NOLA

Disclaimer: les personnages de Supernatural ne m'appartiennent pas.

Je suis heureuse de vous retrouver pour une nouvelle histoire. J'ai commencé à travaillé dessus il y a plus d'un un an et elle est enfin prête à être partagée. Je suis impatiente de connaitre votre avis.

Un grand merci à Delicity-Unicorn qui est une beta en or. Merci pour ton temps, tes conseils et ta présence. Je t'embrasse fort.


Ils en étaient à leur quatrième bar et avaient ingurgité pas moins de dix verres chacun. Un certain mélange de plusieurs alcools dont Dean ne se souvenait plus. Pourquoi avoir fait le tour des bars ? Il ne savait plus vraiment. La première intention avait été de fêter le début des vacances, puis Benny avait voulu aller dans un deuxième bar pour tester l'ambiance et rencontrer de nouvelles serveuses par la même occasion. Lucifer avait ensuite invoqué que c'était à lui de choisir un endroit et ils s'étaient retrouvés dans la vieille ville. Et enfin, Ash avait parié qu'ils n'étaient pas capables de le suivre jusqu'au prochain bar.

Et maintenant Dean se retrouvait perché sur son tabouret, lamentablement accoudé sur la table, regardant ses amis disputer une partir de fléchettes que les clients essayaient d'esquiver quand elles n'atterrissaient pas dans la cible. Un problème plus important le taraudait, il devait aller aux toilettes avant de se faire dessus mais il n'était pas sûr de pouvoir marcher jusqu'à la porte du fond. Il était en train d'estimer ce qui était préférable, pisser dans son pantalon au milieu du bar ou se lever en essayant de marcher jusqu'à la porte avec le risque de se vautrer parterre.

Il finit par se décider et se leva, il devait tenter de rester propre. Il se retint à la table quelques instants avant de faire le premier pas. La terre tournait beaucoup trop vite à son gout. Il avança son deuxième pied, enchaîna quelques pas et prit appuie sur la table voisine. La jeune femme lui lança un regard plein de pitié qu'il ne vit pas. Il s'approchait de la délivrance et il n'y avait que ça qui lui importait.

Quand il revint à leur table, Benny était en train de tenir tête à Lucifer sur l'intérêt des différentes bières et Ash avait commandé une nouvelle tournée. Dean s'installa à côté de Benny, il était mieux et l'eau fraîche dont il s'était aspergé le visage en était grandement responsable. Ash leva son verre, les autres l'imitèrent et Dean suivit leur geste. Ils trinquèrent pour la dernière fois de la soirée.

Après ça, il ne se souvint pas vraiment de ce qu'il s'était passé. Des images se mélangeaient, ils étaient sorti du bar, avaient marché dans les ruelles et un de ses amis s'était soudainement écrié qu'ils devraient essayer. Dean n'avait pas compris immédiatement de quoi ils parlaient, il les avait suivis sans rien demander. Il se souvenait des rires, de la musique lointaine dans une rue voisine. Quand il avait réussi à fixer son esprit un moment, il s'était rendu compte qu'ils se trouvaient encore dans le Carré Français. Dean adorait se balader ici, comme tout le monde. Les rues étaient pleines de touristes, l'ambiance était chaude. Les façades des maisons étaient blanches, roses ou en briques rouges. Des balcons affichaient fièrement des drapeaux arc-en-ciel, mélangés aux drapeaux français, celui de la Nouvelle-Orléans aux couleurs françaises et orné de trois lys or. Les volets en bois bleu, vert ou encore rouge. Ce mélange de couleurs étaient assagit par les piliers noirs ou blancs qui soutenaient des balcons en fer forgés ouvragés.

