Into the Fire, the end which's never coming.
Disclaimer : Les personnages sont à Stephenie Meyer, je ne fais qu'emprunter ses personnages. L'histoire m'appartient, elle sort tout droit de mon cerveau =)
Résumé : Bella, dans une tentative désespérée pour échapper à la vie qu'elle a, essaye de se suicider. Sauvée et transformée par la famille Cullen contre son gré, elle va faire vivre un enfer à ses sauveurs. Entre haine et amour qui remportera?
Je suis débutante, c'est ma première fiction, donc un peu d'indulgence serait de mise. J'espère que l'histoire vous plaira, c'est un essai pour l'instant. J'ai écrit ce chapitre avec la musique Satellite Heart, d'Anya Marina, juste pour info.
Bonne lecture, et bonne visite, j'espère que ça vous donnera l'envie de continuer à lire…
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Chapitre 1. Seule, elle n'oublie pas…
Face au monde, elle se sentait seule. Elle ne se rappelait plus ce qui l'avait mené ici la première fois, peu lui importait de toute façon. Elle ne savait qu'une chose : elle était définitivement seule… La vie n'avait plus aucun sens à ses yeux. Elle n'apportait rien à personne. Qui pourrait encore l'aimer alors que tout le monde l'avait abandonné? Elle se posait la question maintes et maintes fois… Son bien-aimé l'avait quitté, ses amis s'étaient éloignés, alors qu'elle n'attendait qu'une seule parole de réconfort. Le réconfort n'était jamais venu et elle se sentait dépérir à vu d'œil.
Assise sur le rocher surplombant la mer bleue éclatante, elle pesait le pour et le contre. A qui manquerait-elle ? Elle voyait bien certaines personnes : son père, sa sœur… Elle n'avait plus qu'eux. C'est d'ailleurs pour ces personnes qu'elle vivait encore. Mais aujourd'hui, le découragement avait pointé son nez, la narguant de toute son ampleur…
Ses pieds l'avaient mené ici, son refuge. Ce simple rocher avait montré plus de compassion que toutes les personnes vivantes réunies. Il avait recueilli la plupart des larmes qu'elle avait versées, patient, attendant l'interruption du flot qui n'arrivait jamais. Ses larmes ne prenaient jamais fin, tout comme son malheur…Mais pourtant, A chaque fois qu'elle partait, elle avait le cœur un peu moins gros. C'est peut-être pour cela qu'elle s'était dirigé là où tout avait commencé, le commencement de sa fin… Elle avait pourtant encore un petit espoir que tout s'arrange pour elle, que la vie l'épargnerait pour une fois. Mais elle était réaliste. Elle n'avait pas demandé grand-chose : un peu d'attention, ne plus être transparente, retrouver l'amour et oublier l'ancien, oublier la peine, oublier tout et simplement… Elle n'avait rien eu. Elle avait toujours été solitaire, mais maintenant elle ressentait le dangereux besoin de se faire remarquer. C'était devenu un besoin pressant, qui s'avéra impossible à combler. Malheureusement, personne ne daignait la regarder. Ils avaient tous peur de voir l'étendue des dégâts…
Comme elle aurait aimé appuyé sur un bouton qui effacerait toutes les mauvaises choses, toutes les souffrances qu'elle avait endurées. Quand elle regardait les jeunes de son âge, qui l'entouraient, elle se demandait comment l'insouciance pouvait les noyer à ce point. Ils ne semblaient pas conscients du monde qui les entourait, du mal et de la perversité des gens, du malheur tout simplement.
Elle aimait les observer, se mettre à leur place, juste pour quelques minutes. Elle voyait à travers eux, la douleur moins présente. Pendant quelques minutes, elle avait la tendre illusion que tout revenait comme avant, comme avant la méchante période… Mais la réalité revenait au grand galop, la frappant dans le ventre jusqu'à qu'elle se couche définitivement à ses pieds. L'imagination n'avait pas de place…
Elle n'avait jamais été quelqu'un de marquant. Mais depuis un an, elle était devenue simplement Pas assez aux yeux de tout le monde. Pas assez intéressante, pas assez belle, pas assez intelligente, pas assez amusante… Pas assez, toujours dans la moyenne. Elle-même en était maintenant persuadée, rajoutant encore un pas assez : pas assez vivante. Que pouvait-elle y faire ? Elle ne pouvait pas changer sans l'aide de quelqu'un. Le vide s'était créé une place dans son univers. Il était confortablement installé et ne voulait partir, trop heureux de semer la zizanie dans sa vie.
