Petit fanfiction sans prétention écrite il y a quelques années, mais dont je suis actuellement en train de réfléchir à la suite.
Je reposte donc le premier chapitre au même endroit que l'ancien car grosso merdo le même, quelques fautes en moins.
Driling Dring Driling Dring
Ouvrant difficilement un œil, l'esprit encore embué de sommeil, Ondine Williams maudit intérieurement la personne qui avait eut l'audace de l'appeler chez elle à une heure aussi matinale lors de son unique jour de congé.
Pour une fois qu'elle pouvait en profiter pour dormir sans risquer d'être dérangée par un jeune dresseur en devenir venu disputer un badge, c'était vraiment pas le moment de venir la faire chier sans une excellente raison ! S'il était vrai que la jeune femme aujourd'hui âgée de 20 ans était juste et pleine de bonté, elle n'en restait pas moins sanguine et pourvue d'un fort caractère parfois à la limite de l'intolérance...
S'extirpant de sous ses couvertures en maugréant, manquant de se casser la figure en courant vers son visiophone vêtue d'une simple chemise de nuit aux couleurs de l'océan non sans rappeler le type de ses pokémons aquatiques, elle parvint finalement à décrocher le combiné juste à temps avant que la dernière sonnerie ne retentisse, lui évitant ainsi d'augmenter encore un peu plus sa mauvaise humeur en réalisant qu'elle se serait hâté pour rien.
Éteignant son propre périphérique vidéo, pas vraiment enchantée à l'idée de se montrer aussi débrailler qu'elle pouvait l'être au réveil à n'importe qui, quelle ne fut pas sa surprise lorsque, sur l'écran de son appareil, apparu le visage bien connu d'un jeune homme à la chevelure hirsute.
Un grand sourire étirant ses lèvres charnues, ce dernier ne semblait pas le moins du monde déranger par l'heure matinale. Sûrement que cela faisait déjà un petit moment qu'il était levé et que, avec sa mémoire de Magicarp, il avait totalement zappé que c'était aujourd'hui son jour de repos... Oui, après tout, ce zèle et cette bêtise ressemblaient fort bien à son ami à l'autre bout du fil... Désespérant.
« Coucou Ondine ! Je peux savoir pourquoi tu mets pas la vidéo ? T'es toute nue ? Ah Ah Ah »
…
Plus que désespérant...
Sacha Ketchum, seul mec de 20 ans sur cette terre capable de sortir ce genre de phrase avec la même innocence qu'un gamin de 6 ans. À se demander si ce mec avait déjà été sérieux au moins une fois dans sa vie...
Que ce soit son cerveau ou même son appareil génital, Ondine suspectait le jeune homme de ne jamais se servir d'aucun des deux, sans réellement savoir si c'était une bonne ou une mauvais chose, à dire vrai... Sûrement ni l'une ni l'autre, mais c'était ainsi qu'était son ami, et ce depuis près d'une décennie qu'elle le connaissait.
« Ouais, je suis toute nue, en plein milieu de mon couloir et face à mes vitres, quoi de plus logique ? »
Pas besoin d'observer l'imagine du jeune homme plié en deux pour savoir que son fou-rire avait redoubler, le son suffisait.
Il avait du s'imaginer la scène et, une fois encore, c'était le comique de la situation qui prenait le pas sur une quelconque portée sexuelle.
Imaginer une fille nue semblait être bien plus hilarant qu'excitant, mais bon... La jeune femme s'y était depuis nombre d'années déjà habitué : les pokémons et la bouffe avant tout, ensuite, on avisera. Sacha était comme ça depuis toujours et il ne semblait pas près de changer.
Il avait certes grandi, la dépassant désormais d'une bonne tête, et son corps avait certes changé, ses traits étant devenus plus adulte et sa pilosité plus développée (tout du moins, pour ce qu'Ondine avait pu voir lorsqu'il l'appelait après plusieurs jours de voyage sans passé par un centre pokémon, et sans pouvoir se raser), mais il restait le même Sacha qu'elle avait connu lorsqu'ils avaient 10 ans.
Avec un corps légèrement plus sec et plus musclé, et encore...
« Sérieusement, tu me veux quoi ? Ça fait un baille que tu m'as pas appelé, ça va pas ? »
Aussi vite qu'il était apparu, le rire disparu, laissant place à une moue des plus sérieuse. Tout du moins, aussi sérieuse que pouvait l'être l'être avec qui elle conversait.
« Je vais bien, ouais, t'inquiète pas... C'est juste que... Comment dire... »
« Avec des mots, c'est un conseil... »
Nouveau fou rire de l'autre coté du fil, mais cette-fois ci Ondine ne pouvait pas se plaindre de l'immaturité de son ami, c'est elle qui l'avait cherché.
