Bonjour à toutes et à tous,
Cette fic est une demande particulière de Lounacat qui souhaitait que je rassemble Kagaho avec Seiya. Autant dire que cette fic m'a donné du fil à retordre parce que Pégase est un personnage que je n'aime pas, oui carrément.
De le traiter sérieusement ainsi que la déesse Athéna et les bronzes qui vont avec a représenté un véritable défit, mais là était tout l'intérêt… J'espère qu'il te plaira Louna ainsi qu'à vous. Couple improbable donc. Aussi le ton est un peu plus sérieux il me semble.
Il en découle une fic en 6 chapitres, et oui tant que ça ! Avec des nouveaux ennemis et des scènes de combats, du sang, de la torture, du sexe, des corps nus… Oh yeh ! Qu'est-ce qu'il t'arrive Peri ? Tu as abandonné le yaoi ?
Résumé : Une nouvelle menace nait en ce monde. Athéna ainsi qu'Hadès le ressentent. Une congrégation est envoyée aux Enfers pour faire le point. L'affrontement final sera sanglant.
Rating : M
Pairing : Kagaho/Seiya
Guest stars : Shiryù (ouh ouh), Hyõga (bah), Shun, Ikki (un petit peu), Athéna (beurk), Eaque (miam), Rhadamanthe (comme d'hab), Kanon (forcément), Shaka (nouveauté bouddhiste), Angelo (nouveauté crabesque).
Genre : Romance / Aventure (wouh j'ose)
Bonne lecture.
PS : je me décharge complètement des saignements d'œil qui pourraient subvenir lors de la représentation du corps nu de Seiya… Ce n'est plus de mon ressort :)
Chapitre 1
Les prémisses d'une nouvelle ère
Athéna se leva ce matin avec une étrange sensation au fond d'elle. Quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas comme d'habitude. Elle se sentait troublée dans son temple au Sanctuaire. Elle se rendit immédiatement dans le bureau de Shion son Pope actuel.
Elle marchait sereinement appréciant ce calme retrouvé, cette paix nouvelle. Les guerres étaient terminées depuis quelques années, ses chevaliers pouvaient se reposer sans devoir être sur le qui-vive à chaque seconde de leurs vies. Certains entrainaient des apprentis pour assurer la relève comme Angelo qui prit sous son aile un petit garçon polisson. Ce petit garnement n'en faisait qu'à sa tête, et c'est souvent que l'on voyait le cancer courir après son élève en vociférant des menaces qu'il ne mettait jamais à exécution. Ou encore Aphrodite qui pouponnait un enfant de trois ans arrivé quelques mois plus tôt. Ses amis n'en revenaient pas de la patience dont il faisait preuve, ému par ce petit bout de chou qui restait accroché à ses jambes. Kanon aussi, revenu et rescapé du Sanctuaire sous-marin se vit confier la charge d'un enfant. Celui-ci était âgé de deux ans de plus. Pour lui faire comprendre qu'il faisait parti comme tout à chacun des Golds, Athéna lui désigna un apprenti à éduquer pour le titre de chevalier des gémeaux. Saga approuva, lui aidait Shion de temps à autres dans les tâches administratives et participait plus à la vie politique du Sanctuaire.
Puis pour certains ils repartaient quelques fois dans leurs pays natals à la recherches de nouveaux élèves bronzes ou argents. Shaka se rendait souvent en Inde et en profitait pour offrir son aide dans les divers orphelinats du pays en donnant de sa personne. Les anciens bronzes avaient été promus au rang de protecteurs personnels de la déesse, ils accompagnaient chacun de ses déplacements. En ce moment ils séjournaient en Grèce pour qu'Athéna soit au plus proche de ses chevaliers, surtout que les attributions des nouvelles armures de bronzes allaient avoir lieu. Il ne fallait pas louper cette cérémonie.
Athéna arriva jusqu'au bureau de son Pope, sans s'annoncer il reconnut le cosmos doux de sa déesse. Elle pénétra dans la pièce. Shion se leva immédiatement pour venir s'incliner devant elle, une main sur la poitrine.