A quoi servirait-il alors de rester une journée de plus en vie ? La question tournait sans cesse dans sa tête, déjà depuis un petit moment. Elle polluait la Terre, l'intoxiquait par sa présence… Elle avait donc décidé, quand elle avait ouvert les yeux ce matin, de mettre fin à ses jours, sans regrets et avec un certain soulagement. Elle n'aurait plus à supporter l'existence qu'une force supérieure, Dieu selon certaines croyances, lui a imposée. C'était comme un pied-de-nez, une moquerie, une leçon pour la Vie.
Elle regardait le paysage qui s'étalait devant elle, sereinement pour une fois, les yeux à sec, ce qui était encore exceptionnelle. Elle profitait de la vue une dernière fois.
Elle avait tout prévu : le matin même, après s'être assuré que le peu d'êtres vivants se préoccupant d'elle soient partis, elle avait écrit une longue lettre, leur expliquant ses intentions, ses raisons, ses excuses, et ses sentiments. Elle ne leur causerait finalement pas trop de mal, elle avait plus été un poids qu'autre chose… Elle en était alors tellement convaincue.
Après cela, elle a pensé à une manière honorable d'en finir. Elle voulait aller dans un endroit qui l'avait marqué, elle voulait en finir avec la vie et ses obligations là où elle avait commencé à s'en lasser. Une fin honorable, c'était tout ce qu'elle demandait. Pendant qu'elle réfléchissait, son cœur débordait d'une nouvelle conviction qui la faisait enfin avancer. Elle s'était mise subitement à courir, se laissant guider par son cœur. Elle avait couru comme jamais. Elle avait fini par s'arrêter à La Falaise, Son endroit… Elle ne fut malgré tout guère étonnée, son instinct l'avait conduit tout simplement. Quel bel endroit pour mourir !
Depuis trois heures, elle était assise sur Le rocher, perdue dans ses pensées. Elle pensait aux derniers événements.
Il était parti il y a maintenant un an. Un an seulement. Elle avait pourtant l'impression qu'un monde séparait les deux époques. Autrefois, elle avait été heureuse, comblée par la vie. Elle avait un père on ne peut plus fier, des résultats scolaires excellents, des amis sur qui elle semblait pouvoir compter, la rendant chaque jour un peu plus heureuse. Un seul point noir obscurcissait sa vie à ce moment-là : Sa mère était morte, quand elle n'était qu'un bébé, elle ne l'avait alors jamais connue. C'était un manque mais elle avait apprit à vivre avec. Elle avait un entourage très présent mais parmi ses gens-là, une seule comptait réellement, les autres gravitants autours, attirés par leur amitié si belle et durable. Sa meilleure amie, qui était en réalité sa sœur de cœur, sa vraie sœur pour elle. Certes, elle avait sa sœur biologique, Aurélia, mais elle ne s'est jamais vraiment entendue avec. Trop différente, trop indésirable pour l'autre… Quand elle y pensait maintenant, elle se demandait ce qui les éloignait l'une de l'autre. Elle ne se ressemblait pas certes, mais ce n'était sûrement pas une raison… Elle aurait pu lui poser la question, mais les paroles semblent superflus, impossible à sortir en sa compagnie. Maintenant, elle regrettait un peu le comportement qu'elle avait eu avec Aurélia. Mais il était à présent trop tard pour les remords…
Avec Candice, sa meilleure amie, elle n'avait jamais eu ce problème. Les conversations ne prenaient jamais fin, il y avait toujours quelque chose à dire. Son look décalé et son sourire la rendait joyeuse à chaque fois qu'elle la voyait. Elles avaient tout fait ensemble depuis la petite section de maternelle. Pas une seule journée ne s'était passée sans qu'elles ne se voient. Elles confiaient tout et savaient tout l'une de l'autre. Elle différait pourtant au niveau de l'apparence : quand on les croisait dans la rue sans les connaître, on se demandait vraiment ce qu'elles faisaient ensemble. Mais malgré cela, elles étaient complémentaires : à partir du moment qu'on apprenait à les connaître, on ne pouvait plus les voir séparément. L'une était le prolongement naturel de l'autre. Malheureusement tout avait une fin, et cela elle ne l'apprendra que trop tard.
