Ce lien si particulier

Chapitre 1 : Malheurs et addictions.

Disclamer : Comme d'hab', faut-il vraiment se répéter à chaque fois ?*soupir de lassitude* Bon, tout est à JKR et rien n'est à moi à part le scénario…

Note de l'auteur : Si vous voulez une musique de fond, je vous conseille « Addicted » de Kelly Clarkson, vu que c'est celle-ci que j'ai écouté en écrivant. Bonne lecture !

Couple : HP/ DM

Résumé : PostPoudlard et Post T7 sans l'épilogue. «C'était moi qui ne supportais plus la brûlure trop douce de l'alcool. Trop douce par rapport à la flamme qui m'avait embrasé le corps, cette nuit. Dans le parc. Avec toi…» OS HP/DM malgré le début.

Ce lien si particulier

Je me tenais debout, à l'entrée de mon salon. J'étais figé d'horreur et d'incompréhension devant la scène qui se déroulait devant moi. Cette même scène qui me brisait indéniablement le cœur. Du seuil de la pièce, je voyais tout, j'entendais tout : leurs gémissements écœurants, leurs grognements de plaisir, leurs râles, leurs soupirs, le bruit de leurs corps qui s'entrechoquaient, et le prénom murmuré de sa voix. Ce prénom qui n'était pas le mien.

J'avais le souffle coupé, mes mains tremblaient, mais mes yeux ne voulaient pas, ne pouvaient pas se détacher de leurs corps entremêlés sur le canapé du salon. J'étais hypnotisé. Une seule question tournait cruellement, inlassablement dans ma tête : Pourquoi ? Que lui avais-je fait ?

Je voyais les muscles de l'homme rouler sous sa peau, se contracter à chacun des coups de reins qu'il lui infligeait. Je voyais sa peau pâle couverte de sueur et ses cheveux si flamboyants, dans lesquels j'aimais tant passer ma main, collés à son front par la sueur. Je voyais son visage tordu, déformé par un plaisir que je ne lui avais jamais donné. Ses yeux étaient fermés et sa bouche entrouverte, que j'avais tant embrassée, laissait échapper des râles de pur plaisir.

Un frisson de dégout me parcouru l'échine lorsque ses mains agrippèrent les épaules larges de l'autre alors que leurs mouvements s'accéléraient. Ses yeux s'ouvrirent sous le coup du fulgurant orgasme qui parcourra son corps. Sa respiration se calma et leurs lèvres se cherchèrent avant de se sceller dans un baiser. Elle leva la tête et son regard troublé se posa enfin sur moi qui n'avait pas bougé du seuil de la porte et qui les avait observé pendant qu'elle me trompait sur le canapé de mon salon.

Je n'étais pas en colère. Je ne l'étais plus.

Elle avait l'air horrifiée. Quelle bonne comédienne ! Elle ne s'attendait tout de même pas à ce que je ne la voie pas ?

J'étais juste rentré plus tôt de mon école. Son amant se retira d'elle et se retourna, complètement nu. Un petit sourire jouait sur ses lèvres.

Je n'avais jamais cru possible de pouvoir souffrir autant et pourtant j'ai encore plus mal quand je reconnais son visage tuméfié, souvenir de la Guerre. Il se recouvrit prestement d'un drap, en rougissant. Mais elle ne bougea pas, elle se contentait de me fixer de ses yeux marrons, le visage figé. Je savais qu'il fallait qu'elle parte. Je ne voulais plus jamais la voir. Je n'en avais pas la force. Comment avait-elle pu me faire une chose pareille après tout ce qu'on avait vécu ensemble ? Et avec l'un de mes meilleurs amis !

Je sortis de la pièce à toute allure, les yeux pleins de larmes. Je voulais mettre le plus distance entre elle et moi. Quand je commençai à monter les escaliers, j'entendis sa voix m'appeler.

-Harry ! Attends !

