HARRY POTTER ET LE PENDENTIF D'ARGENT
Disclaimer : Tous les personnages de la saga Harry Potter appartiennent à JK. ROWLING.
CHAPITRE 1 – LE POIDS D'UNE ABSENCE…
La chaleur qui régnait sur Little Whinging était difficilement supportable. En effet, depuis plus d'une semaine, le temps était orageux et porteur d'une moiteur étouffante. Partout dans le Surrey, les habitants s'étaient calfeutrés chez eux à la recherche d'un peu de fraîcheur, n'osant sortir de l'ombre rafraîchissante de leur maison que le matin de bonne heure ou en fin d'après-midi.
Ce temps d'orage reflétait assez bien l'état d'esprit d'un des habitants du numéro 4, Privet Drive. Ce jeune homme, qui résidait dans une maison semblable à tant d'autres dans les environs, n'était, lui-même, semblable à aucun autre. Et pour cause puisque ce jeune homme n'était autre que Harry Potter, le jeune sorcier le plus doué de son temps, quatre fois vainqueur de Voldemort, ce que personne n'était jamais parvenu à faire avant lui, encore moins un adolescent de presque seize ans.
Mais ce titre de gloire n'était d'aucun réconfort pour le jeune Harry. Il aurait très bien pu en tirer une fierté légitime. Après tout, avoir la chance d'échapper au sorcier le plus maléfique de l'histoire du monde de la magie n'était pas à la portée de tout le monde. Mais il s'en moquait pas mal à cette heure. Depuis dix jours qu'il était rentré de Poudlard, l'école de sorcellerie dans laquelle il suivait son apprentissage de la magie depuis cinq ans, il n'occupait son temps libre qu'à deux choses : des crises de déprime durant lesquelles il pleurait à grandes larmes pendant de longues heures, allongé sur son lit et, le reste du temps, de longues périodes de léthargie pendant lesquelles il restait assis, au pied de la fenêtre de sa chambre, le regard dans le vide et l'esprit vierge de toute émotion.
Exactement comme l'orage dehors qui, tantôt déversait ses averses, courtes et violentes, tantôt laisser planer dans l'air une humidité malsaine.
Ce qui occupait en tout temps l'esprit d'Harry, c'était le choc qu'il avait vécu quelques jours auparavant. Pendant un combat au Ministère de la Magie contre les mangemorts, les fidèles partisans de Voldemort, il avait vu son parrain, Sirius Black, traverser le voile d'une vieille arcade. Longtemps, il avait espéré voir le corps de son parrain traverser le voile et ressortir de l'autre côté de l'arcade, sain et sauf, mais Sirius n'était jamais reparu et Harry devait peu à peu se faire à l'idée que tout le monde lui annonçait : son parrain était mort et il ne reviendrait pas de cette porte vers l'autre monde. C'était malheureusement la seule personne que le jeune homme avait encore comme famille et il ressentait de cette perte un vide abyssal.
Mais plus encore que cette disparition, c'est le sentiment de culpabilité qui en résultait qui grevait l'esprit de Harry. C'était à cause de lui et de sa détestable tendance à vouloir sauver les gens que Sirius était perdu à jamais. C'était parce qu'il avait été manipulé par Voldemort et qu'il n'avait pas su faire la différence entre le vrai et le faux qu'il s'était rendu au Ministère de la Magie, pensant que Sirius y était détenu captif par le Seigneur des Ténèbres.
Si Harry s'était montré mature et réfléchi, s'il avait appris l'Occlumancie comme le lui avait demandé Dumbledore, le directeur de Poudlard, afin de pouvoir fermer son esprit aux intrusions du Seigneur des Ténèbres, rien de tout cela ne serait arrivé. Il avait été présomptueux et, maintenant, il s'en mordait les doigts.
Ce sentiment de culpabilité, d'auto-trahison, Harry le portait en lui à toute heure du jour ou de la nuit, sans pouvoir cesser d'y penser. Le jour, cela le conduisait aux larmes régulièrement et, la nuit, la honte lui faisait faire des cauchemars morbides où il revoyait sans cesse cet épisode au Ministère : le rire diabolique de Voldemort, la froideur violente de Bellatrix Lestrange qu'il avait tenté de combattre après qu'elle ait jeté le sort fatal à Sirius et, bien sûr, ce dernier qui plongeait à travers l'arcade, encore et encore, indéfiniment, dans une sorte de ralenti angoissant, jusqu'à ce que Harry se réveille, en nage, tremblant de tous ses membres, un cri d'horreur toujours accroché aux lèvres…
Il savait au fond de lui que ce cauchemar ne le quitterait sans doute jamais, comme ne le quittait pas le souvenir de Cédric Diggory qui était mort des mains de Voldemort, durant le Tournoi des Trois Sorciers, l'an passé. Il semblait que la perte traumatique de Sirius ramène à l'esprit d'Harry tous les moments douloureux de sa vie, toutes les fautes dont il avait à se blâmer.
