Novembre 2009, Tokyo.

« Qu'est ce que je fais la? » Chaque personne s'est au moins une fois posé cette question. En ce moment même s'était au tour de Keiichiro Koyama de se le demander. Accepter de venir au mariage de son meilleur ami avait été une évidence, mais celui-ci avait omit de lui préciser qu'on l'installerait à une table où il ne connaissait personne, avec les grands-oncles et les grandes-tantes éloignés et parlant de sujets particulièrement vides.

-Ce coup la mon petit Shige, tu me le paieras! Se répétait-il depuis le début du repas.

Il bailla encore une fois et se tourna vers la piste, où les nouveaux mariés allaient entamer la première danse. Ils étaient vraiment beaux tous les deux, et Koyama se félicita encore une fois d'avoir présenté la jeune fille à Shige deux ans plus tôt.

-Quel manque de reconnaissance... je fais tout pour eux et voilà comment on me remercie... Se dit-il en reposant ses coudes sur la table.

Bien sur, il n'y avait pas que des désavantages à un mariage. On peut manger gratuitement et autant que l'on veut sans paraître impolie puisque tout le monde fait de même, rencontrer des gens différents et plus ou moins intéressant et leur raconter sa vie comme si on se connaissait depuis toujours, ou encore regarder les femmes et se demander combien d'argent chacune d'entre elle a pu dépenser dans une nouvelle robe ou un nouveau chapeau pour être « la plus belle » et se faire remarquer.
D'ailleurs à cette cérémonie, il y en avait beaucoup, des femmes. La mariée avait dû inviter tout son carnet d'adresse, et elles étaient toutes plus belles les unes que les autres dans leurs habits de marques, se déhanchant au rythme de la musique perchées sur leurs grands escarpins. Qu'elles soient belles, Koyama ne le niait absolument pas. Certaines d'entre elles avaient même tenté de l'approcher et de s'attirer ses faveurs, mais aucune n'était parvenu à lui faire le moindre effet, à lui qui aimait les hommes. Cela lui aurait presque fait de la peine d'ailleurs, qu'elles ne lui fassent aucun effet, car à l'inverse de sa femme, Shige n'avait lui invité que très peu de ses amis, et aucun n'était à son goût ou susceptible d'être intéressé, ce qui avait pour effet de décupler son ennui. En tant qu'homme bien élevé il accepta de faire danser une des vieilles femmes présente à sa table et qui en mourrait d'envie. Tout en dansant, il pensait à une excuse pour pouvoir partir un peu plus vite sans vexer son meilleur ami...prétexter un malaise? Non, Shige insisterait sans doute pour le raccompagner personnellement, et cela gâcherait la fête...une urgence? Oui mais laquelle? Il n'avait pour ainsi dire pas de famille donc personne pour qui s'inquiéter. Non, il était définitivement condamné à rester.

Quand la musique se stoppa enfin, il couru se rassoir pour ne pas avoir à danser d'avantage. Assit sur sa chaise, il en profita pour respirer un peu en étendant ses jambes. Une main vint le surprendre en se posant sur son épaule. Il sourit en reconnaissant son meilleur ami.

-Shige! Alors sa fait quoi de s'être fait passer la corde au cou? Lui demanda-t-il en riant?

-Haha très drôle Keii, tu verras quand sa t'arrivera! Tout ce passe bien pour toi?

-on verra sa...Oui oui, tout est parfait, ne t'occupe pas de moi, va rejoindre madame!

Shige lui sourit et se déplaça vers une autre table. Koyama soupira et leva les yeux au ciel, remerciant toutes les divinités imaginables de ne pas avoir fait durer cette conversation, qui le mettait mal à l'aise à chaque fois qu'elle pointait le bout de son nez. Il n'avait jamais avoué a Shige qu'en vérité il ne se marierait jamais, qu'ils ne partageraient pas les même expériences, et que leurs enfants ne grandiraient jamais ensemble, car tout cela il y avait totalement renoncé en assumant sa sexualité. Assumer...plus ou moins pleinement, puisque même son meilleur ami n'était pas au courant. Ils se connaissaient depuis leur entrée au collège, mais Koyama s'était toujours arrangé pour que Kato ne remarque ni ne soupçonne rien, car en vérité il craignait sa réaction. Shige avait beau être quelqu'un de bien, ses réactions étaient parfois imprévisibles et son esprit assez peu ouvert sur certain points, dont celui-ci. La bonne occasion ne s'étant encore jamais présentée, Koyama gardait pour l'instant son secret intact. Tout en secouant la tête, il se leva pour aller chercher un vert d'alcool fort, solution efficace contre les idées noires. Il déambula donc entre les tables, accrochant des bribes de conversations, évitant de justesse des enfants imprudents qui couraient entre les tables, et arriva finalement au buffet, où il interpella une jeune serveuse occupée à parler avec une de ses collègues.

-Mademoiselle, une vodka martini s'il vous plait, mais au shaker, pas à la cuillère!

Au regard vide et à l'absence de réaction qu'elle lui rendait, Koyama ne put que soupirer, une fois de plus. Quel manque de culture! Alors les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent même pas la mythique boisson de l'espion britannique le plus célèbre du monde? Il secoua la tête et passa de l'autre côté du comptoir.

-Vous permettez que je le fasse moi même?

