Origine : Gundam Wings

Disclaimer : Les personnages principaux ne sont pas à moi, mais à leurs auteurs respectifs. Quand on voit la vie que je leur fait mener, c'est pas plus mal...

Genre : Angst, shonen-ai

Couples : Aucun pour le moment

Remarque : Bonjour à tous. Me voilà de retour pour une nouvelle fic, dont l'idée m'est tombée sur le crâne une nuit d'insomnie à 2h du mat'. Vous inquiétez pas si ça a l'air débile, j'avais de la fièvre...

Remarque 2 : Les petites étoiles, c'est pour indiquer un bond dans le temps, plus ou moins long suivant les cas et/ou un changement de personnage. Quand au texte en italique, c'est les pensées de Duo, vous comprendrez plus loin pourquoi y'a que lui dont je livre les pensées ^_^


Chapitre 1 : Expérimentation

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Mercredi soir, dans une base d'OZ en Suisse

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Cela faisait longtemps que les pilotes n'avaient pas été envoyés en mission en solitaire. Wufei était parti sur une base rebelle en Asie mineure pour aider à saboter un pipeline appartenant à une multinationale pétro-chimique qui finançait la fondation Romefeller. Quatre infiltrait une base de recherche sur les MS en plein centre de Londres tandis que Trowa s'attaquait à une cargaison en partance pour la Lune. La mission de Heero consistait à pirater une base de données contenant les dossiers des officiers d'OZ. Lui au moins avait pu rester à la planque car il n'avait besoin que d'une connexion internet pour percer les défenses informatiques. Et Duo ?

Et bien, Duo devait faire exploser un laboratoire de recherches sur la génétique humaine planqué dans une montagne suisse. De prime abord, ça semblait être une mission facile : entrer sans se faire voir, poser des charges, lancer le compte à rebours, repartir par le même chemin et regarder le feu d'artifice depuis l'autre versant.

Sauf que les plans fournis au départ étaient erronés, de même que les effectifs et les horaires de la relève de la garde. En gros, il s'était fait avoir en beauté. Il s'était bien battu, mais face à deux douzaines de gardes, il n'avait pu que céder sous le nombre.

Voilà maintenant deux heures qu'il est attaché sur une sorte de fauteuil de dentiste. Un savant en blouse blanche était passé un peu plus tôt et lui avait arraché quelques cheveux. Sous la bordée de jurons de l'américain et ses menaces de mort s'il osait encore toucher un seul de ses cheveux, l'homme avait ricané et était repartit par où il était venu.

Pourquoi l'autre saphead (1) m'a piqué des cheveux ? C'est bizarre, ils devraient déjà avoir commencé l'interrogatoire... Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils ont peut-être été se coucher... C'est qu'il est déjà tard, vu que ça fait quand même un sacré moment que j'ai été capturé...

Duo se questionne tout en essayant de se défaire de ses liens. Malheureusement, les bracelets de cuir qui lui maintiennent les poignets et les chevilles sont très serrés et très solides. Avant de le sangler là-dessus, les ozzies l'avaient dépouillé de ses couteaux et avaient même défait sa natte pour y récupérer ses épingles à cheveux. Duo s'était donc retrouvé désarmé et sans défense.

Comment avaient-ils pu l'avoir aussi facilement ? Les plans auraient dû être justes. Et même si c'était un piège, ils auraient pu le tuer avant qu'il ne se charge de sept de leurs gardes. Non pas qu'il se plaigne d'être encore en vie, mais il ne comprend pas et ça l'énerve.

Tandis que Duo fulmine sur son siège, les minutes puis les heures passent, sans que personne ne vienne voir le pauvre pilote. En définitive, ne pouvant ni se détacher ni trouver une explication rationnelle à cette mascarade, Duo décide de piquer un petit somme, pour reprendre des forces avant d'essayer de se sauver au moment opportun.

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Jeudi matin, quelque part dans le piémont italien

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Heero s'étire sur sa chaise et jette un coup d'œil au réveil posé sur la table de nuit de Duo. 07h34. Cela fait plus de 36h qu'il travaille sans interruption sur son portable. Légèrement agacé, il s'aperçoit alors qu'il se repose complètement sur les autres pilotes pour le prévenir de l'heure des repas et du coucher.

