kakashi d'une voix morne. Nos chamailleries ne durent jamais très longtemps.
Iruka étouffa une exclamation.
- S'il vous plaît, peut-on en revenir à nos moutons… ? susurra le maire, se pinçant l'arrête du nez.
- …Bien sûr, conclut Iruka.
- Très bien… Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Avez-vous lu les journaux dernièrement ? Etes-vous au courant de l'histoire de Danzou ?
- Bien sûr, murmura Kakashi dans un soupir, son regard se perdant dans le vide. Quinze ans, c'est ça ?
- Vingt ans, rectifia Iruka.
- C'est exact, continua Tsunade. Pendant vingt ans, il a… enfermé ce gosse dans sa cave.
L'écrivain haussa les sourcils d'étonnement, étirant la fine cicatrice qui lui barrait l'œil gauche.
- L'enfant, ou plutôt, l'adulte maintenant, se trouve dans la pièce d'à côté. Iruka-san, je sais que vous êtes très pris part votre travail, mais… vous, Kakashi-san, je me demandais si…
- J'accepte.
La réponse abrupte de l'écrivain stupéfia le maire. Elle mit quelques secondes avant de continuer, soutenant le regard que Kakashi avait levé sur elle.
- Vous êtes bien sûr, Kakashi-san ? Le sociabiliser ne va pas être une mince affaire… Il ne connaît aucune émotion, n'a jamais été confronté à autrui, il…
- Je vous dis que j'accepte, coupa l'écrivain. Je sais ce que c'est de cacher ses émotions. Je saurais en faire un jeune homme tout à fait convenable, peu importe le temps que cela me prendra.
Iruka s'émut d'un seul coup. Malgré son apparence froide, cet homme avait vraiment un grand cœur… Il prit la parole :
- Hatake-san, malgré mon emploi du temps passablement chargé, je vous aiderai dans la tâche.
- Merci, Umino-san… Passez chez moi tout à l'heure, nous en discuterons autour d'un saké.
Le regard que l'écrivain lui lança à ce moment était plus qu'éloquent. Et le professeur le savait bien, le cocktail Kakashi plus saké était vraiment traître…
A nouveau, le maire se racla la gorge.
- Vous êtes incorrigible, Kakashi-san. Je suis désolée de vous coupez, mais l'affaire est importante.
Elle expliqua que le garçon devait être écouté par plusieurs psychologues dans l'après-midi avant que le conseil statue sur son cas et qu'il déciderait si le jeune homme allait effectivement être placé sous tutelle.
- Toutefois, poursuivit-elle, je voudrais que vous le voyiez personnellement. Ca nous fera un avis de psy en plus, bien que vous n'exerciez plus en tant que tel.
Le regard perdu, l'écrivain médita quelques instants avant d'acquiescer et de se lever. Iruka l'observa se déplacer à pas lents vers la pièce où le garçon avait été placé. Kakashi respira longuement avant de tirer la poignée…
La porte donnait sur une petite pièce faiblement éclairée. Il n'y avait là qu'un petit bureau et une vieille chaise, sur laquelle était assis le jeune homme en question. Celui-ci leva doucement la tête, ses courts cheveux noirs de jais et ses yeux sombres et profonds faisaient terriblement contraste avec sa peau d'une pâleur extrême, pensa l'écrivain. En voyant ce dernier entrer, le garçon posa son pinceau, interrompant son dessin.
- Bonjour, dit-il en inclinant poliment la tête et esquissant un sourire.
Kakashi le salua en retour tout en prenant une chaise. Le jeune homme en face de lui ne cessa pas de sourire, bien que son regard semblait vide.
- Je m'appelle Kakashi Hatake, et je serai ton tuteur à partir de demain si tout se passe bien.
- Enchanté, Kakashi-sempai. Vous êtes très beau.
L'écrivain haussa les sourcils d'étonnement.
- J'ai lu dans un livre que complimenter les gens permettait de se rapprocher d'eux. Je suppose que nous allons bien nous entendre à partir de maintenant.
Le sourire du garçon s'étira un peu plus.
- On peut dire ça comme ça, dit Kakashi en souriant à son tour. Dis-moi, comment tu t'appelles ?
