Horoscope
(ou De la manière de patienter quand on a pour seule lecture un vieux Métro)
Auteur: Belyn
Disclaimer: Noël approche, mais je n'espère pas. Saint Seiya, son univers et ses persos sont pas à moi...
Note: Tout le monde est bien sûr ressuscité, sinon il n'y aurait pas vraiment d'histoire possible après les évènements.
Horoscope tiré du Métro du Vendredi 9 Novembre 2007...
Bélier:Tout va bien entre vous et votre partenaire, vous cabotez sur une mer d'huile.
Shion se réveilla lorsqu'un rayon de soleil réussi à se glisser entre les persiennes pour tomber précisément sur sa paupière droite, qui ne tarda pas à chauffer et déranger ainsi le juste sommeil du Grand Pope d'Athéna. Avec un grognement, il se retourna en s'emmêlant encore plus dans les draps de lin qui avaient déjà atteint un niveau de désordre proche d'un drapé d'une toge sur un tableau de grand maître, mettant ainsi son précieux organe de vision hors de portée de l'appendice d'Hélios. Son nez, lui par contre, atterrit sur une épaule chaude et confortable,ce qui déclencha un second grognement, provenant du propriétaire de ladite épaule.
-Mmmmh... Naan, pas déjà...
Pour toute réponse, Shion se contenta de déposer un baiser sur ce qui lui tomba sous les lèvres (un clavicule fort appétissante, ma foi), avant de murmurer:
-Dors encore, mâmour...
Le bel endormi s'empressa d'obéir et de repartir dans les bras de Morphée. Shion, qui s'extirpait progressivement des dernières brumes de sommeil, se fit un plaisir de profiter de la vue. Les mèches en bataille étalées sur l'oreiller, un bras musclé passé sous l'oreiller, et le drap repoussé jusqu'à une taille fine et virile. De quoi donner de l'appétit à n'importe qui de bon matin... Pourtant, avec un soupir, l'ex-chevalier se leva, laissant son regard courir une dernière fois sur le corps de son délicieux amant, puis enfila une toge qui traînait au pied du lit et s'en fût vers la cuisine qui jouxtait l'appartement.
La nuit avait été agitée, mais son simple souvenir suffit à faire venir aux lèvres de Shion un sourire moitié comblé, moitié béat, moitié égrillard. Sur cette magnifique preuve des capacités mathématiques du Grand Pope, ce dernier mit en marche la machine à café qui lui faisait de l'oeil sur le plan de travail, puis tira du placard de quoi faire un petit déjeuner conséquent. Sifflotant un petit air discordant, il ne sursauta pourtant pas lorsque deux bras vinrent lui entourer la taille.
-Bonjour vous...
-Bien dormi, Dokho?
-Peu, mais trèèèèèèès bien, lui répondit-il à travers un large bâillement.
-Q'est-ce que tu dirais de manger un petit quelque chose avant d'aller à l'entraînement?
Prenant un faux air pensif en picorant les lèvres de son amant, le chevalier de la Balance en profita pour glisser une main aventureuse entre deux pans de la toge qui tentait de se faire la malle, sentant qu'elle allait bientôt être de trop.
-Plus tard peut-être... A moins que tu ne me menace de t'évanouir d'inanition dans les instants qui viennent...
-Mais tu sais très bien que la cafetière s'arrête automatiquement...
oOoOo
Au même instant, tout en bas des escaliers, dans le premier temple du sanctuaire, un autre Bélier se réveillait à son tour, lui toutefois en la simple compagnie de son oreiller. Le réveil fût aussi beaucoup plus animé, puisqu'il était dû à un aimable disciple qui confondait le ventre de son bien-aimé maître avec un trampoline.
-Maître! Maître! Maître!
-Kikoumph!
-Aujourd'hui vous devez m'emmener à l'arène! Vous avez promis!
Le souffle légèrement coupé par les démonstrations d'enthousiasme du jeune garçon, le puissant chevalier d'Athéna, Mu de Jamir, seul réparateur des armures du Sanctuaire Sacré, du s'y reprendre à quatre fois avant de recueillir assez d'air pour pouvoir formuler une phrase complète:
-Je sais... Laisse-moi... le temps de... me préparer.
-Je vais préparer le p'tit dèj!
La phrase s'évanouit dans le lointain, alors que Mu pouvait enfin reprendre son souffle. La journée commençait à peine, mais il se sentait particulièrement fatigué: aujourd'hui, au programme, entraînement en compagnie des autres Ors et de Kiki qui lui avait arraché la promesse deux semaines auparavant, trois armures avaient besoin de légères réparations, Shaka lui avait demandé s'il aurait le temps de passer, apparemment il avait besoin de lui parler de quelque chose, et pour finir, Mu s'était promis de passer voir son maître au temple.
Prenant son courage à deux mains et le sol à deux pieds, il s'étira de tout son long, profitant de l'agréable sensation que lui procurait le fait de détendre ainsi tous ses muscles. Puis revint précipitamment à des considérations plus terre à terre en entendant un bruit d'objet rencontrant brusquement le sol en provenance de la cuisine.
Une heure plus tard, le Bélier et son apprenti, le plus jeune un peu plus calme, les deux l'estomac rempli en prévision de la matinée sportive qui les attendait, descendaient en direction des arènes d'entraînement.
-Mu!
Le susnommé se retourna pour voir DM courir vers eux, lui aussi en tenue d'entraînement.
-DM! Déjà levé?
-Me suis fait réveiller par un abruti de première qui a débarqué chez moi aux aurores en hurlant que mon père me réclamait...
-Ton père? Mais...
-Ben ouais, comme tu penses, j'l'ai jamais connu! Cet idiot était à moitié bourré, je lui ai rafraîchi les idées en lui plongeant la tête dans un tonneau qui traînait dans le coin.
-Tu n'as pas honte?
Question purement pour la forme, étant donné le sourire en tranche de cuccurbitae qu'affichait Mu. Son collègue lui répondit par un rictus plein de dents.
-C'était ça, ou je le renvoyais aux dortoirs par la voie des airs!
Mu et Kiki éclatèrent de rire. DM continua à sourire, ses yeux brillants posés sur le gardien de la première maison.
-Vous descendez aux arènes je suppose?
-Tout juste. Je voulais avoir le temps de m'occuper de Kiki avant qu'il n'y ai trop de monde.
-Roooh... Mais alors... je vais peut-être avoir un adversaire à ma taille! s'exclama le Cancer en se mettant nez à nez avec l'apprenti.
-Qu'en dis-tu Kiki? Tu voudrais essayer de l'affronter pour changer?
-Ouais! J'vais vous mettre la pâtée!
-T'es vingt ans trop jeune pour pouvoir dire ça gamin!
Le garçon et DM continuèrent de descendre les instruments de torture propres au Sanctuaire (comprendre les escaliers) sous le regard plus qu'amusé du Mu. Finalement la journée ne s'annonçait plus si longue que ça...
Taureau: Aujourd'hui, mettez cartes sur table avec vos collaborateurs ou avec votre associé.
Aldébaran laissa échapper un soupir à décorner les boeufs (l'auteur se relit et se rend compte du jeu de mot foireux qu'elle a fait sans s'en apercevoir...). A vrai dire, il soupirait même de plus en plus depuis quelques temps. Au point que les servants du Sanctuaire en étaient à se demander s'ils ne devraient pas bientôt clouer tous les meubles du puissant gardien de la deuxième maison au sol pour éviter de devoir descendre les chercher régulièrement.
Le Taureau allait bien, merci pour lui. Mais simplement, il se trouvait face à une situation qui lui paraissait de jour en jour plus dure à supporter. Il avait l'habitude de faire ce qu'on lui avait toujours appris, c'est-à-dire affronter des ennemis toujours plus forts pour la gloire d'Athéna, passer ses journées libres à s'entraîner avec les autres chevaliers pour la gloire d'Athéna, prendre soin de la réputation du Sanctuaire d'Athéna, s'occuper des apprentis pour la gloire d'Athéna... Le problème était qu'aujourd'hui, son dilemme ne concernait pas, mais alors pas du tout, Athéna, sa gloire ou même son chihuahua...
Non, le Taureau était tout simplement de plus en plus distrait par une personne qui envahissait constamment ses pensées. Et Aldébaran n'avait jamais été confronté à ce genre de combat. A tel point que le chevalier n'arrivait même plus à se concentrer sur ses entraînements. Il avait récemment manqué perdre la tête lors d'un affrontement avec Shura, été privé d'odorat pendant deux jours après s'être pris une attaque de Shaka, et avait dégringolé tous les escaliers entre les temples du Scorpion et de la Balance en redescendant de chez Camus.
-Aldébaran, puis-je traverser ton temple?
Les sombres pensées du pauvre torturé furent interrompu par la douce voix de Shaka.
-Oh... Bonjour Shaka. Oui bien sûr, passe je t'en prie...
Les sourcils de l'Hindou se froncèrent par-dessus les paupières baissées.
-Ben c'est pas la grande forme dis-moi!
-Si si, tout va bien! Qu'est-ce qui te fais croire le contraire?
-Le fait qu'entre toi et Aiolia, on va bientôt pouvoir monter une cellule de soutien psychologique au Sanctuaire...
-Aiolia? Il déprime? Lui?!