Non ! Je ne voulais pas savoir, qu'elle me laisse en paix ! Qu'elle parte ! J'avais déjà trop mal, je ne pourrais pas en supporter davantage. J'accélérai le pas et me dirigea vers la salle de bain. Une nausée atroce m'avait envahit. Mon cœur et mon estomac étaient retournés. Penché sur la cuvette, je vomis. J'avais si mal. J'entendis ses pas reconnaissable entre mille, qui montaient les escaliers, et son souffle rapide. Du coin de l'œil, je la vis pousser la porte de la salle de bain et entrer. Je me relevai, titubant et tira la chasse. Sans pouvoir la regarder en face, je me dirigeai vers le lavabo et me rinça la bouche. Je me relevai ensuite et m'appuya sur les montants du lavabo. Ginny soupira et je m'accrochai plus fermement aux montants du lavabo, le dos tourné, les yeux fermés. Je ne relevai même pas la tête lorsqu'elle se mit à parler, d'une voix encore rauque et engourdie d'avoir fait l'amour.

-Harry, ce…ce n'est pas ce que tu crois…je…on était là et on parlait de la Guerre, alors…

-Va t'en, murmurais-je, dans un souffle. J'entendis sa respiration se couper brusquement.

-Je t'en prie, laisse-moi m'expliquer. Si tu savais…

-Non. Va-t'en. Prends toutes tes affaires, nos photos, pars et ne reviens pas. Je ne veux plus te voir. Jamais.

Elle me tira alors par le bras et me força à lui faire face. Au loin, j'entendis des bruits de pas étouffés et une porte qui claqua doucement. Seamus était partit. J'eus encore plus mal en regardant ses yeux noisette remplis de larmes et quand je vis qu'elle portait uniquement la robe de chambre en soie rose que je lui avais offerte. Elle était tellement belle.

-S'il te plaît, Harry. Pardonne-moi.

-Je ne peux pas. Pas après ça.

- Ca n'est pas important pour moi. Il n'est pas important.

- Je te connais, Ginny. Je sais que c'est important pour toi. Maintenant pars avec lui et ne reviens jamais. Rejoins Seamus.

Elle me scruta le visage d'une façon intense. Elle soupira une nouvelle fois et se résigna. Je savais alors qu'elle allait me quitter définitivement et qu'elle le rejoindrait pour faire sa vie avec lui. Elle s'approcha doucement de moi et me donna un baiser sur la joue. Je fermai les yeux face à ce contact cruellement délicieux. Un baiser d'adieu.

- J'espère que tu seras heureux, Harry, me dit-elle d'une voix pleine de regrets.

- Je l'étais, lui répondis-je, la voix brisée de tant retenir mes larmes.

Elle me jeta un dernier regard empli de tristesse et quitta la salle de bain en fermant la porte. Je fermai les yeux et me laissa glisser sur le sol dur et froid, le visage enfoui dans mes mains. J'entendis Ginny s'affairer à ranger ses affaires, le plus vite possible. Il y eut un bruit sourd plus bruyant que les autres et le choc d'une valise posée à terre. J'entendis le bruissement de l'étoffe de son manteau, ses pas dans les escaliers, suivit de la valise, une porte qu'on ouvre et qu'on referme et le silence revint, oppressant, angoissant. Il m'englobait telle une vague meurtrière. A cet instant, je me laissai aller et je pleurai alors comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Au crépuscule, épuisé, je m'endormis contre le carrelage glacé.

OoOoOoOoOoOoOoOoO

Lorsque je me réveillai le lendemain matin, j'avais mal partout et les yeux gonflés d'avoir trop pleuré. La lumière attaquait ma rétine cruellement et j'avais la bouche pâteuse. Je me relevai difficilement et sorti de la salle de bain sans prendre la peine de regarder mon reflet dans le miroir. Je savais que je devais avoir l'air affreux.

Je me dirigeai vers mon bureau d'un pas chancelant. Je vis flou et je senti que mes yeux étaient à nouveaux pleins de larmes. D'un geste las, je les essuyai.

J'avais déjà trop pleuré dans ma vie, surtout à cause la Guerre. Après avoir vaincu Voldemort, j'avais essayé, tant bien que mal, de continuer ma vie là où je l'avais laissé avant de partir à la recherche des Horcruxes. J'avais donc repris ma scolarité, tout comme Hermione, pour pouvoir finir ma septième année en compagnie de Ginny et aussi pour avoir mes ASPICs, afin de pouvoir faire quelque chose de ma vie plus tard. Ron, lui, n'avait pas voulu faire sa septième année avec nous et avait préféré travailler avec George dans sa boutique.