« Non mais t'es conne toi ! Moi j'essaie d'être sérieux ! »
« Bin c'est pas gagné ! »
« Justement ! Me complique pas la tache ! »
Là, ce fut au tour de la rouquine de partir dans un fou-rire incontrôlable face à la moue indigné de son vis-à-vis. C'est fou à quel point il pouvait frôler le zéro absolu niveau crédibilité même avec son air le plus sérieux qui soit.
Le voir ainsi, les sourcils froncés, faussement vexé alors qu'elle voyait un sourire contenu étirer la commissure de ses lèvres, était pour le moins attendrissant.
Le parfait exemple d'un gamin dans le corps d'un adulte.
« Ok, ok... Va y, je t'écoute. »
« Bin en faite...C'est pas vraiment important, mais... J'aimerais bien faire une fête afin de revoir un peu tout nos amis perdu de vu et... je me demandais si tu voulais bien y participer toi aussi. Et si tu pouvais prévenir ma mère et Jacky, par la même occasion... »
« Et tu m'appelles à 8 heure du mat lors de mon seul jour de congé pour me demander ça ?! Bien sûr que je viens, quelle question, j'essaierais même de me libérer si jamais. Ça fait un moment qu'on s'est pas vu tous les deux donc ce sera l'occasion ! Quant à ta mère, j'irais la voir cette après-midi si tu veux, donne moi juste la date et le lieu de ta fête et c'est comme si c'était fait ! Quant à Jacky... il vit maintenant avec Daisy, alors bon... Je risque pas de l'oublier... »
« J'avais totalement oublié que c'était ton jour de congé ! Merde, désolé ! … J'avais peur d'oublier et je voulais te prévenir le plus tôt possible pour que tu puisses poser un jour si jamais tu travaillais... Désolé, désolé ! »
« C'est bon, calme toi, pas besoin de t'excuser autant, c'est pas la fin du monde non plus hein ! Évite juste de le faire trop souvent, sinon je risque d'être de moyennement bonne humeur... »
« Oui, oui, promis, je vais tacher de faire attention ! Et merci d'accepter, c'est super, j'avais vraiment envie de te revoir tu sais ? Ça va faire plusieurs mois qu'on ne s'est pas vu en face et ça commence à me manquer... Le visiophone c'est bien, mais ça ne vaux pas un vrai face à face ! »
Un gamin dans un corps d'adulte, et le genre de personne capable de sortir des phrases gênantes dans le plus grand naturel. Comme si tout ceci étaient parfaitement normal et que ça n'avait rien de différent que de donner l'heure ou d'indiquer une route à un passant.
Parfois, c'étaient les autres qui étaient gênés pour lui, rougissant à sa place, et Ondine la première.
« T'as vraiment pas changé toi... Tu le sais ça ? »
Elle avait murmuré ces paroles, plus pour elle-même que pour le concerner, mais Sacha les avait très bien entendu. Haussant les épaules, il lui sourit d'un air frôlant la naïveté.
« Et ? C'est une bonne, ou une mauvaise chose ? »
« J'en sais trop rien moi-même, à vrai dire... Sûrement un peu des deux. Mais, d'un certain coté, c'est assez rassurant, ça me prouve que c'est bien toi à qui je suis en train de m'adresser. »
« Ah ah, je vois. Désolé d'être moi, mais je sais qu'en vérité, c'est comme ça que tu m'aimes ! »
« Prends pas la grosse tête idiot, sinon je ne viendrais pas à ta fête EXPRES pour te contredire ! »
« Ah ah, non mais tu n'oserais pas ?! Pas après tout ce temps passé loin de moi ! »
« Tu veux vraiment parier ? »
« Euhhh... Non. Pas avec toi. Tu serais capable d'aller contre ta propre volonté juste pour gagner contre moi ! »
« Je vois que tu me connais bien. »
« Forcément, depuis le temps... Mais bref, je vais devoir y aller, Serena m'appelle pour prendre le ferry. J'ai déjà loué une salle pour le mois prochain à Céladopole. De 14 heures jusqu'à 12 heures le lendemain, du 24 au 25 juin. Tu penses que ça ira ? »
« Je ferais tout pour, t'inquiète pas ! Aller, va y, j'voudrais pas que tu manques ton bateau par ma faute... Je vais me préparer et je passerais chez ta mère courant de la journée... Bon voyage ! »
« Merci beaucoup Ondine, bonne journée à toi ! »
DUUUUUUUUUUT-
Et la ligne coupa.
Le reste de la journée passé plutôt rapidement, occupé que fut la jeune femme à faire un peu de ménage dans son arène avant de partir à pied jusqu'au Bourg-Palette dans l'espoir de trouver Dehlia chez elle afin de lui faire part des projets de son fils.
Quand enfin elle remit les pieds dans son appartement, qui n'était nul autre que l'étage supérieur de son arène, il était déjà l'heure du souper.