La Vierge eut un petit sourire triste devant la surprise de son ami.
-Je n'ai pas entendu de fête suspecte venant de son temple hier soir, ce n'est donc pas qu'il a la gueule de bois...
-Il ne vient pas ce matin?
-Non, je n'ai pas réussi à le convaincre.
-Je passerais le voir cet après-midi.
Aldébaran ouvrit à nouveau la bouche comme pour dire quelque chose, mais la referma sans mot dire. Par contre il se mit à se... tortiller sur place, ce qui, s'il avait eu les yeux ouverts, aurait donné des frissons à Shaka, car le spectacle d'un homme de plus d'un quintal et presque deux mètres de haut en train de faire preuve de timidité n'était pas dans les choses à voir dès le matin si on souhaitait pouvoir rester apte à tenir la journée.
-Oui? demanda Shaka en haussant un sourcil interrogateur.
-Shaka, je... Je me demandais si...
La Vierge laissa son homologue Taureau trouver ses mots. L'hésitation dégoulinait par tous ses pores, ce qui incitait Shaka à attendre patiemment la suite de la phrase qu'il sentait déjà croustillante.
-Non en fait c'est à Kanon que je devrais demander! Je vais y aller tout de suite!
Et Aldébaran se carapata vers la sortie arrière de son temple sans plus prêter attention à l'Hindou. Ce dernier se retrouva proprement sur le cul d'être traité si cavalièrement. Frustré, il envoya un coup de pied dans un coussin qui passait malheureusement par-là, marmonnant des 'Pas juste... Personne ne m'aime...'
Ce constat ne sembla pourtant pas le perturber outre mesure, puisque le chevalier, après un dernier grognement et un coup d'oeil frustré en direction de là où le Brésilien avait disparu, se décida à reprendre sa direction initiale, où il espérait bien trouver des gens capables de lui apprendre des nouvelles plus croustillantes que ce que Aldébaran ne lui avait finalement pas confié.
Gémeaux:Vous avez envie de voir des nouvelles têtes, ce qui n'est guère coutumier de votre part.
-Kanon! Bouge-toi, on va être en retard!
-C'est bon j'arrive!
Le cadet sortit du temple des Gémeaux devant lequel l'attendait Saga, les poings sur les hanches.
-T'avais qu'à pas me piquer mes chaussettes!
-Comment ça tes chaussettes? Aux dernières nouvelles, je les ai achetées donc ce sont les miennes!
-Pourtant depuis le temps qu'elles traînent dans mon tiroir, on aurait pu penser que tu les avais oubliées.
La discussion hautement philosophiques des jumeaux fut arrêtée avant que le réel propriétaire des pièces vestimentaires soit désigné, par un Taureau à l'air catastrophé qui débarqua dans un nuage de poussière avant de stopper en dérapant, le tout agrémenté d'un crissement de pneus.
-Kanon!
-Oui présent c'est pour quoi? répondit automatiquement l'ex-Marina.
-... Je peux te parler seul trente secondes?
A l'étonnement des deux frères, Aldébaran ne semblait pas enclin à discuter avec Saga, alors qu'en temps normal, c'était plutôt avec lui qu'il échangeait des propos. Sans chercher à comprendre, l'aîné haussa les épaules et se détourna, laissant les deux interlocuteurs seuls. La curiosité le rongeait, mais il savait très bien que Kanon lui raconterait tout quand ils en auraient fini.
Il continua donc son trajet jusqu'aux arènes sans croiser personne (apparemment, ils étaient déjà tous en bas); ce n'est qu'arrivé à l'aire d'entraînement réservé aux Ors et à leurs invités qu'il pût voir le surprenant spectacle d'un chevalier du Cancer affichant un sourire goguenard, les bras croisés sur la poitrine, attendant que Kiki, l'apprenti de Mu, auquel ce dernier chuchotait visiblement quelques conseils avant l'assaut final , ne soit prêt à l'affronter. Lorsque l'Atlante eût fini, Kiki se prépara; son adversaire n'avait pas la moindre intention de le prendre au sérieux. A tort, pensa Saga, Kiki était quand même l'apprenti d'un d'entre eux, et il était déjà plus âgé que ne l'avaient été la plupart des Ors lors de leur premier conflit.
Ce constat l'absorbait tellement qu'il ne prêta pas attention à la personne qui arrivait juste derrière lui.
-Qu'est-ce que tu regardes?
La voix le prit par surprise et il faillit envoyer son poing dans la figure de l'individu (simple réflexe conditionné que Milo lui avait fait prendre à force de vouloir lui mettre la main au panier...), ne s'arrêtant qu'au dernier moment en reconnaissant...
-Aioros... Je ne t'avais pas entendu.
-Bonjour Saga. Kanon n'est pas là?
-Il discute avec Aldébaran. Tu es bien matinal, dis-moi.
Le Sagittaire jeta un coup d'oeil à l'astre solaire qui indiquait pourtant que la matinée était bien engagée. Ce simple petit geste fit rougir Saga.
-Tu as un suçon, là, dit-il en désignant un morceau de peau que son mouvement avait dénudé. Aioros suivit le doigt du regard.
-Ça? Oh nan,c'est une tache de naissance, mais beaucoup de gens se trompent.
-Ah, pardon...
Cette remarque innocente fit constater au petit esprit encore ralenti du chevalier des Gémeaux que depuis le retour des protégés d'Athéna des profondeurs des Enfers, il n'avait pas beaucoup pris le temps d'échanger avec Aioros. Encore mal à l'aise en sa présence à cause de ce qu'il lui avait infligé, Saga ne savait pas comment aborder la question. Son ex-victime n'avait jamais laissé penser, par un geste quelconque ou par une phrase égarée, qu'il lui en voulait. Mais Saga ne voyait pas comment, malgré la grandeur d'âme proverbiale du Grec, on aurait pu lui pardonner aussi facilement. Aussi s'appliquait-il à l'éviter le plus possible sans que cela ne paraisse discourtois. Aioros ne lui avait jamais fait la moindre remarque.
Pourtant, en ce jour ensoleillé,pendant que DM se faisait allègrement massacrer par Kiki, très légèrement aidé de son maître (mais tout à distance, hein), avec en bruit de fond les menaces et imprécations de l'Italien qui promettait, s'il les mettait à exécution, que Mu ne réapparaîtrait pas en public pendant très longtemps, en ce beau jour donc, Saga laissa échapper un murmure.
-Je suis désolé...
Le sourire qu'il reçut en réponse lui fit penser qu'il avait eu raison de suivre son instinct.
-Je ne t'en ai jamais voulu, Saga, lui fut-il répondu.
Aioros lui tomba même dans les bras, et le serra chaleureusement contre son coeur. Avant de lui murmurer:
-Par contre, si un jour l'autre Saga remonte à la surface, je lui démonte la gueule.
Et avec un éclat de rire, avant que Saga ait pu remettre ses idées en place, il l'entraîna, le bras sur les épaules, vers les estrades sur lesquels ils s'assirent tous les deux pour profiter du spectacle de Kiki pendu la tête en bas, tenu par les chevilles par un Cancer hors de lui, qui le menaçait de lui raser le crâne la prochaine fois qu'il tricherait dans un combat singulier. Mu intervint toutefois avant que son disciple ne tente de mordre un mollet à proximité de ses dents.
Après que Kiki fut envoyé s'asseoir à son tour, et que DM et Mu commencèrent à enchaîner quelques passes, les deux chevaliers qui les observaient furent bientôt rejoints par Shura, Milo et Camus, qui les saluèrent chaleureusement avant de s'asseoir à leur tour pour apprécier le combat qui se déroulait sous leurs yeux.
-Vous avez raté le meilleur, leur expliqua Aioros, toujours à moitié avachi contre Saga, qui trouvait cette proximité plus dérangeante en présence des autres.
-Votre réconciliation? demanda Shura avec un geste en direction du bras d'Aioros qui n'avait pas quitté les larges épaules du Gémeaux.
Bras auquel le Grec dédia à son tour un regard, étonné toutefois, comme s'il n'avait pas eu conscience de la localisation de son membre.
-Aphrodite n'est pas descendu avec toi?s'étonna le Sagittaire,qui visiblement avait décidé à la fois d'ignorer la question que lui avait posé le Capricorne, et les questions existentielles que pouvaient amener la simple localisation spatiale d'un bras attaché à sa propre personne.
Un sourire vicelard illumina le visage de Shura.
-Il était un peu fatigué, ce matin...
-Ça peut se comprendre, je vous entendais de mon temple...
Quatre chevaliers babas se tournèrent vers Camus, auteur de cette énormité, qui pourtant l'avait énoncé comme si de rien n'était. La résurrection du Verseau avait visiblement laissé en arrière une partie de sa retenue naturelle, ou un simple morceau d'intellect, ce qui avait permit aux autres Ors de découvrir que Camus n'était pas quelqu'un de renfermé comme ils l'avaient toujours cru, mais qu'il souffrait surtout d'une grande timidité qu'il tentait de cacher sous un comportement distant. Les épreuves qu'ils avaient traversés tous ensemble avaient aboli un grand nombre de barrière, ce qui avait permis au Français d'abandonner une large part de ses hésitations. Il avait alors beaucoup surpris par son sens de l'humour tout en sous-entendu, qui en avait placé certains dans une situation inconfortable plus d'une fois. Y compris aujourd'hui.