Il a forcé les barrières de sécurité d'OZ sans se faire remarquer et a récolté toutes les données demandées par J. Il ne lui reste plus qu'à les lui transmettre et à écrire son rapport. Cependant, comme il lui reste encore une dizaine d'heures avant la fin officielle de sa mission, il décide que tout cela peut attendre qu'il se soit restauré.

Il descend dans la cuisine et ouvre le frigo. Quatre lui a préparé chaque repas, qu'il a ensuite mis en boîte, chacune étant étiquetée avec le nom du plat, la durée du réchauffage et la date à laquelle il est prévu qu'il le mange. En levant les yeux au ciel, Heero secoue légèrement la tête devant une des nombreuses facettes de la mère poule qui sommeille en Quatre.

Il détaille les boites empilées dans le frigo. Il y a 5 boites pour une personne et 4 pour deux personnes. En effet, les autres pilotes sont partis mardi dans l'après-midi et le seul à revenir ici sera Duo, le vendredi matin. Ils resteront tous les deux pendant deux jours, avant de partir rejoindre les trois autres pilotes dans la planque suivante le dimanche.

Il attrape la boite étiquetée "mercredi soir", contenant du chili con carne. Ce n'est pas vraiment la bonne heure et Duo aurait poussé de hauts cris en le voyant préparer un repas aussi épicé pour le petit déjeuner, mais le natté n'étant pas là, Heero met la barquette au micro-onde et sort des couverts.

Il ne se fait pas de soucis sur l'avenir des deux repas qu'il a loupé, puisque Duo a toujours faim en rentrant de mission et qu'il engloutit tout ce qui a l'air comestible dans le frigo.

Après avoir mangé et fait la vaisselle, il retourne dans la chambre et commence son rapport. Après une bonne heure de rédaction, il transmet les informations récoltées et le rapport à J. Il lui reste encore un bon moment de tranquillité avant le retour de Duo.

Il prend un livre dans la bibliothèque qui garnit le salon, mais n'arrive pas à s'intéresser à l'intrigue. Il manque quelque chose. La maison est trop silencieuse et Heero regrette que Duo ne soit pas déjà là pour combler le trop profond silence avec ses monologues interminables sur tout et n'importe quoi.

Il s'aperçoit alors que des quatre autres pilotes, c'est Duo qui lui manque le plus. Cela fait maintenant plusieurs mois qu'ils ne se sont pas quittés plus de quelques heures et sa présence semble lui être devenue indispensable. Heero repose son livre et s'abîme dans ses pensées, pour essayer de comprendre comment ce baka natté a réussi à prendre autant de place dans sa vie et quelle est exactement cette place.

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Jeudi matin, dans une base d'OZ en Suisse

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La porte de la pièce s'est ouverte, réveillant instantanément le châtain. Mais il n'en montre rien, même si à ce jeu il est moins fort que le soldat parfait. Il entend des pas, et compte quatre personnes différentes, dont une qui porte des talons. Duo se mord l'intérieur de la joue pour ne pas sourire à l'image qui s'est formé dans son esprit. Il imagine un haut gradé d'OZ, avec de belles moustaches en guidon de vélo, en train de passer ses troupes en revue en talons aiguilles et bas résilles...

- Réveillez-le.

Une formidable claque le tire de ses élucubrations. Il consent à ouvrir les paupières, très lentement quand même, il ne faudrait pas qu'ils croient en plus qu'ils lui font peur. Il voit tout près de lui l'auteur probable de la claque, un soldat type armoire à glace, aimable comme une porte de prison. Derrière, le type en blouse qui lui avait arraché des cheveux, avec à ses côtés une infirmière blonde en talons et mini-jupe, qui porte un carnet de notes et griffonne sec.

Mais qu'est-ce qu'elle peut bien écrire ? Le professeur sadique a demandé que l'on réveille le patient, qui s'est pris une baffe et a ouvert les yeux ? Vachement intéressant comme observation...

Le savant fait un signe de la main et s'écarte. Duo aperçoit alors la quatrième personne. L'homme est aussi vêtu d'une blouse blanche et porte un plateau avec une seringue, du coton et une bouteille de désinfectant. Lorsque Duo voit l'aiguille, il déglutit. Il n'a jamais aimé les piqûres et craint de devoir subir un interrogatoire avec des drogues, ce type de tortures ayant toujours été son point faible. C'est le seul moment où son masque de joker est totalement inefficace.

