Le début de la fin
Bon alors, comme toujours…
Auteur : Faustine
Disclaimer : aucun de ces personnages ne m'appartient, etc… Je ne crois pas en avoir inventé un… Mais si c'est le cas je pense que vous le saurez…
Note de l'auteur : cette fic est donc un crossover entre Alias et le Caméléon. J'ai rassemblé dans un seul fichier les trois premiers chapitre par simplicité… Je tiens à remercier les forumeuses qui m'ont encouragée (et un peu poussée parfois ) sur Vala… Ah bien sur, tous vos feedsbacks sont les bienvenus à Faustine30tiscali.fr
Bonne lecture !
« J'ai été appelée pour une affaire très urgente. Je vous passerai un coup de fil demain matin si je dois prendre l'avion. Je vous embrasse, Sydney. »
La jeune femme acheva sa note et la déposa bien en évidence sur la table du salon. Fran et Will ne manqueraient pas de tomber dessus le lendemain matin. Syd soupira en songeant que ses amis –Francie en tout cas- ne manquerait pas de trouver ce départ si matinal étrange… Elle songea avec amertume que ce ne serait ni la première, ni la dernière fois qu'elle mentait à sa meilleure amie…
Elle sortit sur la pointe des pieds, puis referma doucement la porte. En descendant les escaliers du perron, elle leva les yeux et contempla le ciel. La nuit était magnifique. Des milliers d'étoiles scintillaient, et ce malgré les lumières de la rue. La beauté de ce spectacle arracha un nouveau soupir à Sydney. Plus mélancolique que jamais, elle se mit au volant de sa voiture en se posant une énième fois cette question qui l'obsédait : pourquoi moi ?
Elle alluma la radio, et la musique la réconforta un peu, atténuant le sentiment de solitude qui menaçait de la submerger quelques instants auparavant. Calmée, elle se mit à réfléchir à la raison qui avait pu amener Sloane à la convoquer à 4 heures du matin. Sûrement encore des armes à récupérer ou un traître à exécuter… Par mesure de précaution, Sydney laissa un message à son père dont le téléphone était éteint ainsi, si les choses tournaient mal, ou que Sloane ne le prévenait pas, il pourrait avertir la CIA. La jeune femme hésita à appeler Vaughn, (qui, elle le savait, gardait son téléphone allumé à toute heure, au cas ou elle aurait des ennuis) car ils étaient tous deux rentrés la veille d'une mission épuisante en Turquie elle connaissait assez bien son agent de liaison pour savoir qu'il supportait moins bien les longs efforts et les décalages horaires qu'elle, et elle préféra le laisser dormir. Il le lui reprocherait dès qu'il en aurait l'occasion, mais tant pis… Sydney avait une aversion grandissante pour les ordres et les règles de bonne conduite.
Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas le carrefour approcher et faillit griller un feu rouge. Au moment où elle freinait, une décapotable rouge passa à toute vitesse dans l'avenue perpendiculaire à moins d'un mètre du pare-choc de sa voiture. Vu la trajectoire peu rectiligne du véhicule qui venait de la croiser, le chauffeur rentrait d'une soirée bien arrosée… Tremblante, Sydney inspira profondément pour tenter de se calmer. Elle avait été à deux doigts de se tuer dans un banal accident de la route causé par un chauffard ivrogne, et cette pensée la terrorisait. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle frôlait la mort de près… Encore effrayée, elle ne fit pas attention aux deux voitures noires qui s'étaient arrêtées de part et d'autre de la sienne. Soudaine, elle aperçu le reflet d'une arme dans le rétroviseur, mais il était trop tard… Elle sentit à peine le projectile qui atteignit son bras et s'effondra sans connaissance sur le volant.
Quelques heures plus tard, aux environs de midi, Vaughn achevait son rapport au QG de la CIA. Le jeune agent avait les traits tirés et un magnifique œil au beurre noir. Il encaissait encore mal les missions sur le terrain… Sydney, au contraire, n'avait plus ce genre de problème… Vaughn se sentait si stupide à ses côtés ! Il voulait la protéger, mais en fin de compte c'était elle qui devait l'aider et veiller sur lui… Cette situation le vexait et l'énervait, car il ne supportait pas de se sentir si inutile et inefficace.