Candice. Il lui était difficile aujourd'hui d'y penser, elle représentait une blessure qui ne s'était jamais refermé. Cela lui faisait trop mal…
Tout avait été chamboulé le jour fatal, il y a de cela deux ans. Elles venaient à peine de se quitter, après un long week-end passé ensemble à rire et à parler. Candice devait rentrer chez elle, sa mère sévère et intransigeante ne cautionnant pas une journée de plus à traîner autre part que chez elle. Elles s'étaient quittés comme d'habitude, persuadées qu'elles se reverraient demain, et à recommencer à parler de son dernier mec, le beau Bastien, ou de celui de Candice, à discuter et à commenter les derniers ragots de leur lycée. Elle se rappelait exactement la scène : Candice se jetant dans ses bras tandis qu'elle lui faisait pleins de bisous, tout en rigolant. Candice s'en allant dans la voiture, se penchant par la fenêtre pour lui faire des signes de la main et en souriant à pleines dents. Candice partant définitivement.
Ce fut le lendemain matin qu'elle apprit la bien triste nouvelle. Le 2 août 2008.
Elle ne l'avait pas cru au départ, tout cela étant impossible pour elle, inconcevable. Elle n'avait pas le droit de partir de cette façon, elle était si jeune, et les plans qu'elles avaient fait ? Tous leurs rêves de gloire et de découverte du monde. Elles s'étaient promises de rester toute la vie ensemble, allant jusqu'à faire le pacte du sang. Avait-elle oublié tout cela ?
Comment Candice avait-elle pu lui faire ça ? La surprise, le dénie, la colère passés, elle cria longtemps, pleurant jusqu'à ce qu'on la bâillonne tout en la berçant doucement afin de la calmer. Elle se débattit. Elle pleura, pleura, cria, hurla à la mort pendant une heure durant, incapable de se calmer, de réaliser pleinement la nouvelle si terrible à ses yeux. Elle ne la reverrait plus jamais.
Un stupide mais fatal accident de voiture. C'était si bête ! Candice, la force de la nature par excellence a péri à l'âge de quinze ans et demi à cause du conducteur d'en face un peu trop bourré et fatigué qui a foncé sur le Coupet de sa mère, la réduisant au silence à jamais. En voulant éviter la voiture, sa mère tourna brusquement à gauche la voiture, n'ayant pas vu la falaise. La voiture tomba dans la mer. Le conducteur avait péri lui aussi, à cause de l'impact avec un arbre, et la mère avait survécu miraculeusement. Malgré tout, la mère s'était suicidé deux semaines plus tard, morte de chagrin et ne supportant plus la vie. On n'avait pas pu retrouver le corps de Candice, disparu dans le courant marin. Il n'y avait alors plus rien de la vie de sa meilleure amie.
Pour elle, Candice ne pouvait pas mourir comme cela, impossible.
Elle mit du temps à comprendre et à réaliser l'impact que cela avait sur sa vie. Elle n'arrivait pas à concevoir l'idée de ne plus jamais, au grand jamais revoir sa meilleure amie qui avait emporté la moitié de son cœur.
Quand elle le comprit, elle s'arrêta brusquement de pleurer, et entra dans un état de catatonie. Elle ne parlait plus, ne mangeait plus, ne sortait plus, ne dormait plus, ne réagissait plus. Ne vivait plus.
Elle ne sortit qu'une seule fois de son état permanent : lors des obsèques, le 6. Elle se leva pour la première fois depuis la nouvelle, s'habilla en conséquence sans prononcer un mot, et s'en alla seule, jusqu'au cimetière. La cérémonie se déroula lentement, l'église remplie. Candice avait beaucoup d'amis, de proches. Tout le monde l'adorait, elle rayonnait tellement qu'on ne pouvait pas la rater. Elle vivait sa vie à fond, comme si elle savait qu'elle ne serait pas très longtemps encore de ce monde. Ironie du sort. C'est l'ironie du sort, pensa-t-elle alors, Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers… Elle, était restée vivante alors qu'elle ne souhaitait à présent plus qu'une seule chose : mourir.