J'avais pensé que passer ma dernière année avec Ginny nous aurait rapproché le plus possible. Je l'aimais tellement. Je m'étais lourdement trompé, de toute évidence. Dès que j'avais obtenu mes ASPICs, j'avais emménagé avec elle dans la maison lugubre que mon parrain m'avait léguée. Avec l'aide de la famille Weasley et de Kreattur, nous avions rendu cette maison vivante et habitable. Un vrai nid d'amour pour elle et moi. Du moins, c'est ce que je croyais. J'avais ensuite posé ma candidature à l'école de formation des Aurors, qui m'accepta immédiatement, avec joie et hypocrisie, sans même regarder mon dossier. J'avais l'impression d'être un horrible usurpateur. Ginny, elle, avait été repérée par une équipe de Quidditch professionnelle qui l'engagea. Elle voyageait beaucoup et on se voyait de moins en moins. Est-ce ça qui nous a autant éloigné l'un de l'autre ou est-ce que notre couple était voué à l'échec dès le départ ?

J'avais tellement cru en nous, en notre amour. Je pensais réellement qu'elle était mon âme sœur. Alors pourquoi le destin s'est-il amusé à me torturer une fois encore ?

Je ravalai mes larmes en entrant dans mon bureau. En soupirant, je m'assis lourdement sur la chaise et tira un rouleau de parchemin, ainsi qu'une plume et de l'encre. Je trempai ma pluma dans l'encrier et me pencha sur la feuille vierge afin d'y rédiger ma lettre. Une fois fait, j'enroulai le parchemin et me leva. Je me dirigeai ensuite vers notre-ma-chambre. En entrant dans la pièce, la réalité me foudroya sur place.

Elle était partie. La pièce n'était pas en désordre, mais je ne sentais plus sa présence ici. Il n'y avait plus sa robe de chambre, habituellement accrochée à la porte de l'armoire, la cage d'Arnold, le borsouflet, avait disparue et son parfum n'embaumait plus l'air de la pièce.

Je jetai un regard triste sur la pièce et me dirigeai vers la cage de mon hibou, Etoile. Je l'avais nommé ainsi, parce que son plumage était aussi sombre que la nuit et ses yeux ambrés, si semblables à ceux d'Hedwige, contrastait merveilleusement bien avec son plumage ténébreux, telles deux étoiles au milieu du ciel.

Je lui tendis la lettre qu'il prit dans son bec et lui caressa doucement la tête avant de le regarder s'envoler par la fenêtre, sous un ciel gris orageux.

J'avais décidé de prendre quelques jours de congés, en profitant honteusement de mon statut de « Sauveur ». Un titre auquel je ne m'habituerais jamais, malgré ce que j'avais fait. Je me dirigeai vers mon lit et m'y affala de tout mon long, le corps soudain trop lourd. J'enfoui ma tête dans son oreiller, espérant y recueillir, une dernière fois, la fragrance de son parfum. En vain. A croire que ce que l'on avait vécu tout les deux n'avait été qu'un rêve. Un rêve qui avait viré au cauchemar.

D'une voix étouffée par le coussin écarlate, j'appelai Kreattur. Dans un CRAC retentissant douloureusement dans mon crâne, il apparut à côté du lit.

-Est-ce que maître Harry va bien ? demanda t-il d'une voix croassante d'où perçais une pointe d'inquiétude. Kreattur a appris que la compagne de son maître était partie.

-Je vais bien. Apporte-moi une bouteille de Whisky Pur Feu. S'il te plaît.

Je voulais oublier toute cette histoire. Je voulais oublier ma vie. Et le plus vite possible.

-Tout de suite, maître, dit-il et je l'entendis disparaître à nouveau.

Peut-être que l'alcool ne m'aiderait pas comme je le voulais, mais il fallait que je fasse quelque chose. N'importe quoi. Quelques instants plus tard, l'elfe revint avec une bouteille rempli d'un liquide ambré et bienfaiteur, ainsi qu'un verre.

-Maître Harry désire t-il manger quelque chose ?

