Décembre 1884 - France

Il faisait doux ce jour-là, malgrès le froid hivernal qui avait frappé le manoir quelques jours auparavant.

Le majestueux jardin à la française était recouvert d'un léger tapis de neige. Tout était calme et silencieux. Le manoir, luxueux et élégant trônait au milieu de la neige et de petits nuages de fumée sortaient des multiples cheminées, l'on faisait du feu.

La majestueuse porte boisée s'ouvrit et une servante sortit de la demeure, le bois manquait.

L'intérieur de la demeure était des plus sublimes, les tapisseries ornées d'or mettaient en valeur les portraits de la Noble famille. Quelques fleurs de Lys apparaissaient sur les tableaux, symbole de la Royauté Française.

Un immense escalier, de marbre, se trouvait au fond de la pièce, le dît escalier se finissait en un palier qui eut, à son tour quelques marches de part et d'autres, formant un ensemble tout à fait symétrique.

Sur le mur, un gigantesque tableau était mit en valeur dans son cadre d'or, tableau, qui, part ailleurs semblait être un portrait de famille. Un homme vêtu d'un ensemble noir simple, mais très en vogue dans les années 1860, acquiesçait un léger sourire bien que ses yeux témoignaient en lui une profonde sévérité, droit et fier, il posait une main ferme sur l'épaule d'une femme assise sur un fauteuil à côté de lui. Agée d'une trentaine d'années, la femme souriait, ses yeux en amande avaient une lueur rieuse, c'était une femme comblée, ses cheveux d'un châtain foncé contrastés avec ceux de son mari, d'un blond éclatant. Sa robe était faite d'une soie des plus fines qu'il existe et de dentelle qui raffinait le tout.

Sur les genoux de cette femme, une petite fille de 5 ans d'âge souriait également, elle possédait des yeux d'un brun malicieux et ses cheveux de couleur châtain clair ondulés jusqu'à ses épaules. Les joues rougies, elle semblait respirait la vie à pleine bouffée. C'était une belle famille. Heureuse et soudée.

En dessous du tableau deux épées à fine lames étaient croisées, lames vers le bas. Le joignement des deux épées était symbolisé par une fleur de Lys. Sur les lames de chacune des épées étaient inscrits en lettres d'or le nom de la famille: 'Deroscher' cela était donc le blason de cette lignée…

Quelques notes de musique se firent entendre, quelqu'un jouait du piano.

-Père… Supplia l'enfant au bord des larmes.

L'homme en question toisait sa progéniture, d'un air autoritaire. L'enfant, assise sur la banquette du piano à queue était tremblante.

-Cela fait deux heures…

-Il en est hors de question ! Coupa le paternel. Tu ne sortira pas de cette pièce avant que cette portée ne soit parfaite !

La petite fille avait à peine dix ans, désespérée elle éclata en sanglot et reprit son morceau là où elle l'avait arrêté.

C'est alors que la porte s'ouvrit sur la maitresse de maison. Elle était encore plus élégante que sur le tableau, cependant la lueur de ses yeux avait changé, elle semblait fatiguée.

-Henry, je t'en conjure, laisse cette enfant.

Elle s'était rapprochée et arrêtée près de son mari. La petite fille, ne prenant pas part à la conversation par peur de réprimandes continua de jouer.

-Les nouvelles sont mauvaises.

L'homme daigna enfin regardait sa femme, restant impassible suite aux nouvelles de celle-ci.

-Envois une lettre à la famille Edgecombe, Sophie, nous devons les tenir informer, eux aussi…

Il reporta son attention sur sa fille et posa une main sur une de ses épaules frêles.

-C'est bien Lucy, tu peux disposer à présent.

L'enfant s'arrêta net, se leva et quitta le pièce sans demander son reste en prenant le soin de claquer la porte de toutes ses forces sous l'air désolé de son père.

-J'ignore ce que nous ferons d'elle… Malheureusement elle a hérité du caractère de sa mère…

-Cesse tes sarcasmes Henry, les temps sont durs et toi tu ne penses qu'à tes futiles victoires. Réinstaure d'abord

l'honneur de cette famille… Il vaudrait mieux tout annuler !

-Tais-toi donc !

Agacé il se dirigea vers la porte, l'ouvrit et regarda sa femme d'un œil noir.

-Nous ne pouvons plus revenir en arrière maintenant. Cette famille est maudite !

Il sortit laissant sa femme seule, dans son désarroi.

-Nous courrons à notre perte…