Résumé : Yuuri n'est pas encore habitué à tout ce truc de super-héros, mais il pense s'en sortir de manière plutôt honorable. La nuit, il prend le masque d'Éros, celui qui protège Hasetsu de la vague de crime organisé qui sévit dans la petite ville. Et bien sûr c'est à ce moment-là que Snowcap, déjà fameux pour ses exploits à Moscou, débarque lors de la première neige de décembre pour mettre sa vie sans dessus-dessous. Mais Snowcap est encore plus crédule que Yuuri, et a la fâcheuse tendance de draguer Éros à chaque fois qu'il en a l'occasion. Yuuri a d'autres chats à fouetter, cependant. En effet, son idole, son coup de cœur de toujours - Viktor Nikiforov - a pris des vacances et est venu s'installer dans l'auberge tenue par ses parents. Mais qu'est-ce qu'il vient faire ici ?

Venez vous plonger dans les hésitations adorables de ces deux hommes masqués qui dansent le terrifiant tango de l'amour naissant et des identités secrètes.

Note de l'auteur : Le premier drabble que j'ai écrit pour cet UA, qui ouvre la voie à leur relation future !

Note de la traductrice : Merci beaucoup à terra_incognita de m'avoir permis de traduire son histoire ! C'était une fabuleuse aventure de la lire, et j'espère pouvoir vous transmettre mon enthousiasme dans cette traduction ! La fanfiction originale compte 34 chapitres et est terminée ! Par contre, je dois avertir : les chapitres sont très courts (vraiment très courts, entre 300 et 1000 mots pour les plus longs) puisque à l'origine c'était un recueil de drabbles. En contrepartie, l'auteur en avait posté un par jour, et si je sais que je n'arriverai pas à faire cet exploit, j'essayerai de les poster plutôt rapidement (j'ai pris plusieurs chapitres d'avance) histoire de ne pas vous faire trop languir !

Je vous souhaite une très agréable lecture, n'hésitez pas à laisser des commentaires !

Que ta main gauche ne le sache pas

Hasetsu aurait pu être magnifique de nuit, superbe même, mais à la place, elle était juste... agréable. A cause du manque de lampadaires probablement. Et d'enseignes lumineuses. Tokyo à l'inverse était toujours illuminée de toute part, étincelante comme une guirlande de Noël. Ici les gens se couchaient tôt, et ne souhaitaient pas dépenser de l'argent dans des consommations d'électricité qui ne leur serviraient pas. Pour autant, les bateaux de pêche mouillant au port en arrière-plan et les quelques lumières qui subsistaient aux alentours du château étaient une vue dont il ne se lassait pas. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était agréable. Réconfortant, même. C'était son chez-lui.

Yuuri restait pour le moins dubitatif à propos de ce nouveau... super-héros. Snowcap, d'après ce qu'il avait compris. Apparemment, ce dernier s'était fait connaître en démantelant des réseaux de crime organisé à Moscou. Yuuri ne savait pas vraiment ce qui l'avait amené à faire tout ce chemin jusqu'au Japon - il était peut-être sur une piste, ou alors c'était juste par ennui - toujours était-il qu'il empiétait sur son territoire. Et Yuuri ne savait guère quoi en penser.

Après tout, cela ne faisait que quelques années que Yuuri avait choisi de revêtir le masque d'Éros. Il avait déjà assez de problèmes pour tenter de minimiser le taux de délinquance dans sa petite ville natale, qui était bien loin d'atteindre la nombreuse population de Tokyo. Alors comment est-ce qu'il était supposé s'améliorer avec un russe impétueux - ou d'un sang-froid à toute épreuve, qui sait ? - qui débarquait et mettait son monde sans dessus-dessous ?

Et puis, la manière dont Snowcap le regardait le rendait nerveux. Vraiment nerveux. Il le fixait comme s'il voulait le dévorer vivant.