Ash connaissait ce quartier comme sa poche et les avait emmenés dans un coin retiré. Ils arrivèrent devant une vieille bâtisse, de style colonial, encore bien entretenue, comme tout ce quartier touristique. Quand Ash se présenta au videur, il les regarda les uns après les autres jugeant de leurs capacités à créer des problèmes mais finit par les laisser rentrer. Dean écoutait ses amis parler sans comprendre tout ce qu'ils disaient. Il avait dépensé son énergie à les suivre à travers les rues et maintenant toute sa concentration lui servait à rester debout.

Ash avait pris les commandes, s'avança vers la femme derrière le comptoir. Les haut-parleurs, disséminés dans la pièce, diffusaient une musique agréable, les tentures accrochées aux murs donnaient une impression surannée. Des hommes plus silencieux que des ombres traversaient le hall ou montaient un grand escalier. Un parfum capiteux commençait à lui soulever le cœur, Dean tourna la tête pour vérifier où étaient ses amis et ce seul mouvement faillit le rendre malade.

Il les entendit rire et il posa son regard vitreux sur eux. Lucifer se retourna vers lui avec un grand sourire, lui promettant que ça allait sûrement lui plaire. Il ne répondit pas ne sachant pas de quoi il parlait et quelques secondes plus tard une jeune femme blonde, parée de tous les atouts, vint le prendre par la main. Il se laissa conduire sans protester et gravit le grand escalier à sa suite jusqu'au premier palier, en ratant quelques marches. Il laissa échapper un rire idiot dû à son manque de coordination et à une excitation de suivre cette femme sans savoir où elle l'emmenait.

Elle se retourna un instant vers lui et lui fit un sourire plein de promesses. Elle reprit sa marche le tirant par la main jusqu'à une chambre, ouvrit la porte, le fit entrer et murmura à son oreille. Il s'agrippa à ses bras pour se rapprocher encore de ce corps mais elle le repoussa doucement et ressortit aussitôt. Il cligna des yeux et observa la chambre. Une lumière tamisée pour l'ambiance sensuelle, une tapisserie toile de Jouy et des meubles anciens. Une commode, un lit, une table de chevet, deux chaises dans un coin et une petite table de salon. Il reposa son regard sur le lit, il semblait l'appeler.

Il s'en approcha doucement et s'assit en évitant de regarder le monde qui tournait encore. Il n'était pas un habitué mais cet endroit avait tout l'air d'un bordel de grand luxe. La femme qui l'avait accompagné ici allait surement revenir et il décida de s'allonger pour l'attendre. Il ne savait pas pourquoi ses amis avaient décidé de venir ici mais après tout c'était une expérience comme une autre. Il se laissa aller doucement jusqu'à somnoler sans s'en rendre compte sur l'oreiller parfumé.

Il lui sembla entendre le grincement de la porte quand elle s'ouvrit, un mouvement furtif puis la porte qui se refermait. Il entrouvrit à peine les yeux, il était bien, détendu et il attendait ce petit plus qui allait lui être apporté. Il distinguait à peine l'ombre qui s'avançait vers lui. Il sentit un poids sur le matelas à côté de lui, une première caresse sur son torse et une voix chaude qui lui murmurait qu'elle avait beaucoup de chance ce soir.

La lumière tamisée fut éteinte et des mains se posèrent sur son corps. Il ouvrit les yeux mais ne perçu rien sans lumière et sans lune. Il sentit ce corps se déplacer au-dessus de lui et les mains se diriger vers son pantalon. Une première caresse plus intime le fit gémir et il ferma de nouveau les yeux, se concentrant sur ce qu'il ressentait. Une bouche, des lèvres, une langue et il perdit le fil de ses pensées. Il fut terrassé par son orgasme, son esprit embrumé semblait déconnecté de son corps. Il se sentait à bout de forces, son corps relâché et sans réaction. Un autre murmure tout bas, un mouvement sur le matelas, il fit un geste pour s'assurer qu'il ne rêvait pas et ses doigts caressèrent le tissu recouvrant ce corps.