- Hum… Je ne sais pas, répondit le noiraud. Danzou me donnait différents noms. Il disait qu'appeler quelqu'un par son prénom suggérait un attachement, alors il changeait fréquemment.
- Je vois… soupira l'écrivain. Bien, tu n'as qu'à choisir celui que tu préfères alors, parce que moi, je compte bien à ce qu'il y ait un attachement.
Le garçon parut étonné, bien que son sourire ne s'évanouit pas.
- Celui que je préfère ?…
Il inclina la tête en réfléchissant.
- Je ne comprends pas.
- Je ne sais pas, il y en a bien un dont la sonorité te paraissait plus agréable. Dis-moi lequel.
Il eut quelques secondes de silence, pendant lesquelles le jeune homme avait le regard perdu dans le vide. Finalement, il parut se décider.
- Je ne vois pas trop lequel, mais le dernier prénom qu'il m'a donné était… Sai. Alors, je pense que je pourrais garder celui-ci.
L'écrivain sentit son cœur se serrer. « Il ne sait pas ce que c'est d'apprécier telle ou telle chose », pensa-t-il.
- Bien, Sai. Va pour ce prénom s'il te convient. Nous devons te faire des papiers car tu n'en as pas pour le moment. Tu veux bien que l'on discute un moment ?
XXXXX
- Bonjour…
Naruto poussa doucement la porte et découvrit son ami assis sur le lit, habillé d'une longue chemise blanche (« ça change des pantalons moulants verts », pensa le blond qui chassa vite cette remarque). Ses cheveux sombres, habituellement plaqués sur son crâne, retombaient à présent mollement sur son visage déconfit. Le guitariste leva un regard triste en direction du nouvel arrivant.
- 'Lut, murmura-t-il à peine audiblement.
Il caressait du bout des doigts sa main mutilée entourée d'un gros bandage, qui laissait entrevoir un espace vide entre le pouce et le majeur.
- Ils m'ont opéré ce matin, ajouta-t-il après quelques secondes de silence. Ils ont dit que la nécrose de mon doigt était déjà trop avancée… Naruto, ils ont dû tout amputer…
Une larme roula doucement sur sa joue.
- Naruto… !
La voix du noiraud se noya sous un sanglot.
Le cœur de Naruto se serra brutalement dans sa poitrine alors qu'il s'efforçait désespérément d'être fort. Il prit une chaise et s'assit en face de son ami, avant d'enfouir sa tête entre ses mains, respirant bruyamment.
- Lee… C'est un vrai cauchemar ce qu'il t'arrive… Je ne sais pas quoi te dire…
A ce moment, le noiraud éclata bruyamment en sanglots, cachant son visage de sa main intacte.
- C'était toute ma vie !! Comment je vais faire maintenant, hein ?! T'as déjà vu un guitariste avec un doigt en moins ?! Hein, Naruto !?
- Arrête, s'il te plaît… susurra le blond entre ses mains.
- Mon rêve… Tout est fini ! C'est foutu, je peux plus rien faire, maintenant !!
- Arrête, Lee…
- NARUTO, C'EST FINI POUR…
Le blond n'avait pas pu contenir la gifle qui foudroya son ami, paralysé sous la vitesse du coup. Naruto ne bougea plus, respirant toujours bruyamment.
- Lee, tu vas m'écouter maintenant. Tu vas te calmer. Quand tu sortiras de l'hôpital, tu reprendras ta guitare et tu essaieras de faire quelques accords. Peut-être que tes solos ne seront plus aussi rapides, mais… Je te connais, Lee. Il t'en faut bien plus que ça pour t'abattre.
Il mit ses deux mains sur les épaules du noiraud, l'obligeant à le regarder. Des larmes roulaient encore sur les joues de l'ancien guitariste, mais il semblait s'être apaisé.
- Tu peux le faire, Lee. J'en suis persuadé.
Le temps semblait alors s'être arrêté entre les deux amis qui s'observaient profondément ; de longues secondes s'écoulèrent avant que le noiraud esquissât enfin un sourire.
- Merci… Naruto.
Lee s'interrompit un instant pour sécher ses larmes avant de reprendre.