Il fut tiré de ses réflexions par l'arrivée de Kendall, qu'accompagnait Jack Bristow. Vaughn fut frappé par la pâleur et l'expression du visage de se dernier. Il ouvrit la bouche pour demander des explications, mais Kendall ne lui laissa pas le temps de parler.
- Sydney Bristow a disparu, annonça-t-il au jeune homme.
- Quoi ? S'exclama ce dernier, abasourdi.
- Sydney m'a laissé un message tôt ce matin, expliqua Jack. Elle disait que Sloane l'avait bippé, qu'elle ignorait pourquoi et qu'elle se rendait au SD-6. J'ai demandé à Sloane de quoi il était question ce matin il m'a répondu qu'il avait dormi toute la nuit et qu'il n'avait bippé personne. Je me suis inquiété, et à la demande d'Arvin, j'ai téléphoné chez Sydney Francie m'a répondu qu'elle avait laissé une note comme quoi la banque avait une affaire importante à régler. Personne ne l'a vue depuis hier soir.
- Un piège ? Suggéra Vaughn, encore sous le choc de la nouvelle.
- Probable, répondit Kendall, et…
Ils furent interrompus par le téléphone de Kendall. Ce dernier répondit, et l'expression impassible de son visage se voilà légèrement lorsqu'il raccrocha.
- C'était l'agent Weiss, dit-il. Il était avec Devlin, qui vient de déclarer que la thèse de l'enlèvement est officiellement privilégiée –enfin, dans la mesure du possible. La police a identifié la voiture de Sydney Bristow à un carrefour en centre-ville. Vide, bien entendu. Aucune trace de lutte, aucune empreinte digitale autres que les siennes. Agent Vaughn, vous et Weiss allez être placés à la tête de l'équipe de recherche. M. Bristow, sous quel prétexte vous êtes vous éclipsé du SD-6 ?
- J'ai dit à Sloane que j'allai tenter de retrouver Sydney, qui était de toutes façons convoquée pour un briefing avec moi dans une demi-heure.
- Bien. Allez-y, et tenez-nous au courant de tout ce qui pourrait nous indiquer la piste des ravisseurs.
Jack s'éclipsa rapidement. Il cachait bien son jeu, mais Kendall et Vaughn devinaient qu'il était rongé par l'inquiétude.
Effectivement, c'était le cas. Sur la route du SD-6, l'agent double retournait dans sa tête des hypothèses plus improbables les unes que les autres. Malgré son apparente indifférence, il aimait Sydney plus que tout, et il avait l'impression qu'il ne supporterai pas de la perdre… Non, pas encore, il ne voulait pas revivre ce calvaire à nouveau… N'avait-il donc pas assez souffert ? Pourquoi la vie s'acharnait-elle sur lui, sur sa famille ?
En ruminant ces sombres pensées, Jack prit l'ascenseur menant au SD-6 avec des gestes d'automate. En arrivant dans les bureaux du sous-sol, il apprit qu'Arvin Sloane désirait le voir le plus vite possible. Cela ne présageait rien de bon…
Le bureau de Sloane lui paru encore plus austère et sombre qu'à l'habitude. Dixon était assis en face de directeur du SD-6. Tous deux dévisagèrent Jack lorsqu'il entra son masque d'impassibilité devait commencer à s'effriter, pensa-t-il.
- Nous avons du nouveau, annonça Sloane.
Il tendit au nouveau venu un message dactylographié arrivé une demi-heure plus tôt. Il lu, puis releva la tête, stupéfait.
- Comment peuvent-ils prouver ce qu'ils avancent ? Demanda-t-il d'une voix blanche.
Pour toute réponse, Sloane lui remit une photographie. Sur laquelle on pouvait voir une Sydney inconsciente, le visage tuméfié, gisant sur le sol bétonné d'une cellule…
Une heure plus tard, bureaux de la CIA
Kendall entra dans la pièce accompagné de Devlin, de Jack Bristow et d'un quatrième homme. Vaughn et Weiss levèrent la tête du rapport de police réalisé à la découverte de la voiture de Sydney, qu'ils étudiaient attentivement depuis 40 minutes et qui, comme on pouvait s'y attendre, n'apportait pas la moindre ébauche de piste.
