Note de la traductrice : Merci à Dana Austin Marsh de m'avoir donné l'autorisation de traduire sa fic et à Killa pour m'avoir assuré que ce n'était pas un problème de traduire une fic de ses archives ^^

Je publierai cette petite histoire en deux partie. (Et, oui, j'aime les fics consacrées à cet univers parallèle xD)

Fic originale disponible ici : h t t p : / / www . ksarchive . com / viewstory . php ? sid = 740


Mirror Valentine

par Dana Austin Marsh

Originellement publié en 1996 dans le magazine imprimé « Kaleidoscope » #4

Le Capitaine James T. Kirk de l'ISS Enterprise frotta la crème lisse et chaude entre ses doigts durant quelques instant avant d'essuyer sa main sur le drap. Il soupira. Il détestait se masturber, pourtant il était allongé là avec une flaque collante refroidissant rapidement sur son ventre et aucun partenaire. Il frotta mollement le liquide sur sa peau. Se branler avait été la seule forme de sexe qu'il avait eu depuis des mois, ce qui le frustrait mortellement.

Ca ne lui était jamais arrivé par le passé de ne pas parvenir à conquérir la personne qu'il voulait. Il les voyait, il les avait, il les baisait, il les laissait. Depuis quelques mois, les règles avaient changé. Il n'aimait pas ça, il n'en était certainement pas heureux, mais c'était la réalité. Dans la main gauche, il avait les services du meilleur premier officier de la flotte et la loyauté des quelques hommes qu'il avait un jour pu appeler des amis. Dans la main droite, cependant, il tenait son membre indiscipliné.

Et il continuerait à le tenir, nom de Dieu, jusqu'à ce qu'il puisse trouver un moyen de garder la main droite sans perdre la gauche. Il détestait l'admettre mais le désir qu'il éprouvait pour Spock était plus que de la luxure. A un moment donné, même s'il avait longtemps pensé qu'il avait perdu cette capacité, il était tombé amoureux de ce maudit Vulcain.

« Il doit bien y avoir un moyen de présenter cela à Spock sans avoir la nuque brisée, ou qu'il exige son transfère. » murmura-t-il au plafond indifférent. « Je veux qu'il reste même si je ne peux pas l'avoir dans mon lit. » L'expression de Kirk passa de morose à dégoûtée. « Je deviens un foutu romantique. Ca sera bientôt roses et dîner aux chandelles… »

Brusquement, il se redressa dans son lit alors qu'une idée lui venait. Il aurait à vérifier certaines choses, mais si c'était possible, ce pourrait être un moyen…

oooo

Les roses sont rouges.

Les violettes sont bleues.

La Saint-Valentin approche.

C'est là que je vous aurai.

Le commandant Spock de l'ISS Enterprise fixa avec perplexité et alors, tandis qu'il se remémorait le sens argotique du mot ''avoir'', avec inquiétude les mots qui brillaient en vert clair sur l'écran noir de son ordinateur.

Se renfonçant dans son siège, les doigts croisés devant lui, il songea au sens du message anonyme. Les deux premières lignes étaient des non-sens complets à ses yeux. Les roses n'étaient pas toujours rouges et les violettes étaient violettes. Il ignora ces lignes. En ce qui concernait la Saint-Valentin, cela, bien sûr, faisait référence à l'ancienne fête terrienne commémorant le jour du massacre de la Saint-Valentin qui était connu pour être à la base de l'Empire. Il se rappelait que cela tombait le 14 février sur l'ancien calendrier terrien. Un rapide calcul lui permit de conclure que cet évènement pourrait se produire quatre jours plus tard. Il était évident que, dans quatre jours standards, quelqu'un à bord de ce vaisseau allait tenter de le tuer.

Ayant déjà été sujet à des tentatives d'assassinat, Spock ne permit pas à la crainte d'empiéter sur sa sérénité. Il était, toutefois, profondément curieux. C'était la première fois qu'un soi-disant assassin, qu'un homme, ou une femme, avait eu l'audace d'annoncer ses intentions avant d'agir. Il passa mentalement en revue la liste de ses ennemis à bord, ce qui était, au mieux, un exercice futile. Chaque être ayant été assigné sur l'Enterprise était, à un plus important ou à un plus petit degré, un ennemi potentiel. Tenter de retracer l'origine du message s'était également révélé vain. Il avait été enregistré dans son dossier des messages lus et la source effacée. Il conclut qu'il devrait simplement avertir ses agents et rester particulièrement vigilant dans les jours à venir.

Ce que Spock ne savait pas, et cela faisait partie des rares lacunes dans ses connaissances, c'était que la Saint-Valentin avait un jour eu un sens plus doux. A une époque de l'histoire terrienne, le 14 février avait été la date consacrée aux amoureux et futurs amoureux pour qu'ils puissent se déclarer leurs sentiments et leurs attentes. Bien que, même s'il avait connu cette histoire alternative, il aurait été douteux que Spock considère le message sous cette lumière – qu'il pouvait avoir un admirateur, ou une admiratrice – secret à bord qui avait l'intention de se déclarer le jour de la Saint-Valentin. Sans fausse modestie, il savait qu'il était attirant pour certains. Cependant, il y avait seulement une poignée de personnes à bord de ce vaisseau dont la crainte qu'ils éprouvaient pour lui n'était pas plus grande que n'importe quelle attraction qu'ils pouvaient ressentir.