-Camuuus, pov petit malheureux! Tu veux l'hospitalité pour pouvoir dormir la prochaine fois?
-Merci Milo, je pense que j'y réfléchirais sérieusement.
-C'est vrai que t'es juste entre leurs deux temples en plus. Pas très pratique.
-Oh mais c'est surtout Aphrodite qu'on entend. Tu n'as pas à rougir comme ça, Shura, ne t'inquiète pas.
Tout en haut des escaliers, dans le dernier temple, un beau chevalier éternua dans ses oreillers avant de se retourner et de se rendormir.
Kanon arriva au beau milieu du charriage en règle du Capricorne. Saga n'eut qu'une question.
-Alors? Qu'est-ce qu'il te voulait?
-Rappelez-moi quel âge à Aldé déjà? demande Kanon avec un grand sourire.
-Ben comme nous...
-Pourtant, notre cher ami affronte en ce moment même ses premiers émois amoureux...
Papillotant des cils comme une jeune fille, le plus jeune des jumeaux expliqua la situation à ses acolytes.
-Il est marrant comme tout. Il est venu m'expliquer qu'il n'avait qu'une envie, de revoir quelqu'un qu'il n'arrive pas à s'ôter du crâne, mais qu'il ne comprenait pas pourquoi...
-Mais pourquoi t'expliquer ça à toi? Sans vouloir te blesser,si je devais parler de ce genre de chose, j'irais plutôt voir Mu, Camus, ou même Shaka...
-Merci Milo...
Shura n'y tint plus et éclata de rire.
-Muahahahaha! Aldé amoureux! Et qui est l'heureuse élue?
-Ha... J'ai promis de ne pas en parler.
-Dis-nous!! T'en as trop dit pour t'arrêter maintenant!
-Tu dois forcément mieux la connaître que nous, sinon il ne serait pas venu t'en parler.
-Ouais, c'est un peu ça...
Aldébaran attendit que Saga soit hors de portée de voix pour se retourner vers Kanon. Celui-ci le fixait, attendant patiemment que le Taureau lui explique le pourquoi de cette discussion inhabituelle.
-Kanon... Tu t'entendais bien avec les autres Marinas?
-Beuh... Plus ou moins, ça dépendait.
-Tu... as encore des nouvelles d'eux?
La question laissa Kanon sur le cul. Pourquoi le chevalier de la deuxième maison tenait-il tant que ça à revoir un de leurs ennemis? Les relations entre les différents Sanctuaires qui s'étaient affrontés n'étaient pas vraiment antipathiques, mais elles restaient tendues. Mettre en présence deux chevaliers dépendant de dieux s'étant récemment affrontés consistait à mettre en péril le mobilier et même l'habitat, même si on pouvait ainsi espérer récupérer des punis qui balayeraient les escaliers du Sanctuaire pendant au moins une semaine (dernière punition à la mode de Shion, qui avait décidé que tant qu'on avait de la main-d'oeuvre, autant qu'elle serve à quelque chose).
-Tu penses à quelqu'un en particulier?
-En fait... Ça fait plusieurs semaines que la musique de Sorrente me trotte dans la tête. Je me demandais s'il accepterait de me rejouer un morceau...
Kanon crût qu'il allait s'étouffer à force de se retenir de rire. L'idée d'Aldébaran à l'apparence de brute (totalement à l'opposé de son vrai caractère, d'ailleurs) qui craquait sur le Marina mélomane et délicat lui paraissait cocasse au plus haut point. Il n'aurait jamais osé y penser, même dans ses rêves les plus fous.
Dans ses cauchemars non plus...
...Quoique... En y pensant bien, ces deux-là n'étaient pas si opposés. Kanon avait toujours pensé que la Sirène cachait bien son jeu. Son apparence trompeuse devait induire pas mal de monde en erreur. Comme Aldé; mais dans l'autre sens.
-Je n'ai pas de nouvelles directes, mais je peut peut-être faire quelque chose pour en avoir, si tu veux, répondit Kanon, revenu à la conversation initiale à ce stade de ses déambulations pensives.
-C'est vrai?
Le Brésilien avait rarement semblé aussi content. Kanon réprima une nouvelle crise de fou rire.
-Promis. Dès ce midi, je m'en occupe.
-Merci beaucoup! Je savais que je pouvais compter sur toi!
Après une étreinte qui laissa au Gémeaux une minorité d'os intacts, les métatarsiens n'étant pas les plus utiles à l'instant présents, Aldébaran s'en fût en sifflotant un petit air discordant qui n'était pas sans rappeler les mélodies que Sorrente utilisait lorsqu'il combattait (m'enfin de très loin, hein...).
Cancer: un problème familial pourrait vous causer du tort, évitez de mêler votre partenaire à vos problèmes.
Crachant une dernière fois la poussière que son 'héroïque' combat lui avait fait avaler, DeathMask rejoignit ses amis en train de se poiler sur les marches, laissant la place à qui souhaitait se défouler.
-Rentre te changer, Kiki. Tu as quartier libre pour le restant de la journée.
L'Italien s'assit avec toute l'élégance qui le caractérisait en temps habituel (se laissa donc tomber de tout son poids), vite rejoint par Mu qui pris place à ses côtés, un peu plus légèrement, cela va sans dire. Un instant, DM crût qu'il allait être aveuglé par le sourire éclatant que son ami lui adressa.
-Merci de t'être donné cette peine...
-Mmgrm... Chuis pas prêt de recommencer si tu t'incruste encore dans le combat.
L'Atlante se contenta de continuer à sourire, et reporta son regard vers Kanon, qui pour échapper aux velléités inquisitoriales des autres, était descendu s'échauffer sur la piste, collé de près par Aioros que la confession de Saga semblait littéralement faire planer.
DM étouffa un gigantesque bâillement.
-Kiki n'est pas le seul à avoir été fatigué par votre affrontement,dis-moi?
-Mêle-toi de ce qui te regarde, Shura...
-Mais c'est que la fatigue te rends grognon en plus?
-Tu devrais retourner compter les moutons...
-Ben ça va aller vite: Mu, un, Shion, deux.
-Heureusement que y'en a pas plus de dix au sanctuaires, sinon comment t'aurais fait pour les compter sur tes pinces, mon crabounet?
-Vaut mieux dix pinces que seulement deux cornes.
-Mes cornes sont quand même moins grosses que celles de Mu. Tu crois qu'il chercher à compenser quelque chose? demanda Shura avec un sourire encore plus que moqueur.
-Hé! Je n'ai pas choisi le design de mon armure!
-T'as vu, il contredit pas...
Le Bélier rougissant chercha désespérément de l'aide en direction de Camus,qui se contentait de suivre la conversation les bras croisés et les yeux pétillants. Voyant que la cavalerie serait décidément en grève ce jour, Mu soupira fortement en se passant la main dans les cheveux.
-En fait, ce que personne ne sait, c'est que ces cornes servent à stocker des outils de secours en cas d'urgence entre deux combats.
Quatre regards bovins dévisagèrent le gardien de la première maison.
-Ben oui, continua Mu, comment croyez-vous qu'il m'est possible de travailler autant sans que je ne tombe de fatigue? J'en fais des petits bouts entre deux, pendant que vous vous faites laminer.
Shura et DM, largement perplexes, fronçaient les sourcils au point d'en faire disparaître les yeux. Milo se tourna vers Camus.
-Il se moque de nous, là?
-Avec Mu, tu sais bien qu'on ne sait jamais.
Seulement, le Verseau paraissait lui aussi tellement innocent que les deux autres découvrir bientôt la supercherie.
-Faux frère! Tu trahis notre belle confiance!
Le Cancer bondit sur ses pieds pour partir à la chasse au Bélier, qui prit la fuite en riant aux éclats.
-Oh Roméo, ne laisse pas partir Juliette!
L'Italien eut pour toute réponse un geste que la censure nous interdira de décrire ici. Il poursuivit Mu qui quittait les arènes en petites foulées dignes d'un champion olympique, saluant au passage Kanon et Aioros toujours en plein échange d'attaques peu foudroyantes, avant de commencer à gravir les escaliers qui menaient à son temple avec l'aisance conférée par des années de pratique (l'une des premières épreuves d'aptitude pour devenir chevalier d'Or consistait d'ailleurs à gravir un nombre déterminé de marches en en temps précis, mais passons...).
Lorsque Mu fut sur le point d'atteindre l'abri relatif que pouvait lui offrir la porte de son temple, DM prit son élan pour ne pas laisser sa proie lui échapper: d'un bond,il s'agrippa aux épaules de l'Atlante,ce qui, bien entendu, leur fit perdre à tous deux l'équilibre, et comme de par hasard ils basculèrent en un magnifique enchevêtrement de bras, jambes, cheveux et que sais-je encore, à l'intérieur, en se défonçant l'un le gros orteil gauche, l'autre la phalangine et phalangette de la main droite, au passage.
Ce qui fit que quelques minutes plus tard, ils avaient chacun leur blessure plongée dans des saladiers d'eau froide (d'ailleurs, si on en croyait le dicton 'Grands pieds, grandes chaussures', Mu ne devait rien avoir à compenser, pensa DM, étant donné que le pied du Bélier ne rentrait définitivement pas dans un bol).