- Messieurs, annonça Devlin, nous savons à présent qui a enlevé Sydney Bristow.
- Sloane a reçu un message anonyme nous informant qu'elle était entre les mains d'une organisation appelée le Centre, poursuivit Jack.
- Qu'est ce qu'ils veulent ? Demanda Vaughn après avoir encaissé la nouvelle. Au moins, elle est vivante, pensa-t-il.
- Pour le comprendre, il faut que vous compreniez exactement ce que le Centre a à voir avec le SD-6, expliqua Kendall. C'est pour cela que vous serez désormais assistés par l'agent Rays.
Le quatrième homme s'avança alors. Il était âgé d'environs trente ans, peut-être plus. En vérité, son âge semblait difficile à déterminer…
- Jarod Rays, annonça-t-il en tendant la main aux deux jeunes agents. Ravi de vous rencontrer.
- Eric Weiss. Enchanté.
- Michael Vaughn. De même.
- L'agent Rays s'occupe depuis quelques semaines de l'étude des activités du Centre, expliqua Devlin. Depuis que Sydney Bristow nous a informés de l'existence de cette organisation, nous ne cessons de découvrir de nouvelles affaires qui s'y rattachent. Mais je pense que M. Rays est mieux placé que moi pour vous expliquer tout cela…
- L'agent Bristow a rapporté il y a quelques semaines que le SD-6 recherchait un composé chimique révolutionnaire dérobé en fait dans un laboratoire filiale de l'Alliance -c'est du moins ce que l'enquête de la CIA a révélé- par le Centre. Depuis, nous avons découvert que ces deux organisations étaient rivales sur plusieurs points, tous en rapport avec le crime organisé… Enlèvements, vente d'armes… Apparemment, cette disparition est en rapport avec l'affaire dont je viens de vous parler. Le Centre exige qu'on lui livre le produit, « récupér » par Sydney et son équipier Dixon il y a deux semaines, et qui se trouve actuellement au SD-6.
- Et… Quelle est la ligne de conduite adoptée par le SD-6 ? Demanda Vaughn, qui connaissait parfaitement la réponse.
- Sloane refuse le chantage, soupira Jack. Il m'a assuré qu'il ferait son possible pour retrouver Sydney, mais qu'il ne cèderai pas. Il avait toutefois l'air furieux… Plus qu'à Sydney, c'est au SD-6 que le Centre s'est pris, et ni Sloane ni l'Alliance ne voient ça d'un bon œil… Malgré ses dires, je ne pense pas qu'Arvin ne tentera quoi que ce soit pour sauver Sydney. Le Centre représente un trop gros morceau, par rapport à la valeur que représente pour lui une vie humaine…
Ce soir-l , en rentrant à son studio, Jarod trouvait décidément cette histoire bien étrange, et surtout très différente de ses précédentes enquêtes. Là, il était directement question du Centre, et il pouvait partager ses découvertes avec des gens capables de comprendre enfin, dans une certaine mesure. Toutefois, ses deux collègue, les agents Michael Vaughn et Eric Weiss, ne tarderaient pas à découvrir son passé au Centre, Jarod en avait la certitude. Accablés de chagrin et d'inquiétude, surtout en ce qui concernait l'agent Vaughn, ils n'en adoptaient pas moins une attitude efficace et volontaire, la seule capable de les aider à retrouver Sydney Bristow… La seule bonne attitude à adopter pour aider quelqu'un qui en avait besoin… En son sens, ce comportement était courageux. Mais les sentiments évidents qui émanaient de cette affaire étaient étranges… Jarod possédait ce don particulier qui lui permettaient de comprendre la psychologie des gens parfois mieux qu'ils le faisaient eux-mêmes. Et il avait aisément remarqué que Vaughn éprouvait bien plus que de l'amitié entre collègues vis à vis de la jeune femme… Et pourtant, il trouvait en lui les ressources nécessaires de sang-froid pour refouler son inquiétude au second plan, au bénéfice de ses recherches. Jarod admirait déjà cet homme. Peu de gens auraient été capables de faire la même chose, aussi anodine puisse-t-elle paraître.