La secrétaire passe de l'autre côté de la chaise et demande d'une voix aiguë :

- Docteur Bollard, vous croyez que ça va marcher ?

- Mademoiselle, ce jeune homme est là pour nous permettre de vérifier tout ça. La simulation fonctionne, il n'y a pas de raison que ça loupe maintenant.

Duo relève la tête autant que sa position le lui permet et, avec un rictus de mépris, il déclare :

- Je croyais qu'en Suisse, au moins, on suivait encore les conventions de Genève !

- Les quoi ?

La secrétaire semble réellement ne pas connaître ce célèbre traité datant d'avant les colonies.

- Les conventions de Genève, dont la troisième interdit la torture des prisonniers, inculte !

La secrétaire plisse le nez d'un air outragé (au moins, elle comprend le terme inculte), tandis que Bollard reprend :

- N'ayez crainte, mon cher, je ne vais pas vous torturer. Vous allez être aux premières loges pour assister à une expérience unique. Votre participation à ce grand projet va aider à sa finalisation. Si les résultats sont concluants, cette substance révolutionnera le monde et nous fera gagner la guerre !

Ces derniers mots font frémir Duo. Le docteur, quant à lui, ressemble à une caricature de savant fou, les bras levés et une étincelle malsaine au fond des yeux. Duo murmure d'une voix incrédule :

- Vous avez complètement fondu un fusible, mon vieux...

Bollard se reprend, s'éclaircit la gorge et s'empare du désinfectant.

- Et maintenant, taisez-vous, les rats de laboratoire ne parlent pas.

Duo repose la tête sur le fauteuil en maugréant :

- Devriez revoir vos cours de zoologie, je suis pas un rat...

Le savant imbibe un morceau de coton, avant de remonter un peu plus la manche gauche de Duo. Ce dernier frissonne au contact du coton froid, mais il se reprend vite et se concentre sur le plafond pour oublier la seringue.

Lorsque l'injection commence, Duo serre les mâchoires et les poings, s'enfonçant les ongles dans les paumes.

Bloody Hell ! Ça fait mal ! On dirait qu'il m'injecte de l'eau bouillante dans les veines... Mais je ne lui ferais pas le plaisir de crier...

Pour ne plus penser à l'intrusion de la substance inconnue dans son organisme, Duo se met à réfléchir à la meilleure façon de piquer Bollard avec ses seringues pour que ça lui fasse le plus mal possible.

Lorsque le piston de la seringue est complètement enfoncé, le docteur retire l'aiguille du bras de Duo et se redresse. Il regarde sa montre et fait signe à l'infirmière de prendre note.

- Il est 7h. Il faut faire encore quatre injections dans la journée, en les espaçant de trois heures. Le protocole prévoit d'augmenter la dose de 10 mg à chaque injection. Je pense que les deux dernières injections devront se faire avec deux seringues, une trop grande concentration du produit risquerait de le tuer.

- Bien docteur.

- Garde, vous restez là et vous le surveillez. Veillez à ce qu'il ne s'échappe pas et s'il se passe quoi que ce soit, vous me prévenez, compris ?

- Oui monsieur.

- Infirmier ?

L'homme au plateau s'avance.

- Lorsque nous serons parti, vous irez chercher de quoi surveiller l'état clinique du patient. Il nous faut les enregistrements de ses rythmes cardiaque et respiratoire, ainsi que son électroencéphalogramme.

L'infirmier acquiesce et reprend la seringue des mains du docteur. Ce dernier se rapproche de Duo et le force à le regarder en lui saisissant la mâchoire.

- Alors, comment vous sentez-vous ?

- …

- Allons, répondez.

- Les rats ne parlent pas, vous vous souvenez ?

- Oh, très bien. Vous ferez moins le malin dans quelques heures, vous verrez.

Puis, il repart, précédé de l'infirmier et suivi par le cliquetis des talons de sa secrétaire. Une fois la porte refermée, le garde se saisit d'une chaise et se poste près de la porte, de manière à couper toute retraite au prisonnier dans le cas peu probable où il réussirait à se défaire de ses liens.

Duo sent la substance se répandre dans son corps, créant un léger échauffement depuis l'emplacement de la piqûre jusqu'à l'extrémité de ses membres. Ce n'est pas à proprement parler douloureux, mais plutôt désagréable, comme s'il souffrait d'un coup de soleil généralisé.