-Tu veux boire quelque chose? demanda finalement Mu entre deux auscultations de son orteil violet.
-Café, si t'as.
Comme la 'profonde blessure' ne l'empêchait pas de marcher, Mu se dirigea vers un placard pour trouver de quoi servir son invité. Invité qui, la main toujours plongée dans l'eau, l'observait se déplacer dans la cuisine, appréciant ses gestes gracieux. La comparaison avec son propre manque total de délicatesse le frappa au point de lui faire lâcher un gros soupir.
-Quelque chose ne va pas?
Le Cancer releva les yeux.
-Oh, non... Je repensais juste à ce mec, ce matin.
Mu lui coula un regard par dessus son épaule en se débattant avec la mesure de café. Le retour à la vie des combattants d'Athéna avait bouleversé bien des choses, au point que bien des leurs avaient montré finalement un caractère totalement différent de celui qu'ils tendaient à laisser paraître. Parmi eux, le Cancer, qui avait commencé par s'imposer pénitence sur pénitence après avoir vu ce qu'il avait imposé à toutes ses victimes. Il lui avait fallu longtemps avant de croire les autres chevaliers et même sa déesse qui s'obstinaient à lui faire comprendre qu'il était pardonné. Mais peu à peu, et grâce à l'insistance de Mu notamment, il avait repris une vie plus normale, son caractère toujours aussi emporté mais progressivement plus enjoué. Il lui arrivait pourtant encore de traverser des crises de dépression, ce qui incitait le Bélier à rester à l'écoute de son ami.
-Je ne pensais pas que ça me travaillerait autant. J'ai jamais pensé à mon père, et puis comme ici on est pour beaucoup orphelins,c'est pas un sujet qu'on aborde souvent.
Le percolateur lancé dans sa mission de produire un jus de chaussette acceptable, Mu l'abandonna pour venir se rasseoir face à son ami.
-Tu aurais voulu le connaître?
Dm réfléchit durant quelques secondes.
-Je pense, ouais. Mais en même temps je me dis que c'était peut-être un abruti de première, pour m'avoir abandonné comme ça.
Mu prit le temps de répondre.
-Peut-être... Je ne pourrais certainement pas t'aider à y penser non plus. J'ai beau avoir rencontré mon Maître très tôt, je ne l'ai jamais considéré comme mon père.
-Moui... Enfin, maintenant regarde,entre nous, la tripotée de frangins et de cousins qu'on se paye...
-C'est vrai? Tu nous considères comme tes frères?
-Ben ouais. Ça te gêne?
Mu ne répondit que par un grand sourire. Mais DeathMask eut le temps, avant qu'il se détourne, de voir au fond des pupilles si mauves, comme une lueur douloureuse.
Lion: Un petit coup de blues peut-être? Il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Ne restez pas seul, isolé du monde.
Non, Aiolia, Chevalier du Lion, n'était pas déprimé. La déprime, c'était juste bon pour les Spectres, pas pour les preux Chevaliers d'Athéna.
Aiolia était juste fatigué. C'est pour ça qu'aujourd'hui, pour la première fois depuis... longtemps en tout cas, il avait séché l'entraînement matinal. Il n'avait pas envie de quitter son lit, voilà tout.
C'était d'ailleurs à cause de cette fatigue passagère qu'il avait décidé de ne pas répondre lorsque Shaka avait longuement frappé à sa porte ce matin, l'invitant à se joindre à lui pour descendre.
C'était aussi la fatigue qui lui donnait l'impression que sa chambre était plus sombre que d'habitude (ça, et puis le fait qu'il n'avait pas encore ouvert les rideaux).
Son frère avait aussi essayé de le faire sortir lorsqu'il avait traversé le temple. Si même la famille ne respectait plus les besoins de sommeil, où allait-on, on vous le demande?
Et voilà que pour la troisième fois en à peine quelques heures, un énergumène mal embouché venait le déranger.
-Aiolia, ouvre cette porte tout de suite! Je sais très bien que tu es là!
Rectification, ce n'était pas un troisième abruti, mais Shaka qui avait décidé de revenir à l'attaque. Aiolia s'enfonça plus profondément la tête sous l'oreiller dans l'espoir vain de ne plus entendre les vociférations de son bourreau.
Peine perdue, surtout quand il eut la surprise de sentir son drap s'envoler, emporté élégamment par une main fine qui donna à la pièce de tissu l'énergie nécessaire pour un baptême de l'air, et même un aller simple pour la pièce d'à côté.
-Aiolia, debout, j'ai dit!
-Shakaaa...
-Oh non ce n'est ni la peine de me foudroyer du regard, ni celle de me faire des petits yeux de lionceau. Tu as exactement cinq minutes pour te ramener dans la cuisine, je t'y attends.
Et le chevalier de la Vierge s'en fût tel Moïse fendant les flots (de linge sale qui traînaient par terre), laissant là un Lion mi-colère, mi-découragé mais vouant complètement son collègue à tous les démons qu'il pourrait trouver. N'ayant toutefois pas la moindre envie de se prendre un châtiment, qu'il soit ou non du Ciel, en pleine figure, il s'extirpa du lit tant bien que mal avant la fin du délai imparti, fortement aidé par l'odeur de café qui commençait à se répandre dans son habitat.
-Café...
Tel le digne zombi du film d'horreur de série B, le valeureux chevalier traîna sa carcasse pas du tout maigre (et même plutôt bien appétissante, pensa Shaka en entrouvrant discrètement les paupières) jusqu'à la table de la cuisine sur laquelle trônait un petit déjeuner suintant de délicieuseté.
La boisson excitante tant attendue atterrit finalement devant son nez, tandis que Shaka s'asseyait à l'autre bout de la table,une tasse de thé à la main. Il la sirota en regardant le Lion se remplir l'estomac avec la fringale caractéristique de la jeunesse, tentant de comprendre ce qui avait put infliger ce vague à l'âme au jeune homme au tempérament habituellement si enjoué. Ses pensées l'inspiraient à un tel point qu'il ne se rendait d'ailleurs pas compte que les regards étaient réciproques, Aiolia se permettant, entre deux bouchées et toujours avec la plus grande discrétion possible, de dévisager son collègue de la Vierge. Il se demandait en effet pourquoi, bien que le demi-dieu se soit plus que largement décoincé depuis sa résurrection, ce qui lui valait un tel traitement de faveur de la part de Shaka, qui en temps normal ne condescendait que rarement à lui tenir compagnie pour le petit déj (un peu plus fréquemment pour les autres repas, il devait bien l'avouer; on était pas voisins de temple sans finir par, à défaut de s'apprécier, s'habituer à se fréquenter).
En même temps, le petit déjeuner du jour, il était en train de le prendre à presque 11h, ça changeait un peu l'estimation des heures habituelles...
Aiolia, avec son tact et sa diplomatie usuelles, posa donc la question qui le dérangeait.
-Pourquoi t'es venu me voir?
L'indou haussa légèrement un sourcil.
-Je n'ai pas le droit de m'inquiéter pour toi?
La réponse surprit le Grec. Savoir que Shaka tenait réellement à lui, c'était... agréable, pour le moins.
-Tu peux t'inquiéter autant que tu veux si tu me prépare mes repas à chaque fois, répondit-il d'une voix bourrue pour cacher la délicate rougeur qui lui montait au joues, telle une innocente jeune fille qui devait pour le coup affronter ses sentiments.
-Ce serait gâcher certains de mes talents de me confiner à la cuisine.
-Oh, le grand Shaka ne sent-il pas ses chevilles enfler?
-Que nenni, cher Lion. Le simple fait de reconnaître sciemment sa propre valeur n'est en aucun cas de l'autosatisfaction.
-...Shaka, arrête de sortir des phrases si compliquées quand je dors encore à moitié.
-Tu préfèrerais avoir DeathMask en face de toi pour ne pas avoir à trop réfléchir sur le sens de ses mots?
La réponse n'eut même pas besoin que plus de neurones se connectent pour qu'Aiolia la trouve.
-Je crois que je préfère encore que ce soit toi.
-Hum. Très heureux de l'entendre.
Parce qu'après tout, il ne venait quand même pas pour rien. Si le Lion ne se rendait pas compte qu'il avait lentement mais sûrement intensifié le rythme de ses visites, Shaka se demandait bien à quoi cela servait qu'il se décarcasse à s'introduire dans ses bonnes grâces pour qu'Aiolia se rende enfin compte qu'il pouvait très bien être plus qu'un ami pour lui! On avait beau être l'être le plus proche de Bouddha, on était pas un saint pour autant.
-Alors, les jeunôts te manquent à ce point là pour que tu n'aies même pas envie de venir te défouler avec nous?
-Ça va, j'ai peut-être moi aussi le droit de vouloir dormir un peu de temps en temps! C'est pas un privilège réservé à Milo ou Aphrodite!
Le brusque coup de gueule du déprimé surprit mini-Bouddha, qui faillit lâcher sa tasse heureusement pour ses genoux déjà presque vide.
-Je ne voulait pas te fâcher...
-Non mais ça va! Le Sanctuaire va pas s'effondrer juste parce que je fais pas aujourd'hui comme les dix dernières années! J'ai le droit de vouloir mener ma vie comme je l'entends!