Le cas même de l'agent double était très particulier. Elle avait un passé qu'on pouvait largement qualifier de difficile, et pourtant, à en croire Vaughn, Weiss et même Devlin, c'était quelqu'un de formidable. De sensible, de fort à la fois. Jarod songea que la jeune femme aurait bien besoin de toutes les qualités qu'on lui attribuait si elle devait subir les séances de torture du Centre… Capturer un jeune agent aguerri pour faire pression sur ses chefs. C'était bien là un plan du Centre. Même si cela ne faisait pas avancer les choses, ils se seraient vengés sur elle. Et pour l'instant, pas moyen de l'aider…
Jarod sortit son téléphone et composa le numéro de Sydney. Il pouvait toujours lui exposer la situation. Peut-être le psychiatre pourrait-il l'aider à tirer la jeune femme des griffes de l'organisation…
Mlle Parker referma la porte d'entrée plus violemment qu'elle ne l'aurait voulu. Une fois de plus, sa journée avait été des plus désagréables. Elle était rentrée une heure plus tôt d'un voyage à l'autre bout du pays qui n'avait mené à rien. Cette fois-ci, Jarod avait bel et bien disparu sans laisser de traces. Pas un indice. Rien. Il avait quitté son dernier logement connu depuis six semaines déjà. Et depuis, rien, à part un coup de fil il y avait un mois. Silence radio. L'absence de résultats dans la recherche de la piste de Jarod venait de lui valoir un sérieux savon. De plus, même si elle aurait préféré mourir plutôt que de l'admettre, cela l'inquiétait. Qu'était-il donc arrivé au Caméléon ?
Elle songea avec amertume à l'ironie de la situation. Comme d'habitude… Elle se faisait du souci pour la personne qu'elle était censé capturer et ramener au Centre pour y être traitée en rat de laboratoire… De plus, ces perpétuels voyages lui causaient des insomnies pénibles, et apparemment, cela devenait visible… Elle se sentait épuisée. Et ce perpétuel débat de conscience y était probablement pour quelque chose…
Tout en ouvrant une boîte de conserve au hasard, Parker maudit Jarod. Une fois de plus. De toutes façons, c'était sa faute. Sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé… Sans lui, elle aurait été tranquille. Mais elle ne parvenait pas à mettre assez de conviction dans cette idée pour s'en persuader… Elle n'y était jamais parvenue…
La tête ailleurs, elle mangea les légumes en conserve, puis elle s'allongea et s'endormit sans même prendre la peine d'enlever ses chaussures aux talons impressionnants…
En pleine nuit, un léger bruit la réveilla. Elle ouvrit les yeux avec difficulté. Soudain, elle cru apercevoir un mouvement du côté de la porte. Son instinct lui cria aussitôt « danger ! », mais il était trop tard… Au même instant, deux paires de bras la plaquèrent contre son lit. Mal réveillée, encore fatiguée des expéditions des semaines passées, elle ne pu s'arracher à ses agresseurs… Elle vit un objet métallique briller à la faible lumière de la lune. L'une des deux personnes lui plaça un baillon, l'empêchant ainsi de crier, et un troisième homme injecta dans le bras de la jeune femme un liquide translucide dont l'effet fut quasi-immédiat. Parker cessa immédiatement de se débattre. Celui qui tenait la seringue la rangea dans son sac, tandis que les deux autres se saisirent de la jeune femme. Puis ils sortirent, montèrent dans la Mercedes noire garée dans la rue et démarrèrent.
Le lendemain matin, Jarod arriva de bonne heure à la CIA… Pour constater qu'il était le dernier. Les deux jeunes agents étaient déjà au travail. Ils levèrent la tête de leurs ordinateurs en entendant la porte s'ouvrir. Weiss salua Jarod et commença à lui exposer l'avancée des recherches. Vaughn marmonna un vague bonjour avant de se remettre à ses recherches.