Spock, lui-même, nourrissait une triste et plutôt illogique passion pour l'une de ces âmes les moins craintives. Toutefois, même s'il avait connu la tendre histoire se cachant derrière la Saint-Valentin, il n'aurait jamais attribué une manière d'agir tellement détournée au capitaine du vaisseau le plus craint de l'Empire. Durant toutes ces années au cours desquelles Spock avait servi sous les ordres de Kirk, il avait noté un manque définitif de subtilité dans les approches amoureuses de l'autre homme.

Cependant, puisque Spock n'avait aucun moyen à cette heure de savoir que ses connaissances étaient incomplètes, aucune de ses pensées ne lui vinrent à l'esprit. Il planifia simplement ses défenses les plus efficaces et prépara une note pour son garde du corps en chef.

oooo

« Vous semblez plus maussade que d'habitude ce matin, Monsieur Spock. Il n'y a rien dont devraient être mis au courant les insignifiants humains que nous sommes ? »

Spock détourna son attention de son déjeuner pour la reporter sur les deux hommes se tenant à côté de sa table. « Bonjour, Capitaine, Dr. McCoy. »

Kirk tira une chaise et s'assit. « Ca ne vous dérange pas que nous nous joignons à vous ? » demanda-t-il tardivement.

« Bien sûr que non, » se fit un devoir de répondre Spock. En tant que capitaine de vaisseau, Kirk pouvait s'assoir, se tenir ou s'allonger partout où il pourrait le vouloir. Non pas que Spock n'appréciait pas sa compagnie.

« Eh bien, Spock ? » l'invita McCoy tandis qu'il posait également son plateau repas sur la table et ses fesses sur un siège.

« Rien de particulièrement inquiétant. » répondit finalement Spock. « J'ai reçu un avertissement dans mon dossier de messages lus selon lequel quelqu'un planifie de m'assassiner dans quatre jours. »

Les deux hommes se tendirent sur leur chaise à cette annonce mais McCoy fut le premier à parler avec un explosif « Quoi ! »

« Je ne crois pas que vous avez vraiment besoin que je réitère ma déclaration, » dit Spock.

« Que diable ce message disait-il ? » demanda Kirk.

Spock n'avait aucune intention de citer les mauvais vers à voix haute. Il offrit à la place les éléments essentiels du message. « Il disait que dans quatre jours à compter d'hier, quelqu'un planifie de 'm'avoir'. Je crois que cela rend les intentions de cet individu pour le moins évidentes. »

« Alors que faîtes-vous assis ici comme une foutue cible facile ? Où sont vos gardes du corps ? En avez-vous parlé à la sécurité ? » mitrailla McCoy.

« Eh bien, Docteur, je ne me doutais pas que vous pourriez être si préoccupé par ma mort imminente. » dit Spock.

McCoy tritura sa nourriture pour limiter sa perte de contrôle. Sa relation avec Spock était assez clairement définie à l'instar de leurs antagonismes verbaux. Il n'y avait aucun sens à tenter de changer les choses à ce stade. « En bien, merde, qui voudrait essayer de dresser un nouveau premier officier, sans parler d'un officier scientifique. Au moins je sais à quel genre de fils de pute j'ai affaire avec vous. »

« Eloquent, Docteur, » observa Spock ironiquement. « Quant à mon manque de prudence et de précautions, je vous assure que je suis bien gardé. »

« Et la sécurité ? » continua McCoy. A présent qu'il était à nouveau lui-même, il jouait simplement les avocats du diable. Il ne s'attendait pas vraiment à ce que Spock avertisse le cruel chef de la sécurité de la menace.

« Je ne voix aucun intérêt à fournir au Lt. Sulu des suggestions auxquelles il n'aurait jusque-là pas pensé, » répliqua Spock.

« Avez-vous la moindre idée de qui cela peut-être ? » demanda McCoy.

« Il n'y avait aucun moyen de retracer la provenance du message anonyme. Je dois donc en conclure que chaque membre de cet équipage est un suspect possible et agir moi-même en conséquence. »

« Eh bien, vous pourriez en éliminer certains – comme moi, et le capitaine. N'est-ce pas, Jim ? » demanda McCoy, se tournant vers Kirk.