C'est dans cette église que Candice donnera son dernier cadeau avant de partir pour de bon : elle rassembla son frère Eric et sa meilleure amie, afin qu'ils surmontent ensemble la grande peine de sa perte.
Coïncidence, dira-t-on, ils se mirent à côté durant la cérémonie. Pendant le discours du prêtre, elle ne put retenir ses larmes et pleura sur l'épaule d'Eric… A la fin, elle ne put se relever, écrasée par le chagrin, bloquant ainsi le jeune garçon. Il porta donc la jeune fille qu'il connaissait depuis tellement longtemps, mais ne lui avait jamais vraiment parlé, ni regardé. La meilleure amie de sa sœur n'avait jamais attisé un quelconque intérêt chez lui… Mais quand il la vit, sans défense, au creux de ses bras, partageant la même douleur qui le déchirait à l'intérieur, il ne put s'empêcher de déposer un doux baiser sur ses lèvres, cherchant à calmer la douleur. Sans s'en rendre compte, la douleur du cœur d'Eric avait été remplacée par un amour inconditionnel pour la personne la plus importante pour sa petite sœur…
Quand la jeune fille repensait à cela, maintenant, sur son rocher, elle ne pouvait empêcher de laisser couler une larme sur sa joue blanche. La douleur des temps passés fut ravivée à l'évocation des anciens souvenirs… Le souvenir était encore brûlant, la perte toujours aussi présente… C'était une des raisons de sa volonté à mettre fin à ses jours. Elle ne pouvait plus vivre sans lui, plus maintenant, alors que son amour était parti à son tour. Elle se replongea dans ses souvenirs….
L'enterrement marqua le début de sa relation avec Eric. Son cœur recommençait douloureusement mais sûrement à battre normalement, et sa vie, aussi impossible que cela puisse paraître, à reprendre son cours. Il venait la voir tous les jours, partageant alors les souvenirs de la défunte tant aimée. Cet amour les rapprocha énormément. Elle voyait une part de Candice quand elle voyait Eric, et quant à lui, il ressentait la présence de sa sœur quand il discutait avec la jeune fille. Chacun trouva dans l'autre un ami, sans se rendre compte que plus le temps passait, plus l'amitié laissait place à un autre sentiment. Elle devint rapidement dépendante de son nouvel ami, ne supportant plus les jours où elle ne le voyait pas, cessait complètement de vivre sans sa présence à ses côtés. Elle négligeait ses anciens amis au profit du bel Eric, ne supportant plus la compagnie d'autres personnes. Son père ne pouvait plus lui parler, la communication complètement interrompue. Elle mettait sa vie entre parenthèses, comme si elle s'enfermait dans une bulle, beaucoup plus confortable et de meilleure compagnie que la réalité de la vie… Elle le regrettera plus tard.
Cela s'était fait tout seul. Un soir où il devait partir pour prendre soin de son père encore vivant et qui ne s'était pas remis de la mort de sa fille et de sa femme, il voulut lui dire au revoir, dérapa et l'embrassa. Il n'avait alors aucune arrière pensée, même si l'idée avait germé depuis quelques temps. Quand il se redressa, il se rendit compte de ce qu'il avait fait, et était terriblement gêné. Il ne voulait absolument pas l'effrayer, elle avait vécu trop de choses malheureuses, il devait être là pour elle, et non la brusquer. Malgré tout, une partie de son cerveau lui disait qu'il avait apprécié plus qu'il ne le fallait…
Eric voulut partir, mais elle le retint. Ils se regardèrent dans les yeux pendant un long moment, et elle se pencha, doucement, pour l'embrasser. Ce baiser fut doux, mais à force, devint plus passionné, plus langoureux…
Leur relation prit alors un tournant décisif. Ils étaient amoureux, et ils le savaient. La vie alla de mieux en mieux, l'un rendant la vie de l'autre plus supportable, plus vivable. Ils s'enfermèrent de plus en plus dans leur bulle, indifférent des autres, qui ne comprenaient pas ce qu'ils avaient vécu. Eux deux seuls savaient la peine qu'ils devaient apprivoiser. Cette situation dura un an, la première année sans Candice. Même si elle était toujours présente, elle se faisait oublier dans son esprit torturé.