Se faisant réchauffer les restes du déjeuner, elle se laissa tomber mollement sur son canapé avant d'allumer la télévision.
Plus que 28 jours.
Les jours qui suivirent passèrent relativement rapidement, partagés entre ses obligations de championne et ses devoirs d'adulte émancipée vivant à sa charge. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, elle était déjà à la veille de la fête prévue par Sacha.
Serrant la main à son dernier adversaire de la journée, lui adressant quelques conseils utiles pour la poursuite de sa quête et son prochain match contre elle-même, elle ferma son arène à double tour avant de poser la pancarte « Fermé du 24 au 25 » sur la poignée de la porte et s'en aller vers ses quartiers.
Normalement, tout était prêt, de ses habits de soirée jusqu'à ses tickets de transport en passant par le cadeau qu'elle avait prit soin d'acheter pour féliciter la réussite de son ami. Une petite horloge murale en forme de Pikachu tirant la langue lorsque sonnait les heures et avec écrit au dos par ses propres soins un petit message à l'attention de l'heureux destinataire.
Ce n'était certes pas grand chose, mais au moins elle était sûre que son cadeau aurait une utilité.
Une fois les dernières vérifications faites, la jeune femme éteignit les lumières et, le sourire aux lèvres, attendit impatiemment que le jour se lève pour pouvoir rejoindre ses amis. Le rejoindre lui.
« Ondine, je vais me chercher un café, tu veux que je t'apporte quelque chose ? »
« Ne vous dérangez-pas Dehlia, j'y vais. Jacky, tu veux un café toi aussi ? » Demanda la jeune fille en se retournant vers l'homme qui lui répondit par un sourire. Hochant la tête, elle laissa ses deux compagnons de voyage parler entre eux et se dirigea d'un pas vif vers le bar du ferry. Dans moins de deux heures, ils seront arrivés à destination. Enfin, après tant de temps, elle pourrait revoir l'ensemble de ses amis. Et à cette simple pensée, elle sentait son estomac se nouer. Elle mourrait d'envie de les revoir tous, bien sûr, que ce soit Pierre ou Sacha en passant par Flora, et même Regis et Aurore, envers qui elle avait ressentit une jalousie croissante à l'époque où cette dernière voyageait en compagnie de Sache, mais elle ne pouvait s'empêcher de stresser à l'idée de ne plus rien avoir à dire à ces gens passant leurs temps à voyager alors qu'elle-même était confiné à son arène.
Ils se comprenaient entre eux, ils avaient des expériences similaires, mais elle... Depuis qu'elle avait été forcée à devenir la nouvelle championne d'Azuria, elle n'avait plus quitté la région du Kanto, et encore... Elle n'allait jamais très loin... Au Bourg-Palette parfois, mais jamais plus loin.
Elle avait d'ailleurs rejoint Dehlia et Jacky le matin même, préférant prendre le ferry en leur compagnie quitte à faire un léger détour plutôt que de rejoindre Céladopole par la terre ferme sans autre compagnie que ses propres angoisses.
Retournant auprès d'eux avec un café dans chaque main et un troisième en équilibre précaire entre ses dents, elle tendit leurs biens aux deux personnes lui faisant face avant de s'asseoir aux cotés de la mère de l'organisateur de la fête.
Cette dernière, soufflant doucement sur son verre fumant, regardait du coin des yeux la jeune rousse occupée à contempler les profondeurs du liquide brun emprisonné entre ses mains, un sourire étirant la commissure de ses lèvres. Relevant ses yeux vers elle, Ondine l'interrogea du regard, mais la femme se contenta de hausser les épaules sans se défaire de son sourire, reportant son attention sur son café. À coté d'eux, Jacky observait la scène en silence, souriant imperceptiblement alors que dans sa tête raisonnait l'évidence. Dans cette situation précise, les mots étaient superflus, ils en avaient tous conscience.
Le reste du trajet se fit dans un silence apaisant, brisé parfois par quelques banalités, avant qu'enfin l'alarme annonçant leur arrivée sur la terre ferme ne résonne dans l'habitacle.
Une boule au ventre, Ondine fut la première à se lever, suivant le flot de passagers montés en même temps qu'eux en direction de la sortie.
Une fois à l'air libre, elle respirait déjà mieux.
De toute façon, d'ici moins d'une demi-heure, elle serait à la salle louée pour la fête, alors ça ne servait plus à rien de s'en faire.
Marchant en compagnie de Dehlia et Jacky, son sac contenant ses affaires pour la nuit ainsi que son présent pour Sacha serré contre son cœur, il était un peu moins de 14 heure à leurs pokedex lorsqu'ils arrivèrent à destination.