-Non, merci Kreattur. Je n'ai besoin de rien d'autre, fis-je en relevant la tête pour le regarder.

Il me tendit la bouteille, et le verre, s'inclina et repartit sans un mot dans un nouveau CRAC qui résonna longtemps dans la pièce. J'ouvris la bouteille et avala de grandes gorgées du liquide ambré sans m'embarrasser du verre. Ma gorge me brûla affreusement, mais ça me fit du bien. J'arrêtai de boire pour reprendre mon souffle. Ma tête me tourna et je fermai les yeux, espérant chasser cette impression désagréable. Mais quand l'inconscience m'enveloppa, je l'accueillis avec reconnaissance.

OoOoOoOoOoOoOoOoO

Je ne savais pas depuis combien de temps, j'étais devenu cette loque humaine trop saoule, trop sale et trop apathique pour faire quelque chose d'autre que de boire et de dormir toute le journée, mélangeant alcool et potions anti-gueule de bois. La seule chose que je savais, c'était que plus le temps passait et plus je m'enfonçais. L'alcool m'offrait un réconfort plus sûr que n'importe quoi d'autre et m'enveloppait d'un cocon chaud, rendant ma vision flou. Un cocon auquel je ne voulais pas me soustraire.

Aurais-je seulement pu le faire ?

Je me sentais si faible. Je n'avais plus la force de faire les choses qui semblaient faciles et essentielles. Je ne mangeais pas ou que très rarement. Je ne dormais pas, mes nuits étant hantées par des cauchemars. Je ne me levais plus de mon lit, je ne sortais plus, je ne voyais plus mes amis, ne leur donnais aucunes nouvelles. Je n'allais même plus en cours. Et je m'enfonçais, inexorablement. Petit à petit, heures par heures. Mais je ne faisais rien pour m'en sortir.

Est-ce que j'attendais que quelqu'un vienne me sauver? Moi, le héros?

Quelle douce ironie! Le sauveur incapable de se sauver lui-même. Terrassé par un trop grand chagrin d'amour.

Kreattur apparu soudainement devant moi, sans que je ne l'aie appelé. Je ne tournai pas la tête vers lui et continua de regarder les rues de Londres par la fenêtre. Il apparaissait régulièrement de cette façon, sans prévenir. Je savais qu'il allait vouloir me faire manger quelque chose, alors que mon estomac ne supportait plus rien depuis des semaines, ou alors il voudrait que je sorte, que j'écrive à Ron et Hermione. Je n'avais presque plus la force de refuser et il le savait. Mais avant qu'il n'ouvre la bouche, je lui posai une question.

-Quel jour sommes-nous ?

-Vendredi 2 mai, maître, m'informa t-il en me regardant de manière étrange.

Sa réponse me prit au dépourvu, malgré le brouillard qui obscurcissait ma tête.

-Merlin, ça fait déjà deux ans…Deux ans qu'il est mort.

Plus d'un mois que Ginny est partie.

-Maître Harry devrait aller se laver et s'habiller.

Je tournai ma tête vers lui, agacé.

-Et pourquoi aujourd'hui plus qu'un autre jour ? Lui demandais-je, en colère.

Il inclina la tête, penaud de m'avoir fâché une fois de plus, et répondit à ma question à toute vitesse, comme s'il ne voulait pas vraiment le dire.

-Aujourd'hui a lieu comme tous les ans à cette même date, la réception que donnent le Premier Ministre et la directrice de Poudlard et à laquelle maître Harry est invité, puisqu'ayant anéanti le Seigneur des Ténèbres.

Je me pris la tête dans les mains. J'avais vraiment oublié cette fichue réception. Tant pis, je n'irais pas. Le héros a besoin de rester seul encore un peu. Ils n'avaient plus besoin de moi. Relevant la tête, je fis signe à Kreattur de partir. Il parut étonné par ma réaction mais obéit sans broncher. Une fois partit, je retournai à ma contemplation silencieuse des rues de Londres, perdu une fois encore dans mes pensées. Presque aussitôt, un bruit lointain me fit sursauter.

Que se passait-il ?