Comme prévu, l'infirmier revient en poussant plusieurs gros appareils montés sur roulettes. Il réquisitionne le garde pour l'aider à installer les capteurs, Duo ne se laissant pas faire, ruant et se tortillant malgré ses entraves depuis que l'homme a commencé à ouvrir sa chemise. Le garde le maintient fermement par les épaules le temps d'installer les capteurs sur son visage et son torse. Ils placent ensuite les fils qui relient les capteurs aux appareils en hauteur, pour éviter que Duo ne puisse les attraper et les arracher.

La pièce se remplit bientôt du bip régulier du cardiographe. Les appareils sont tournés de telle façon que Duo n'arrive pas à lire ses données vitales. Peut-être que le docteur craint qu'il y comprenne quelque chose.

N'ayant rien d'autre à faire, Duo entreprend de compter ses battements de cœur. Il est arrivé à 8954 et l'horloge au-dessus de la porte marque 9h55 lorsque la porte s'ouvre à nouveau, laissant passer Bollard, l'infirmier et la secrétaire.

Après avoir vérifié les capteurs sur le crâne et la poitrine de Duo, l'infirmier s'efface pour laisser passer le médecin. Ce dernier parle avec sa secrétaire des dernières lois votées par le parlement de la confédération helvétique, tout en préparant une nouvelle injection. Duo a l'impression de n'être rien de plus qu'un morceau de viande sur l'étal d'un boucher, ce qui n'est pas très éloigné de la vérité.

Le docteur pique de nouveau dans le haut du bras gauche, et la sensation de brûlure, qui était toujours présente, mais comme endormie, se décuple. Duo ne crie pas, mais sa respiration haletante et les gouttes de sueur perlant sur son front témoignent de sa souffrance. De nouveau, il sent la substance se répandre dans tous ses organes, causant un fort échauffement suivi d'une sensation de picotement, comme si des épingles voyageaient dans ses veines.

Luttant pour ne pas afficher sa souffrance, Duo ne se rend pas compte tout de suite qu'il est de nouveau seul avec le garde. Lorsque la douleur redevint une simple gène, il est presque 11h30. Duo soupire. Dans une heure et demie, il va avoir droit à une autre injection, plus concentrée. Il sait que la brûlure va aller en augmentant et mettra de plus en plus de temps à disparaître, ce qui l'effraye plus qu'il ne veut bien se l'avouer.

Vers midi, l'infirmier vient lui faire boire une soupe fade, mais Duo ne fait pas le difficile, étant assoiffé et affamé. Puis, une heure après, il subit la troisième injection. Cette fois, la douleur le fait gémir et des larmes de rage lui viennent aux yeux de ne pas pouvoir mettre fin à ce supplice. La brûlure induite par la substance est plus forte encore, et n'a guère diminué lorsqu'arrive l'heure de la quatrième piqûre.

Dès le début de l'injection, Duo se met à hurler, la douleur ayant finalement raison de sa résistance. La première seringue lui parait interminable, et lorsque le docteur pique la seconde, Duo se débat autant que ses entraves le lui permettent. L'aiguille se brise net dans son bras avant que le garde ne réussisse à le maîtriser, en pesant de tout son poids sur les épaules de l'adolescent.

Bollard soupire après le temps perdu et change l'aiguille. Après avoir vidé la seringue, voyant que son patient continue à se tortiller, il ordonne de rajouter des entraves au niveau des hanches et du torse du châtain.

Ainsi ficelé, le pauvre Duo est de nouveau abandonné à son triste sort. Sa perception du monde se résume maintenant uniquement à sa souffrance, à tel point qu'il ne se rend pas compte que le garde est relevé vers 18h, pas plus qu'il ne s'aperçoit de l'entrée de ses tortionnaires pour sa dernière piqûre, une heure après. Cette fois, la douleur est si intense qu'il s'évanouit avant la fin de la première seringue.

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Jeudi soir, quelque part dans le piémont italien

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Une sonnerie stridente sort Heero de son travail. Un message d'alarme s'affiche sur l'écran de son ordinateur, lui indiquant qu'il est l'heure de manger. Il l'a programmé pour ne plus se retrouver dans la situation du matin.