Les vacances d'été étaient commencés depuis un mois déjà, et elle ressentait un besoin irrépressible de passer le plus de temps possible avec Eric, comme si elle ne pouvait pas croire que son semblant de bonheur puisse durer. Lui, depuis quelques temps, semblait distant et une lueur de tristesse brillait tout le temps au fond de ses yeux, dès qu'il se voyait. C'était cela qui l'avait alarmé en premier lieu. Elle avait raison, comme la plupart du temps. Un jour, alors qu'elle était nichée dans l'étau de ses bras, Eric lui annonça que son père avait décidé de quitter la ville, trop chargée de souvenirs douloureux. Son père ne pouvait surmonter la mort de la moitié de sa famille là où elle avait péri, et voulait donc partir, déménager pour ne plus jamais revenir. Sa décision était irrévocable, et il ne voulait pas revenir dessus, se contentant de faire les cartons et de pleurer en silence, laissant son fils désemparé.
Elle se souvenait encore de la conversation qu'ils avaient eue, la dernière qu'ils eurent…
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Il faut que je te dise quelque chose, un truc que j'ai essayé de te dire à plusieurs reprises. Mais te voir me bloquait, commença doucement Eric, les yeux fermés, alors qu'il la tenait dans ses bras, assis tous les deux dans l'herbe de la prairie environnante.
Elle fut tout d'abord surprise. Il n'avait jamais eu de problèmes à lui parler de ce qui n'allait pas. Il se disait tout. Elle se ressaisit.
Vas-y, dis moi, tu n'as pas avoir peur de me dire la moindre chose, répondit-elle.
Avant, je voulais préciser que cela m'arrache le cœur de te faire cela… Je ne… Je ne voulais pas, la décision ne dépendait pas de moi. Tu sais combien tu comptes pour moi et combien… combien je t'aime.
Tu commences vraiment à m'inquiéter. Ce n'est pas grave au moins ? Ton père recommence une dépression et tu dois passer moins de temps avec moi ? Si ce n'est que ça, tu sais que je comprendrai, ça pass…
Elle s'interrompit quand elle vit le regard douloureux de son amoureux. Elle savait que quelque chose d'important se préparait, et ses intuitions ne la trompaient jamais. Elle avait eu un mauvais pressentiment quand elle avait vu partir Candice, et elle ressentait la même émotion à cet instant. Elle vit alors une larme couler sur la joue d'Eric, descendant doucement. La tempête commençait…
Mon père déprime fortement depuis quelques temps, tu le sais, s'expliqua-t-il, parlant tellement bas qu'elle avait peine à entendre. Il est allé voir un psychologue, qui le suit maintenant depuis deux mois. Il y a un mois, le psy lui a conseillé de changer d'air, de partir en vacances quelques temps, afin de reprendre des forces et ne plus vivre dans la même maison que celle de sa femme et sa fille mortes. Mon père a réfléchi longtemps, et sans m'en parler d'abord, il avança des démarches que je n'avais pas soupçonnées, jusqu'à il y a deux semaines.
Il s'arrêta, la respiration saccadée l'empêchant de continuer. Elle, était muette de stupeur, pressentant la suite, priant pour qu'elle se fasse des idées.
Mon père a décidé d'écouter le psychologue, mais dans un sens définitif. On va déménager… Il a vendu la maison, fait les cartons, et a prit les billets d'avion pour Séville, en Espagne. Je suis désolé, ma belle, dit-il, la regardant tristement, réellement bouleversé.
Elle le regarda longtemps, puis rigola amèrement. Eric, quant à lui, se demandait ce qui pouvait lui arriver. Il ne s'était pas attendu à cela.
Je me disais aussi… Mon semblant de bonheur ne pouvait durer… C'était écrit, mon karma ne permet pas que je sois heureuse. Elle recommença à rigoler. Tu pars quand ?
Il ne lui répondit pas en premier temps, choqué. Elle, se redressant, quittant ses bras pour s'éloigner, commençait à pleurer à chaudes larmes. Elle le fixait durement.
Je pars dans trois jours.
Et il ne t'est jamais venu à l'esprit que cela me faisait encore plus de peine de ne le savoir que maintenant ? Je n'ai même pas le temps de me faire la nouvelle, ou de trouver une solution pour qu'on puisse rester ensemble… Tu as pensé un peu à nous ?, commença-t-elle à crier. Pourquoi ne t'es-tu pas opposé à ton père quand il a dit ça ? Tu sais pourtant que je ne peux pas survivre sans toi !
Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Tu voudrais que je laisse dépérir mon père dans ce trou perdu, c'est ça ? Il fait cela pour aller mieux ! Tu ne le vois pas tous les jours, tu ne sais pas ce que c'est de perdre tout ce qu'on a construit… Et comment oses-tu dire que je ne pense pas à nous ? Je ne fais que ça, depuis deux semaines ! Je t'aime, mais je ne peux pas perdre mon père aussi. Ce serait trop dur. Je ne peux pas non plus l'abandonner, il ne peut partir tout seul, il a besoin de moi pour se reconstruire. Et puis si tu m'aimes autant que tu le dis, tu pourras attendre le temps nécessaire. Je ne reviendrai pas sûrement la première année, ni la deuxième… Mais si tu le permets je reviendrai un jour… Et si tu n'es pas prête à attendre, je ne reviendrai pas. Tu peux vivre sans moi. Moi, cela sera difficile mais j'y arriverai également…
Elle resta immobile, silencieuse, suite à la tirade passionné d'Eric. Son monde venait de s'effondrer. Ses mots avaient été d'une dureté et d'une réalité auxquelles elle n'était pas habituée. Sa confiance en lui se basait sur l'amour irrévocable de l'autre, sur la présence et le réconfort. Tout cela s'envolait avec ces paroles. Elle ne savait plus quoi penser. Elle n'imaginait pas que ce qu'elle vivait était juste éphémère, passager. Elle avait toujours présumé qu'elle vivrait avec lui jusqu'à la fin de sa vie. Et là, toutes ses illusions s'envolaient, emportées par le déménagement de son bien-aimé.
Dis quelque chose, je t'en prie… Tu sais que ça me coûte de partir, murmura-t-il, la voix brisée.
Apparemment non. Tu envisages déjà de m'oublier, c'est que tu as sûrement commencé. Et comment peux-tu dire que moi je peux vivre sans toi ? Je suis justement restée en vie parce que tu m'as aidé à surmonter son absence. Je commençais à voir le bout du tunnel et me voilà replongée dedans… Pars, je ne te retiendrai plus. Laisse-moi…
Mais putain, que voulais-tu que je te dise ? Que j'allais passer ma vie à te pleurer, à devenir mélodramatique juste parce qu'une époque est révolue ? Parce que c'est ce que c'est : j'ai l'opportunité de me créer une nouvelle vie. Les souvenirs sont trop douloureux, tu le sais aussi bien que moi. Tu cracherais sur une telle opportunité ? Tu resterais avec moi si tu avais la possibilité de refaire ta vie ? Et comme si je pouvais aller contre la décision de mon père !
Bien sûr que oui tu peux ! Il te suffit juste de lui parler, au moins d'essayer de le convaincre de rester ! Tu ne te bats pour nous… Comment peux-tu me dire que je t'échangerais contre n'importe quelle offre factice ? Ne crois pas qu'une nouvelle vie est à portée de main… Tes souvenirs te poursuivront de toute façon. Tu ne pourras pas simplement oublier ta mère et ta sœur, bon dieu ! Pour rien au monde je ne fuirai comme tu le fais, je ne me comporterai jamais de façon lâche !
Tu me traites de lâche ?
Prend-le comme tu veux… Laisse-moi, si tu ne veux pas te battre… Sache seulement que tu ne me retrouveras pas si tu pars, c'est au-delà de mes forces. Je n'aurais plus rien à quoi m'accrocher. Tu peux changer d'avis jusqu'au déménagement. La décision, malgré ce que tu dis, dépend de toi. Tu peux interrompre le processus…
Pendant qu'elle parlait, un flot de larmes commençaient à couler, dévoilant sa peine et son émotion intense. Eric, brisé et hésitant, ne savait plus quoi faire. Il voulut la prendre dans ses bras, la consoler, lui dire combien il l'aimait encore, mais elle se débattit et se leva, le regardant de haut. Eric sentit sa détermination.
Ne me parle plus… Si tu veux encore plus me briser, pars. Si tu ne tiens plus à moi et que tu veuille me le prouver, c'est la meilleure chose à faire ! cria-t-elle, hors d'elle.