« Maman, Ondine, Jacky ! » S'écria Sacha, vêtu d'un jean brut surplombé d'une chemise blanche et d'un gilet noir de jaie, pareil à sa chevelure de feu négligemment plaquée sur son crâne alors qu'il se précipitait vers eux.
Le regardant embrasser sa mère, la jeune dresseuse de pokémons aquatiques eut tous son temps pour l'observer avec attention. Depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu en face, il avait encore grandi. Ses cheveux étaient plus court, quoi que toujours suffisamment longs pour exposer aux yeux du monde à quel point ils pouvaient être indisciplinés, mais ses prunelles de la couleur du charbon gardaient la même lueur enfantine qu'elle leur avait toujours connue.
S'écartant de sa mère, il serra chaleureusement la main de Jacky, un sourire étincelant illuminant son visage ayant doucement perdu les rondeurs de l'enfance, avant de s'approcher d'Ondine et, après une courte hésitation, la prendre dans ses bras.
« Je suis content que tu sois venu » Murmurât-il au creux de son oreille, sous le regard mi-amusé mi-attendri des personnes alentours.
Le rouge lui montant doucement aux joues, la jeune femme lui rendit son étreinte, répondant la voix soudainement devenue plus rauque. « Moi... Moi aussi je suis contente de te revoir, Sacha »
Se reculant légèrement, le jeune homme sourit à son amie avant de faire signe aux nouveaux arrivant de rentrer à l'intérieur, saluer ceux les ayant précédés.
À peine Ondine eut-elle mis les pieds dans la salle que, un sourire espiègle étirant ses lèvres, Flora lui sauta dessus sous le regard amusé de Drew, son désormais petit ami officiel. « Ondine ! Alors comme ça on fait des câlins aux garçons ? » la taquina-t-elle, s'amusant du sourire crispé de cette dernière.
Depuis leur rencontre, les deux jeunes-femmes s'étaient revu plusieurs fois, créant une amitié émancipée de celle qu'elles partageaient avec Sacha, aussi la jeune brune était-elle parfaitement au courant des sentiments que son amie éprouvait pour le brun, quand bien même n'avaient-ils jamais été prononcé de vive voix. « Toi tu te tais et tu vas plutôt aller faire tes cochonneries avec ton gars au lieu de venir m'embêter, compris » Rétorqua t-elle, plus amusé qu'autre chose, alors que l'adolescente prenait un air faussement offusqué « Hey ! Ce n'est pas des cochonneries, comme tu dis, mais un acte d'amour ! » Ondine sourit, haussant les épaules d'un air nonchalant « L'un n'empêche pas l'autre » Gonflant les joues, Flora finie par abdiquer, se détachant de son amie pour laisser les autres la saluer, retournant dans les bras de son amoureux.
Une fois les salutations terminées et tous les invités arrivés, la fête pouvait enfin commencer.
Debout, les mains levées en signe d'apaisement et de silence, Sacha se racla bruyamment la gorge avant de prendre la parole « Tout d'abord, merci à tous d'avoir répondu à mon invitation et de vous être libéré de vos obligations pour mes beaux yeux » Quelques gloussements emplir la salle, faisant sourire le jeune orateur « Ca va faire un long moment que je n'avais pas vu certains d'entre vous, aussi suis-je rempli de joie à l'idée de passer cette journée avec vous, et de rattraper le temps perdu » Quelques verres se levèrent à ces mots, comme pour confirmer les propos venant d'être énoncés. « Mais pour l'heure, je vous propose de profiter de la salle mise à notre disposition et des plats préparer avec soin par notre ami Pierre ici présent » Des murmures de contentement se firent entendre, acclamant le jeune cuisinier attitré. « Pour ceux qui le désirent, des sacs de couchages sont mis à disposition afin de passer la nuit ici, vous évitant de vous taper le trajet du retour au beau milieu de la nuit... Surtout si vous êtes aussi porté sur la boisson que certaines personnes ici présentes » Regardant dans la direction de son ancien rival, Sacha vit ce dernier sourire et lever une fois de plus son verre rempli de bière vers lui, confirmant sans honte les dires du jeune homme aux cheveux hirsutes. « Enfin bref, tous ça pour dire... AMUSONS NOUS ! »
Cette dernière phrase fut accueillie par des cris de ralliement fusant de toutes parts alors que Sacha reprenait place sur sa chaise.
Dans le brouhaha environnant, les conversations allaient bon train entre les différents groupes se formant et se déformant, les allers et venus entre les tables et le buffet, ainsi que les quelques téméraire commençant d'or et déjà à danser au rythme de la musique s'échappant des emplies murales placées ici et là.
