Au mois de novembre, les nuages cachent le soleil et jettent leur voile terne sur la ville

Par ce gris jour de novembre, les nuages taciturnes cachaient le soleil et jetaient un voile terne sur la ville.

Les heures, grises et mornes s'écoulaient lentement, monotones. Ce cours, d'ailleurs était tout aussi ennuyeux. Akira écoutait d'une oreille distraite le professeur sciences, Hishigi, lire ses notes d'une voix froide, impersonnelle aux élèves dont la plupart somnolait. Hishigi, tout de noir vêtu, comme d'habitude, faisait comme partie du décor presque monochrome de la vie de lycéen. Akira soupira. Que faisait-il ici ? Ne devrait-il pas plutôt s'entraîner au maniement de ses sabres jumeaux ? Pourquoi était-il assis sur une chaise inconfortable à écouter des adultes déblatérer et répéter des choses qu'il savait déjà pour la majorité ? Ah, ça c'est parce que sa petite sœur, Yuya, avait étrangement insisté pour qu'il aille en cours et ait de bons diplômes. Sur ce point là, elle pouvait être chiante, mais à un point…Et cela faisait plus penser au comportement d'une mère que d'une petite sœur. Malgré tout ce qu'Akira pouvait dire, il adorait Yuya et avait cédé, une fois de plus, à la forte volonté de la blonde.

Et Akira soupirait une deuxième fois devant sa faiblesse, lorsque, soudain, on frappa à la porte. Qui cela pouvait bien être ? Les élèves, en un même élan, levèrent enfin la tête pour se tourner vers la porte, avec le vain espoir d'un évènement, n'importe quoi pour échapper à cette journée insipide.

La porte s'ouvrit, pour laisser place à la longue chevelure lumineuse et au visage serein du directeur Muramasa. Celui-ci s'effaça pour que la personne derrière lui puisse entrer. Akira eut alors le souffle coupé. C'était Elle. Une jeune fille à la frêle silhouette, la peau pâle, et aux cheveux courts blonds tirant sur le vert. Quelque chose chez elle rappelait le directeur. Peut-être étaient-ils parents. Elle affichait ouvertement un air blasé que détrompaient ses yeux étonnamment clairs. En effet, ceux- ci traduisaient une colère, ou une vexation qui était dans les deux cas inexplicable aux yeux d'Akira.

« Voici Tokito, une nouvelle élève qui se joindra à vous pour le reste de l'année et peut-être plus, j'ose espérer.» annonça Muramasa.

Hishigi lui désigna ensuite une place au fond de la classe qui était miraculeusement restée vide. Alors qu'elle passait devant Akira, celui-ci put remarquer les sourcils froncés, la petite bouche légèrement pincée, les yeux étincelants de haine comme la négligence de l'uniforme qu'elle portait : sa chemise avait le col défait, laissant entre-apercevoir la naissance du coup délicat, non rentrée dans la jupe noire, la cravate dont le nœud avait été fait à la va-vite et les longues chaussettes rayées noires et vertes couvrant une belle paire de jambes. Même ses cheveux étaient en bataille, toutefois pas assez pour qu'on puisse la qualifier de décoiffée.

Une question trottait encore dans la tête d'Akira : pourquoi a-t-elle l'air en colère ?

Alors qu'un faible rayon de soleil réussit à percer le voile épais des nuages, Akira ne s'était pas aperçu qu'il s'ennuyait déjà beaucoup moins.