Mais ça n'a rien à voir ! Je veux juste m'éloigner de la ville, pas de toi, je t'…
Non ! Tais-toi ! ce n'est pas vrai, ne dis pas des choses que tu regretterais ! hurla-t-elle. Dégage, je ne veux plus te voir !
Eric la regarda longtemps.
Peut-être que finalement tu as raison… Celle que j'aime ne se comporterait pas de la sorte, elle comprendrait. Elle a peut-être disparu…
Eric, furieux à son tour, partit en courant. Quand elle ne le vit plus, elle s'effondra, la douleur de sa poitrine trop forte pour être contenue. Elle pleura pendant de longues heures sans se calmer. Quand la nuit noire et apaisante arriva, elle se leva, les yeux rouges et la lueur qui y habitait avant disparue. Elle rentra chez elle, morte à l'intérieur, sans se préoccuper de sa famille qui s'était alarmée. Elle monta dans sa chambre et ne la quitta pas une seule fois, dans les jours qui suivirent. Le 15 août, Eric partit, sans lui dire au revoir. Elle le sût en écoutant les murmures de son père, le soir, alors qu'elle allait aux toilettes. Il avait alors une voix triste tandis qu'il parlait à Aurélia.
Ils sont partis… Je les ai rencontrés à l'épicerie. Son père m'a dit bonjour, et m'a expliqué que c'était certainement la dernière fois qu'on se voyait… Eric n'a pas prononcé le moindre mot pendant tout l'échange… Tu aurais vu son visage, il faisait peur. Une détermination sans borne et une méchanceté que je ne lui connaissais pas. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais cela l'a rendu… je ne sais pas, bizarre, pourrait-on dire. Quand son père m'a salué, il est parti sans me dire au revoir.
Aurélia se tut un moment.
Elle ne va pas s'en remettre, papa. J'ai l'impression d'avoir affaire à une coquille vide, ou à un mur dès que je lui parle… On n'a jamais été vraiment proche, mais c'est ma sœur et son comportement m'inquiète. Tu te rappelles quand Candice est morte ? Elle avait la même attitude effrayante…
Son père acquiesça, visiblement bouleversé.
Elle en avait trop entendu. Elle ne supportait pas leur inquiétude et préférait se murait dans son silence. Elle ne fit pas un seul bruit qui puisse alerter sa présence, et retourna dans sa chambre en s'enfermant une bonne fois pour toute.
Cela marqua le début de son errance, la fin de sa vie et le commencement de son départ qu'elle pensait prochain. Elle ne parlait plus, ne mangeait presque plus rien, passait la plupart de son temps à dormir ou à se promener. C'est d'ailleurs lors d'une de ces promenades qu'elle découvrit La Falaise, grande de plusieurs dizaines de mètres, assez pour sauter et se faire bien mal, sans d'autres possibilités que la mort... Inconsciemment, elle avait choisi le lieu de sa mort qu'elle décida prochaine. Quand elle ne faisait pas cela, elle lisait, elle retrouvait un petit peu une paix intérieure en se plongeant dans un univers imaginaire. Son père et sa sœur s'inquiétaient. Ils appelèrent le médecin après plusieurs mois, qui diagnostiqua une forte dépression, impressionnante pour une fille de son âge, selon ses dires. Elle écoutait tout sans rien dire, impassible. Elle avait abandonné tout simplement. Elle lui avait dit qu'elle ne survivrait pas sans lui, sans la bulle protectrice qui la recouvrait auparavant, la séparant du monde où on l'obligeait à vivre…
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Elle revint subitement au présent, tirée de ses souvenirs. Son regard se porta de nouveau sur le paysage magnifique, se concentrant sur l'oiseau qui volait autour d'elle depuis un moment. Elle n'avait pas bougé depuis des heures et la nature ne semblait même plus se rendre compte de sa présence. La souffrance qui suivait généralement ces réminiscences ne vint pas pour une fois. Elle n'avait pas repensé depuis longtemps à cette dernière journée passée avec Lui. Elle se dit alors que c'était d'ailleurs peut-être à ce moment-là qu'elle avait tout simplement abandonné la vie et ses méfaits… C'est trop dur la vie, comparée à la mort. La mort est paisible, tranquille, sans problèmes ou déception. On sait à quoi s'attendre avec elle, elle est tellement inévitable et prévisible. Alors que ce soit tôt ou tard qu'est-ce que ça change ?
