[Jasper PDV]
Cela faisait plusieurs semaines que j'avais quitter Peter et Charlotte. Je ne savais pas ou vraiment j'allais. J'errais sans but précis, espérant vaguement trouver un autre clan qui me conviendrait mieux. J'aimais mes compagnons mais leur mode de vie de chasseurs sans loi me rappelait trop celle que nous avions choisi d'abandonner.
J'eus demi-sourire ironique: j'avais décidé de quitter une vie de nomade pour une autre de nature solitaire. Cette errance dont j'ignorais le résultat, en valait-elle vraiment la peine?
En quelques jours, j'avais traversé plusieurs états. Inconsciemment je traversais les États-Unis de l'Ouest vers le Nord-Est, en fuyant Houston, la partie de ce monde que j'avais fini par exécrer.
Je voyageais tantôt en courant, tantôt en prenant le train. Pour éviter d'être attirer par le sang des voyageurs et de payer un billet que je ne voulais pas m'offrir inutilement, je agrippais discrètement aux barrières extérieures du dernier wagon. Cela pouvait être légèrement salissant, mais c'était pratique. Je descendais du véhicule quand bon me semblait, toujours en cours de route, pour éviter les gares remplies d'humains.
Après deux jours passés à pied à entrecouper ma trajectoire par la campagne et la forêt, j'étais parvenu à la délimitation d'une petite ville perdue à la périphérie de Philadelphie. Ce jour là le temps avait décidé d'être capricieux, et la pluie qui bruinait le matin tombait maintenant fortement du ciel. Sentant instinctivement que le temps allait s'empirer, je voulais trouver un abri de fortune, comme une maison ou une usine abandonnées mais je ne repérais rien de la sorte aux alentours. Des nuages fumeux, électriques se mouvaient au dessus de ma tête.
En faite mes pas m'avaient dirigé vers le centre-ville, là où s'érigeaient des maisons blanches accolées les unes aux autres et des devantures d'échoppes diverses, fermées à cette heure de la journée. Je marchais le long des grandes rues, cherchant à m'éloigner du centre du village jusqu'à ce que la pluie devint vraiment trop forte, si forte que je ne parvenais pas à garder mes yeux ouverts sans être gêné.
Au loin de rares passants couraient pour fuir le liquide diluvien qui tombait sur leur tête et rapidement les rues furent désertes.
Le temps tournait et je fus si trempé que mes vêtements collaient à ma peau. Je me réfugiais vite sous le porche d'une boutique de chapeaux à l'intérieur éteint. Enfin dans une zone relativement sèche, je sondais l'horizon couverte d'un rideau de traits grisâtres, au delà de laquelle, grâce à ma vue de vampire, je parvenais à voir le contour des immeubles. Je me questionnais sur la prochaine étape à suivre.
A quelques mètres de distance s'érigeait devant mes yeux, un bâtiment humain public, éclairé. Je ne savais pas ce qui me retenais, mais je le fixais un moment sans bouger. J'hésitais à y entrer: ce serait fou de m'immiscer dans ce territoire de tentations, de proies faciles pulsants le sang quand je me savais capable d'un effroyable carnage en une poignée de secondes seulement. Mais tandis que j'étais froid comme la glace, et que je ne risquais pas d'en trembler ni de tomber malade, je sentais que le sec et la chaleur était plus agréable que l'humidité et le froid. En ce moment un intérieur chaud et des vêtements bien secs et bien odorants semblaient tellement plus désirables que les loques humides à l'odeur de chien mouillé que je trainais sur le dos...J'avais beau être un soldat endurci, habitué à l'inconfort, il y avait des semaines que je n'avais pas porté autre chose.
Un éclat de tonnerre craqua dans le ciel grisâtre, et la pluie devint enfin orage. Ma cache de fortune était devenue inutile car la force de la radée passa au delà de la limite du porche étroit. Mes vêtements humides étaient devenu dégoulinants et à l'intérieur de mes vielles chausses, mes chaussettes étaient molles et trempées. Il devait y avoir un trou, aussi je mémorisais intérieurement la nécessité d'en prendre à ma prochaine proie.
Je retournais à mon idée de tout à l'heure.
Le bâtiment était un restaurant devinais-je, car quelques clients y dinait. Sur la devanture était inscrit son nom The Janet's en grosse lettre peintes. Un choix s'offrait à moi...Je rassemblais ma raison: j'avais seulement besoin d'un abri, mon intention n'était pas de me nourrir, de tuer. D'ailleurs je m'étais abreuvé d'un garde champêtre dans la forêt ce matin et le sang de ma victime voyageait encore plaisamment dans mon organisme. J'avais fait en sorte que sa mort soit rapide, et qu'il ne voit rien arriver pour éviter de ressentir l'horrible sensation de sa douleur, sa peur. Une fois nourri je pouvais ressentir la satiété plusieurs jours.
Quand la nécessité le demandait, je pouvais pénétrer dans milieu humain. C'était une expérience... très désagréable et difficile d'être entouré de proies sans pouvoir y toucher, d'entendre leur cœur pulser et de sentir leur désirable odeur, sans pouvoir y goûter, sans pouvoir y mettre fin... mais je pouvais y résister pour un certain laps de temps.
Ce n'était pas un problème, conclus-je. Dans le restaurant, je resterais à l'écart des humains autant que possible, seulement le temps de me sécher, d'attendre que la pluie s'arrête et puis je repartirais.
Décision prise, je me dirigeais donc vers le restaurant. En passant devant la devanture vitrée, j'arrangeais mes cheveux humides, pour dissimuler mes yeux et je gardais la tête vers le bas pour ne pas alerter les humains de leur couleur rouge sang et de ma peau cadavérique. Je m'avançais en prenant garde de prendre un pas lent, humain. Avant d'entrer, je coupais ma respiration.
A/N: J'avais des difficultés à écrire la suite de cette histoire alors j'ai décider de la couper autrement. Rencontre sera alors d'abord totalement du point de vue de Jasper. (Bizarrement j'écris plus rapidement son point de vue que celui d'Alice). Comme c'était trop compliqué de mettre les mêmes points de vue dans la même histoire, le pdv d'Alice sera dans une autre histoire ou un bonus. Pour l'instant j'ai découpé le premier chapitre qui était très long, en trois, donc si vous avez déjà lu l'histoire, vous allez avoir des réminiscences. Je ne veux pas faire de fausses promesses, mais je pense écrire 2/3 nouveau chapitres de plus pour Rencontre. On verra comment ma cyber-plume se comporte.