En pleine conversation avec Régis, sa troisième bière serrée au creux de sa main, Ondine riait aux éclats en entendant les vantardises sciemment exagérées de celui qui, en passe de suivre les traces de son grand-père, était un peu comme le vin : il se bonifiait en vieillissant. « Non mais tu peux pas être sérieux ! Tu lui as pas dit ça quand même ? » Demanda t-elle, hilare, s'essuyant une larme au coin de l'œil. Souriant jusqu'aux oreilles, le châtain confirma d'un hochement de tête « Oh que si je lui ai dit, et je peux d'ailleurs te dire que si j'avais pas de si bons réflexe, je serais venu aujourd'hui avec une belle cicatrice sur le visage ! » La rousse riait de plus belle, une main serrée autour son ventre alors qu'elle imaginait la scène comme si elle y avait assistée. Elle en était encore à tenter de reprendre son souffle quand, traçant son chemin à travers la foule, Sacha s'approcha d'eux. Il avait retiré son gilet. Du coin de l'œil, Ondine admira son corps encore caché par ses vêtements. Elle aussi, avec sa robe bleue lui arrivant au dessus des genoux, commençait à avoir chaud dans cette pièce où la climatisation semblait inexistante. « De quoi vous parlez ? » Demanda le jeune homme dont le Pikachu sempiternellement perché sur son épaule était aujourd'hui resté chez le professeur Chêne pour la nuit. « De ton pucelage » Répondit Régis du tac au tac, souriant d'un air supérieur face au froncement de sourcils de son ennemi d'enfance. « Tu te crois drôle ? » Répliqua ce dernier, pas amusé le moins du monde par cette pique parfaitement gratuite. « Bah ouais, franchement, t'as qu'à regarder Ondine pour comprendre que je le suis » En effet, toujours debout face à lui, la jeune-femme était partie dans un nouveau fou-rire, aidée par les cocktails qu'elle venait de s'enfiler. Au fond d'elle, elle était partagée entre un amusement véritable face à cette réplique sortie d'elle ne savait où, et un sentiment ambiguë s'immisçant jusqu'au creux de ses reins à l'idée que Sacha soit toujours vierge. Elle mourrait d'enfin de voir à quoi ressemblait ce corps qu'aucune fille n'avait encore jamais vu. Voyant que le concerné la regardait, une pointe de déception au fond de ses yeux, elle cessa immédiatement de rire « Je... Je rigole pas pour ça, Sacha... C'est juste... » Comme pour se justifier, elle leva son verre sous le nez du brun. Il haussa les épaules, faisant signe à Régis d'aller voir ailleurs s'ils y étaient. Un sourire narquois étirant ses lèvres, ce dernier s'éloigna, cherchant sans doute un nouveau verre à vider. « Ondine, il faut qu'on parle tous les deux » Commença le dresseur, faisant hausser un sourcil à son amie « Je t'écoute, qu'est ce qui ne va pas ? » Hésitant, il se mordit la lèvre, semblant chercher ses mots. C'est seulement à ce moment là qu'elle remarqua les rougeurs sur son visage. Étaient-elles dues à l'alcool ? Sûrement. Mais pas que... « On peu sortir un peu ? » Finit-il par demander, regardant autour de lui d'un air inquiet. Haussant les épaules, Ondine lui fit signe d'ouvrir la marche et le suivit jusqu'à l'extérieur.
Devant la porte, Flora et Drew se câlinaient alors qu'Aurore se disputait avec Paul pour une histoire de concours truqué.
Trouvant un endroit tranquille, loin des oreilles indiscrètes, le jeune homme soupira bruyamment avant d'enfin relever les yeux vers sa camarade. « La soirée te plait ? » Demanda-t-il, semblant bien décidé à tourner autour du pot un bon moment avant d'enfin se décider à en venir aux faits. Haussant les épaules, Ondine fit mine de ne pas remarquer sa gêne et lui répondit d'une voix posée. « Elle est très bien, j'aurais juste bien aimé pouvoir te parler un peu plus, mais comme tous le monde semble t'accaparer... » Une fois de plus, ses épaules se haussèrent. Face à elle, Sacha grimaça. « Tu peux parler. Régis t'as pas lâché d'une semelle depuis le début de la soirée... Vous sembliez bien vous amuser d'ailleurs... » Les yeux écarquillés, Ondine l'observait sans comprendre. Et tout à coup, l'évidence lui sauta aux yeux. Elle sourit « Mais tu es jaloux ! » « N'importe quoi ! » Nia-t-il en bloque, bien trop rapidement pour être sincère. « Mais si tu es jaloux ! Ah ah. Sacha jaloux pour autre chose qu'un match ou une assiette moins garnie qu'une autre, je crois que je vie là une expérience unique ! » Maugréant, le brun se rembruni. Souriant toujours, Ondine posa une main sur son épaule, le forçant à la regarder. « T'as aucune raison d'être jaloux de