-« Relève-toi Shion »
-« Déesse… Que me vaut l'honneur de votre visite en ce bon matin ? »
-« Je voulais savoir si tu t'en sortais avec la réorganisation du Sanctuaire… »
Réorganisation signifiait chamboulement à vrai dire. La déesse imposa un nouveau règlement, en fait quelques points devaient changés, ce bouleversement était incombé au ministre c'est-à-dire à Shion lui-même.
-« Merci de vous en inquiéter, mais ça devrait aller. J'ai de quoi m'occuper mais j'arriverai à tout mettre en place »
-« Bien, je te fais confiance »
-« Quelque chose ne va pas… J'ai l'impression de vous voir troublée princesse »
-« Je ne peux rien te cacher Shion tu devines tout. En effet quelque chose m'indique que la quiétude que nous vivons va bientôt se perturber »
Le visage de la jeune Saori s'assombrit, elle baissa la tête comme pour chercher ses mots.
-« Dites-moi tout ô déesse… Il faut que je sois mis au courant, même si ce ne sont que des suppositions »
-« Shion, souffla-t-elle. Je n'en suis pas certaine mais… Les heures que nous allons traversées sont teintées de noirceur, j'ai un mauvais pressentiment. Je ne peux dire lequel exactement, mais je suis sûre qu'une menace se prépare. Et je m'inquiète pour mes chevaliers… Ils ont déjà trop donnés de leurs personnes… »
-« La paix ne peut-elle perdurée ? Les années de plénitudes sont-elles déjà terminées ? »
-« J'en ai bien peur en effet… Je ne sais pas encore quelle menace se projette devant nous, mais j'ai ressenti de la peur, de la tristesse, de la douleur. Je vais te laisser Shion, je n'ai que trop abusé de ton temps. Je te dis à tout à l'heure »
L'ancien bélier d'or et d'orichalque se pencha de nouveau pour saluer sa déesse. Quelle entité maléfique allait encore venir s'abattre sur cette Terre ? Il serra les dents et reprit son travail.
Les chevaliers s'entrainaient à l'arène avec les anciens bronzes. Angelo s'amusait à provoquer Shun et Shiryù de ses blagues douteuses. Il rêvait de voir sortir de ses gonds l'impassible dragon chinois. Hyõga discutait avec Camus son ancien mentor. Un exploit fut souligné de la part de tous : enfin il n'appelait plus son ancien maître par ce titre surfait. Ils étaient égaux, il pouvait se permettre de l'appeler par son prénom tout simplement. Milo aimait lui rappeler que sans sa bonté et justesse d'âme, le cygne serait déplumé à l'heure qu'il est. Ikki ne se mélangeait pas trop au groupe, quand Shaka était absent il lui prêtait son temple, mais en ce moment il était là, donc le phénix devait résider dans le palais popal avec tous les autres. Et ce matin lui s'entrainait sérieusement avec Shura dans un combat non feinté. Seiya babillait gaiement avec Aiolos son ange gardien et Doko.
Ils sentirent l'appel perturbé de leur déesse et immédiatement toutes les têtes se tournèrent dans les hauteurs du domaine. Seiya, toujours prêt à s'enquérir du bien être d'Athéna n'attendit pas les autres pour monter quatre à quatre les escaliers et se rendre auprès d'elle. Essoufflé il demanda la permission d'avoir un entretien privé avec elle. Ce qui lui fut refusé, faisant un scandale elle vint elle-même à sa rencontre.