-Oulà, soit tu m'en veux vraiment,soit t'as un trop plein de frustration à évacuer!
Shaka se mit une petite centaine de baffes mentales (d'où l'avantage de bouger à la vitesse de la lumière) avant même d'avoir fini sa phrase. Quand bien même il aurait du ça pour rire, ce n'était pas franchement le jour idéal. Aiolia qui déprimait paraissait à prendre avec des pincettes, de loin, de préférence une fois qu'il serait attaché et bâillonné. Et d'ailleurs...
-Je. Ne. Suis. Pas. Frustré.
Mais moi ouiiii! continua Shaka à l'intérieur de sa petite caboche actuellement en pleine ébullition. Surtout à la vue du magnifique Grec debout devant lui, les yeux brillants de colère, effrayant tel l'animal dont il portait l'armure. L'Indou leva une main pour s'excuser.
-Pardonne-moi. Mes mots n'étaient pas de mise.
-Si tu n'es venu que pour te moquer de moi, tu peux partir tout de suite.
-Aiolia! Je suis vexé que tu penses ça de moi!
Shaka avait l'ai réellement choqué. Le Lion lui laissa le bénéfice du doute et replongea dans son bol de café avec un grommellement.
Vierge: Évitez les discussions qui fâchent avec votre partenaire. Il faut garder votre sang-froid.
Aioros tomba sur la scène en remontant du temple des Gémeaux où il s'était attardé.
-Mon petit frère adoré! T'es sorti de ton terrier?
-Pas grâce à toi...
-Mais c'est qu'il est tout grognon aujourd'hui le lionceau!
L'aîné s'empressa de coincer le cou de son frère au creux de son coude pour lui frotter énergiquement le crâne.
-Arrête ça tout de suite!
-Comme tu veux!
Le Sagittaire semblait, aujourd'hui encore plus que d'habitude, monté sur 12000 volts. Sautillant à moitié autour de la table, il se laissa tomber sur une chaise libre et fondit tel un aigle vorace sur un lapineau-croissant resté sur la table.
Sauf que Shaka fut plus rapide que lui et attrapa la viennoiserie restante avant le jeune homme. Malgré le regard de petit garçon tristou qu'il lui lança, la Vierge ne se laissa pas attendrir et donna la malheureuse pièce de nourriture à Aiolia qui tentait de réordonner ses mèches sans vraiment améliorer le désastre.
-Si tu en veux, tu n'as qu'à demander à Saga la prochaine fois.
-Pfourquoi Chaga? postillonna Aiolia.
-Parce qu'on s'est mis à table ce matin, chantonna l'aîné.
-C'est pour ça que tu planes... J'en déduis que ça s'est bien passé.
-Ouiouioui... Même qu'il vient dîner chez moi avec Kanon ce soir! Je vais aller me mettre aux fourneaux d'ailleurs.
Avant même que les deux plus jeunes aient pu répondre quelque chose, le Sagittaire était reparti en courant.
-Hé ben, y'en qui vont bien eux...
-Mmm... Tu veux venir dîner chez moi pour te consoler?
Aiolia crut qu'il avait mal entendu. Mais Shaka attendait visiblement une réponse, le visage interrogatif levé vers lui.
-Tu me prends en pitié?
-Non. J'ai envie de compagnie, toi aussi, ça tombe bien. Donc puisque le petit déjeuner t'as plu, je te propose de venir tester la suite de mes talents culinaires. Tu n'as rien contre la cuisine indienne?
Le Grec ouvrit plusieurs fois la bouche sans réussir à formuler un mot correctement. La proposition le prenait franchement au dépourvu, et le fait que c'était de Shaka, le fameux Shaka-demi-dieu-un-peu-coincé-du-cul-y-a-pas-d'autre-mot, qu'elle provenait, le surprenait encore plus.
En même temps, effectivement, profiter d'un dîner qu'il n'aurait pas à préparer, concocté par quelqu'un qui savait cuisiner,contrairement à lui...
-Quelle heure?
-Vingt heures? répondit Shaka en dissimulant un semi-sourire derrière sa main.
-Je peux venir plus tôt si tu as besoin d'aide pour préparer quelque chose.
-Non. Ce sera une surprise comme ça. Je vais te laisser tranquille jusqu'à ce soir alors.
Shaka se leva gracieusement, suivi des yeux par un Lion encore un peu baba de ce qui venait de lui tomber sur le poil. Il n'eut d'ailleurs pas assez de présence d'esprit pour le raccompagner.
La Vierge ne s'en formalisa pas plus que ça. Mais un fois hors du temple, en haut des marches ensoleillées qui le ramèneraient à son propre temple, il marqua un arrêt pour profiter de la chaleur bienveillante offerte par l'astre du jour. Shaka n'aurait pas été ce qu'il était, il se serait laissé aller à un grand éclat de rire machiavélique de voir que ses filets se resserraient autour de sa proie. Mais Shaka étant ce qu'il était, il se contenta de laisser échapper un petit "Hin!" avant de commencer à descendre les marches.
Balance:Ça tiraille entre vous et votre moitié! Vous avez des tonnes de concessions à faire pour que cela s'améliore.
Milo arriva au sommet des marches et poussa un grand soupir de soulagement. La vue valait peut-être le détour, mais on ne pouvait la savourer que si on restait en grande forme. C'était peut-être ça qui leur permettait d'entretenir les plastiques de rêve qui avaient fait la réputation des chevaliers d'Or d'Athéna...
Il leva les yeux pour observer le palais du Grand Pope qui le surplombait. Malgré les années qu'il avait passé au Sanctuaire, l'immensité du bâtiment le laissait toujours pantois.
Sauf qu'à avancer sans regarder où il mettait les pieds, le Scorpion finit bien sûr par trébucher. Une paire de bras musclés le rattrapa au dernier moment.
-Oups... Merci Dokho.
-Regarde donc ou tu vas au lieu de bailler aux corneilles, gamin, lui conseilla gentiment la Balance en l'aidant à se redresser.
Milo lui fit un sourire de sale gosse.
-On ne t'as pas vu ce matin aux arènes...
-M'en parle pas, soupira l'aîné. Je me suis fait mettre dehors à cause de cabrioles trop prolongées.
-Raconte-moi ça...
-Vicieux.
Le Grec prit l'air outré.
-Môaaa?! Oui tout à fait. Et puis avoue que tu t'ennuierais si tu n'avais personne à qui donner tous les détails.
-Là tu vas être déçu. Rien de bien croustillant aujourd'hui.
Dokho lâcha un gros soupir. Milo fronça les sourcils devant l'air ennuyé et triste de son aîné.
-Shion t'a engueulé?
-Non! Je me dis que c'est moi qui doit être trop possessif...
-Avec toute la bonne volonté du monde, j'aurais du mal à te contredire...
La Balance releva la tête, l'air surpris. On a pas tendance à voir clairement ses propres défauts, mais pour que même Milo pense ça de lui, il devait sérieusement se remettre en question. Le-dit Milo continuait à parler, affichant un visage sérieux comme on ne lui en voyait pas fréquemment.
-Il est vrai qu'avec la deuxième chance qui nous a été offerte, tout le monde se laisse un peu aller. Mais c'est justement parce qu'on a encore des années devant nous qu'il faut apprécier chaque jour qui passe.
-Tu as peut-être raison... Mais tu sais, parfois j'ai peur que mes deux siècles ne me rattrapent tout d'un coup...
Milo éclata d'un rire tonitruant, qui dû être entendu jusqu'au temple de la Vierge. L'air incompréhensif de Dokho lui fit encore augmenter son fou rire, jusqu'à le faire se rouler par terre en battant des pieds. Quand enfin il put reprendre son souffle, il essuya les larmes qu pointaient au coin de ses yeux.
-Alors là je pense qu'il n'y a aucun risque. Athéna nous a tous remis le grappin dessus, je pense pas que c'est pour nous renvoyer ad patres dès maintenant. Shion non plus va pas s'évaporer!
Tel l'objet dont il portait le nom, Dokho sembla peser le pour et le contre des arguments du chevalier qui lui faisait face. Le Scorpion finit par grimacer.
-Je suis franchement pas celui avec lequel tu devrais en parler. J'ai plutôt tendance à vivre au jour le jour...
-C'est pour ça que tu ne peux pas t'imaginer t'engager dans une vrai relation?
-Hiiiiiirk! Qui t'as sorti ça?
Le Chinois, dont les yeux pétillaient à nouveau, montra un magnifique râtelier absolument pas rassurant.
-Tu deviens encore plus loquace quand tu as un coup dans le nez...
Les joues de Milo gagnaient rapidement dans l'incarnat.
-Maieuh! Je suis sûr que j'ai jamais dit ça!
-Ho?
-Oui!
-Je te promets que tu m'as pourtant raconté des choses fort intéressantes...
Milo fouilla ses souvenirs très vague de la dernière soirée cuite qu'ils avaient organisés récemment entre chevaliers d'Or. Ils s'étaient retrouvés avec Shura et Aphrodite chez Camus. La soirée avait bien commencé, mais ils avaient tous assez rapidement perdu pied. Il se rappelait qu'effectivement, Dokho et lui étaient resté les derniers lucides. S'il lui avait dit quelque chose de compromettant pour lui, c'était forcément à ce moment-là. Et à ce moment-là, ce qu'il avait vu...