Je me relevai en chancelant dangereusement et me dirigeai vers la porte d'un pas lourd. Je ne l'avais pas atteint que ma meilleure amie fit irruption dans la pièce. Elle me regarda avec des yeux ronds pendant un moment. Puis Hermione se précipita vers moi et me serra contre elle avec affection. Je me laissai aller à ce contact si doux et passa mes bras autour de sa taille.

Depuis combien de temps n'avais-je pas eu droit à une étreinte aussi chaleureuse ?

- Mon Dieu, Harry, je suis si désolée pour toi, dit-elle en me caressant doucement les cheveux. Pourquoi t'être encore une fois refermé sur toi-même ? Tu aurais dû venir nous voir, on est là pour ça, tu sais. Ron est absolument furieux de ce que Gi… de ce qu'elle t'a fait.

J'étais heureux qu'elle n'ait pas prononcé son nom. Elle se recula un peu et me pris le visage entre les mains afin de mieux m'observer. Je baissai les yeux de honte qu'elle me voit aussi faible.

-Depuis quand n'as-tu pas pris un bon repas ?

Je haussai les épaules. Je n'avais plus aucune notion du temps. Les journées et les nuits se ressemblaient, chacunes me laissant plus malheureux que la précédente.

-Va prendre une douche, habille-toi et rejoins moi dans la cuisine, me dit-elle d'un ton autoritaire qui marche à chaque fois sur moi. J'obéis et me dirigea vers la salle de bain. En passant devant le miroir, j'observai mon reflet pour la première fois depuis des semaines. Et je ne me reconnu pas. Qui était cet homme aux yeux cernés et injectés de sang ? Qui était cet homme au teint maladif et aux traits tirés ?

Je me détournai du miroir, me déshabilla et entra dans la douche. J'ouvris le robinet de l'eau chaude à fond et la laissa couler sur mon corps endolori, me dégrisant agréablement. Je posai mon front contre la paroi carrelée de la douche, appréciant le contact brûlant de l'eau sur moi. Dès que je fus bien détendu, je sortis, enroulai une serviette autour de ma taille et sortis.

J'entrai dans ma chambre et farfouilla dans l'armoire afin d'y trouver une tenue correcte. Je savais qu'Hermione me trainerait de force à cette soirée. Après tout, c'est moi le héros.

Je m'habillai et rejoignis Hermione qui m'avait préparé un repas. Mon estomac criait famine et je me rendis compte à quel point j'étais affamé. En m'asseyant à la table, elle me tendit une fiole remplit d'un liquide bleuâtre. Je l'attrapai et lui fit un sourire reconnaissant. Elle posa ensuite une assiette remplie de nourriture devant moi avant d'aller s'asseoir. J'avalai la potion anti-gueule de bois en grimaçant. Je pris ensuite ma fourchette et entreprit de manger le ragout qu'elle m'avait préparé. Après avoir mangé la moitié de ce que contenait l'assiette, je la repoussai. Mon estomac refusait le reste. Hermione soupira et m'observa. Gêné, je détournai le regard.

-Harry, je voudrais vraiment que tu viennes ce soir, avec Ron et moi à la soirée à Poudlard. S'il te plaît. Tu as vraiment besoin de sortir, tu as une mine affreuse.

Je fus étonné qu'elle n'insista pas plus. Je croisai son regard. Elle me regardait avec des yeux brillants et je sus que je ne pouvais pas lui refuser ça. Je soupirai et me passa la main dans les cheveux encore humides.

-Très bien. Je te suis. Mais, je t'en prie, ne me parle pas de ... d'elle ce soir.

Elle hocha la tête de compréhension, se leva et d'un coup de baguette fit disparaître ce qu'il restait sur la table. Je me levai à mon tour et la suivit dans le salon. Elle prit le bocal rempli de Poudre de Cheminette et me le tendis afin que j'en prenne une poignée. Je m'avançai alors vers la cheminée, y entra et jeta la poudre dans l'âtre en prononçant d'une voix claire « Poudlard ». Les flammes vertes m'enveloppèrent et je fus aspiré dans un tourbillon de lumière et de flashs. Je ne m'étais jamais réellement habitué à ce moyen de transport.