L'équipe avait été efficace. Sans parvenir pour l'instant à découvrir quoi que ce soit sur l'endroit où était retenue Sydney, elle avait réussi à placer plusieurs ligne intérieures au Centre sur écoute. Il ne restai plus qu'à attendre.
Le temps semblait s'écouler dans le pièce à une vitesse incroyablement lente. Un lourd silence rendait l'atmosphère pesante. Jarod observa ses collègues et s'aperçu que Vaughn n'avait probablement pas dormi, malgré l'injonction de Devlin qui lui avait bien précisé qu'un peu de repos leur ferait le plus grand bien à tous. Le caméléon sentit son impression se confirmer : l'inquiétude du jeune homme n'avait rien de professionnel…
Plus pour meubler l'attente que par nécessité, Jarod se mit à relire la dossier de l'agent Bristow. Elle lui rappelait étrangement une autre jeune femme brune… Jarod soupira, un infime sourire aux lèvres. Ce n'était pas le moment. Pas le moment de penser à elle, d'évoquer ses souvenirs. Il se souvint de leur dernière conversation –près d'un mois auparavant !-, et sourit intérieurement. Il fallait dire ce qui était, il ne détestait pas l'agacer, ni la faire tourner en bourrique… Il s'amusait de la voir, ou plutôt de la savoir en colère à cause de ses farces. Elle s'énervait si facilement ! Mais au fond, tout cela n'était que taquineries. Il ne voulait pas la blesser et s'en voulait silencieusement lorsque parfois il allait trop loin dans ses insinuations. Certains sujets ne peuvent pas être traités à la légère… D'ailleurs, il la connaissait, elle devait certainement s'inquiéter secrètement de son mutisme. Tant de silence n'était pas normal. Si elle savait… Jarod avait le pressentiment que la fin du Centre était proche. Il oeuvrai à sa destruction depuis plusieurs années déjà… Et il était conscient qu'au fond de lui la vengeance n'était pas la seule cause de son acharnement. Il voulait libérer Parker, lui permettre d'être enfin libre de réaliser ses rêves et de mener à bien sa quête de la vérité, de vivre sa vie, elle qui avait tant souffert… Et bientôt, ce serai chose faite.
Il fut tiré de ses pensées par la sonnerie stridente du téléphone. Vaughn le décrocha immédiatement. Le haut-parleur branché permit aux autres occupants de la pièce d'entendre un grésillement ils perçurent cependant des bribes de mots incompréhensibles avant que leur mystérieux correspondant ne coupe la communication. Visiblement éreinté, au point de considérer un appel téléphonique si peu conventionnel comme une simple bagatelle, Vaughn demanda simplement que l'origine de l'appel soit établie et qu'on tente de reconstituer au mieux les mots derrière la friture de la ligne. Puis un nouveau silence s'installa…
Un bruit dans le couloir ramena Sydney à la réalité. Tirée assez brusquement de l'état de demi sommeil, elle prêta l'oreille à la conversation qui se déroulait de l'autre côté de la porte de la cellule bétonnée.
- Mais que lui est-il arrivé alors ? Vous conviendrez que…
- Elle a été enlevée.
- Quoi ??
- Vous avez bien entendu. La confirmation nous en a été faite il y a une heure.
- Qui ? Qui a fait ça ?
- A votre avis. Le SD6 bien sur. Apparemment ils n'ont pas apprécié qu'on utilise leurs méthodes pour les faire céder. La communication qui nous a été faite disait : « Vous détenez un agent précieux, nous aussi. Le chantage appelle la chantage. Vous devriez pourtant le savoir. »
- C'est tout ?
- Oui. Quelle hypocrisie. Le père de la gamine est un gros bonnet de la direction du SD6. C'est sûrement pour ça qu'ils font mine de suggérer une négociation. Ils n'ont pas l'intention de la récupérer, sinon, ils auraient déjà tenté quelque chose.
- Mais alors que va faire le Centre ?
Le deuxième homme garda le silence. Sydney vit la porte de sa cellule s'ouvrir. Trois hommes entrèrent.
- J'espère que vous avez passé une bonne nuit, dit Raines.