-Oh déesse! Ne me dis pas que je t'ai dis ça!
-Si si. Tes derniers mots compréhensibles étaient même 'L'est messant... Y m'aime pô...'.
-Plus jamais boire plus jamais boire plus jamais boire plus jamais boire...
-Qu'est-ce que tu comptes faire?
-...plus jamais boire plus jamais... Bah rien, qu'est-ce que tu veux que je fasse?
-Mmmm... Laisse moi y penser... Lui dire?
De récemment rouge, le visage de Milo était pour le coup passé à complètement blanc. Au point que Dokho regretta de ne pas avoir une bonne petite bouteille de quelque chose de bien fort pour lui rendre ses couleurs.
-Il me tuerait!
-Je pense franchement pas. De toutes façons, tu ne sauras pas tant que tu n'auras pas essayé.
-Mais je peux pas! chouina le Grec.
-Milo du Scorpion!
Le nom tonna comme le tonnerre (Zeus, sors de ce corps!).
-Ton comportement est indigne de ton rang et de ton titre! Tu pars vaincu d'avance dans un combat que tu pourrais pourtant gagner! Est-ce réellement pire que d'affronter les ennemis d'Athéna? continua la Balance d'une voix radoucie.
-Dix fois, cent fois, mille fois pire! Je fais quoi s'il me rejette?
-Il ne te rejettera pas. Tu veux parier? Si tu vas lui dire, je fais un effort pour être moins possessif.
-Hin! ricana Milo ironiquement. Je n'y gagne pas grand chose...
-Et j'arrête les grands discours philosophiques.
-...
-Et, si tu me préviens pour votre première partie de pattes en l'air, je vous apporte les croissants.
-Au lit?
-... Peut-être pas, j'ai bien peur qu'il m'étripe sur je surgis dans la chambre au petit matin...
Milo eut à nouveau un petit ricanement. Ça, y il y avait toutes les chances aux vues du caractère de cet intimidant personnage.
-Je... vais peut-être essayer.
-Un grand maître a dit: "Agis ou n'agis pas; essayer ne veux rien dire."
-Encore un de tes grands philosophes adorés?
-Euh non, pas franchement non...
Scorpion:La Nouvelle Lune se déroule dans votre signe. Il est question des prendre des nouvelles résolutions.
Milo quitta Dokho avec l'air qu'on retrouvait habituellement sur le visage des révolutionnaires montant l'escalier de la guillotine: l'impression profonde d'avoir été pris à son propre piège. Il avait voulu gentiment réconforter un camarade apparemment un peu déprimé, et il se retrouvait forcé (oui forcé! les conseils apparents de son aîné étaient plutôt à prendre comme des ordres, parce que Milo savait très bien de quoi était capable l'ancien Vieux Maître quand on essayait de le contredire) à risquer de foutre en l'air des années d'une relation qui lui tenait particulièrement à coeur sur la simple intuition qu'il ne se ferait pas rabrouer.
Vachement rassurant.
En plus, réalisa-t-il alors qu'il redescendait les marches, il était monté pour rien puisqu'il n'avait même pas pu faire là-haut ce pour quoi il était monté. Ce qui voudrait dire qu'il aurait à se retaper toutes ces foutues marches un jour ou l'autre.
Ouais, enfin s'il ne défuntait pas avant.
Ces joyeuses pensées lui tinrent compagnie jusqu'au temple des Poissons.
-Tu redescends déjà, Milo? lui demanda la voix d'Aphrodite de derrière le dossier d'un canapé.
-Je ne fais que passer...
-Tu vas ou comme ça, bête à pinces? demanda à son tour Shura, dont la tête émergea de derrière le susmentionné dossier.
Milo marqua un temps d'arrêt pour réfléchir à la question, le pied toujours suspendu à mi-parcours.
-Changer définitivement mon avenir.
-Qu'est-ce que tu veux dire par-là? Hé, réponds!
Mais le Grec avait déjà quitté le dernier temple. La source de son supplice se rapprochait pas à pas. Jamais le onzième temple ne lui avait semblé si... angoissant.
Pourtant, en entrant, Milo ne perçut aucun signe d'un présence quelconque. Ne souhaitant pas se faire repérer plus que nécessaire, il se glissa subrepticement vers les appartements privés de Camus qu'il connaissait presque aussi bien que le maître des lieux.
Toujours rien... Ha si!
Milo s'approcha le plus légèrement possible pour ne pas réveiller le Français qui dormait sur le canapé, étalé de tout son long, un bras sous la nuque et un livre ouvert tombé à terre. Même endormi, Camus gardait un air sérieux qui faisait fondre le Scorpion. La nuit bruyante infligée par ses voisins ajoutée à l'entraînement de ce matin avait visiblement eu raison des forces du Verseau, qui s'octroyait pour l'heure une petite sieste.
Son observateur soupira longuement en regardant son beau au temple dormant.
-Et je fais quoi moi? chuchota-t-il avec une note de désespoir.
Il s'assit sur la table basse placée devant le canapé et se prit la tête dans les mains.
-Si je lui dis de but en blanc 'Je t'aime', je vais me faire congeler... Le 'Et si on s'envoyait en l'air?' passera pas mieux. 'Veux-tu m'épouser?', vaut mieux oublier...
Le moral du Grec sombrait progressivement dans les entrailles de Enfers. Il finit par tomber à genoux et posa son menton sur ses mains croisées, appuyées sur le canapé à la hauteur du beau visage du dormeur.
-Franchement je te jure... Je suis devenu un bon à rien. Dokho a raison, je part battu d'avance. Mais c'est ta faute aussi. T'as vu ce que tu as fait de moi? Rien qu'à l'idée que tu puisse refuser de me voir si je te choque, j'en perd toute envie d'ouvrir la bouche. Et maintenant j'en suis réduit à parler tout seul...
Il attrapa le livre qui gisait à terre et le referma en jetant un coup d'oeil sur le titre.
-En plus, tu es encore en train de lire un de tes bouquins incompréhensibles pour le commun des mortels. Tu sais, parfois j'aimerais bien que tu sortes un peu plus le nez de ces fichus bouquins. Ca serait peut-être plus facile de discuter avec toi.
Milo posa le livre sur la table basse et se retourna à nouveau vers Camus.
Qui, sans même ouvrir les yeux, l'attrapa par le col, l'attira vers lui et lui roula un patin à lui décrocher les amygdales avant que le Grec aie eu le temps de dire 'Athéna'.
-Maintenant que tout est dit, annonça Camus lorsqu'il relâcha les lèvres de Milo devant les yeux duquel dansaient des étoiles à cause de la surprise et du manque d'oxygène, tu me laisse terminer ma sieste?
-Camuuuuuuuus! Depuis quand t'es réveillé?
-Depuis le début.
-Mais pourquoi tu l'as pas montré quand je suis arrivé?
-La flemme.
-Et pourquoi...
-Tu poses trop de questions,l'arrêta le Français en ouvrant enfin les yeux et en s'approchant pour l'embrasser une seconde fois.
-Cam... Mmm...
Les tentatives scorpénidées d'énoncer une phrase correcte furent interrompues par la contre-attaque française couplée des bras munis d'une force suffisante pour soulever le Scorpion et venir le nicher contre le corps déjà installé sur le canapé.
-Et maintenant profite et dors,lui intima finalement Camus avant que Milo n'aie repris son souffle.
Etonnament, le Grec suivit l'ordre sans protester, mais en se bouinant encore plus contre son nouveau doudou qui semblait bien décidé à ne pas laisser ses heures de sommeil en retard s'accumuler, et ce même après une très jolie déclaration qu'il attendait depuis un certain temps...
Sagittaire:Il était une fois une histoire romanesque, excessive, la vôtre peut-être?
Kanon et Saga regardaient d'un air effaré les monticules de nourriture étalés sous leurs yeux.
-Tu... as invité d'autres personnes? demanda finalement l'aîné en relevant les yeux vers son hôte qui semblait vouloir commencer à les gaver pour être sûr d'avoir suffisamment de foie gras à Noël.
-Non non, que nous trois ce soir... chantonna Aioros en lui rendant un regard lumineux. Mais vous savez bien qu'en tant que chevaliers d'Athéna, nous devons conserver toute notre énergie continuellement.
-J'ai bien peur qu'après ce repas, toute notre énergie ne soit tournée vers la digestion, marmonna Kanon.
Huîtres et langoustines pour commencer, une odeur piquante de curry qui provenait de la cuisine, mêlée à des effluves de chocolat... Le Sagittaire avait décidé de mettre les petits plats dans les grands, songeaient les jumeaux, en obéissant aux injonctions de leur ami et en se servant abondamment.
Pendant quelques temps on entendit plus que la polka des mandibules et quelques aspirations plus ou moins ragoûtantes de l'un des chevaliers qui s'essayait à avaler une huître. Les trois hommes semblaient intimidés. Jusqu'à ce que Kanon décide de faire un effort...
-Il paraît que Shaka a aussi invité quelqu'un à manger chez lui ce soir.
-Oui, il voulait éviter qu'Aiolia déprime encore plus, poursuivit Saga, remerciant mentalement son frère d'ouvrir la conversation.