Régis, tu sais ? » Cette fois-ci, le jeune homme rit jaune, évitant le regard de sa camarade « Bien sûr, j'ai aucune raison... Il est aussi bon voir meilleur dresseur que moi, il est en passe de réaliser son rêve alors que moi je stagne, il est beau, a toutes les filles qu'il veut à ses pieds... Tous ça passe encore... Mais si maintenant il se met à te courir après aussi... » Le reste de sa phrase resta en suspend. Il en avait déjà trop dit. Il s'en était rendu compte. « Toi aussi tu es beau Sacha. La seule différence entre vous deux, c'est que lui en est conscient et sait jouer de ses atouts, alors que toi tu les ignores ! » Surpris, il releva les yeux vers elle. Elle lui souriait. Finalement, malgré ce qu'elle pensait, Sacha n'était pas aussi gamin qu'elle voulait bien le croire. Lui aussi pensait aux femmes, parfois. Lui aussi avait des préoccupations autres que les pokémons et le contenu de son estomac. « Et puis bon, Régis n'était pas du tout en train de me draguer, bien au contraire. Il me parlait simplement d'une prise de tête qu'il avait eu avec un professeur d'une autre région... Puis de toute façon, je ne suis pas intéressée par les garçons aussi volage que lui » Ne la quittant pas des yeux, Sacha lui posa la question qui lui brûlait les lèvres, les surprenant tous deux par son audace. « Et c'est quoi le genre de garçon qui t'intéresse ? » Coite, elle ouvrit la bouche sans parvenir à prononcer le moindre mot. Peut-être pour la première fois, Sacha paraissait avoir son âge. Ce n'était plus cet enfant immature qu'elle avait rencontré il y a dix années de ça, mais bien un homme en devenir qui se tenait aujourd'hui face à elle. L'homme dont elle était amoureuse depuis le premier jour. « Les idiots immatures et obsédés par les pokémons et la nourriture, semblerait-il » Répondit-elle dans un souffle, voyant les sourcils de son vis-à-vis se froncer alors que ses mots prenaient peu à peu sens dans son esprit. « Tu veux dire que... » Ne lui laissant pas le temps de finir sa phrase, et l'alcool aidant, elle se dressa sur la pointe des pieds et happa ses lèvres. Sonné, les bras ballants, il ne comprit pas tout de suite ce qu'il venait de se passer. Il fallut attendre qu'Ondine mette fin à son baiser pour qu'enfin l'engrenage se mette en place. La fixant, laissant son regard traîner le long de ses cheveux roux qu'il rêvait de caresser jusqu'à son corps mince et magnifiquement proportionné, il passa une main derrière sa nuque et, sans rien ajouter de plus, se fondit dans un nouveau baiser.
Leurs corps se pressaient l'un contre l'autre, leurs lèvres scellées s'entrouvraient pour laisser leurs langues avides se rencontrer tandis que les battements de leurs cœurs s'accéléraient dangereusement.
À bout de souffle, Ondine fut la première à se reculer, remplissant ses poumons d'air frais avant d'ancrer son regard dans celui de son ancien meilleur ami, attendant de voir ses réactions.
Ce dernier, le visage rougi et les lèvres humides d'avoir trop embrassé la fixait avec, au fond des yeux, non pas sa niaiserie habituelle, mais bien toute la tendresse qu'il était capable de ressentir pour un autre être humain.
Quand est-ce que ce garçon qu'elle avait connu était-il devenu un homme ? Avait-elle manqué le coche ? L'avait-elle volontairement ignoré afin de se complaire dans son rôle d'amie, lui permettant ainsi de rejeter toutes les fautes sur le jeune homme lorsque ses pseudos tentatives d'approche échouaient ? Ou, pire, était-ce Sacha lui-même qui, pour une raison ou pour une autre, avait sciemment jouer à plus idiot qu'il n'était afin de protéger ses sentiments naissant ?
Elle ne le saura sans doute jamais, mais peu lui importait, au final.
Ils s'étaient embrassés.
Après dix ans à espérer que, peut-être, un jour Sacha poserait les yeux sur elle et la verrait comme une femme, voilà qu'il répondait à son baiser surprise. Mieux même, qu'il était venu de lui-même en chercher un second.
« Je... » Commença-t-il, ne parvenant visiblement pas à trouver ses mots. Au moins aussi mal à l'aise que lui, Ondine se gratta l'arrière du crâne tout en cherchant quoi dire pour dissiper la tension née de cet instant d'abandon. Ils venaient de s'embrasser et, pourtant, la jeune femme avait l'impression de marcher sur des œufs. Elle ne savait pas quoi dire sans craindre d'effrayer le brun.
Détournant son regard, il se racla bruyamment la gorge avant de jeter un coup d'œil alentour à la recherche de voyeurs potentiels. Personne.