- Vous… vous m'avez déjà trouvé un remplaçant pour le concert de la semaine pro…
- Je refuse de te trouver un remplaçant, coupa Naruto d'une voix forte.
- Naruto… C'est normal. Je ne vous en voudrais pas pour ça…
- Tout ce que je veux pour l'instant, c'est retrouver le connard qui t'as fait ça.
Lee sourit doucement de l'ingénuité du blond à réagir à une situation comme celle-ci, alors qu'il posait à son tour une main sur l'épaule de son vis-à-vis.
- Je ne lui en veux pas.
- Comment ça, tu ne lui en veux pas ?! lança Naruto en levant brusquement la tête, choqué. Il t'a…
- Il est malade. Très malade. Ils l'ont interné hier.
Le blond écarquilla les yeux.
- Il a une grave dépression, continua le noiraud.
- Et alors ? Moi aussi je suis en dépression, c'est pas pour ça que je m'amuse à casser la gueule à tous ceux que je croise et que je leur coupe…
- NARUTO… ! Il est schizophrène !…
Sur le coup de la nouvelle, le blond s'affala sur sa chaise, abasourdi.
- … Oui, il est schizo… Ce n'est donc pas vraiment lui qui a fait ça… Je ne peux pas lui en vouloir, je sais qu'il se sent très mal… C'est bon, maintenant. J'ai retourné la question plusieurs fois dans ma tête ces deux derniers jours, et… Je ne lui en veux pas.
Le blond enfouit à nouveau son visage dans ses mains.
- Lee… C'est effarant ce qu'il t'arrive… Et pourtant, tu continues à être philosophe, je comprend pas… Je ne sais pas quoi faire…
- Moi, je vais te le dire. Dans un petit moment, l'infirmière va venir pour refaire mon pansement. Toi, tu retournes voir le groupe et vous me trouvez un remplaçant… Demande à l'Uchiwa. Je sais qu'il est très bon et qu'il recherche un groupe…
- Qu'est-ce que vous avez tous avec ce mec ?! s'exclama Naruto.
- Tu lui en veux toujours de t'avoir battu à la compétition ?…
- M… Mais pas du tout… !
Le blond croisa les bras et fit une mine boudeuse ; le noiraud eut un petit rire.
- D'accord, d'accord… Quoiqu'il en soit, tu devrais l'engager, ou tout du moins, lui donner une chance. Il est vraiment doué et fait de supers impros.
Naruto émit un grognement indistinct.
- J'interprète ce « Groumpf » comme un d'accord, si tu veux bien, répliqua Lee avec un sourire. Et moi, pendant ce temps, je vais tâcher… de… m'habituer à ma nouvelle main.
Le blond leva un regard peiné en direction du noiraud qui détourna alors les yeux, une lueur triste au visage.
- Je… Je vais me battre, Naruto. Tu verras. Je vais réussir, je vais me relever…
Son vis-à-vis ne dit rien.
Après quelques secondes, une infirmière potelée fit son entrée dans la chambre.
- Rock-san, je vais changer votre pansement… Je dois malheureusement demander à votre ami de quitter la chambre.
Le noiraud regarda son ami pendant que celui-ci se levait doucement, réajustant sa veste et empoignant sa guitare. Il se dirigea nonchalamment vers la sortie, impassible.
- Hey, Naruto… !
Alors qu'il s'apprêtait à passer la porte, le blond se retourna.
- Je… Je vais y arriver, hein… ? Je vais réussir, n'est-ce pas ?…
Son vis-à-vis força un petit sourire.
- Oui, Lee. Tu vas y arriver.
- …Merci, Naruto. A plus.
Le blond se retrouva alors dans le couloir et adressa un petit signe de main à Lee avant de refermer la porte derrière lui. Il regarda devant lui, cligna des yeux, se força à mettre un pied devant l'autre…
Après quelques pas, Naruto appuya son épaule contre la parois du couloir et, peu à peu, ses jambes se mirent à flancher et il s'écroula à genoux, cachant son visage d'une main. Un médecin accourut immédiatement vers lui.
- Monsieur ! Est-ce que ça va ?… Monsieur !…
Mais Naruto n'entendait plus. Il ne sentait que les larmes qui lui roulaient sur les joues.