-« Seiya pourquoi ce débordement ? »
-« Saori, j'ai senti votre cosmos troublé, quelque chose ne va pas ? Vous pouvez nous le dire, vous pouvez tout nous dire. Nous sommes là pour vous protéger ! »
La jeune femme prit les mains jointes de son chevalier puis reprit :
-« Je ne veux pas affoler qui que se soit, je ne suis pas certaine de ce que j'avancerais. Mais en effet je ressens une nouvelle menace avancer insidieusement, d'où je ne peux le dire, qui, non plus. Avant d'annoncer quoi que se soit, il me faut des éléments nouveaux. Comprends-tu ? »
-« Oui, vous voulez que je ne dise rien aux autres ? »
-« C'est cela oui. Je peux compter sur toi ? Promet-moi de garder cette révélation pour toi »
-« Je vous le promets Saori »
Le jeune homme rebroussa chemin à contre cœur, n'aimant pas savoir sa princesse si inquiète, depuis le temps qu'il la sert il en discerne chaque mouvement d'humeur. Seiya descendit les marches des temples en réfléchissant, autrefois lui et ses compagnons les ont gravis dans l'urgence de la situation. Alors les Ors n'étaient que des ennemis, maintenant les choses étaient différentes. Aiolos qui veilla sur lui pendant toutes ces batailles prit une place importante dans son cœur, il aimait discuter avec le sagittaire pendant des heures et des heures. Son cadet aussi était devenu une présence indispensable pour le cheval impétueux. Sans oublié Mû, qui les aida fortement, puis Saga. Saga qu'il affronta avec ses amis fidèles, oui il c'était lié avec pratiquement tout le monde.
Il passa dans la maison du verseau où Hyõga avait prit ses quartiers d'été comme on dit, il discutait tranquillement avec son ancien « maître ». Cette anecdote fit sourire Seiya, lui et ses camarades ne cessait de se moquer de ce pauvre cygne en lui répétant que ce n'était plus la peine de prendre tant de précaution avec Camus. D'une part parce qu'il atteignit le même niveau et que d'autre part il le tua sans ménagement lors de la bataille du Sanctuaire. Conseils que ce dernier écouta puisque maintenant il arrivait à tenir une conversation sérieuse sans avoir des étoiles pleins les yeux de son Camus.
Le jeune homme continua dans sa lancée pour arriver plus bas dans la maison de la balance, elle aussi emplit du souvenir amer de la guerre. Souvenir effacé et remplacé par d'autres biens plus joyeux. Doko prenait le thé avec Shiryù et parlaient de tout et de rien. En voyant arriver son invité inopiné, le Saint le héla pour qu'il les accompagne.
-« Seiya alors qu'as-tu appris de notre déesse ? »
-« Oh rien Doko, elle ne m'a rien dit. Elle m'a rassuré puis c'est tout. Vous faite quoi ? »
-« On s'apprêtait à faire une partie de Mah Jong tu veux te joindre à nous ? Il faut que quelqu'un surveille ce fourbe de Shiryù, il triche sans arrêt ! ». Rit le chevalier.
-« Doko, personne ne pourrait croire un tel mensonge, surtout venant te ta part… Dois-je te rappeler que la dernière fois que tu as joué aux échecs avec le Grand Pope tout le Sanctuaire l'a entendu pester contre toi ? Il s'est aperçu que tu trichait ». Se défendit le dragon.
Seiya partit dans un grand éclat de rire comme il savait si bien le faire – marque de fabrique que tout le monde reconnaissait – puis déclina l'invitation.
-« Merci mais je dois aller voir… »
-« Oh attend ne me dis rien… Tu dois aller voir ce bon vieux poney fringuant c'est ça ? ». Demanda Doko.
-« Et non perdu mon vieux ! Ton bulbe se ramollit ! Je dois aller voir Mû. Aller à plus tard, et n'abuser pas trop du saké, Shiryù ne le supporte pas. Après il dit n'importe quoi ! »
-« Seiya ! ». Cria ce dernier. Mais son ami avait déjà filé.
Pégase descendit jusqu'à la maison de la vierge où il reconnut le cosmos de son ami Ikki, Shaka essayait de l'initier à la méditation, chose difficile pour un impulsif comme le phénix. Les deux chevaliers devaient être dans les appartements privés puisque Seiya ne les distinguait pas. Pauvre Ikki, cela allait prendre des millénaires entiers pour qu'il parvienne à maîtriser sa fougue.
Sur son chemin il croisa Saga et son frère qui lui sourirent volontiers – Kanon un peut moins franchement que son aîné – il était toujours difficile de savoir ce que l'ex dragon des mers pensait. Bref, il arriva enfin au premier temple. Kiki l'accueillit les bras ouverts et lui sauta dessus en hurlant son prénom.
Mû apparut en souriant les bras croisés.