Un nouveau grincement et il émergea de sa torpeur. Une idée s'imposa à son esprit, il allait ressentir ce plaisir à nouveau. La porte, restée entrouverte, laissait un rai de lumière pénétrer la chambre, il reconnut la femme qui l'avait accompagné ici. Elle lui murmura de se rhabiller et de la suivre, et toutes ses espérances s'envolèrent.

Dean redescendit le grand escalier et retrouva ses amis. Benny avait un sourire béat, tout comme Garth, et Lucifer un sourire en coin, son regard continuant de se balader sur les femmes en tenues légères qui les entouraient. Il avait repris un peu ses esprits après cette expérience incroyable. Ce n'était pas une première fois pour lui mais il avait l'impression de n'avoir jamais ressenti quelque chose d'aussi fort. C'était peut-être dû au fait que ce soit une « professionnelle » ou le lieu qui l'avait plongé dans une ambiance bien particulière. Il fut coupé dans le fil de ses pensées quand Benny lui tapa sur l'épaule.

- « On attendait plus que toi », s'exclama-t-il dans un sourire.

Dean lui rendit son sourire et tourna la tête. Lucifer le regardait d'une façon bizarre, son sourire s'était étiré et il ne lui plaisait pas. Il n'aimait jamais quand Lucifer souriait, ça annonçait toujours un mauvais coup. Il n'était pas le dernier en principe pour faire des conneries mais les idées de Lucifer étaient toujours dérangeantes et méchantes. Comme la fois où il avait poussé Benny à se baigner dans le lac pas loin de chez eux et qu'il lui avait volé ses vêtements. Dean avait été obligé de se déshabiller pour partager quelques fringues avec lui pour qu'il ne soit pas obligé de rentrer complètement à poil jusque chez lui. Heureusement qu'il avait aussi la voiture de son père ce jour-là.

- « On a cru que tu allais passer le reste de la nuit ici.

- Je suis désolé,… je n'ai pas vu le temps passer.

- Tu m'en diras tant », se moqua gentiment Ash. « Comment elle était la tienne ?

- Heu … je … blonde », en fronçant les sourcils et en regardant sur la droite pour tenter de se souvenir.

Il tenta de se souvenir de la femme qui l'avait accompagné jusqu'à la chambre. Un corps fin, des yeux noirs, peut-être. Elle lui avait parlé mais il ne se souvenait plus vraiment ce qu'elle lui avait dit. Il s'était assis sur le lit et il n'avait plus rien vu une fois la lumière éteinte. Quand il sortit de ses souvenirs ses amis le regardaient avec intérêt. Qu'est-ce qu'ils avaient à le regarder comme ça ? Il avait l'impression qu'ils attendaient qu'il leur dise quelque chose mais il ne voyait pas quoi.

Benny attira l'attention sur lui en reprenant la parole et Dean lui en fut reconnaissant. Ils décidèrent de partir, Ash fit un baisemain à la tenancière qui lui sourit et leur souhaita une bonne fin de soirée. Quand ils sortirent de là, l'air de la rue leur parut bien frais en comparaison à la chaleur des corps auxquels ils avaient gouté.

Dean se sentit fatigué, le contre coup de l'alcool, le bon temps qu'il avait pris avec cette femme et l'heure déjà avancé. Il prévint ses amis qu'il comptait rentrer chez lui et tous acquiescèrent. Ils rentrèrent à pied et se séparèrent petit à petit à chaque fois qu'ils passaient devant la maison de chacun. Ils n'habitaient pas loin les uns des autres, légèrement en périphérie du centre-ville. Lucifer dans le faubourg Marigny, le quartier le plus chic de la ville où les rues étaient bordées de chênes centenaires et de grandes demeures aux façades de couleurs, Ash dans le quartier de Bywater et Benny et Dean, un peu plus au nord.