Avant le choc d'arrivée, je tendis les mains devant et réussit à atterrir dans la Grande Salle de Poudlard sans me casser quoique ce soit. Je me relevai et jetai un coup d'œil autour de moi en m'époussetant les vêtements. Quelques instants plus tard, Hermione sortit de l'âtre suivit de peu par Ron. Je baissai aussitôt les yeux, espérant qu'il ne me voie pas comme ça. En vain.

-Je vais la tuer ! s'exclama t-il d'une voix sourde.

-Quoi ? Demandais-je en relevant la tête.

-Je vais la tuer ! Mais regarde-toi, bon sang ! s'écria t-il en me montrant de la main.

Hermione posa une main sur son bras pour l'apaiser et lui chuchota quelque chose à l'oreille que je n'entendis pas. Son regard s'adoucit et il inspira un grand coup, comme pour se donner du courage. Je détournai la tête et observa la Grande Salle en allant vers le buffet, suivit par mes deux meilleurs amis. Comme à Poudlard.

-Allons manger, fit Ron, redevenu soudain joyeux.

Je levai les yeux au ciel.

-Ron ! Le réprimanda Hermione d'un ton sévère. On n'est pas là pour ça !

Un sourire amusé vint étirer mes lèvres. Ils ne changeraient jamais. C'était rassurant. La soirée commença réellement de longues minutes plus tard, alors que j'avais pris la décision de partir tellement je m'ennuyais. Je buvais tranquillement une coupe de champagne, lorsque le Ministre entra dans la pièce suivit par la directrice de Poudlard, ainsi que tous les professeurs. J'haussai un sourcil sceptique. Pourquoi faire encore, chaque année, tout ce protocole épuisant à souhait ?

J'observai alors plus attentivement et remarqua que plusieurs personnes, dont Draco Malfoy, se tenaient au centre de la pièce, attendant visiblement quelque chose. Puis la mémoire me revint. Le ministre allait rendre public les noms de Mangemorts qui avaient sévis « contre leur gré » pendant la Guerre. Je n'étais pas certain que toutes les personnes réunies au centre de la pièce soient devenues Mangemorts contre leur volonté. Je savais que Malfoy avait été forcé de torturer des gens pour ne pas voir ses parents mourir. Je l'avais vu dans l'un de mes cauchemars. Mais combien d'autres avaient été dans le même cas que lui ?

Je laissai la cérémonie se dérouler sans y prêter plus d'attention que nécessaire. Le ministre prononça un discours, énonça les noms et alla serrer les mains des gens rassemblés. Puis tout le monde applaudit et se dispersa pour aller, soit voir des connaissances, soit se précipiter sur le buffet.

Je pris une nouvelle coupe de champagne et sans regarder derrière moi, je sortis du château et me retrouva dans le parc. L'air était doux et le soleil déclinait lentement à l'horizon. Je traversai le parc et alla m'appuyer contre l'hêtre sous lequel nous nous asseyions quand nous étions encore étudiants ici. Ce même arbre où j'avais vu mon père humilier Rogue. J'inspirai longuement l'air du crépuscule, une coupe de champagne dans une main et l'autre dans ma poche. Je restai plongé longtemps dans mes pensées, sirotant toujours le champagne, jusqu'à ce que la nuit noire remplace le soleil couchant. Je pensais à Ginny, à nos moments passés près du Lac, en sixième année. Ces moments volés.

Merlin, comme j'ai pu aimer et détester cette année-là !

Je l'ai aimée pour ces instants passés près d'elle, presque magiques, pour la Coupe de Quidditch en fin d'année. Je l'ai tellement détestée lorsqu'elle me m'a plus offert que tristesse et solitude. Dumbledore, mort. Son enterrement rempli de chagrin et ma rupture avec Ginny. Pourquoi n'a-t-elle pas saisi sa chance de ne plus être avec moi à ce moment là ? Pourquoi m'avoir fait espérer ?

Et l'inquiétude de ne pas savoir mais de sentir quand même qu'il préparait quelque chose. La colère de ne pas réussir à convaincre mes amis, qui ne voyaient strictement rien. Pourquoi est-ce que je te suivais autant à cette époque, toi Draco Malfoy ? Et pourquoi étais-je le seul à le voir ? A le sentir que tu préparais quelque chose de dangereux? T'es-tu rendu compte de l'attention que je te portais ?