-« Kiki, lâche-le il va étouffer »
-« Oh mais maître Mû je lui dis seulement bonjour ! »
-« Oui mais ce n'est pas une raison pour l'accaparer à chaque fois que tu le vois. Il a autre chose à faire »
-« Non ne t'en fais pas Mû ce n'est rien. J'aime bien Kiki, même s'il est parfois collant ». Répliqua l'ancien bronze en tirant la langue à l'apprenti.
Qui en fit de même.
-« Bon aller. Kiki hop à tes leçons ! Il me semble que tu n'as pas fini ta dissertation… ». Coupa le bélier.
-« Oh nan ! Je peux rester avec vous ? S'il vous plait ! »
-« Nan. Pas la peine de me corrompre tu le sais très bien. Cela fait déjà trois jours que tu repousses ta rédaction. Va dans mon bureau pour la terminer. Tu me la montreras demain »
-« C'est pô juste ». Trépigna le rouquin.
Il suivit les ordres de son mentor pour regagner en trainant des pieds le bureau. Seiya riait de bon cœur. Son humeur enjouée se prêtait à tous les cas de figure. Mû l'invita à entrer pour se désaltérer sur la terrasse donnant sur son jardin privé.
Ils prirent le thé à l'ombre des arbres. Cependant, une chose dérangea le bélier d'Or… Un certain espion les écoutait caché à l'abri d'une colonne. Sans se retourner Mû intensifia sa voix :
-« Sors de là Kiki tu es repéré »
Tout penaud le petit se présenta devant eux, les bras derrière le dos et la tête baissée. Il gigotait comme si des vers lui grignotaient le corps.
« Bon qu'est-ce que je t'avais dis ? »
-« D'aller dans votre bureau pour finir mon travail »
-« Et pourquoi m'as-tu désobéis ? »
-« Je voulais rester vers Seiya moi ! »
-« Ce n'est pas un jeu et tu as un apprentissage à suivre. Vas dans mon bureau immédiatement ! »
Mû joignit le geste à la parole en désignant du doigt l'intérieur du temple. Kiki une fois de plus partit en trainant des pieds et en bougonnant.
Seiya intervint :
-« Et bien quelle autorité dis-moi ! Je ne te connaissais pas comme ça ! »
-« Il faut bien mon pauvre, sans ça il n'écoute rien. Bon revenons-en à nous moutons »
-« Ah Mû ! Trop fort ! »
-« Je ne l'ai pas fait exprès… »
-« J'adore ! »
-« Je disais, ton armure est prête »
-« Déjà ? Tu as fais vite »
-« J'ai commencé par restaurer les armures divines, ce sont elles qui m'ont pris le plus de temps. Pour tout t'avouer, je n'en ai jamais réparé auparavant. Il a fallu que je me documente et que je consulte les archives de Shion. Elles m'ont donnés du fil à retordre mais elles sont terminées. Tu peux la prendre avec toi »
-« Oh super merci Mû ! »
-« De rien. Normalement elle devrait être plus puissante que les anciennes, j'y ai ajouté un minerai rare. De l'orichalque mais chut… Il ne faut pas prononcer ce mot »
-« Pourquoi ? ». Chuchota le jeune homme.
-« Parce que c'est un minerai précieux venu tout droit de l'Atlantide… J'ai trouvé un petit gisement mais je ne dévoilerai pas où… Il est amoindri, il faut faire très attention car il est convoité… Seiya. Prend soin de ta nouvelle armure et elle te portera par delà les ténèbres et les bas fonds »
-« Ouah cool. D'accord, je ne dirais rien mais Mû j'espère que tu n'as pas pris de risque pour enrichir nos armures tout de même »
-« Non ne t'inquiète pas, tout risque que je peux prendre est considéré avant. Je ne fais rien à la légère »
Les deux chevaliers terminèrent leur collation puis Pégase regagna ses appartements privés dans le treizième temple. Tous les chevaliers divins y séjournaient, sauf Hyõga qui s'installa dans le temple du verseau. Ce qui agaçait d'ailleurs Milo. Il ne profitait plus de son tendre Camus comme avant la venue de son ancien disciple.