-Je doute qu'il ait vraiment eu des pensées si pures, ricana Aioros. Mon cher petit frère est parfois tellement obtus sur les choses de la vie qu'il ne se rend compte de rien jusqu'à ce qu'il soit mis devant les faits accomplis.
Saga en avala son huître de travers au point que Kanon dut lui tapoter le os pendant qu'Aioros lui versait un peu d'eau.
-Aioros! réussit à dire l'aîné lorsqu'il eut repris son souffle. Tu viens en une seule phrase de traiter ton frère de naïf et Shaka de pervers!
-Ben quoi? C'est pourtant vrai non? Shaka a toujours été assez malin pour réussir à camoufler son véritable tempérament. Vous ne vous en étiez jamais rendus compte?
Les jumeaux échangèrent un regard. Non, apparemment la Vierge avait aussi réussi à les berner.
Aioros sourit à leur silence qui parlait pour eux.
-Vous n'êtes pas son style, c'est pour ça qu'il a du vous laisser tranquilles.
-Oh?
Kanon ne savait pas s'ils devaient se sentir vexés ou rassurés.
-Et c'est quel genre son 'style' alors?
-Mmm.. des beaucoup plus innocents que vous. Pour te donner une idée, il m'avait dit qu'il avait des vues sur Hyoga à un moment...
Ce fut au tour de Kanon de s'étouffer avec son verre de vin.
-... mais il ne voulait pas tomber dans le détournement de mineur, continua le Sagittaire sans sembler avoir remarqué le malaise croissant des jumeaux mais les yeux pétillants, alors il a changé d'idée.
La température avait visiblement monté de quelques dizaines de degré depuis leur arrivée, trouvait Saga. Cela expliquait pourquoi les joues de son frère avait pris cette couleur flashant, et pourquoi lui-même se sentait si mal à l'aise. Seul Aioros semblait parfaitement bien, se fit remarquer l'ex-Grand Pope tandis que leur hôte racontait les exploits 'relationnels' de leur comparse à un Kanon toujours plus rougissant.
Lorsque les plats furent suffisamment nettoyés au goût du Sagittaire, il se leva pour aller chercher en cuisine la suite du festin. Il ne tarda pas à revenir, porteur d'un wok contenant, à vue de nez, un curry de poisson qui promettait bien des délices papillaires, ainsi que d'un plat de riz embaumant la cardamome.
Malgré leurs estomacs déjà assez remplis, les jumeaux durent bien s'avouer que tout ceci leur mettait l'eau à la bouche. Servis en plus de main de maître par le Grec qui s'en donnait à coeur joie, le vin aidant à détendre l'atmosphère...
Le repas fut conclut en apothéose par un gâteau cannelle-chocolat qui fit abandonner toute idée de retenue à qui que ce soit. Au point que les trois Grecs se retrouvèrent out les trois à faire la vaisselle en riant aux éclats (peut-être un peu alcoolisés...), pour pouvoir savourer finalement un café bien mérité, Kanon et Sage affalés l'un contre l'autre sur le canapé, Aioros assis sur le tapis moelleux, adossé au fauteuil qui leur faisait face.
-Saga, enlève ta chemise tu vas tremper le canap'...
Le malheureux vêtement avait effectivement reçu quelques éclaboussures (une petite dizaine de litres d'eau, quoi...) subséquentes à une vaisselle animée.
-Vais avoir froid...
Aioros et Kanon échangèrent un regard. L'ex-Marina sauta brusquement sur son frère pour lui ôter la serpillière du dos, Aioros posa sa tasse sur la table basse, et avant que Saga ait pu se rendre compte de quoi que ce soit, il se retrouvait torse nu mais à moitié enfoui sous deux corps chauds bien décidé à ne pas le laisser tomber en hypothermie. Le Sagittaire laissa échapper un soupir satisfait et laissa tomber sa tête sur le torse dénudé.
-Mais c'est que t'es confortable en plus ...
Saga sentit une certaine chaleur remonter aussi sec à la surface, pendant que le plus jeune continuait à vanter les mérites de son matelas humain, inconscient des tourments du Gémeau. Le trouble qui l'avait marqué le matin même au contact du bras musclé de celui qu'il avait pourtant fait tuer revenait en force...
Et Aioros qui continuait à se frotter à lui. A Kanon aussi... Il était maintenant presque étalé sur ses genoux et jouait avec les mèches de cheveux de son frère qui s'étalaient sur eux trois.
Et puis brusquement,tout bascule. Aioros tire un peu plus fort sur la mèche, Kanon qui tombe en avant, Aioros qui saisit son visage et capture ses lèvres... Le baiser qui dure, le temps qui semble s'étirer... Les bouches qui se séparent, celles d'Aioros affichant un grand sourire satisfait, alors que Kanon est encore sous les choc mais passe inconsciemment sa langue sur ses lèvres pour retrouver la saveur de l'autre... Et puis Aioros qui se redresse et lui impose... propose... offre... la même chose.
Des mains qui partent à l'aventure sur la poitrine dépourvue de toute protection, le Sagittaire qui se presse contre lui en réponse au souffle de Kanon qui lui chatouille la nuque. Kanon qui lentement mais sûrement insinue ses mains sous le t-shirt d'Aioros...
Un peu (beaucoup) plus tard, dans la chambre du neuvième temple...
-Qu'est ce que tu avais mis dans le repas?
-Que des bonnes choses... On appelle ça des aliments aphrodisiaques... répondit le Sagittaire bouiné entre les jumeaux, les trois alanguis et repus.
Capricorne:Vous pensez à votre travail non-stop. Ce n'est pas le moment de batifoler, vous êtes trop préoccupé.
-Je ne veux pas!
-Calme-toi, chouchou. Tu n'as pas le choix...
-Maieuh... Pourquoi moi d'abord? Y'en a dix autres qui ne demandaient que ça, de remplir cette mission. Mais non, il fallait absolument que ça tombe sur moi. Y a pourtant pas besoin de compétences particulières!
Aphrodite sourit une nouvelle fois devant la virulence de son amant, qui vouait pour l'heure aux gémonies le Grand Pope, Athéna, la chevalerie et les missions à la noix qui lui tombaient sur le poil à pas d'heure quand il avait escompté passé la soirée en compagnie de son Poissons préféré, à faire des choses réprouvées par le code des bonnes moeurs.
Ce qui consistait grandement à empêcher Camus de dormir...
Mais tous ces plans venaient de tomber à l'eau avec l'arrivée de dernière minute d'un ordre de mission émanant du Grand Pope, qui lui ordonnait de partir sur l'heure, pour aller visiter il ne savait quel centre d'entraînement moisi dans il ne savait quel coin pourri, tout ça sous le prétexte fallacieux du décalage horaire qui l'obligeait à y aller pendant la nuit grecque s'il ne voulait pas arriver dans un camp totalement endormi.
-Dite, viens avec moi... tenta Shura avec des grands yeux de chiots.
Le Suédois faillit craquer, mais dut se contenter de s'asseoir à califourchon sur les genoux de son Espagnol et de lui passer les bras autour du cou.
-Je n'ai pas le droit et tu le sais très bien. Écoute, plus vite tu partiras, plus vite tu rentreras. Je promets de t'attendre pour aller me coucher. Si tu te débrouille bien ,tu en as pour trois heures grand maximum...
-Ça va me prendre plus. Ça prends toujours plus...
-Et bien tant pis. Mais c'est de ta faute aussi.
Le Capricorne haussa un sourcil interrogateur. Il savait très bien qu'Aphrodite se moquait de lui, mais il ne voyait pas ou il voulait en venir.
-Si tu n'avais pas eu la réputation d'être le chevalier le plus fidèle à ta déesse, on ne te refourguerait pas les missions boiteuses à des heures indues, expliqua le gardien du douzième temple, ses lèvres se rapprochant dangereusement de celles de son vis-à-vis.
Shura réduisit la distance restante à néant pour faire taire son amant. Ce dernier esquissa un sourire dans le baiser avant d'entrouvrir les lèvres sous l'assaut espagnol, soupirant quand des mains baladeuses vinrent flatter ses hanches puis caresser ses fesses. Il commença à onduler du bassin, sentant la réactivité de son homme contre sa propre entrejambe.
Pourtant, avec un soupir désespéré, Shura repoussa le Suédois en picorant ses lèvres une dernière fois.
-T'es pas vraiment crédible quand tu me conseille de partir en faisant tout ça...
Aphrodite tira malicieusement la langue.
-J'ai jamais prétendu vouloir être crédible. Allez, pars donc gambader, espèce de cabri! lui intima-t-il en quittant les genoux oh combien confortables.
Le Cabri ('Nouvelle constellation qui vient de sortir, vous êtes pas au courant?' dixit Aphrodite) se mit debout en grommelant des choses inintelligibles mais qui devaient vraisemblablement donner pour l'heure quelques sifflements aux oreilles du Grand Pope. Il quitta les appartements du douzième temple, descendit les marches qui séparait les deux dernières demeures, passa discrètement le temple du Verseau, sentant les présences de Camus (normal) et de Milo (moins normal déjà...) avant d'arriver enfin à son propre temple, dans lequel stationnait patiemment la pandora box de son armure. Shura enflamma brièvement son cosmos pour se retrouver instantanément plaqué or, et reprit sa descente des escaliers pour sortir de la zone d'anti-téléportation. En plus on lui imposait de l'exercice supplémentaire...
