Prologue:

Assis dans un fauteuil de bois sculpté recouvert de velours noir, le capitaine du tristement célèbre Kuro Kaze faisait tourner entre ses doigts un médaillon d'or à l'effigie d'une quelconque divinité marine ayant appartenu à son prédécesseur. Prédécesseur qu'il avait trahi et abattu lui-même. Cet homme qui était à la fois son supérieur, son ami et son amant , il lui avait planté son sabre dans le cœur de sang-froid. Pour une simple question de pouvoir.

Aux yeux de l'équipage, il n'éprouvait aucun remord quant à son acte, ce qui faisait qu'ils craignaient ce nouveau commandant, Kitayama Hiromitsu, au moins autant que leur ancien capitaine, si ce n'est plus. Après tout, il avait tué un monstre presque avec facilité. Mais ils n'avaient pas vu cette unique larme qui roulait sur sa joue lorsqu'il contemplait le médaillon de Fujigaya et qui emportait sa culpabilité et ses souvenirs avec elle jusqu'au soir suivant.

Ressentir de la culpabilité pour avoir tué. Il faisait un piètre pirate, n'est-ce pas? Gaya devait bien se foutre de lui, où qu'il soit. Lui au moins ne s'était jamais encombré l'esprit avec des sentiments superflus, le seul qu'il s'autorisait à ressentir étant le désir, ne s'imposant ainsi aucune limite.

Au fond, Kitayama avait toujours admiré Taisuke. C'est pour cela qu'il l'avait trahi, qu'il s'était mutiné. Il ne voulait plus être le seul des deux à ne pouvoir être libre, à se retrouver cloué au sol par des émotions bassement humaines. Le désir est l'unique sentiment propre aux dieux. Le reste, comme la colère, la tristesse, la culpabilité, ... l'amour, empêchent d'atteindre la perfection. Fujigaya était parfait et Hiromitsu lui en voulait pour cela.

Il avait voulu voir de la colère, de la déception, de la haine... n'importe quoi d'autre se peindre sur son visage que ce calme statuaire qu'il arborait à longueur de temps ou le désir qui luisait dans ses yeux quand il s'apprêtait à obtenir ce qu'il voulait. Mais il avait lamentablement échoué. Même traversé par l'épée de son amant et se vidant de son sang dans ses bras, il n'avait pas montré autre chose qu'un calme olympien. Et Hiromitsu s'était senti plus bas que terre devant son regard. Un insecte face à un dieu. Un être humain, tout simplement.

N.A. Bonjour (bonsoir?), voici donc le prologue d'une collaboration avec Chesire. Pour ma part, je dois avouer que je me suis éclatée à l'écrire. Faire une fic à quatre mains avec Chat (dans mon langage, vous pouvez le traduire par Dieu), ce fut un pur plaisir. J'espère donc que vous apprécierez de lire cette histoire autant que j'ai aimé l'écrire.
Azra.