Et rien n'empêchait Harry de penser à toutes ces erreurs. Les Dursley, qui hébergeaient Harry tous les étés, étaient bien plus silencieux qu'à leur habitude. En d'autres temps, ces moldus – qui ne pratiquent pas la magie – se seraient fait un plaisir malsain de harceler Harry, comme à leur habitude. Mais depuis son retour au numéro 4, Privet Drive cette année, Harry ne les avait pas entendus une seule fois le réprimander. Il se demandait même s'il les avait une seule fois entendus lui adresser la parole. C'était sans doute à l'avertissement que leur avait donné les membres de l'Ordre du Phénix, à la gare de King's Cross, que Harry devait son salut. Maugrey Fol Œil, Tonks et Arthur Weasley avaient insisté auprès de l'oncle Vernon et de la tante Pétunia sur le fait que toute tentative de brimade à l'encontre d'Harry serait suicidaire. Apparemment, le message était bien passé et même Dudley, le cousin d'Harry, se tenait coi, contrairement à ses habitudes. Tous trois avaient en effet extrêmement peur du monde de la magie et le visage marqué de Maugrey, notamment son œil magique qui tournait en tous sens, n'était pas prêt de les faire changer d'avis.
C'était donc dans l'indifférence générale qu'Harry souffrait quotidiennement. Ses meilleurs amis, Ron et Hermione, ne lui avaient pas non plus fait parvenir de nouvelles depuis qu'ils s'étaient séparés à la gare, ce qui laissait à Harry tout loisir de se morfondre. Harry ne s'inquiétait pas trop de ce silence. À vrai dire, s'attendre à ce qu'il se préoccupe de quoi que ce soit était un trop grand espoir. Par ailleurs, il voyait bien les deux raisons pour lesquelles ses amis étaient circonspects à lui écrire. D'une part, ils étaient tous deux au Ministère de la Magie avec lui cette fatale journée et se remettaient eux-mêmes du choc et, d'autre part, il ne leur avait pas écrit non plus.
Même s'il en avait eu envie, et c'était loin d'être le cas, il n'aurait pas pu trouver un mot à leur raconter. Il n'avait pas non plus envie de leur mentir en les rassurant sur son sort. Il n'avait plus envie de rien. Et surtout pas de parler à qui que ce soit de cette déchirure qu'il avait en lui : le sentiment d'avoir perdu ce qui comptait le plus au monde pour lui et d'avoir été, si ce n'est celui qui avait lancé le sort fatidique, du moins celui par lequel ce gâchis avait été rendu possible. Sirius était pour Harry comme un deuxième père et, non content de l'avoir privé de ses parents, Voldemort lui avait maintenant ravi son parrain. Harry voyait mal comment il aurait le courage de mettre en mots cette souffrance. Il ne s'étonnait donc pas que ses amis hésitent à écrire. Harry savait bien que Ron et Hermione préféraient rester silencieux plutôt que de lui donner des conseils vides de sens, ou des mots de consolation qui ne ramèneraient pas Sirius et rendraient Harry encore plus malheureux. Ses deux amis pensaient certainement qu'il valait mieux un peu de silence pour effacer la peine en douceur.
Harry savait pourtant que cela lui ferait du bien de revoir Ron et Hermione. 'Comment leur dire qu'ils me manquent tous les deux mais que je n'ai envie de voir personne ?' se demandait Harry ce matin là. Il était 6h15 en ce 6 Juillet et Harry venait de se réveiller de son habituel cauchemar. Il n'avait dormi que trois heures mais, à son grand soulagement, le rêve n'avait pas été aussi tragique que les autres nuits. Les cadavres de Sirius, de Cédric, de ses parents, qu'il revoyait habituellement défiler, encore et encore, étaient plus flous qu'à l'ordinaire et la douleur dans sa cicatrice moins piquante. À vrai dire, il s'était surtout réveillé avec en tête les visages de Ron et d'Hermione. C'était un soulagement après toutes les nuits qu'il avait passées jusqu'à présent.