Il bougonnait tout seul dans le salon du onzième temple pendant que son aimé préparait des champignons farcis aux escargots aidé de son commis : Hyõga le susnommé.
-« Arrête de ronchonner Milo tu vas attraper des rides avant l'heure ». Ironisa le français.
Assis sur le canapé une jambe repliée sur l'autre, les bras croisés Milo ne répondit rien. Il fabriquait du boudin grec.
-« Et puis si tu n'y mets pas plus d'enthousiasme tu n'en auras pas ». Rajouta le cygne.
-« M'en fiche j'aime pas ces cochonneries c'est dégueulasse ! ». Contre attaqua le scorpion.
Camus se retourna choqué.
-« Milo ! Tu insinues que ma cuisine est dégueulasse !? »
-« Mais nan enfin Camus je n'ai pas dis ça ! C'est que… C'est que tes machins gluants ça c'est dégueulasse ! Je n'y toucherai pas et tu ne me forceras pas à en manger ! »
Le chevalier du verseau s'approcha tout près de son amant, se pencha à son oreille et lui murmura ces paroles :
-« Pas même si je te promets un dessert particulier ? »
-« Quoi comme dessert ? »
-« Un Camus en chocolat… J'ai fais de la mousse pralinée spécialement pour toi… Je pensais la déguster une fois seuls dans ton temple mais comme tu n'as pas l'air décidé… »
Milo se redressa soudain et bafouilla empressé.
-« Quoi ! Tu plaisantes ? Si, si… Bien sûr que si j'en ai envie. J'adore le chocolat tu le sais bien. Dépêchons-nous de dîner et passons au dessert ! Hop Hyõga du balai ! »
Seiya passa au même moment mais ne comprit pas pourquoi le chevalier du scorpion semblait agité.
Il regagna ses pénates en détectant imperceptiblement l'aura troublée de sa déesse. Décidément, il se tramait quelque chose de pas net pour qu'Athéna soit encore contrariée. Il rejoignit ses camarades dans le salon privé du Pope.
ooOoOoo
En Enfer Hadès aussi semblait préoccupé. Il devenait de plus en plus sombre au fil des jours écoulés. Essayant de masquer son inquiétude sans résultats probants. Ses dieux mineurs le ressentirent, son trouble, ainsi que ses trois fidèles juges.
Depuis sa défaite il c'était fait à l'idée de ne plus attaquer la Terre, enfin pour être exacte d'imposer sa vision des choses aux humains. Lui de son point de vue il ne souhaitait que de leur venir en aide pour apaiser leurs âmes tourmentées. Seulement sa nièce n'avait pas la même vision que lui. Depuis la dernière Guerre Sainte il employait tout son temps à soulager ses spectres, les choyer parce qu'ils représentaient ses enfants. Seuls ses dieux mineurs subsistaient loin de lui. Loin de son point de vue car en réalité ils séjournaient à Elysion mais Hadès aimait avoir autour de lui tout son petit monde pour être entouré par ses sujets. Il pouvait leur prouver sa reconnaissance et veiller sur eux. Il voulut les forcer à venir aux Enfers, ce qu'ils ne concédèrent pas. Pourtant pour leur divinité sacrée ils s'efforçaient d'apparaître bien plus souvent.
Le visage d'Hadès s'illumina quand il vit devant lui Thanatos et Hypnos. Il se leva de son trône pour les accueillir et tendit ses bras.
-« Venez mes enfants »
Ces élans d'amour paternel surprirent les dieux jumeaux au tout début, n'étant pas habitués à ces démonstrations d'amour. Au final ils trouvaient cela plutôt agréable. Sentir le cosmos doux et apaisé d'Hadès était comme un cadeau.
Ils vinrent tout naturellement dans ses bras. Le dieu des Enfers serra sa prise sur les deux corps blottis contre lui.
« Mes chers petits… Mes tendres petits… Vous m'avez manqués »
-« Majesté ? »
-« Oui Thanatos qui y a-t-il ? »
-« Vous êtes troublés depuis ces derniers temps. Nous nous inquiétons pour vous. Que vous arrive-t-il ? »
Hadès soupira.
