Bonjour à tous.
Je débute une nouvelle fiction dans le fandom Touhou Project, dont voici le titre: Coeur de pierre peut pleurer.
Cette fiction est classée M, puisqu'elle contiendra des scènes de yuri explicites, de la violence crue, des actes cruels ou dégrandants et des scènes de meurtre.
En suivant un seul scénario, je compte mettre en place l'intrigue autour de divers couples plus ou moins explicites, présents dans les différents volets de la saga.
Le scénario prend place après les événements de Touhou 8 : Imperishable Night.
Disclaimer : Touhou Project appartient à ZUN et à la Team Shangai Alice.
Chapitre 1 : L'élégante servante sous le clair de lune
Sakuya Izayoi était la servante parfaite.
Toujours impeccablement vêtue, elle ne dérogeait jamais aux règles de la bienséance.
Ce jour ci, comme tous les autres, elle était vêtue avec son uniforme de soubrette habituel. Sa robe bleue était parfaitement repassée et ajustée avec soin, la seule fantaisie notable était la présence d'une lourde montre à gousset, dont la chaîne dorée dépassait d'une des poches masquées par le tablier. Ce tablier blanc était immaculé, parfaitement assorti aux bas et aux gants de soie rehaussés de dentelle. Un fin nœud de flanelle maintenait le ceinturon du tablier en place, délicatement noué dans son dos pour souligner la cambrure de ses reins. Ses escarpins à talons étaient toujours parfaitement cirés et décorés par une petite fleur sur le dessus du pied.
Le buste de la servante semblait taillé dans l'albâtre, tant son teint était pâle. Ses seins prisonniers de la robe semblaient pigeonner, laissant entrevoir leur forme à travers le tissu azur. Le reste de la poitrine était masqué par le ruban bleu qui était attaché au col de sa veste blanche. Deux manchons enserraient le haut de ses bras, masquant partiellement la vue de ses aisselles impeccablement épilées.
Les cheveux argentés de la servante étaient lâchés, atteignant ses épaules, en un agencement soigneusement désordonné. Les deux mèches qui encadraient son visage étaient tressées et terminées par de petits rubans bleutés, tranchant avec le blanc de sa coiffe.
Le visage neutre de la servante ne laissait entrevoir aucune émotion, ses yeux aussi bleus qu'un glacier étaient fixés sur la tâche qui souillait la grande table. Un filet de sauce jaunâtre avait coulé d'un des plats servis à l'occasion du dernier repas, souillant le bois verni. Face à cette tâche sur le meuble, seul un simple froncement de sourcil indiquait l'agacement que connaissait l'employée de maison.
Lorsqu'un fin carillon au son d'argent retentit, Sakuya laissa le chiffon qu'elle tenait et abandonna immédiatement son entreprise. Sa maîtresse venait de l'appeler et jamais elle ne se permettrait de la faire attendre.
L'instant d'après, Sakuya se tenait droite, faisant face à la maîtresse du Manoir du Démon écarlate.
- Vous m'avez mandé, Remilia-sama ? demanda-t-elle avec son dévouement légendaire.
Ce n'était que pure rhétorique, elle avait parfaitement entendu le tintement de la clochette de sa maîtresse.
La maîtresse des lieux était attablée à un guéridon, sirotant une tasse de thé Earl Grey. En bonne aristocrate britannique, elle tenait la soucoupe dans sa main gauche et sirotait sa boisson, auriculaire levé.
La vampire aux canines proéminentes était fidèle à elle-même. Sa petite taille laissait entrevoir sa puissance considérable qui luisait au travers de ses yeux rouges comme le sang dont elle se délecte.
La robe rose bonbon couvrait le corps plat de cette jeune femme âgée de près de cinq siècles, mais dont le corps était resté celui d'une enfant encore en période de croissance, comme en témoignait l'absence de poitrine développée.
Remilia leva le nez vers sa domestique et fit voler ses cheveux bleutés, couverts par une petite charlotte assortie au reste de sa robe. Sa domestique était toujours aussi rapide à se présenter devant elle.