Il aurait aimé les voir, leur parler, leur raconter ses souffrances s'il en avait trouvé le courage mais voilà, il ne pouvait pas, ne savait pas. Il se refusait hermétiquement à les déprimer eux-mêmes avec ses problèmes. La honte sans doute n'arrangeait rien à son état d'esprit.
'Pourquoi voudraient-ils continuer à être amis avec quelqu'un qui porte le malheur autour de lui ?' se dit-il en se redressant, le visage moite. Les couvertures avaient glissé en bouchon au pied du lit et malgré la relative fraîcheur du petit matin, Harry était fiévreux.
Il décida qu'une douche ne lui ferait pas de mal puisque de toute manière, il n'avait ni la possibilité, ni l'envie de se rendormir. Vingt minutes plus tard, après s'être douché, habillé et brossé les dents, il ressortait de la salle de bain, l'esprit un peu plus léger que les autres matins.
'Que faire ? Que faire ?' se demanda-t-il l'espace d'un instant, planté au milieu de sa chambre. Repenser à Sirius lui était insupportable et il faisait de nombreux efforts pour enfermer ce visage et cette douleur dans un recoin profond de son esprit. Il devait apprendre à ne pas avoir honte de survivre malgré toute l'horreur que lui inspiraient les sobriquets et autres surnoms héroïques dont le monde des sorciers persistait à vouloir l'affubler. Il n'avait pas choisi de survivre, de devenir célèbre par le biais d'évènements sur lesquels, à l'âge d'un an, il n'avait eu aucun contrôle. Pourquoi donc si peu de personnes pouvaient l'apprécier comme 'Harry, juste Harry', tout simplement ? Pourquoi personne ne pouvait-il se rendre compte qu'il avait juste eu de la chance, ainsi que des amis fidèles qui l'avaient aidé à survivre à toutes ses aventures ?
Il décida finalement que l'air était un peu plus respirable que les autres jours et qu'une sortie au parc lui aérerait les idées. À cette heure avancée de la matinée, en plein été, il ne croiserait sans doute personne entre la maison et le parc, ni même là-bas, ce qui faisait parfaitement son affaire. Être importuné par des gens de la même espèce que l'oncle Vernon et la tante Pétunia lui semblait une idée insupportable à vivre. Il n'était même pas sûr que, si cela arrivait, il parviendrait à maintenir au fond de lui la colère et l'injustice qu'il ressentait contre tout le monde.
Sa baguette magique enfoncée dans son jean et un des larges t-shirts de Dudley par-dessus, Harry ouvrit avec précaution la porte de sa chambre et s'engagea dans le couloir, à pas feutrés, vers les escaliers. Les ronflements sonores de son oncle et de Dudley, dans les chambres à l'autre bout du couloir, lui indiquèrent qu'il n'avait réveillé personne, ce dont il était largement satisfait. Une journée commençant par la vision du visage rougeaud et porcin de l'oncle Vernon n'était généralement pas une expérience agréable. Une fois arrivé dans le salon, il se dirigea vers la cuisine pour se servir un verre de lait. Il n'avait pas pu avaler grand chose d'autre ces derniers jours et son physique commençait à s'en ressentir. Une fois le verre rincé et remis dans le placard, il sortit discrètement de la maison et s'engagea dans Privet Drive vers le parc.
Comme il l'espérait, il ne croisa pas une seule âme vivante, ni dans sa rue, ni dans aucune autre, et arriva au parc rapidement. Somme toute, il était assez satisfait de ce début de matinée. Il n'avait pas eu à faire pleuvoir de sorts et de maléfices sur l'importun qui aurait eu la mauvaise idée de le déranger.
De plus, l'air était encore assez frais et le soleil qui se levait sur Little Whinging avait quelque chose de reposant à contempler. Il s'assit sur la seule balançoire encore en place dans le parc. C'était le seul endroit que Dudley et sa bande n'avaient pas encore totalement dégradé dans le quartier, sans doute parce que son cousin savait que Harry y passait parfois du temps l'été et n'avait aucune envie de le rencontrer. Quelle tête aurait eu Dudley si Harry l'avait provoqué devant ses amis ? Même champion de boxe, il ne pouvait lutter contre le risque qu'Harry sorte sa baguette magique. L'expérience cuisante qu'Hagrid avait infligée au postérieur de Dudley lors de leur première rencontre avait produit la menace escomptée.