Traînant les pieds comme un gamin boudeur, il traversa une parie des maisons inférieures à la sienne. Il y avait des éclats de rire qui sortait de la cuisine d'Aioros, des ondes qui lui donnèrent froid dans le dos émanant des quartiers de Shaka (il n'avait jamais autant eu cette impression d'être un quartier de viande devant un doberman affamé, bizarre...), des bruits de télévision chez DeathMask... La vie continuait, quoi.
Ce constat lui fit s'interroger sur la nouvelle vie qui leur avait ainsi été offerte. Un midi, alors que le Soleil avait atteint son zénith, un immense éclair provenant de la statue d'Athéna avait illuminé l'ensemble du Sanctuaire, lui avait-on dit. Lorsque des serviteurs affolés s'étaient précipité aux pieds de la statue, ils étaient restés sonnés devant le spectacle des quatorze corps inanimés étendus sur le sol de marbre. Les chevaliers ainsi que Shion et Kanon étaient revenus des Enfers. Lorsque l'un des servants eu suffisamment repris ses esprits pour se précipiter annoncer l'évènement à la déesse, elle était venue à eux, ne pouvant le croire. La surprise lui avait coupé les jambes et elle était tombée à genoux, sanglotant et remerciant son père d'avoir réalisé ce pour quoi elle priait depuis la fin des combats.
Pendant plusieurs semaines ils étaient tous restés sous l'emprise d'un sommeil réparateur, avant d'enfin se réveiller comme si rien ne leur était arrivé, à part quelques cicatrices supplémentaires. Il avait fallu leur répéter bien des fois qu'ils ne rêvaient pas, qu'on leur accordait une seconde chance. Quand cette idée avait eu fait son petit bout de chemin dans leurs cerveaux un peu hors service, ils avaient eux aussi remercié le dieu des Dieux pour sa mansuétude.
Avant de tous se tomber dans les bras les uns des autres pour exprimer leurs joies respectives de se revoir tous ensemble. Comme il fallait retaper un grand nombre de temples, ils s'étaient tous installés ou ils avaient pu, qui chez un voisin ou ami, qui dans une chambre isolée du palais popal, qui en bas avec les chevaliers d'Argent ou de Bronze... tous avaient profités pour approfondir les liens entre eux.
Jusqu'au soir ou Aphrodite lui avait proposé d'approfondir un peu plus que des liens d'amitié. Le Capricorne avait été surpris, flatté que celui qu'on considérait comme le plus beau des chevaliers soit attiré par sa personne. Leur première nuit n'avait été qu'une question d'assouvissement physique. Mais il y en avait eu une seconde, puis une troisième et d'autres encore derrière...
Avant qu'il ait vraiment réalisé, Shura passait la plupart de ses nuits dans le douzième temple. Oh bien sur, Aphrodite et lui n'avaient jamais abordé la question des sentiments, mais Shura n'était pas stupide et borné au point de ne pas se rendre compte, du moins pour lui, qu'il escomptait bien faire durer leur situation le plus longtemps possible. Et pas seulement pour le plaisir de s'envoyer en l'air...
Verseau: A la tombola du coeur, vous remportez le gros lot aujourd'hui. Ouvrez l'oeil et le bon!
Mu redescendait vers son temple, l'estomac agréablement réchauffé par le repas qu'il avait partagé avec son maître et le chevalier de la Balance au palais. Les étoiles étincelaient dans le ciel exempt de tout nuage, et son regard s'attarda sur certaines constellations qui lui semblaient particulièrement en verve de scintillement: Sagittaire, Verseau, Scorpion...
Par contre la sienne de constellation avait décidemment planté le piquet de grève ce jour-là, car pour la deuxième fois de la journée, le Bélier perdit l'équilibre. Il ne réussit cette fois à se rétablir qu'au détriment de son petit pied qui avait déjà trinqué le matin même.
-Pourquoi moi?!! pesta l'Atlante en se retenant de frapper dans le rocher le plus proche, ce qui n'aurait fait qu'empirer les choses.
Heureusement, Mu n'allait pas tarder à passer le temple du Verseau, aussi choisit-il de profiter de l'occasion pour aller quémander un peu de glace. Camus allait encore tirer la gueule d'être pris pour un congélateur ambulant, mais en faisant appel à son sens de la générosité... Le Bélier frappa donc aux portes des quartiers privés avec un petit sourire, et poussa la porte sans attendre la réponse.
-Bonsoir Camus! Est-ce que... Pardon je repasserais!
Et aussi vite que qu'il était entré, Mu referma l'huis et se carapata loin, très loin de ce qu'il venait d'entrapercevoir.
Une fois la surprise passée, il se prit surtout à regretter de ne pas pouvoir être à leur place avec un autre chevalier de sa connaissance.
De leur côté, Camus et Milo, enfin surtout Camus, fixaient la porte où était apparu très brièvement leur ami.
-Milooo...
Les intonations du Français charriaient autant de glace que son attaque ultime.
-C'est moi? répondit le susnommé d'une toute petite voix.
-Tu m'avais pourtant affirmé avoir fermé la porte non?
-Mais j'en étais sûr! Je parie qu'il a cassé la porte!
-Mu? Qui se contente de hausser un sourcil quand il est en colère?
-C'était fermé je te juuuure...
Camus se foutait royalement d'avoir été vu vautré sur son canapé en train d'échanger caresses et baisers avec celui que tout le monde considérait comme son meilleur ami. Mais la tête que faisait Milo, persuadé que le Français allait le mettre dehors pour se venger, était tellement craquante qu'il était en train de continuer la torture juste pour le plaisir des ces petits yeux larmoyants. Larmes qui n'allait pas tarder à vraiment passer par dessus bord s'il continuait comme ça.
-Camus... Tu m'en veux?
Non mais franchement, comment pouvait-on lui en vouloir quand il vous regardait comme ça?
Le Verseau se contenta de prendre le Grec dans ses bras et de le serrer fort, très fort, appréciant la peau dorée et chaude comme le soleil contre la sienne, pâle et froide comme les glaces qu'il manipulait.
-Ne te mouche pas dans ma chemise...
-Moui... Je suis désolé, Camus.
-C'est pas grave. Je t'en aurais plus voulu si ç'avait été une commère comme Kanon ou DM.
Remarque, ça aurait peut-être empêché que d'autres continuent de lorgner sur son Scorpion maintenant qu'il avait réussi à mettre la main dessus, si l'un de ces deux bavards l'avait crié aux quatre vents. Parce que maintenant qu'il le tenait, il n'avait pas du tout l'intention de le laisser partir.
Mais tout au fond de lui, Camus se sentait soulagé. Il n'avait pas voulu stopper Milo quand leur sieste de l'après-midi qui s'était terminée à 22h passées avait basculé vers une fin crapuleuse. Mais des restes de sa timidité lui faisaient se poser quelques questions sur la rapidité avec laquelle tout se combinait.
Même s'il savait très bien ce que Milo pensait de lui depuis bien longtemps.
Et qu'il était à peu près sur la même longueur d'onde.
Mais bon, on est timide ou on ne l'est pas. Camus l'était, même s'il se donnait des grands airs pour le cacher.
Et l'interruption de Mu était tombée au bon moment, parce que Milo se sentait maintenant tellement fautif que Camus allait certainement passer le reste de la nuit à le consoler sans que rien ne se passe.
-Viens manger quelque chose. Et ne renifle pas!
... Ou pas.
Poissons:Vous êtes le chouchou du zodiaque. La conjoncture astrale vous fait tourner la tête.
La journée avait été parfaite. Une nuit délicieuse, une grasse mâtinée que personne n'était venue déranger, un après-midi de farniente sur la plage en très agréable compagnie... N'aurait été le petit désagrément de dernière minute...
Mais bon, Shura était parti depuis un peu plus de trois heures maintenant. Ce qui voulait dire qu'il n'allait certainement pas tarder à rentrer.
Aussi Aphrodite vérifia-t-il une dernière fois que tout était prêt. Le bain débordait de mousse blanche, il y avait de quoi grignoter à portée de main, et un stock de serviettes toutes plus douces les unes que les autres conséquent...
Ne manquait plus qu'une chose, ou plutôt une personne.
Le chevalier des Poissons ôta pourtant ses vêtements qu'il envoya dans un coin de la salle de bain, exposant son corps que bien des hommes lui enviaient à la seule vue des innombrables miroirs qui tapissaient les murs. Il en avait fait rajouter un grand nombre pendant les travaux, parce que son Espagnol aimait beaucoup les voir pendant l'acte.
Savourant la chaleur dégagée par l'eau, il trempa lentement le bout d'un pied, avant de s'asseoir lentement avec un soupir de bien-être.
A peine avait-il finit de plonger ses mains dans l'eau qu'il entendait la porte claquer. Il savait toujours très précisément quand son amant rentrerait.
Ce qui restait de la nuit s'annonçait très agréable aussi...
Fin du chapitre 1
J'ai deux autres séries d'horoscope à caser, je vais essayer de me botter les fesses pour aller jusqu'au bout...