Je soupirai et passa la main dans mes cheveux.

-J'ai toujours détesté quand tu faisais ça, Potter.

Je sursautai et me retourna pour te voir me souriant. De ce sourire rien qu'à toi, entre cruel et moqueur.

-Je n'ai jamais eu comme but de faire ce que tu aimes, Malfoy. Répliquais-je, acide en me détournant. Pourquoi te haïssais-je toujours autant après tant d'années ? Pourquoi ma haine était-elle encore plus intense de jour en jour ?

Tu ne répondis pas et observa le Lac, toi aussi. Nous sommes restés un long moment comme ça et je ne savais plus quoi faire. Puis soudainement tu pris la parole.

-Alors, qu'est-ce que ça fait ?

-De quoi tu parles ?

-Qu'est-ce que ça fait de voir sa fiancée se faire sauter par son camarade de dortoir sur le canapé du salon ?

La coupe de champagne tomba au sol et se fracassa. Une rage sourde s'empara de moi, et, sans réfléchir, je me précipitai sur toi en te tenant par le col de ta robe de soirée. Je n'entendais rien de plus que les battements de mon coeur qui se répercutait dans ma tête. Pourquoi frappais tu toujours là où ça faisait le plus mal ?

Comment savais-tu si bien me blesser, rien qu'avec tes mots ?

Ta tête heurta brutalement le tronc derrière toi, mais je ne m'en préoccupai pas le moins du monde. Pour la première fois depuis des semaines, je revivais. C'était inattendu et brutal. Ma première vraie inspiration depuis des semaines d'obscurité. La première fois que je voyais vraiment depuis longtemps. Pourquoi maintenant ? Pourquoi avec toi ?

-Je crois que j'ai touché un point sensible, dis-tu, railleur.

-La ferme ! M'écriais-je en enserrant plus fortement le col de ta chemise. Tu veux savoir ce que ça fait, connard ? Tu veux vraiment savoir ? Ça fait mal ! Ça fait mal !

Soudain je sentis mon genou partir pour atterrir dans ton estomac. Tu te plias sous le coup de la douleur, en suffoquant. En te voyant te masser les côtes pour reprendre ton souffle, je me rends compte de ce que je viens de faire. Je n'ai jamais été aussi violent avec quelqu'un. Même pas avec toi. Tu m'as toujours fait perdre la tête.

Je me penchai vers toi et posa ma main sur ton épaule, mais tu la repoussas violement en te relevant. Je n'ai eu le temps de voir que ton regard gris rempli de colère avant de sentir ton poing s'écraser avec force sur ma lèvre qui éclata sous le coup. Je vacillai. Je n'ai pas eu le temps de reprendre mes esprits que tu m'attrapas à ton tour par le col pour m'acculer contre l'arbre. Ma tête cogna violement le tronc. Je sentais le sang couler de ma lèvre jusqu'à mon menton. Je me sentais si vivant sous tes coups. Ta main enserra ma gorge, bloquant mon souffle. Tu avais ma vie entre tes doigts.

En étais-tu seulement conscient ?

-Et ça Potter, ça t'a fait mal ?

Ta voix était sifflante et je savais que tu étais dans une rage folle. Autant que moi. Pourquoi sommes nous si semblables et si différents à la fois ? J'aurais voulu pouvoir te répondre, mais tes doigts enroulés autour de ma gorge m'en empêchèrent. Tu resserras ta prise autour de mon cou. Tes ongles s'enfoncèrent dans ma peau. Je suffoquais. Tu te rapprochas alors de moi et me fixa de tes yeux argentés rempli de rage contenue.

-Lâ…Lâche-moi, Malfoy…

Tes sourcils se froncèrent imperceptiblement. Je savais que tu ne me ferais plus rien ce soir. Depuis quand je te connaissais si bien ?

Ta main relâcha doucement mon cou et tu te reculas. Suffisamment pour que je puisse partir, mais pas assez pour que nos deux corps ne se touchent pas. Un frisson me parcourut quand je sentis ton torse frôler le mien.