- Excellente, répondit la jeune femme.
Excellente, c'était le mot… Hormis le très court laps de temps de répit qui lui avait été accordé, deux ou trois heures au plus, la faim qui commençait à se faire sentir, l'extrême confort du sol en béton et les restes douloureux du passage à tabac en règle de la veille…
- Bien, répondit le vieil homme avec un sourire en coin qui apparut à Syd comme un brin sadique. Ca ne présageait rien de bon, pensa-t-elle… Vous refusez toujours de nous révéler pourquoi le SD6 s'intéresse aux affaires du Centre ?
- Je vous l'ai déjà dit, je ne sais pas de quoi vous voulez parl…
Sydney étouffa un cri de douleur lorsque le poing de l'un des deux nettoyeurs s'écrasa violemment sur sa joue. Un filet de sang commença à couler sur sa lèvre. Le second homme s'approcha et la plaqua sans ménagement au mur, pendant que son collègue se saisissait du poignet de la jeune femme.
Raines sourit de nouveau à sa prisonnière. Avant de sortir, il se retourna et lâcha :
- Je vous laisse. Réfléchissez à ce que je vous ai dit. Je reviendrait vous voir une fois que votre petite conversation sera terminée. Amusez vous bien.
Puis il referma la porte.
Quelques heures plus tard, à la cellule de la CIA de Los Angeles, Weiss et Jarod avaient quitté leur poste quelques instants, le temps d'aller chercher un sandwich, laissant Vaughn seul devant la pile de dossiers qu'il terminait d'examiner. Il y avait là une bonne partie de l'organisation et du personnel important du Centre. Lui et Weiss avaient été stupéfaits de l'ampleur que prenait cette affaire. A l'insu de toutes les organisations gouvernementales, un véritable empire du crime organisé s'était développé. Depuis combien de temps le Centre sévissait-il, Michael n'en avait pas la moindre idée mais il se rendait compte que les chances de sortir Sydney des griffes de ses ravisseurs devenaient de jour en jour plus minces.
Refusant de se laisser aller au désespoir, il en revint aux dossiers restants.
- Le Centre… Blue Cove… Se mit il à marmonner machinalement.
Une évidence traversa brusquement l'esprit du jeune homme. Comment Jarod en savait-il autant à propos du Centre ? Il avait beau brouiller les pistes à l'aide d'habiles discours, au fond, il avait fait lui même un certain nombre de « découvertes » et de « déductions »… Non. Tant de coïncidences n'étaient sûrement pas le fruit du hasard.
Mais alors… qui était véritablement le soit-disant Jarod Rays ? Un agent double du Centre ? Non, il avait fourni trop d'informations compromettantes à la CIA. Et ce faisant, il avait, à court ou moyen terme, quasiment signé l'arrêt de mort de l'organisation.
Dans ce cas… Il ne restait qu'une seule possibilité . L'homme était une victime. Mais qu'avait-il donc subi, pour orchestrer une vengeance d'une telle ampleur ? C'est là ce qu'il faudrait découvrir.
Cependant, Jarod lui était sympathique. Etrange en vérité à dire de quelqu'un qu'on ne connaît que depuis deux jours. Probablement, on se rapproche plus facilement des gens dans les circonstances difficiles. Et pour Vaughn, ces deux jours avaient été de véritables cauchemars. Pourquoi le sort s'acharnait-il sur Sydney ? Elle qui aurait tant aspiré à une vie simple et heureuse. Pourquoi la vie était-elle toujours si compliquée ? Pourquoi s'acharnait t-elle toujours sur les meilleurs, les plus courageux ?
Pour refouler de nouveau la vague de chagrin et d'inquiétude qui revenait à la charge, il se leva et se dirigea vers un des membres de l'équipe de recherche, Terry Pertens, qui avait été de sa promotion durant sa formation. Baissant le ton, il lui demanda de faire discrètement des recherches à partir d'une photo de Jarod et de lui rapporter absolument tout ce qu'il trouverait. Puis se rassit devant ses dossiers et se replongea dedans.