La vampire déposa calmement sa tasse de porcelaine et fixa les yeux céruléens de Sakuya.
- Sakuya. J'ai une question à te poser et j'aimerais que tu me répondes honnêtement, dit la vampire en ayant un léger tremblement dans la voix.
La domestique tressaillit un bref instant en entendant la légère faiblesse dont venait de faire preuve l'une des créatures les plus redoutables de tout Gensokyô.
- Je suis toute ouie, madame, affirma la servante avec une certaine déférence dans la voix.
- J'aimerais que tu me dises, si je suis quelqu'un de bon.
La servante ne put s'empêcher de mordre discrètement sa lèvre inférieure. Il est vrai que depuis sa vaine tentative de couvrir le monde avec sa brume écarlate afin de masquer les rayons du soleil, Remilia avait changé. Sûrement à cause de cette miko du temple Hakurei qui veillait sur ce monde.
- Madame, tenta maladroitement Sakuya, je pense que vous êtes une personne agréable.
- Tu penses ? ironisa le démon écarlate. Je veux des affirmations, pas des hypothèses.
- Vous m'avez toujours bien traitée, vous avez toujours été respectueuse avec moi. Vous êtes une personne agréable qui mérite le bonheur en récompense de ses actes.
Alors que Sakuya s'interrompit, elle se rendit compte qu'elle ne faisait qu'exposer des faits ne s'adressant qu'à elle-même. Elle ne savait pas exactement comment tourner les autres faits pour échapper à l'ire de sa supérieure.
- Je sens poindre un « mais » d'ici peu, répliqua Remilia à demi-mot.
- Mais, vous êtes une beauté glacée, parfois insensible voire profondément cruelle. Vous avez fait enfermer votre propre sœur dans les cachots, parce qu'elle est plus puissante que vous et que vous n'avez pas eu la bonté de l'élever et de l'aimer.
A la mention de Flandre, de cinq ans sa cadette, Remilia se renfrogna dans sa chaise. Elle avait toujours eu peur du pouvoir incroyable caché derrière le visage candide de sa sœur qui l'effrayait. Cela faisait longtemps qu'elle avait refusé de descendre dans le sous-sol, par crainte de recroiser ces pupilles fendues et luisantes de démence. La vampire avait cette faiblesse en elle, puisqu'elle envoyait systématiquement Sakuya s'occuper de cette enfant qu'elle n'avait jamais éduquée.
- Vous l'avez abandonnée, affirma Sakuya sans ambages. A chaque fois que je passe divertir votre sœur, elle me demande quand vous déciderez vous à lui rendre visite. Elle se sent seule, elle vous aime beaucoup et vous le lui rendez bien mal.
- Sakuya, gronda Remilia, laissant l'agacement poindre dans sa gorge.
- Je n'ai pas terminé, coupa sèchement Sakuya.
La servante comptait profiter au maximum des interrogations de sa supérieure pour lui exposer les défauts qu'elle tentait de masquer.
- Vous êtes quelqu'un de profondément égoïste, ne vous souciant jamais du sort des autres. Tout ce que vous planifiez est dans votre unique intérêt et vous attendez toujours quelque retour de vos bienfaits.
La vampire grogna une seconde fois, mais Sakuya avait encore une chose à lui dire.
- Vous êtes également, pardonnez-moi de l'affirmer, madame, une manipulatrice. Je me demande s'il existe une personne que vous aimez sincèrement et …
- Assez ! cria Remilia, en frappant du poing sur le guéridon.
Sakuya cessa instantanément son monologue. Les sourcils froncés de la vampire, combinés à la veine saillante sur le front pâle et au grincement des canines, lui indiquaient clairement que sa maîtresse était énervée. La domestique se rendit compte que jamais elle n'avait entendue sa supérieure hausser le ton, jamais elle ne l'avait vue laisser son corps exprimer aussi librement ses émotions.
La servante venait, pour la première fois depuis longtemps, de réussir à pousser Remilia à bout de nerfs. La réalisation de cet exploit, une chose jamais vue et qu'elle venait pourtant d'accomplir, terrifia la servante aux cheveux argentés.
