Si tout était à refaire, je demanderais au Doc s'il ne peut pas nous payer un appartement quelque part, en dédommagement pour tout ce qu'on a vécu. J'accrocherais une photo de nous quatre sur le mur de ma chambre. Je demanderais à Arthur de me montrer sur une carte où sont exactement les Philippines et où est-ce qu'on pourrait aller maintenant qu'on a trouvé une espèce de réponse.

Quand je serai plus vieux, je demanderai au Doc si moi aussi je ne pourrais pas être Magister, m'infiltrer chez l'ennemi comme un Cheval de Troie. Juste histoire de surveiller nos arrières. Je ne suis pas certain de pouvoir de nouveau faire confiance au Doc complètement un jour. Et puis peut-être que j'apprendrai d'autres trucs sur nous. Je serais une sorte de James Bond. Je m'achèterai une nouvelle paire de lunettes pour l'occasion.

Si on avait encore une vie devant nous, je raconterai peut-être aux autres que je les ai vus, moi, les dragons. Peut-être que Violaine me laisserait leur parler, si elle était de bonne humeur. J'aimerais dire merci à Arthur pour avoir géré cette équipe comme un pro quand nous étions au bord du gouffre. Je voudrais dire aux filles qu'elles sont les sœurs que je n'ai jamais eues.

J'écrirais un compte-rendu de nos aventures passées et je tiendrais un journal de bord pour les suivantes, comme un pirate. J'instaurerai une soirée pizzas devant la télévision une fois par semaine, et un midi on pourrait essayer ce petit restaurant chinois qui a ouvert près de notre ancien quartier général mais où l'on n'a pas encore eu le temps de mettre les pieds. Violaine peut dire ce qu'elle veut, rien ne vaut les nouilles chinoises.

Après le repas, on pourrait aller dans une fête foraine, faire un tour de manège, acheter des churros et les partager sur un banc. Je n'ai jamais été à une fête foraine. Les couleurs, les mouvements... Tout ça est épuisant mais je voudrais essayer; juste prétendre, le temps d'un après-midi.

On est encore que des enfants, après tout.