Il enregistre le virus sur lequel il travaillait et éteint l'ordinateur. Il descend dans la cuisine et sort la boite contenant son repas. Après l'avoir fait réchauffer, il se compose un plateau et se rend dans le salon pour manger devant la chaîne d'informations en continu.

Son regard tombe sur le livre qu'il n'a pas rangé ce matin. Il se souvient des conclusions de sa réflexion et rosit légèrement. Il s'empresse de remettre le volume à sa place sur l'étagère en se recomposant une expression neutre. Il a essayé de ne plus y penser en travaillant, ce qui avait plutôt bien fonctionné. Seulement, si la vue de ce livre le gêne, comment réagira-t-il lorsqu'il verra le principal sujet de ses réflexions ?

Heero reporte son attention sur les informations, plus pour arrêter de penser au natté que par réel intérêt. Lorsqu'il a fini de manger, il fait la vaisselle et retourne dans la chambre qu'il partage avec Duo depuis qu'ils sont arrivés ici, il y a quelques semaines.

Heero s'allonge sur son lit, les bras croisés derrière la tête et fixe le plafond. Depuis que les docs ont décidé de les faire collaborer, Duo et lui finissent toujours par partager leur chambre, quelque soit le nombre de pièces disponibles dans leur planque. De même, Heero prend toujours le lit le plus proche de la fenêtre et Duo celui le plus proche de la porte. Même lorsqu'ils arrivent après les autres dans une planque, une chambre leur a été réservée. Comment et quand cette disposition est-elle devenue une habitude, Heero serait bien incapable de le dire.

Heero regarde sa montre. 21h36. Duo ne devrait plus tarder. Heero a truffé les alentours de la maison de capteurs de mouvements et de chaleur, il sera donc averti dès que le natté s'approchera. Mais pourra-t-il se comporter normalement avec lui après avoir pris conscience du manque qu'il ressent lorsque Duo n'est pas là ? Et d'ailleurs, peut-il se comporter "normalement" ?

Ne pouvant pas rester plus longtemps sans bouger, Heero se relève et retourne au salon pour s'entraîner, l'exercice physique étant le meilleur dérivatif aux pensées dérangeantes.

Au bout de deux heures, Heero va se doucher. L'eau chaude finit de chasser ses pensées parasites et c'est la conscience apaisée qu'il se prépare pour aller se coucher. L'absence du natté lui fait froncer un sourcil, mais vu leurs activités, un retard de quelques heures est toujours explicable. Néanmoins, une pointe d'inquiétude vite réprimée vient étreindre le coeur censément de glace du soldat parfait.

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Vendredi matin, dans une base d'OZ en Suisse

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Duo a passé une mauvaise nuit. La veille, lorsqu'il était revenu à lui, le garde avait appelé l'infirmier. Ce dernier était venu vérifier les réflexes et la sensibilité du captif avant de redresser légèrement le fauteuil pour lui faire boire plus commodément un autre bol de soupe. Duo avait la gorge en feu et une faim dévorante mais n'avait pourtant pas pu finir le bol, le peu d'énergie demandée pour déglutir ayant épuisé ses maigres forces.

Ensuite, l'infirmier était ressorti et avait éteint la lumière en partant. Duo avait alors essayé de dormir, bercé par le bip régulier, quoiqu'un peu rapide, du cardiographe. Malheureusement, la douleur sourde qu'il ressentait se réveillait de temps à autre, l'empêchant de se reposer réellement.

Il avait souvent râlé contre Sally qui voulait toujours les anesthésier pour un oui ou pour un non, mais là, il accepterait une de ses piqûres de morphine avec reconnaissance. Mais Sally est dans une base rebelle à l'autre bout du monde, et sa fierté l'empêche de supplier ses bourreaux de mettre fin à ses souffrances.

À 8h, le garde et l'infirmier viennent le détacher de sa chaise et l'installer sur un brancard. Un recoin du cerveau de Duo lui hurle de saisir cette chance pour s'échapper, mais le message n'atteint ses muscles qu'après qu'il soit de nouveau sanglé sur le brancard. Il n'est plus qu'un pantin désarticulé dans les bras de ses bourreaux. L'infirmier pousse le brancard le long de grands corridors gris souris, accompagné du garde qui veille à ce que le captif ne s'échappe pas.