Le démon écarlate se redressa lentement et toisa silencieusement l'impertinente qui venait de la consterner. Le regard sanguin et fixe de la vampire était si poignant que l'autre recula d'un pas et chercha à esquiver ces yeux brûlants de colère.
- Regardes-moi, somma Remilia, prenant une voix glaciale signifiant qu'elle gardait sa colère contenue.
L'autre fille essayait vainement de masquer sa peur, mais les frissons qui hérissaient les invisibles poils clairs sur ses bras trahissaient son angoisse.
-Regardes mes yeux ! aboya la fillette démoniaque.
Sakuya obéit, surmontant sa frayeur et comprit aisément que sa cruelle maîtresse se délectait de l'angoisse qui la dévorait.
- Je suis quelqu'un de cruel ? minauda Remilia avec ironie. Je suis une personne mauvaise et égoïste ? demanda-t-elle en jouissant de l'horreur qui pétrifiait son employée.
- N … non, bafouilla Sakuya, prise entre deux sentiments contradictoires, piégée entre le dégoût pour le mensonge et la peur d'affronter encore la rage glacée de la vampire.
- Menteuse, railla Remilia. Tu me déçois beaucoup. Tu mérites certainement une punition, n'est-ce pas ?
Voyant que Sakuya baissait les yeux et tremblait des genoux, Remilia avança avec raideur pour saisir fermement le bras de sa soubrette et replonger son regard inquisiteur dans les yeux bleus brillants.
- Je veux que tu me répondes quand je te pose une question. C'est un ordre ! vociféra la créature immortelle.
- Oui, balbutia Sakuya. Je … mérite d'être punie.
Le sourire cruel de la vampire se fit encore plus large, alors qu'elle cherchait ce qui pouvait être le châtiment le plus douloureux à l'encontre de sa domestique.
- Sakuya. Sors, dit-elle d'un ton ne souffrant aucune contestation.
La domestique réprima un hoquet de surprise, étonnée que le démon écarlate se soit montrée si clément. Le fait que la sentence soit repoussée à une date ultérieure était surprenant, du moins de la part de Remilia.
- Bien madame, risqua Sakuya en s'inclinant respectueusement et en sortant humblement du boudoir de Remilia.
- Tu n'as pas compris, gloussa Remilia. Son sourire se fit plus incisif, se délectant de l'étonnement mêlé d'inquiétude qui se lisait sur le visage habituellement impassible de Sakuya.
- Que voulez vous dire, madame ?
- Sakuya, coupa la cruelle propriétaire, tu es congédiée.
Un hoquet émergea soudain de la gorge de la servante. Ses jambes cédèrent alors que les larmes affluèrent à vive allure. Une supplique déchirante envahit alors la pièce.
- Pitié, madame ! implora la femme aux cheveux d'argent.
Une amertume monta en elle, alors qu'elle joignit ses mains et se jetait aux pieds du vampire, la suppliant de revenir sur sa décision.
- Madame, je suis à votre service depuis des années ! tenta la jeune femme ravagée par la douleur. Je ne demande qu'à vous servir, ne me retirez pas ça, je vous en conjure ! Vous êtes ma raison de vivre !
Le regard brisé de Sakuya fit naître une flamme dans le cœur de pierre de Remilia. Enfin, elle voyait autre chose que ce visage inexpressif. Enfin elle voyait ces lèvres mutines afficher si aisément des émotions qui ne seraient jamais venues en temps normal.
Le démon écarlate se gaussait de ce tourbillon d'émotions dansant dans les pupilles de cette femme fragile qu'elle avait mise à terre. Elle avait tout loisir de jouir de la terreur de ses victimes et dans ce cas précis, la souffrance qu'elle lisait en Sakuya était inestimable. Ce spectacle la contentait infiniment plus que ce qu'elle lisait dans les yeux de ces prostituées de Londres, lorsque Remilia était jadis l'éventreur de Whitechapel.