A la question directe, Kirk déposa sa tasse de café à moitié pleine et se leva. « Je dois dire que le comportement de Spock est très sage en ne rejetant aucune possibilité. Si vous voulez bien m'excuser, messieurs, je suis attendu sur le pont. »

Dans le turbolift, Kirk permit à son sourire qu'il avait restreint de s'épanouir, effaçant l'expression sévère qu'il avait affichée pour le bien de Spock et McCoy. Les choses n'allaient pas exactement comme il les avait prévues mais au moins il avait l'attention de Spock. Il devrait juste se montrer prudent dans la manière de formuler son prochain message. Ca allait devenir plus amusant qu'il ne s'y était attendu.

oooo

Je compte les heures.

Ce sont les plus longues que j'ai eu à attendre

Seulement trois jours

jusqu'à ce que votre cœur je puisse prendre.

Aucune perplexité ne naquit face au message qui brillait sur l'écran de Spock ce soir-là. Il ne pouvait pas, cependant, s'empêcher d'être un peu impressionné par le culot absolu de l'expéditeur. Pas seulement pour l'avertir de sa fin imminente mais par la méthode – il était évident que l'assassin avait l'intention d'extirper son cœur de son corps. Sinistre, mais efficace.

Une fois encore, le message n'était pas signé et il n'y avait aucun moyen de remonter jusqu'à sa source. Il consacra quelques instants à passer en revue mentalement l'équipage, se demandant qui aurait le sang-froid suffisant pour agir si franchement. Kirk était le meilleur candidat probable pour cette audace flagrante mais il était aussi la moins probable des possibilités. Les méthodes d'assassinat de Kirk ressemblaient plus à sa façon de séduire – directes et droit au but. S'il planifiait d'extirper le cœur du corps de Spock, il le faisait. Il n'enverrait pas des petits poèmes mielleux à ce propos.

Néanmoins, les intentions déclarées de l'assassin était de le priver de son organe de circulation sanguine majeur. Spock, par conséquent, ferait en sorte de protéger cet organe pour le moins vital.

oooo

McCoy jeta un regard curieux à Spock lorsque le Vulcain les rejoignit, lui et Kirk, à leur table pour souper ce soir-là.

« Est-ce que mes yeux me jouent des tours, Spock, ou vous avez pris un peu de poids. »

« Je doute d'avoir acquis une quantité de poids discernable depuis que vous m'avez vu au déjeuner de ce matin. » dit Spock. Il plaça son plateau sur la table et s'assit à côté de Kirk. Il n'y avait eu aucune bonne excuse durant cette journée pour approcher Kirk sur le pont, et c'était très agréable d'être assis si près de lui.

Spock réalisa que si l'assassin arrivait à ses fins, il pourrait être mort trois jours plus tard. Il serait mort et n'aurait jamais su ce qui aurait pu arriver s'il avait révélé ses désirs à Kirk. D'un autre côté, un assassin assez fou pour annoncer ses intentions à sa victime avait peu de chance d'y parvenir. Non que Spock se croyait immortel, il était juste pleinement conscient de ses capacités et de celles de ses agents. Mieux valait ne pas mettre en péril l'excellente efficacité professionnelle et la relation personnelle fragile qu'il savait maintenant partager avec Kirk sur base de la probabilité qu'il pourrait mourir. Il tourna à nouveau toute son attention vers McCoy.

« Eh bien, vous semblez définitivement un peu plus épais ce soir, » persista McCoy.

« Je porte un gilet de protection, » admit Spock, puis il commença à manger.

« Vous faîtes finalement preuve d'un peu de bon sens, » approuva McCoy. « N'est-ce pas, Jim ? »

Kirk haussa les épaules. Si tout se passait comme il l'avait prévu, un gilet de protection n'allait pas être d'une grande aide pour Spock. Il repensa au poème qu'il avait envoyé et s'empêcha de grogner. Spock avait visiblement pris ces mots assez littéralement. La déclaration suivante du Vulcain confirma les conclusions de Kirk.

« J'ai reçu un second message qui indiquait assez clairement que l'assassin à l'intention d'extirper mon cœur de mon corps, » dit Spock.

« Huh, ce type doit être le plus grand fou que la Terre n'ait jamais porté, » dit McCoy avec un reniflement. « Ne sait-il pas que les Vulcains n'ont pas de cœur ? »

« Allons, allons, McCoy, vous connaissez mieux les choses que ça, » dit Kirk, bénissant silencieusement McCoy pour l'ouverture. « Les Vulcains ont un cœur. » Il tendit la main et tapota avec audace le côté de Spock, directement à l'endroit où battait son cœur, lequel battit seulement plus vite au contact inattendu. « C'est juste que tout le monde ne sais pas où il est ou comment l'avoir. Je suis affamé. »

Observant le capitaine attaquer son dîner, Spock se demanda, durant un bref moment, si ses spéculations avaient été aussi improbables qu'il le pensait. Peut-être était-ce Kirk qui avait l'intention de mettre fin à sa vie. Il ne pouvait, cependant, penser à aucun acte de sa part qui justifiait de telles actions. Il rejeta ses inquiétudes. L'entièreté du scénario n'était tout simplement pas du style de Kirk.

S'il avait été conscient des pensées de Kirk, Spock n'aurait pas été si certain de ses conclusions.

A suivre...