Il aurait dû s'y habituer depuis le temps, essaya-t-il de se raisonner. Les gens le regardaient toujours de cette manière, de ce regard affamé et lourd de désir, ensorcelés comme ils l'étaient par son pouvoir. Charmés par son sort d'Envoûtement Sensuel, l'attaque fétiche d'Éros. Mais Snowcap était la première personne qui le regardait comme ça sans être victime de sa magie. La première personne qu'il le regardait comme si respirer était une affaire secondaire par rapport à celle ô combien plus vitale de le dévorer du regard.

Secouant violemment la tête, Yuuri se força à prendre une grande respiration et expirer longuement. Il avait d'autres chats à fouetter, vraiment. Ses parents avaient accueilli un nouveau pensionnaire, Viktor Nikiforov - LE Viktor Nikiforov ! - dans leur auberge et Yuuri ne savait pas du tout comment réagir. Ce qui était compréhensible, puisqu'il était désespérément amoureux de cet homme, depuis qu'il l'avait vu patiner pour la première fois. C'était déjà un miracle qu'il arrive à lui parler, vraiment.

Yuuri réprima un grognement, embarrassé tandis qu'il glissait agilement le long des tuiles pour atterrir dans une allée suffisamment déserte pour remettre ses habits de tous les jours. Après tout, s'il devait s'humilier devant son idole, autant le faire sans du Lycra qui lui collait à la peau.


Éros. Éros, Éros ! Viktor aimait ce nom. Ce costume chatoyant, d'un noir profond, agrémenté d'argent, qui épousait les formes de ce corps agile et souple. Ce visage en forme de cœur, ces iris chaleureuses et tendres, cette bouche et ce sourire en coin qui s'y dessinait parfois. Il adorait sa manière de bouger et le mouvement tentateur de ses hanches quand il sautait, le geste plein de grâce de ses mains lorsqu'il lançait un Envoûtement.

Le problème était qu'Éros ne trouvait guère de temps disponible pour Snowcap.

Viktor soupira, et son yukata dévoila une partie de son épaule dans son agitation. Un bruit discret se fit entendre derrière lui, et lui annonça l'arrivée du garçon-à-tout-faire-quel-était-son-nom-déjà-Yuuri qui lui apportait le dîner. Yuuri faisait partie de la famille qui gérait l'auberge et les sources chaudes, lieu où Viktor avait établi son quartier général officieux (parce que identité secrète à protéger, etc.) dès son arrivée au Japon. Sous couvert de poursuivre sa flamboyante carrière de patineur artistique, qui n'était plus qu'un passe-temps maintenant qu'il avait goûté au merveilleux monde de la traque des criminels et de la défense des plus faibles, il avait fait ses valises et traversé l'océan pour s'installer dans ce coin plutôt perdu. Et tout ça dans la perspective d'y rencontrer Éros, qui ne semblait guère faire attention à lui.

Un autre petite toux, et Viktor sursauta, surpris. Il fit volte-face pour se retrouver en face de Yuuri, lui adressa un petit sourire d'excuses, et fit un geste vague de la main qui voulait à la fois tout et rien dire. "Oh ! Désolé, tu peux les poser où tu veux, merci à toi, Yuuri."

Le garçon rougit aussitôt. Viktor s'était déjà rendu compte qu'il lui serait probablement difficile de discuter avec Yuuri, qui semblait atrocement timide, et avait par-dessus tout du mal à s'exprimer. Mais le jeune homme était doux, gentil et intelligent, et puis il cuisinait magnifiquement bien.

Yuuri se déplaça en crabe jusqu'à un coin de la pièce, s'efforçant de maintenir la distance la plus grande possible entre lui et Viktor, et déposa prudemment le plateau. Viktor se demandait, un peu désappointé, s'ils seraient jamais amis, vu comment les choses étaient parties. Yuuri paraissait presque effrayé par sa présence, et Viktor se sentait vraiment seul dans cette ville où il ne connaissait personne.

"Merci," répéta-t-il, pour meubler le silence.

Yuuri était déjà sur le seuil de la porte, mais il releva la tête au son de la voix de Viktor et leurs regards se croisèrent.

Mon Dieu. Ses yeux lui paraissaient tellement familiers...

"De rien," bégaya-t-il, et la porte se referma d'un clac décisif.