« Pourquoi ? » Demanda finalement Ondine, s'expliquant en en réponse au regard interrogateur du dresseur « Pourquoi tu ne m'as pas repoussé ? » Se mordant la lèvre inférieure, il haussa les épaules, près à prendre ses jambes à son coup au moindre mot de travers. « Parce que... j'en avais envie ? » Tenta-t-il, le visage en feu. Et c'était vrai. Il en avait envie depuis un long moment, pour être franc. Ondine avait lancée l'offensive et, sans trop réfléchir, il en avait profité pour laisser libre cours à ses pulsions. Hochant la tête, elle lui sourit, satisfaite. Timidement, mais le regard clair. elle lui demanda d'une voix légèrement plus aigüe qu'elle ne l'aurait voulu « T'en a encore envie ? » Baissant les yeux, il hocha doucement la tête, se retenant de lui dire que, si ça ne tenait qu'à lui, son désir allait bien au-delà d'un simple baiser. Il tentait d'ailleurs, en pliant ses jambes de manière à repositionner le tout, de cacher son érection aux yeux de la rouquine.
Ce qu'il ne savait pas, c'était que cette dernière avait à peu près les mêmes envies que lui. Et ce, depuis bien des années déjà.
Sans un mot, elle releva son visage et, lui souriant tendrement, posa une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes, dans un baiser bien plus doux que les précédents.
Aucun mot n'avait été prononcé, aucun je t'aime, mais les actes valent souvent bien plus que de simples paroles.
Passant ses doigts le long de la joue de son amie, Sacha sentait une douce chaleur se répandre à l'intérieur de son corps, couler dans ses veines alors que dans son cœur enflait un sentiment nouveau. Ondine, elle, était plus apaisée qu'elle ne l'avait jamais été.
Au creux de ses reins, un feu la consumait, mais elle se refusait à brusquer les choses. Ils étaient certes majeurs, leur corps pubère et apte à passer à l'acte, mais elle ne voulait pas brûler les étapes.
Souriant contre les lèvres de son petit ami officieux, elle se décida finalement à briser le silence en posant la question restée en suspend entre eux depuis que leurs bouches s'étaient retrouvées. « Est ce qu'on est... ensemble ? » « Seulement si tu le veux » Répondit-il, n'osant plus la regarder dans les yeux de peur d'y lire un refus « Même ivre morte, je n'embrasserais jamais quelqu'un sans raison... » Répondit-elle, piquée au vif « Moi non plus... » Nouveau silence. Les deux relevèrent leur visage, croisèrent leur regard, et sourirent. « Donc... Tu es mon petit ami ? » « Et toi ma petite amie... » Gênés, ils se contentèrent de se fixer en silence durant de longues secondes avant que, finalement, Sacha ne se décide à gravir les quelques centimètres les séparent et la prendre dans ses bras. S'y calant bien confortablement, la jeune dresseuse ne pus réprimer un soupire de soulagement contre son oreille. « Depuis quand le garçon est-il devenu un homme ? » Demanda-t-elle, plus pour elle-même que pour Sacha, alors que ce dernier réfléchissait sérieusement à cette question. « J'en sais trop rien moi-même... Biologiquement, je te dirais que ça c'est passé après ma puberté, mais sinon... Depuis que j'ai ouvert les yeux sur ce que je ressentais ? » Ironisa t-il, faisant sourire Ondine. « Il était temps » « Désolé » Nouveau baiser, chaste et plein de tendresse, avant que les deux jeunes gens ne se décident à se séparer et rejoindre les autres, préférant éviter qu'on ne remarque leur absence et qu'on ne se pose des questions gênantes.
Heureusement pour eux, la plupart des invités étaient trop occupés à parler à d'autres ou déjà bien trop éméchés pour être réellement conscient de ce qui se passait autour d'eux.
Régis, le visage rougit par l'alcool, avait depuis un moment déjà fait tomber la chemise et dansait désormais torse nu debout sur l'une des tables. Face à lui, une Serena applaudissant d'un air idiot les déhanchements de son ancien camarade de classe. Elle aussi, comme Sacha, connaissait le futur professeur depuis l'enfance.
Curieusement, le brun se demanda si ces deux là avaient déjà couché ensemble, avant de finalement se giffler mentalement en se disant que cette information n'avait rien de pertinent pour lui. Ce n'était pas ses affaires.
Se servant un nouveau verre de bière, il observa du coin des yeux sa nouvellement petite amie se diriger d'un pas guilleret vers Flora et Drew, dansant eux aussi un peu plus loin.
Dieux qu'il avait envie d'elle.
Depuis qu'il avait senti les premiers effets de la puberté sur son corps, il rêvait de la voir nue, mais il était bien trop respectueux -et flippé- pour mettre ses fantasmes en pratique.