La Nouvelle-Orléans était une ville de fête, ils pouvaient sortir à n'importe quelle heure, ils trouvaient toujours un bar ouvert. Bien sûr il y avait des quartiers à éviter car ils n'avaient pas bonne réputation et la ville était célèbre pour son taux de meurtre, en tenant compte de ça, il ne leur arrivait jamais rien. A part bien sûr quand Lucifer cherchait la bagarre, ça pouvait vite dégénérer et les trois autres l'aidaient à se sortir des embrouilles dans lesquelles il avait plongé. La Nouvelle-Orléans avait aussi une réputation sulfureuse, une ville abritant encore des maisons closes côtoyant des clubs de jazz et des bars.

Il vivait ici depuis quelques années après avoir suivi son père qui les avait entraînés lui et son petit frère. Ils avaient perdu leur mère, alors qu'ils étaient encore jeunes, Dean en avait quelques souvenirs. Il revoyait cette femme blonde au sourire doux qui le prenait dans ses bras quand il pleurait. Il se souvenait des tartes aux pommes qu'elle leur faisait et qui refroidissaient sur le bord de la fenêtre. Il avait pris l'habitude de passer devant en ayant l'aire de chercher un jouet et il plongeait son pouce et son index pour en prendre une bouchée et partait en courant alors que les pommes encore chaudes fondaient dans sa bouche.

A cette époque Sam était encore un bébé et il ne prêtait pas un grand intérêt à celui-ci, préférant courir à l'extérieur. Et puis leur monde avait changé. Sa mère était tombée malade. Il se souvenait comme si c'était hier de la dernière fois où il l'avait vu. Elle était allongée dans son lit, une chemise de nuit blanche, ses cheveux blonds étalés sur l'oreiller. Elle était presque aussi blanche que les draps qui la recouvraient. Du haut de ses cinq ans, il avait grimpé sur le bord du lit doucement, pour ne pas lui faire mal. Elle lui avait pris la main doucement dans la sienne et l'avait caressé de son pouce.

Elle lui avait expliqué qu'elle était malade et qu'elle avait besoin que Dean s'occupe de son petit frère à sa place. Sam était trop petit pour se débrouiller tout seul et elle n'arrivait plus à le faire. Dean devait l'aider. Il avait acquiescé sérieusement se rendant compte que sa demande était importante. Il ne pouvait rien refusait à sa maman, c'était la personne qu'il aimait le plus au monde, elle lui donnait une responsabilité et il devait lui montrer qu'il était à la hauteur.

Elle l'avait alors prit dans ses bras pour le remercier, elle l'avait serré fort contre elle et Dean avait senti une douleur dans son cœur sans se rendre compte de ce que c'était. Il avait pleuré sans savoir pourquoi et son père était venu le chercher. Il l'avait retiré des bras de sa mère pour l'accompagner auprès de Sam qui dormait dans son petit lit. Il était resté là longtemps à le regarder dormir alors que son père était repartit.

Il avait alors prit le relais quand sa mère était morte. Il s'était occupé de Sam qui n'arrêtait pas de pleurer car il voulait sa maman et Dean tentait du mieux possible de le consoler. Il aidait son père à s'occuper de la maison et tout ceci avait duré quelques années. Jusqu'à ce que John perde son emploi et qu'ils soient obligés de déménager. Ils s'étaient approchés d'une grande ville avec l'espoir que le travail soit plus facile à trouver et à garder. Et ils avaient atterrit à la Nouvelle-Orléans, surnommée NOLA, car Bobby, un ami de son père, y vivait depuis un moment.

Bobby les avait accueilli les bras ouverts et les avait hébergés pendant quelques temps. Il avait félicité Dean de s'occuper aussi bien de son petit frère même si leur relation n'était pas toujours paisible. Dean qui avait maintenant quinze ans prenait plaisir à embêter Sam et celui-ci en retour se défendait. Il avait rapidement rejoint son frère en ce qui concernait la taille en revanche leur caractère étaient diamétralement opposés. Dean faisait les quatre cent coups alors que Sam restait tranquillement chez eux à étudier. Il était autant calme et sérieux que son frère était dissipé et attirait les embrouilles.