Après avoir arpenté les couloirs pendant plusieurs minutes, ils arrivent dans une sorte de vestiaire. L'infirmier entreprend de déshabiller Duo, malgré les protestations de celui-ci. Lorsqu'il est nu, l'infirmier le porte dans un bac de douche où il le frotte avec un détergent avant de le rincer. L'eau froide revigore quelque peu le châtain qui profite que l'infirmier est occupé à chercher un change dans une armoire pour essayer de lui fausser compagnie.

Malheureusement, vu son état de faiblesse, Duo ne peut faire que quelques pas avant de s'effondrer aux pieds du garde qui arrive pour l'appréhender. Il est remit debout assez durement et l'infirmier lui enfile une blouse d'hôpital, avant de le remettre sur le chariot et de le rattacher.

Il est ensuite acheminé jusqu'à une salle contenant un énorme appareil, approximativement cylindrique, ressemblant assez à un énorme scanner médical. L'infirmier et le garde l'empoignent et le posent sur une sorte de planche coulissante. Il y est de nouveau sanglé solidement, avant d'être introduit dans l'appareil. Lorsque la planche arrive au bout de ses rails, l'infirmier referme la porte de l'appareil sur Duo, le plongeant dans les ténèbres.

Duo n'est pas sujet à la claustrophobie, mais à cause de la douleur et de l'ignorance de ce qui va lui arriver, une angoisse sourde lui comprime la poitrine, le faisant respirer de plus en plus difficilement. Le seul bruit perceptible est l'écho de sa respiration haletante.

Soudain, un ronflement de turbine d'avion se fait entendre. Le bruit devient rapidement plus aigu, tandis qu'une lueur commence à émaner des parois de l'appareil. Le ronflement se transforme en sifflement avant de passer au-delà des limites de l'audible et la lueur se fait plus forte, jusqu'à aveugler complètement le pauvre Duo.

Alors qu'il ferme les paupières pour protéger ses rétines de la forte lumière, la sensation de brûlure qu'il ressentait encore se fait plus forte, jusqu'à lui donner l'impression que son sang se met à bouillir. Ses hurlements résonnent dans l'appareil, semblant amplifier encore son mal-être.

Après ce qui lui parait une éternité, la sensation de brûlure reflue jusqu'à disparaître complètement et Duo s'aperçoit alors que la lumière a également disparu. Il essaye de forcer sur ses liens, mais les sangles sont très serrées. En plus, chacun de ses muscles tremble, comme à la suite d'un effort intense et prolongé.

Même si j'arrivais à me détacher, je crois que je n'irais pas très loin... J'aurais déjà dû être rentré à cette heure-ci, ou au moins avoir laissé un message expliquant mon retard. Hee-chan, j'espère que tu t'es rendu compte de mon absence et que tu es déjà en train de me chercher... Je crois que je ne pourrais pas supporter ça encore très longtemps.

À ce moment de ses réflexions, le ronflement reprend et la lueur réapparaît. Duo referme les paupières, se doutant que, comme plus tôt, la lumière ne tardera pas à être aveuglante. Effectivement, lorsque le son redevient inaudible, la lumière est suffisamment forte pour que Duo la discerne au travers de ses paupières closes.

Au début, hormis l'inconfort lié à sa position, il ne ressent rien. Mais rapidement, un froid de plus en plus intense se répand dans ses veines, comme si la substance avait décidé de passer d'un extrême à l'autre. Duo se met à grelotter tandis que sa peau s'hérisse de chair de poule.

La machine s'éteint une fois de plus, laissant le pauvre pilote trembler et claquer des dents. Il se réchauffe lentement et n'a pas encore repris une température normale lorsque la porte de l'appareil s'ouvre. L'infirmier tire sur la planche et demande l'aide du garde pour remettre le prisonnier sur le brancard. Ensuite, ils reprennent la direction de la salle dans laquelle le châtain a déjà passé la majeure partie de sa détention.

Duo fait semblant d'être évanoui, espérant ainsi tromper la vigilance de ses gardes. Lorsque le brancard s'immobilise et qu'il sent ses liens se relâcher, Duo se prépare à l'action. L'infirmier fini de le détacher et demande de l'aide au garde pour le remettre sur sa chaise de dentiste. C'est le moment que choisit Duo pour essayer de s'échapper.