-« Ne vous en faites pas, rien de grave »
Hypnos s'écarta puis continua.
-« Majesté excusez-moi d'insister mais nous voyons bien que vous êtes préoccupé. Dites nous de quoi il s'agit, nous ne pouvons pas rester dans l'ignorance »
-« Bien mes chers petits. Suivez-moi, ne restons pas ici »
Il se leva pour amener ses dieux dans ses appartements privés dans son palais. Personne ne pourrait les déranger.
Hadès entra en premier dans un de ses salons, le plus intimiste. Celui qu'il utilisait quand il voulait se retrouver seul avec Perséphone. Mais maintenant il l'avait réaménagé pour ses entrevues avec ses subordonnés préférés. Il passait à autre chose. Il appela des serviteurs qui apportèrent des corbeilles de fruits et des victuailles pour les dieux jumeaux, ainsi que des boissons rafraichissantes.
Installés sur des méridiennes les jumeaux dégustaient des grappes de raisins et autres framboises. Thanatos reprit son idée fixe.
-« Majesté vous êtes mélancolique. Quelque chose ne va pas ? Souhaitez-vous retrouver la lumière du jour ? »
-« Non pourquoi cette question ? Je suis très bien ici. Il est vrai que l'obscurité des Enfers peut devenir pesante mais rien de tout cela »
-« Vous allez nous quitter pour retourner sur le Mont Olympe ? ». S'informa le dieu du Sommeil.
-« Non plus Hypnos, rassure-toi. Je ne vous abandonnerais pas voyons. Nan en faite autre chose me préoccupe. Il est vrai. Pour tout vous dire… Je sens une menace se profiler à l'horizon… Je crains que la Paix soit en précarité »
-« De quoi s'agit-il ? Vous le savez ? ». Intervint Thanatos.
-« Je pense oui… Puisque la menace ne vient pas de bien loin… C'est pour cela que je peux la sentir aussi bien »
Les jumeaux restèrent la journée près de leur déité sombre. Hadès effectuait des allées et venues plus fréquentes pour rendre visite à ses spectres dans les différentes prisons. Il rendit aussi sa liberté à Orphée qui continuait de descendre une fois par semaine pour offrir un concert privé pour le monarque des Enfers. Ainsi qu'à ses spectres désireux de s'enrichir musicalement. Tous appréciaient sa mélopée sauf les trois juges étonnement.
Il était accompagné de ses dieux protecteurs quand ils croisèrent Kagaho dans la quatrième prison. Ce dernier fit la révérence à son dieu quand il le vit arriver dans son champ de vision. Les jumeaux se regardèrent et poussèrent une onomatopée qui évoquait une mesquinerie.
-« Relève-toi Kagaho. Que fais-tu ici ? »
-« Majesté. C'est Eaque qui m'a affecté dans cette prison pour la semaine »
-« Bien je vois. Je te laisse à ta tâche alors »
-« Majesté »
Le spectre du Bénou regarda s'éloigner son Dieu accompagné de ses gardes du corps personnels. Il ne pouvait pas les voir en peinture, d'ailleurs aucun soldat de ce domaine ne les portait dans leurs cœurs. Kagaho fut troublée par l'aura confuse d'Hadès. Etant son plus fidèle serviteur il n'eut aucun mal à la percevoir, il se désespérait de n'être relégué qu'à subordonné du troisième juge. Il méritait de résider tout près de sa majesté pour le protéger au mieux. Qui d'autre que lui vouait une admiration sans borne au dieu des Morts ? Personne.
De plus, une rancœur persistait entre lui et Eaque. Ne digérant pas sa dépossession de son titre, le juge gardait une amertume envers son spectre. Durant la Guerre du XVIIIème siècle il l'avait déchu et mené à la déchéance en lui rendant sa vie humaine. Misérable vie humaine. Eaque continuait de le lui faire payer et ce en toutes occasions.