Il n'avait aucune expérience. Il avait peur de faire n'importe quoi. Ondine, elle, avec son physique et son caractère à la fois trempé, mais si attendrissant, devait avoir eu une tonne de prétendant... Avait-elle déjà sauté le pas avec l'un d'entre eux ? Il n'en savait trop rien, mais il n'était pas sûr de vouloir le savoir.
Et s'il était nul ? Trop rapide ? S'il lui faisait mal ? S'il s'y prenait comme une quille en tentant de découvrir ce corps si différent du sien ? … Se branler en s'imaginant la toucher, ça, il savait faire, mais passer à l'acte... Il n'était pas assez naïf pour penser que ça marcherait aussi bien que dans son imagination.
Non, décidément, malgré ses 20 ans, il n'était pas sûr d'être près à passer à l'acte. Quand bien même tout son corps lui criait son désir de l'avoir à lui.
De toute façon, ils avaient le temps pour penser à ça. Régis aurait encore tout le loisir de se moquer de lui et de sa virginité durant un bon un moment... Grimaçant à cette pensée, un sourire étira une nouvelle fois ses lèvres en réalisant que, malgré ses doutes, Ondine n'était non pas intéressé par le don Juan, mais bien par lui !
Lui, Sacha, avec sa maturité de gamin de 10 ans et au tact quasiment inexistant.
Il était aux anges.
Regardant distraitement son ancien ennemi juré se déhancher au rythme approximatif de la musique ambiante, il ne pus s'empêcher de penser que, s'il continuait à boire aussi fréquemment, il aurait tôt fait de mourir d'une cirrhose du foie bien avant d'avoir réussi à atteindre son rêve. Ce qui laisserait alors à Sacha tout le temps de réaliser le sien.
Souriant à cette pensée, il délaissa le jeune homme à moitié nu pour reporter son attention sur celle ayant voler son cœur il y a bien des années déjà, quand bien même n'avait-il remarquer son absence que récemment.
Cette dernière, riant aux éclats des suites d'une plaisanterie de Drew, ne parvenait à refréner les battements erratique de son cœur. Elle avait beau s'être éloigné de Sacha, tentée de se changer les idées de peur de se jeter sur lui telle une chienne affamée, elle peinait à réussir à concentrer son attention sur autre chose que les instants vécus quelques minutes auparavant.
Elle voulait retourner dans ses bras, mais elle avait bien trop peur de ne plus savoir se contrôler si elle se rapprochait de lui dans son état.
L'observant à la dérobé, elle sourit. Enfin, après dix ans, voilà qu'il semblait réceptif à ces sentiments qu'elle gardait en elle depuis le premier jour.
Elle aurait pu en pleurer, si elle avait été ce genre de fille.
Remarquant son regard, Flora sourit, donnant un léger coup de coude à son partenaire avant de lui montrer, discrètement, le brun du doigt. Lui aussi, faisant mine de parler à Jacky, gardait toujours la rousse en ligne de mire.
Drew sourit, comprenant où voulait en venir sa petite amie, et hocha la tête. Souriant à son tour, la brune tapota l'épaule d'Ondine et, se retenant de rire face à son sursaut révélateur, s'approcha de son oreille « Tu veux que je vous couvre pendant que tu trouves un centre pokémon où passer ta première nuit en amoureux avec lui ? » Les yeux écarquillés, la dresseuse de pokémon aquatique ouvrit la bouche comme pour répliquer, mais aucun mot n'en sortit. Comment Flora avait-elle pu comprendre aussi vite ce qu'il s'était passé entre eux ? Ca ne faisait pourtant pas même une demi-heure... « Tu crois vraiment que je ne remarque pas comment tu le dévores du regard depuis que vous êtes revenu ensemble ? » Justifia-t-elle, comprenant la question muette de son amie. « Ça passe encore, mais le fait qu'il te regarde exactement de la même manière signifie qu'il a enfin ouvert les yeux, et que tu l'y a aidé » Clin d'oeil évocateur. Ondine se sentit rougir, mais ne démentit pas. C'était plus qu'il n'en fallait à Flora pour comprendre qu'elle avait vu juste. « Il était temps ! » Conclu-t-elle finalement, soutenu par le jeune homme aux cheveux vert. Souriant timidement, la rousse hocha la tête. Oui, en effet, il était temps.
Le reste de la soirée passa dans la bonne humeur générale, chacun y trouvant son compte avant que finalement les premiers ne tombent de fatigue, bientôt suivit par le reste de la troupe.
A 3 heures passé, tout le monde dormait à poings fermés.
Discrètement, alors qu'ils s'étaient évité quasiment toute la fin de soirée, Sacha et Ondine avaient rapprocher leurs sacs de couchage jusqu'à s'installer l'un à côté de l'autre, comme à l'époque de leur voyage ensemble.
Cette nuit là, seuls les râles de Regis s'écrasant contre la céramique des toilettes rompirent le silence environnant.