La solitude et l'ennui d'Harry s'envolèrent un peu de ses épaules à mesure que passaient les minutes. Il avait jusqu'à présent réussi à se couper de ses pensées noires ce matin et c'était un repos auquel Harry aspirait depuis de nombreux jours. Il profitait donc autant que possible de ce calme inhabituel en cette période de souffrance.
'Peut-être que c'est mieux ainsi' se dit-il. 'Tout seul, je ne fais du mal à personne. Je n'envoie personne à la mort'.
Ses pensées furent interrompues par un bruit de pas derrière lui. Le sang de Harry se glaça et sa main était presque sur sa baguette lorsqu'il se retourna. Il s'attendait par réflexe à une apparition maléfique et fut assez surpris de voir à quelques mètres de lui un jeune garçon qui le regardait avec hésitation.
Personne ne pouvait en vouloir à Harry d'être un peu paranoïaque. Après tout ce qu'il avait traversé, il savait très bien que le mal frappe toujours quand et où l'on ne s'y attend pas. D'autant plus qu'il avait croisé deux détraqueurs ici même, à Little Whinging, l'été dernier. Ses réflexes avaient donc eu tendance depuis à se rapprocher de ceux de Maugrey.
'Vigilance constante' se rappela-t-il avec un faible sourire avant de se détendre et de reporter son attention sur le jeune garçon qui n'avait pas bougé depuis que Harry s'était brusquement retourné.
Le visage du garçon n'était pas étranger à Harry. Il l'avait déjà croisé quelques fois dans ce parc auparavant. Il s'appelait Mark Evans, pour autant qu'Harry soit sûr de se rappeler son nom. Tout ce qu'il savait de lui, c'était que Dudley et sa bande l'avaient molesté l'été précédent et qu'ils s'en vantaient régulièrement depuis. 'Si frapper un garçon de dix ans est quelque chose dont on puisse se vanter' réfléchit Harry.
Apparemment, Mark Evans ne s'attendait pas plus à voir Harry d'aussi bonne heure dans le parc que celui-ci.
- « Salut » dit-il d'une petite voix.
- « Salut » lui répondit Harry.
Il se demandait si vraiment il était si repoussant pour apparemment faire peur au jeune garçon. 'Forcément, je ne dois pas être très beau à voir' pensa-t-il après-coup. Cela faisait une bonne semaine qu'il passait son temps enfermé dans sa chambre, sans trop manger ni dormir. Les larmes avaient du creuser un peu son visage et le rendre plutôt morbide.
Il était d'un côté mécontent que le garçon ose le déranger alors qu'il recherchait le calme et, en même temps, l'allure innocente et un peu angélique de Mark l'attendrissait et le distrayait de son ennui.
- « Tu sais que ce n'est pas prudent de te promener tout seul dans ce parc comme ça » lui dit Harry. « L'été dernier, tu as été frappé par Dudley et sa bande, non ? »
- « Tu le connais ? » demanda Mark, soudain peu sûr de vouloir continuer la conversation avec Harry.
- « C'est mon cousin » répondit Harry avec un faible sourire d'excuse.
- « Tu es Harry, le garçon qui va à l'école Saint-Brutus pour jeunes délinquants c'est ça ? Dans le quartier, c'est ce que tout le monde dit sur toi ».
Harry eut un petit sourire d'amusement et détailla Mark de plus près. Il n'était pas bien grand, assez maigre, et pourtant quelque chose en lui laissait voir un grand courage. 'Et il en a fallu à ce garçon pour me poser cette question si ce qu'on raconte sur moi avait été vrai. S'il était sorcier, sans doute atterrirait-il à Gryffondor' se dit-il. Le jeune Mark lui faisait un peu penser à lui-même en plus jeune, peu avant de recevoir sa lettre de Poudlard. 'Un garçon simple et sans histoires, un peu curieux, qui n'a pas besoin de s'en faire pour le sort du monde' pensa Harry avec une pointe de regret et d'envie. Bien sûr, jamais il n'éprouverait de remords pour être entré dans le monde de la magie. Poudlard était devenu le foyer qu'il n'avait jamais connu chez les Dursley et il y avait rencontré des gens exceptionnels, à commencer par Ron et Hermione. 'Mais tout est plus simple quand on n'a pas le poids de la fatalité à porter sur ses épaules' se dit Harry.