Il sait à peu près où se trouve l'infirmier par rapport à lui, alors, les yeux toujours fermés, il balance sa jambe dans cette direction. Il sent une résistance et entend l'homme jurer et tomber au sol. Il ouvre les yeux et profite de l'effet de surprise pour se jeter au bas du brancard. Il se réceptionne à genoux et ne tente pas de se relever. Il sent que ses jambes ne pourront pas le porter très longtemps, et il préfère les ménager pour plus tard.

Le garde se rue dans sa direction, et Duo se jette dans ses jambes pour le faire chuter. Malheureusement, le garde réussit à tomber sur le châtain et à l'immobiliser, le temps que l'infirmier se reprenne et l'aide à le hisser sur son siège et à l'y maintenir en serrant les sangles au maximum sans lui couper la circulation sanguine. Ils lui remettent ensuite les capteurs sur le torse et le crâne, avant de ressortir de la pièce en grommelant après leur prisonnier trop remuant. Un autre garde entre presque aussitôt, et prend place sur la chaise près de la porte.

Duo se débat encore pendant une dizaine de minutes, avant d'abandonner, le corps en sueur et les membres tremblants. Il regarde l'horloge au-dessus de la porte et s'aperçoit avec stupeur qu'il est déjà midi passé. Il est donc resté presque quatre heures dans cette machine infernale. Il n'a pas faim, bien qu'il n'ait rien avalé depuis la veille. Il commence à sentir de nouveau son sang s'échauffer, et craint le retour prochain de la douleur.

Une heure après, le docteur Bollard vient le voir, toujours accompagné de sa secrétaire, et commence à lui faire subir une série d'examens. Cela commence par une prise de sang et la vérification de ses réflexes musculaires à l'aide d'une aiguille, puis il est de nouveau déplacé pour être radiographié intégralement. Il est ensuite ramené dans sa cellule et rebranché aux appareils de mesure.

La douleur sourde est revenue au cours de la radio et il semble à Duo qu'elle devient de plus en plus forte, sans toutefois atteindre l'intensité de ce matin. Il essaye de s'endormir, espérant pouvoir récupérer un peu et ainsi n'être pas un poids mort dans l'hypothèse où Heero viendrait le chercher.

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Vendredi après-midi, quelque part dans le piémont italien

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Duo n'est pas rentré et n'a pas donné signe de vie. La pointe d'inquiétude qui avait traversé hier le coeur de Heero est revenue ce matin et y a pris ses aises. Il n'a donc pas attendu les 12h réglementaires avant de commencer les recherches et a cherché à entrer dans les bases de données concernant les pilotes en milieu de matinée.

Depuis la dernière fois qu'il est entré dans ce fichier, les mots de passe ont été changés et les failles du système ont été corrigées. Heero réussit cependant à forcer les défenses de la base de données sans se faire repérer, une bonne heure après avoir commencé.

Malheureusement, rien n'a été rajouté sur la fiche du deuxième pilote. Au cas où, Heero vérifie aussi chacune des fiches, mais rien n'indique qu'un pilote ait été capturé. Passablement rassuré sur le sort des trois autres, Heero change de stratégie pour retrouver le natté. Il cherche l'ordre de mission de Duo et tente d'entrer dans le réseau de la base suisse. Le niveau élevé de sécurité lui fait froncer les sourcils. Ce n'est pas normal pour une si petite base.

Flairant un problème, Heero déploie des trésors d'ingéniosité pour passer outre les systèmes anti-intrusion. Finalement, il réussit à entrer dans la mémoire des ordinateurs du laboratoire principal. Il lance une recherche sur les derniers fichiers modifiés et finit par tomber sur le brouillon du rapport d'une expérience en cours.

Il lit les premières pages en diagonale. Le but de l'expérience le fait grimacer, ça ressemble à une farce. Il faut vraiment que Romefeller se sente acculé pour explorer une voie aussi absurde. Mais lorsqu'il parvient à la description du cobaye, accompagnée d'une photo de Duo, son inquiétude se transforme en froide détermination.

Il télécharge le fichier et les dossiers affiliés, et entame la mise au point d'un plan de sauvetage. Après quelques heures passées à peaufiner les derniers détails, il prend ses affaires et commence son voyage vers la Suisse.