Depuis combien de temps n'avais-je pas frissonné ainsi ? Et c'était à toi que je le devais. Je m'éloignai rapidement en direction du château, sans un regard en arrière. Pourtant je sentais le tien qui me brûlait la nuque. Je me rendis compte que je voyais les choses différemment maintenant. Tout me paraissait plus clair, plus bruyant, plus odorant. Je me sentais plus vivant que jamais. Pourquoi était-ce grâce à toi ?

Avant de rentrer dans la Grande Salle bondée et bruyante, j'essuyai ma lèvre avec un mouchoir. J'espérais que personne ne remarquerait ma lèvre tuméfiée. Je n'avais jamais aimé les scandales.

J'entrai alors dans la pièce et cherchai du regard mes deux meilleurs amis pour leur dire que je partais. Je n'en pouvais plus. Je repérai Hermione dans un coin de la pièce, discutant avec le professeur McGonagall et une ancienne élève. Je me dirigeai vers elle d'un pas rapide, espérant que personne n'aurait la mauvaise idée de me remarquer. Hermione tourna la tête vers moi, et, à son regard, je sus qu'elle allait me demander ce qui c'était passé. J'arrivai à leur hauteur et salua poliment mon ancien professeur de Métamorphose.

-Par Merlin, Potter, que vous est-il encore arrivé ? Me demanda t-elle avec un léger amusement

-Une rencontre amicale avec un ancien camarade, lui répondis-je, le sourire aux lèvres.

Hermione renifla d'un air dédaigneux, s'excusa et se dirigea vers le Hall en me lançant un regard plein de sous-entendus. Je m'excusai à mon tour et la suivit. Dans le Hall, je la rejoignis sur les marches en marbre menant aux étages supérieurs et m'assis à ses côtés.

-Tu as vu Malfoy, n'est-ce pas ?

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-Ta lèvre ! Et ta tête aussi… Surtout ta tête.

Je baissai les yeux, comme un enfant pris en faute.

-Pourquoi faut-il toujours que vous vous comportiez encore comme des ados ?

-Je ne sais pas, Hermione…

J'aurais pourtant aimé le savoir de tout mon cœur. Pourquoi toi ?

-Pourquoi, Hermione ?

-Pourquoi quoi, Harry ?me demanda t-elle d'une voix douce.

-Pourquoi est-ce le seul qui me fait ça ? Pourquoi est-ce le seul à avoir réussi à me redonner vie ?

-De quoi tu parles ?questionna Hermione, les sourcils froncés

-Quand je me battais avec lui tout à l'heure, je me sentais si…vivant. Plus que je ne l'ai jamais été depuis des semaines, peut-être des années…

Elle me fixa intensément, mais ne répondit pas. Pour une fois, elle n'avait pas la réponse à une question. C'était vraiment étrange.

-Peut-être…

-Oui ?

-Peut-être que c'est dû au fait que tu lui aie sauvé la vie pendant…pendant cet incendie au septième étage. Ça a créé un lien étrange entre vous. Peut-être qu'il a finit par payer sa dette envers toi. Même si c'était inconscient de sa part.

Je tournai ma tête vers elle. Comment avais-je pu oublier ça ? Comment avais-je pu oublier cet instant si grisant ? Le seul moment où nous nous soyons touchés sans nous battre ? Cette nuit a marqué ma vie à tout jamais. Je sens encore la chaleur des flammes sur mon visage. Je sens encore tes doigts enserrant ma taille à m'en faire mal, ta main que j'avais saisie et cette force, qui n'était pas à moi, mais qui m'avait poussé à te sauver, alors même que tu venais de me menacer.

-Peut-être bien, oui…

Elle se leva et se dirigea à nouveau vers la Grande Salle. Avant qu'elle en franchisse les portes, je l'appelai et lui appris que j'avais l'intention de partir. Elle hocha la tête et me fit un signe de la main.

Je levai à mon tour et me dirigeai vers l'entrée du parc. Je transplanerai à Pré-au-Lard.

A suivre ...

Ce premier chapitre est un peu long, mais il installe l'histoire, disons. J'espère que vous avez quand même apprécié ^^

Un petit commentaire pour l'auteur ? :)