Kagaho essayait de ne pas tomber dans la haine mais cela s'avérait bien difficile. Surtout quand on porte comme totem l'étoile de la Violence. Il sortit de son surplis une chaine ornée d'un médaillon. Il le serra de toutes ses forces contre son cœur, ouvrit le bijou pour y découvrir la photo de Sui son frère. Son doux frère. Kagaho ferma les yeux tellement forts pour empêcher les larmes de couler. La seule raison qui pouvait l'affaiblir c'était l'évocation du souvenir de son petit frère. Rien ni personne n'était capable de le rabaisser, pas même les offenses du Garuda. Un jour Hadès le reconnaitrait à sa juste valeur, oui un jour il aurait l'opportunité de le servir personnellement.
Ou alors, malheureusement il finirait par achever Eaque dans un accès de colère. Colère qu'il parvenait à maîtriser pour l'instant… Kagaho n'avait qu'un seul but : protéger Hadès, l'être le plus pur de toute la création. Il retrouvait en son seigneur un peu de l'innocence de Sui et de sa fragilité. D'aspect extérieur le dieu des Enfers pouvait paraître frêle même s'il n'en était rien. Mais dans son regard vivait une sorte de mélancolie permanente. Et ça, Kagaho désirait la faire disparaître pour ne plus souffrir de voir son altesse nager dans des eaux troubles. Il méritait tellement d'être apaisé de tous les maux. Le Bénou se faisait un devoir personnel de le protéger, de veiller sur lui, même de loin. Mais jamais il ne baisserait les bras.
Une fois sa ronde effectuée, Kagaho se rendit au troisième tribunal pour faire son rapport. Eaque était en plein jugement, il fallut attendre que messire ait terminé pour pouvoir entrer. Un gardien l'annonça à sa seigneurie puis il entra. Les lourdes portes en bois s'ouvrèrent sur Eaque installé derrière son pupitre au dessus des interminables marches en marbre blanc. Ce dernier ne releva pas la tête, il faisait languir son soldat exprès. Tous les affronts étaient permis. Au bout d'un certain temps, le spectre se fit remarquer en s'exprimant.
-« Seigneur Eaque »
Suivit d'une courbette cela va s'en dire.
Le juge grattait inlassablement son parchemin sans prêter attention au nouveau venu. Impatient, celui-ci reprit.
« Je suis venu vous faire mon rapport de fin de journée »
Eaque daigna enfin relever la tête, jeta un regard désobligeant à son encontre sans dire mot. Les portes s'ouvrirent de nouveau sur Minos du Griffon qui venait chercher son ami pour partir. Il passa près de Kagaho sans en faire de cas.
-« Eaque, il est l'heure, viens-tu ? »
-« Oui mon ami, une minute. Je range mes affaires et je suis à toi »
L'égyptien retenait bien mal sa colère. A chaque fois qu'il devait se présenter devant son supérieur, il recevait maintes et maintes humiliations. Eaque essayait de le mettre à mal, de le pousser à bout pour qu'il commette une faute grave. Le juge justement descendit les marches aussi dignement que son animal fétiche pour contourner Kagaho qui attendait toujours. Quand il passa près de lui le spectre le retint par le bras. Surpris Eaque s'arrêta et tourna sa tête. Il siffla d'un ton sec :
-« Comment oses-tu porter la main sur moi ? Sache qu'on ne touche pas impunément un commandant des armées d'Hadès ! Tu vas le payer »
Minos ricana en se pourfendant d'un sourire dévoilant ses canines acérées. Une altercation doublée d'une punition représentait un spectacle unique de ravissement le concernant.
Kagaho soutint le regard meurtrier du juge sans lâcher sa main. Doucement mais fermement il articula bien tous les mots.
-« Seigneur Eaque, je ne fais preuve d'aucune insubordination, je viens seulement vous faire mon rapport et j'estime que vous devez l'écouter. Ceci fait parti de vos missions. Je n'ai pas que ça à faire d'attendre toute la soirée votre bon vouloir. Je ne vous manque en aucun cas de respect »
Désarmé face à cette vérité Eaque n'eut d'autre choix que d'écouter le récit de son subordonné qu'il récitait bien contentieusement en omettant aucun détail de sa journée – lui aussi pouvait faire preuve de manigance pour ulcérer son supérieur.
(suite…)