Le soir suivant, Jarod se retrouva de nouveau seul, étudiant les détails qu'il avait discrètement relevés, cherchant des liens, des connexions logiques entre les indices. Malgré des débuts prometteurs, il se rendait compte que le bilan de la journée établi par l'agent Vaughn une heure plus tôt était malheureusement le bon : ils n'avaient pas avancé du tout. Cette enquête avait une résonance particulière pour Jarod, qui sentait que parmi toutes les autres elle était la plus importante, celle qui, définitivement, pourrait le rendre de nouveau libre.
Les réflexions du Caméléon furent soudain interrompues par la sonnerie de son portable. Il décrocha, et reconnut la voix familière de Sydney. Le soulagement de Jarod était si grand que Sydney s'en aperçu, et le psychiatre demanda avec un soupçon d'inquiétude dans la voix si tout allait bien.
- Très bien, le rassura Jarod. Je me demandais seulement pourquoi je n'avais pas réussi à vous joindre hier. Il n'est pas dans vos habitudes de laisser sonner votre portable sans y répondre.
- Le docteur Raines était dans le même pièce que moi pendant une bonne partie de la soirée. J'ai préféré éviter qu'il me surprenne au téléphone avec toi une fois de plus…
La surprise laissa Jarod muet l'espace de quelques instants. Qu'est ce qui avait bien pu obliger Sydney à travailler si longtemps avec Raines ?
Interprétant probablement le pourquoi du silence de Jarod, Sydney reprit presque aussitôt :
- Jarod, ils savent que la CIA enquête sur les activités du Centre.
- Comment sont-ils au courant ?
- Apparemment, quelqu'un a repéré une ligne téléphonique sur écoute. C'est ce qui leur a mis la puce à l'oreille… Quelques jours plus tard, Raines était dans mon bureau, brandissant un rapport top secret intercepté faisant état de l'avancement de l'enquête. Il ne peut que soupçonner très fortement que tu est derrière cette histoire. Il n'a aucune preuve. Comme toujours, tu as fait preuve d'une remarquable ingéniosité et d'une grande discrétion.
La note d'admiration dans la voix à l'autre bout du téléphone émut Jarod bien plus qu'il ne voulu bien se l'avouer.
- Et puis ils ont enlevé cet agent… Bristow je crois. Je ne pense pas me tromper en disant que tu est parfaitement au courant de tout ça…
- Effectivement, vous avez raison.
- Je sais ce que tu vas me demander, Jarod. Je sais où elle est enfermée exactement, a Blue Cove, dans un vieil immeuble désaffecté de Carminton street, le n°47. Je ne sais pas exactement quelles informations ils essayent de lui extorquer. Une chose est sure, ils emploient les grands moyens. Même en étant solide, ce que je lui souhaite… Elle ne restera pas en vie plus de quelques jours vu ce qu'elle est en train de subir quasiment sans relâche.
- Mais pourquoi la traiter de telle sorte, si c'est pour la tuer au final ? Elle détient pourtant des informations nécessaires. Pourquoi le Centre mettrait-il tant « d'arguments » en sa faveur dans la balance si c'est pour n'en recueillir au final rien d'intéressant ?
- Pour l'exemple… Et la vengeance.
- Je ne vous suis plus.
- Jarod… Hier au soir, des agents du SD-6 ont enlevé Mlle Parker chez elle. Ils ont décidé de répondre à l'attaque contre leur division par des moyens similaires à ceux utilisés la première fois.
- Quoi ? S'écria Jarod, perdant son calme apparent pour la première fois depuis longtemps.
- Je suis désolé, fit Sydney. Je suis aussi inquiet que toi au sujet de ce qui va lui arriver. Broots et moi sommes à la recherche d'indices. Nous avons découvert un moyen de vous aider à délivrer Sydney Bristow. Vous avez du recevoir un appel étrange d'origine inconnue dans la journée d'aujourd'hui.
- Oui. Il était incompréhensible.
- Pour mieux brouiller les pistes. Demain matin, les techniciens de la CIA auront décrypté le message. Alors, vous devrez rapidement compléter ces indices avec ceux que vous possédez déjà. Surtout, n'oublie pas… Les jours de cette jeune femme sont comptés. Il ne vous reste plus beaucoup de temps.