- « Il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte » lui répondit enfin Harry. « C'est ce que mon oncle et ma tante veulent prétendre aux yeux du voisinage : que je ne suis pas quelqu'un de fréquentable ».
- « En tous cas, tu l'es sûrement plus que ton cousin. Tu ne m'as jamais frappé toi. Alors que lui, il terrorise tous les enfants du quartier sous prétexte qu'il est plus grand et qu'il a sa bande d'amis avec lui ».
Harry sourit encore au commentaire de Mark. Trouver quelqu'un qui pensait la même chose que lui, qui ne supportait pas non plus l'injustice, même si c'était un enfant de dix ou onze ans, lui faisait du bien.
- « Ta mère ne s'inquiète pas que tu sois tout seul dehors aussi tôt ? » demanda Harry.
- « Non, je n'ai jamais connu mes parents. Ils sont morts quand j'étais tout petit. Je vis dans une famille d'adoption depuis toujours. Et ils ne s'inquiètent pas trop pour moi ».
- « Je suis désolé pour toi ».
La réponse de Mark avait quelque peu troublé Harry. Comme lui, il était orphelin et pas vraiment bien intégré à la famille dans laquelle il vivait. Mais plus encore, ce qu'avait dit le jeune garçon rappela douloureusement à Harry la perte qu'il venait de subir. Il fronça les sourcils et essaya de combattre les larmes qu'il sentait monter dans sa gorge.
Mark du s'apercevoir que sa réponse avait réveillé quelque chose de pénible dans l'esprit de Harry car il lui demanda :
- « Tu es sûr que ça va ? ».
- « Oui… Non… J'ai… J'ai perdu quelqu'un récemment… C'était… mon parrain… C'était la seule famille qu'il me restait… et je pensais… qu'on pourrait vivre ensemble… lui et moi… plus tard… ».
Harry ne savait pas trop ce qui le poussait à faire confiance à ce garçon alors qu'il n'était même pas capable de parler de ses sentiments pour Sirius à Ron et Hermione qu'il connaissait depuis presque six ans. Mais quelque chose en Mark l'avait ému et il se dit qu'il pouvait faire confiance au garçon qui, de toute manière, avait du vivre les mêmes souffrances et les mêmes manques que lui. Et c'était bien l'un des seuls. Certes, Luna avait eu, elle aussi, sa part de souffrances, mais ce n'était pas tout à fait pareil.
- « Tu l'aimais beaucoup n'est-ce pas ? » lui demanda Mark.
Apparemment, le garçon n'avait pas besoin de réponse. Il avait du la lire dans les yeux remplis de larmes de Harry car il ajouta tout de suite, sur un ton amical :
- « Tu sais, ça ne me regarde pas, mais les gens qu'on aime ne sont jamais vraiment partis. Leur corps n'est plus avec nous mais leur esprit, leur âme, sont toujours à nos côtés pour nous aimer et nous protéger. Quand mes parents me manquent, je me dis qu'ils sont là tout près, qu'ils m'observent et qu'ils veulent que je devienne grand pour vivre et penser à eux… » C'est une pensée qui me réconforte.
Une telle maturité d'esprit chez le jeune garçon surprit Harry qui avait maintenant une larme qui lui coulait le long de la joue.
'Si jeune et déjà si fort' se dit Harry. 'Si seulement je pouvais être aussi fort que lui'.
- 'Rien ne t'empêche d'essayer' lui répondit une voix au fond de son esprit. 'Est-ce que tu crois que si tu étais passé à la place de Sirius à travers le voile, tu voudrais qu'il s'apitoie maintenant sur ton sort ?'.
Harry ne trouvait rien à répondre à cette voix venue du fond de lui-même. Cette logique était trop évidente pour qu'il ne se rende pas compte que c'est ce qu'il aurait du faire : vivre et perpétuer malgré la douleur le souvenir de son parrain. 'Cette voix a la même façon de penser qu'Hermione' se dit Harry dans un demi-sourire.
- « Merci Mark » dit-il enfin au jeune garçon qui l'observait avec attention.
Une demi-heure plus tard, il était sur le chemin du retour, non sans avoir promis à Mark qu'ils se reverraient dans le parc un de ces jours. La discussion avec le garçon l'avait quelque part libéré d'une partie de ses craintes. Et lui avait donné du courage pour revenir un peu à la vie…