Dean avait vécu leur déménagement comme un changement de monde. Lawrence était une petite ville de campagne perdue dans l'état du Kansas, alors que la Nouvelle-Orléans, était une ville multiculturelle ouverte sur le monde. John les avait tenu éloigné, le mieux possible, des lieux un peu trop chaud de la ville mais Dean en pleine adolescence avait pris le gout de tenir tête à son père et il avait écumé plusieurs fois la ville. Il n'avait jamais payé une femme pour coucher avec lui, se vantant de ne pas en avoir besoin. Il s'était fait de bons amis. Le plus ancien, Ash, avait déménagé lui aussi et ils avaient découvert leur nouvel environnement ensemble. Benny et Lucifer en revanche étaient natifs de la ville et ils les avaient rencontrés en traînant dans les rues. Benny attirait les problèmes sans le vouloir et Lucifer les créait.

Il avait appris à connaitre la culture cajun, le quartier français, les bars plus ou moins touristiques, ceux qui était fréquentés par tout le monde et ceux où les clients étaient majoritairement des hommes qui cherchaient à faire des rencontres. Ça l'avait surpris au début, il n'était pas habitué à ce genre de chose en venant d'une petite ville. La communauté LGBT était très présente et les drapeaux arc-en-ciel flottaient dans de nombreuses rues de la ville.

Cela faisait maintenant sept ans qu'ils vivaient ici et leur groupe était toujours soudé. Ils avaient finis leurs études, à part Lucifer qui avait intégré la fac du coin. Benny travaillait avec son père dans son entreprise de dératisation, Ash passait d'un petit boulot à l'autre et lui s'était fait embaucher par Bobby dans son petit garage. Son salaire était convenable, il partageait les frais de la maison avec son père et dépensait le reste en alcool et sorties.

Quand Dean entra dans la petite maison de plain-pied à la peinture écaillée sur Marais Street tout était calme. La porte de la chambre de son père était fermée et la fenêtre entrouverte de leur cuisine laissait entrer une légère brise venant du Mississippi. Les premiers jours quand il avait fait le tour de la ville, il avait eu l'impression qu'elle était bâtie sur l'eau. Le Mississippi serpentait en son milieu et elle était encadrée par plusieurs lacs et le golfe du Mexique. Il avait immédiatement pensé au bon côté, filles en maillot de bain et mer à deux pas. Ce qu'il n'avait pas prévu c'était la chaleur étouffante de l'été avec son humidité et les rats qui grouillaient dans la ville. Ils n'avaient rien à voir avec les rats des champs auxquels ils étaient habitués, ils étaient beaucoup plus gros et dégoûtants. Le pire c'était surtout les ouragans qui frappaient la région régulièrement et les dégâts de Katrina étaient encore dans toutes les mémoires.

Benny qui vivaient ici depuis toujours et qui avait des origines cajuns, lui avait fait découvrir la ville et lui avait expliqué de nombreuses choses. Ce qui l'avait frappé c'est que la superficie de la Nouvelle-Orléans était pratiquement occupée à cinquante pourcent par l'eau. Ce qui expliquait le travail et l'entreprise florissante de son père. Autant d'eau permettait à de nombreuses bêtes de grouiller. Ils étaient arrivés depuis un an quand ils avaient vécus l'ouragan Katrina. Son père et eux n'avaient jamais connu ça, ils avaient eu la chance de ne pas avoir été touché contrairement à de nombreuses familles de la ville. Avec Benny, ils avaient essayé d'aider mais les dégâts étaient tellement importants qu'ils ne savaient pas si la ville allait s'en remettre. Petit à petit tout était revenu à la normal et NOLA s'était nettoyée pour pouvoir accueillir de nouveaux les flots de touristes qui lui permettaient de survivre. Et dans ce domaine Benny savait aussi y faire, lors de la saison touristique, il troquait son uniforme de dératiseur, qui comprenait aussi la chasse aux moustiques, contre celui de guide. Il travaillait dans une petite agence qui n'avait pas hésité à l'engager vu son bagou et ses connaissances sur la ville.