Sydney marqua une pause. A l'autre bout du fil, Jarod se reprit rapidement.
- D'accord. Merci beaucoup. J'espère que nous trouverons une solution rapidement.
- Moi aussi, Jarod. Et… Tu connais Parker. Elle est forte. Elle trouvera le courage de leur résister.
- Je l'espère aussi, murmura le caméléon en raccrochant.
Pensif, il rangea le téléphone, et se mit à observer l'orage qui se déchaînait au dehors. Il n'aurait pas pu rêver un temps qui reflète mieux son état d'esprit du moment.
Une nouvelle matinée se levait sur Los Angeles. Vaughn slaloma entre les flaques d'eau qui jonchaient le trottoir sur le chemin de sa voiture jusqu'aux portes des bureaux de la CIA. Le hall d'accueil était presque vide, tout comme les couloirs que le jeune agent traversa pour se rendre au centre des opérations. Il était tôt. Il était très en avance. Le manque de sommeil se lisait à présent clairement sur son visage, et il préférait tenter d'agir –ou se donner l'impression que c'était ce qu'il faisait- en passant le plus de temps possible à travailler plutôt que de se tourner et se retourner inutilement dans son lit en s'imaginant des scénarios plus dramatiques les uns que les autres.
Au moment où il s'installait devant son ordinateur, il s'entendit héler. En se retournant, il reconnut Terry, qui déposa plusieurs dossiers sur le bureau.
- Bonjour… J'ai fais les recherches que tu m'avais demandé. C'est vraiment très surprenant…
- Quoi ?
- Regarde, dit-il en montrant des articles de différents journaux. Là, et là, et là, là aussi… C'est lui, pas vrai ?
- On dirait bien.
- Et bien ce type a dans chaque article un nom de famille différent…
- De quoi traitent ces articles ? Demanda Vaughn en se tordant le coup pour réussir à lire.
- C'est ça le plus étrange… Chaque fois, il a aidé quelqu'un, rendu justice ou démasqué les vrais coupables de différentes affaires. Et si je n'ai que 13 articles qui mentionnent son nom…
- « Que » ? C'est déjà pas si mal.
- Je soupçonne fortement une quarantaine d'autres coupures de journal de parler du même bonhomme, voire plus. Mais le plus souvent, son nom n'apparaît nulle part, et les articles se focalisent sur les détails de l'affaire…
- Il se cache ?
- On dirait bien que oui.
- Mais de qui ?
- Ca, je n'en ai pas la moindre idée…C'est probablement ce qu'il faudrait savoir. Mais n'oublie pas qu'il a aidé bénévolement et volontairement au moins une quinzaine de personnes, et beaucoup, beaucoup plus à mon avis… Ca nous donne une idée de l'état d'esprit du bonhomme… De plus…
- Oui ?
- Ses tests d'entrée à l'agence font état d'une intelligence exceptionnelle. C'est vraiment un type qui sort du lot.
- … Ces paroles laissèrent Michael pensif. Tu as raison. Il est temps que nous parlions franchement avec lui.
- Et, Mike… Il y a autre chose…
- Quoi ?
- Les experts ont réussi à décrypter l'appel téléphonique d'hier. Du travail de pro d'après ce qu'ils m'ont dit.
- Et… ?
- Lis donc par toi même…
Michael se saisit de la feuille sur laquelle était écrite :
Il y a au Centre des gens qui voudraient voir l'organisation détruite après avoir vu trop d'horreurs. Ces derniers jours, Le Centre est entré en guerre ouverte avec l'Alliance des douze. Plusieurs cellules de chaque organisation ont été détruites. Le Centre est affaibli, la plupart de ses dirigeants se sont mis en sécurité en cas de coup dur l'endroit où Mlle Bristow est retenu est peu surveillé. Si vous voulez la sauver, c'est le moment ou jamais…
Vaughn leva les yeux et croisa le regard de Terry.
- On a encore une chance… A condition d'agir avant que le courage de Sydney ne cède. On a une chance… Il reste encore de l'espoir…