Elle sourit gentiment, convaincue du bien-fondé de ses pensées. Tout le monde devait mourir un jour ou l'autre, elle mourait juste un peu plus tôt qu'elle ne le devait. On ne l'avait pas épargné. Elle a assez vécu, avait mûri bien trop vite, elle était devenue vieille avant l'âge, ce qui rendait la fin pour elle une chose évidente.
Elle se leva doucement, le vent emmêlant ses cheveux bruns qu'elle avait laissé pousser jusqu'à la taille. Elle ferma les yeux, une vague de bien-être l'envahissant. Elle leva les bras et profita de la bourrasque pour se nettoyer de toutes ses peines et ses déceptions. Alors elle fit quelques pas en avant, arrivant juste devant la fin de la falaise. Elle ouvrit les yeux. Elle attendit quelques instants se plongeant dans ses dernières pensées.
Cette histoire, l'histoire d'Elle, c'était la mienne, Bella Swan. 17 ans et à la fin de ma vie. C'était tellement plus facile de prendre un point de vue extérieur pour parler de moi, tellement moins douloureux. Je pouvais alors regarder le résultat de mon existence gâchée par les méandres imprévisibles que l'on m'avait destinés. Je n'avais décidément jamais trouvé ma place ici, comme si on savait déjà que je ne servirais à rien, que j'étais destinée pour autre chose… Pour quoi je ne le saurai plus maintenant… C'était décidément trop tard pour quoi que ce soit. J'avais trop fréquenté la mort, il était temps que je la rejoigne. Je n'étais pas triste, juste soulagée d'enfin en finir. Avant, l'idée de me suicider ne me serait jamais venue à l'esprit mais tout avait changé en peu de temps. J'avais changé irrémédiablement.
Mon père Charlie me manquerait, ainsi que ma sœur. Surprenante chose, ces derniers mois nous avaient rapprochés Aurélia et moi, même si elle avait toujours cette attitude froide et distante qu'elle me réservait. Elle s'était occupée de moi comme personne, reprenant la place de notre mère, alors que c'était toujours moi d'habitude. Elle s'était occupée de la maison, de la cuisine et continuait ses études. Elle n'avait que quatorze ans… On l'avait forcé à grandir, comme moi auparavant. Et j'étais responsable… Elle n'aurait pas dû, et je l'y ai forcée. Je me détestais.
J'avais fait le vide autour de moi. Ma mère, Candice, Eric… Ils étaient tous partis à jamais. Par ma faute. Je ne méritais pas de profiter de la vie.
C'est pourquoi l'heure de ma fin avait sonné. Le 15 août de l'année d'après. Ironique, comme situation. Il était parti ce jour-là, je partirais donc le même jour, ayant supporté ma pénitence le temps qui ne s'écoulait pas, ne finissait jamais… j'avais eu ce que je méritais. Un an de souffrance et de remords. Je pouvais maintenant m'en aller.
Je pris une profonde inspiration. J'étais alors juste devant ma mort, j'étais prête à l'accueillir les bras ouverts. Je ne pensais plus qu'à une seule chose, les rejoindre, le plus vite possible. Je fis alors ce que j'avais à faire. J'avançai d'un pas et ma chute commença. Pendant ce court laps de temps, je fus heureuse pour la première fois depuis longtemps. Après quelques secondes, j'entrai en contact avec l'eau, sûre alors de mourir, la souffrance physique cette fois-ci qui m'avait envahit telles les vagues de l'océan. Je mourrai de la même façon que Candice, plongeant dans la surface qui s'étendait à l'infini pour m'y reposer à jamais… Je ne me débattis pas, me laissai couler peu à peu, désireuse d'atteindre le fond qui m'accueillerait à jamais. L'air commençait à me manquer. Je ne paniquais pas. J'étais préparée.
Alors que mon corps suffoquait, mon esprit s'embrumait doucement, et je fermai les yeux, tranquillisée et apaisée par le sommeil éternel qui m'embarquait à jamais…
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Voilà, voilà, je n'ai plus qu'une seule chose à dire, si vous voulez que je continue, dites-le moi ^^. Je ne sais pas encore moi-même, c'est peut-être vous qui pencherait la balance de l'un ou de l'autre côté…