Dean entra dans sa chambre de la petite maison à la façade à la peinture écaillée, s'assit sur son lit et se déchaussa tout en retirant son tee-shirt. Son regard tomba sur le deuxième lit de l'autre côté de la chambre maintenant envahit par ses vêtements et il se mit à penser à son petit frère. Sam était partit depuis un an de l'autre côté du pays pour faire ses études. Il avait toujours était le plus doué de la famille et il n'avait qu'une idée, faire des études d'avocat pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Il avait grandi en se rendant compte de la pauvreté et de tous les moyens mis en œuvre par les personnes sans scrupules pour utiliser les plus démunis. Dean n'avait pas voulu montrer qu'il était affecté par le départ de son petit frère mais ça avait été dur au début, il se retrouvait seul sans avoir quelqu'un à embêter. Il lui téléphonait tous les jours, incapable de couper le cordon. Il était extrêmement fier de Sam et parlait de son petit frère à qui voulait bien entendre.

Dean s'allongea sur son lit, glissant ses mains sous sa nuque et croisa les jambes. Il lui manquait réellement, même s'il était heureux qu'il suive son rêve, il se retrouvait seul à tourner en rond avec ses amis, dans cette ville qui n'était pas vraiment la sienne.

Sans Sam à surveiller et à aider, il passait de plus en plus de temps dehors avec ses amis et il se retrouvait à faire le tour des bars toute la nuit. Tous les quatre, pas de petites amies en tout cas pas dans leurs virées. Dean n'avait pas de mal à trouver une fille qui aimerait se pendre à son bras mais au bout de quelques jours il en avait assez. Il n'était pas du genre à penser beaucoup à leurs envies et ces relations finissaient invariablement par une crise de jalousie ou un ras-le-bol de la fille en question car il ne faisait pas assez attention à elle selon leurs propres mots. Il n'avait pas envie de se prendre la tête, il voulait profiter avec ses amis et prendre du bon temps avec une fille, n'importe laquelle de tout façon elles lui prenaient la tête au bout d'un moment. Toutes les mêmes.

Heureusement que son travail lui plaisait et que Bobby, même avec son air grognon était là pour lui. Le regard de Dean glissa sur la cloison le séparant de son père quand il entendit un ronflement. John faisait ce qu'il pouvait mais il n'était pas vraiment là pour lui. Il travaillait dur, rentrait tard et ils ne faisaient que se croiser. Ça et l'alcool qui avait pris un peu plus de place dans sa vie. Ça arrivait régulièrement qu'il le retrouve endormi sur le fauteuil devant la télé allumé, une bouteille vide de whisky renversée sur le sol.

Dean sentit sa gorge se nouer en pensant à sa vie. Il se sentait heureux et pourtant par moment, il avait l'impression de se sentir piégé. Il inspira profondément. C'était seulement la fatigue et l'alcool qui le déprimait. Quand il se réveillera demain, il aura oublié cette impression d'étouffement. Il n'avait que vingt-deux ans, il n'avait pas besoin de penser au futur, il avait toute la vie. Son travail lui suffisait, il n'avait pas besoin de plus. Il ferma les yeux et repensa à sa soirée. Il avait une vie rêvée, il profitait avec ses amis sans penser au lendemain, il n'était pas un de ces employés déjà stressé alors qu'il commençait sa carrière.

Un sourire s'épanouit sur ses lèvres quand il repensa à Garth lançant les fléchettes alors que les clients du bar se déplaçaient pour ne pas être touchés. Il se tourna et s'endormi sans s'en rendre compte en rêvant à leur visite dans la maison close.


J'espère que ce premier chapitre vous aura plu. Je vous embrasse.