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Vendredi soir, dans une base d'OZ en Suisse

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Duo se réveille au son mat d'un corps tombant au sol. Il essaye de relever la tête, mais un puissant mal de crâne le fait gémir et refermer les yeux. Une main fraîche vient se poser sur son front, et un murmure lui parvient aux oreilles :

- Duo ?

Tiens, on dirait la voix de Hee-chan... Non, c'est pas possible, il est vraiment venu me sauver ?

- Duo ? Tu m'entends ?

Duo se force à rouvrir les yeux et cligne plusieurs fois pour faire le point. Lorsqu'il reconnait Heero, un faible sourire vient fleurir sur ses lèvres et il hoche la tête. Le brun détache les liens et les capteurs puis il lui demande :

- Tu peux te lever ?

- Chais pas. Vais essayer...

Sa voix est rauque et sifflante, conséquence de ses hurlements et de sa fatigue générale. Heero l'aide à se redresser et à poser les pieds au sol. Duo prend appui sur l'épaule de son ami et réussit à se hisser sur ses jambes. Il tente un pas en avant, et serait tombé si Heero ne l'avait pas rattrapé au dernier moment.

- Désolé.

Heero passe devant Duo et se baisse légèrement.

- Monte.

- Hein ? Mais...

- Monte ou je te laisse là.

Le ton de Heero ne supporte pas de refus, alors Duo s'exécute. Il se hisse tant bien que mal sur le dos du soldat parfait et ce dernier lui passe une bande de tissu sous les fesses pour le maintenir tout en conservant l'usage de ses mains.

Heero repart dans les couloirs, évitant les rondes en se cachant dans les coins sombres et réussit à sortir de la base sans avoir déclenché l'alarme. Il court à travers bois et ne s'arrête qu'une fois arrivé au véhicule qu'il a abandonné à deux kilomètres de la base. Lorsqu'il descend Duo de son dos, il s'aperçoit que le châtain s'est évanoui.

Il tente de le réveiller, mais sans succès. Il installe alors l'américain sur la banquette arrière de la voiture et l'attache avec les ceintures de sécurité pour qu'il ne tombe pas avec les cahots. Puis, il s'assied au volant et prend la direction de leur planque.

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Samedi matin, un peu après minuit, quelque part dans le piémont italien

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Heero s'arrête devant le chalet qu'il a quitté un peu plus tôt et en fait le tour à pied pour vérifier que personne ne s'est introduit dans la demeure en son absence. Une fois rassuré, il détache Duo et le hisse de nouveau sur son dos. Il le porte jusque dans leur chambre et le couche sur le flanc dans son lit.

Il l'enfouit sous les couvertures avant de lui caresser doucement les cheveux. Il remarque alors que c'est la première fois qu'il le voit les cheveux détachés. Les longues mèches couleur miel lui encadre le visage et quelques cheveux plus courts volètent légèrement au rythme de sa respiration.

Heero le regarde longuement avant de soupirer et de retourner à son ordinateur. Il veut étudier le dossier qu'il a trouvé sur les serveurs du laboratoire pour savoir ce que Duo a subi. Il pourra ainsi lui administrer les soins idoines.

Il est toujours plongé dans sa lecture lorsque Duo s'éveille, de longues heures plus tard. Le châtain n'ouvre pas les yeux tout de suite. Il soupire de soulagement en entendant le léger cliquetis des touches de l'ordinateur.

Praise God ! Heero est vraiment venu me chercher ! Ce n'était pas un rêve !

Il bâille à s'en décrocher la mâchoire et tente de se redresser. Mais il est trop faible pour bouger. Il ouvre alors les yeux. Il voit trouble. Il cligne plusieurs fois et finalement, réussit à faire le point. Les couleurs lui semblent bizarres, mais peut être que la lumière du petit matin qui filtre au travers des volets en est la cause.

Bonjour Hee-chan !

- Miaou !

To Be Continued


(1) saphead : abruti en américain

Notes de l'auteur :

Au départ, ce devait être Heero qui devait faire les frais de cette histoire, mais comme je lui en avait déjà fait voir des vertes et des pas mûres dans Chien de combat, j'ai décidé de m'en prendre à Duo cette fois-ci.

Rassurez-vous, je suis en mesure de vous garantir une update régulière sur cette fic, vu que j'ai fini de l'écrire avant de commencer à la poster. Il y aura 4 autres chapitres à peu près aussi long que celui-là. C'est à vous de choisir la cadence de parution ^_^