Toujours aucune réponse, alors il appliqua le bon vieux proverbe « qui ne dit mot consent », et prépara lui même son cocktail, qu'il décida de repartir siroter à sa table. Sur le chemin, un enfant qui était encore en train de courir et qui ne regardait probablement pas devant lui rentra dedans et retomba lourdement sur le sol. Koyama posa alors son verre sur la première table à sa portée, et aida l'enfant à se relever, vérifiant qu'il n'avait rien avant de le laisser repartir. Le petit garçon recommença immédiatement à courir. Il chuterait encore, cela ne faisait aucun doute.
Au moment de se relever, il percuta encore quelqu'un.

-décidément, pensa-il, c'est pas ma soirée.

Il se retourna et voulu s'excuser, mais aucun mot ne parvint à sortir de sa gorge.
Devant lui se tenait la créature la plus magnifique qui lui avait jamais été permit de voir, et qu'il détailla allègrement de haut en bas. Légèrement plus petit que lui, le jeune homme portait une chemise blanche qui soulignait la perfection de ses formes et la fine musculature de son buste. Sa taille était parfaitement marquée et son pantalon de costume noir moulait ses jambes élancées et bien proportionnées. Son visage fin était entouré de cheveux bruns ondulés, et une mèche recouvrait son front, cachant presque son œil droit. Ces yeux marron et ce nez si parfaits, cette bouche voluptueuse et attirante...n'importe quel artiste aurait vendu son âme pour avoir un cliché de ce visage ou pour pouvoir faire sa muse de cet être si sublime.

Prit dans sa contemplation, Koyama ne remarqua pas le sourire gêné qui se dessinait sur le visage de son homologue.

- Hum...excusez-moi.

Il cligna des yeux comme s'il venait de se réveiller, et regarda l'autre jeune homme, visiblement embarrassé d'être détaillé ainsi.

-Oh, excusez moi je...je suis vraiment confus! Je ne sais pas ce qui m'est arrivé! S'exclama Koyama qui sentit ses joues s'empourprer.

-Je vous en prie ce n'est pas grave. Sa peut arriver à tout le monde. Vous êtes un invité de la mariée? Il ne me semble pas vous avoir déjà vu... lui demanda son homologue en souriant.

Ce sourire...Koyama dut se concentrer pour pouvoir répondre à la question tant il était éblouissant.

-Non en réalité je suis un des meilleurs amis de Shige...Mais si vous ne m'avez pas remarqué c'est parce qu'on m'a lâchement exilé à une table isolée. Répondit-il en grimaçant.

L'autre éclata de rire, un rire qui sonna comme le plus agréable des sons aux oreilles de Koyama. Trop de perfection pouvait donner la nausée, mais dans son cas, c'était juste délectable, presque exquis.

-Je comprends mieux, reprit l'autre. Je suis aussi un ami très proche de Shige mais je crois qu'il ne nous a jamais présenté.

-Je ne crois pas en effet. Mon nom est...excusez moi.

Pourquoi maintenant? Pourquoi fallait il que ce maudit téléphone portable sonne toujours au mauvais moment? Il décrocha en maugréant.

-Qu'est ce que tu veux Masuda?

-Aah quel charmant accueil! Moi aussi j'aurai bien aimé ne pas avoir à vous appeler à cette heure-ci, mais le Dragon en a décidé autrement. C'est urgent alors ne discutez pas et dépêchez vous de venir!

-clic-. Son coéquipier qui lui raccrochait au nez...Koyama en resta médusé quelques instants, puis rangea son téléphone et se retourna.

-Je suis désolé, obligations professionnelles, je dois y aller. Passez une bonne fin de soirée.

Et sans attendre de réponse, il courut récupérer son manteau et partit héler un taxi. A peine monté dans le véhicule, il recommença à penser à sa merveilleuse rencontre avec...Avec...

-Espèce d'imbécile! S'emporta il contre lui même.

-Quelque chose ne va pas monsieur? Lui demanda le chauffeur dans le rétroviseur.

-Ce n'est rien, continuez à rouler s'il vous plait. Lui répondit Koyama, honteux.

Son nom, il ne lui avait même pas demandé! Comment avait il put partir en oubliant une chose aussi importante? Demander à Shige le nom d'un homme serait étrange...il se mordit les doigts d'avoir pu oublier une telle chose alors qu'il était évident qu'il avait eu un coup de foudre pour lui. Il n'eut pas le temps de ruminer d'avantage, car son taxi venait d'arriver à destination. Il paya le chauffeur, réajusta son manteau et sortit de la voiture.

Devant lui s'élevait un grand bâtiment gris et blanc, le Département de la Police Métropolitaine de Tokyo, son lieu de travail. Il passa toutes les portes, saluant les gardes de nuit, prit l'ascenseur et se rendit dans la salle où devait se tenir la réunion.

-Bonsoir Masuda! Magnifique soirée n'est ce pas? Être au mariage de mon meilleur ami alors que j'aurai pu venir directement au bureau, vraiment je ne sais pas ce qu'il m'a prit!

-Gardez vos sarcasmes Koyama, on voudrait tous être ailleurs, mais le Dragon a insisté.

Bien que leurs échanges soient souvent secs et pleins de petit pics, lui et Masuda, son collègue, entretenaient un profond respect et une grande sympathie l'un pour l'autre. Leur manière de le montrer était juste...particulière, et leur convenait à tous les deux. Leurs autres collègues le savaient, et avaient appris à faire avec leurs répliques cinglantes, qui, honnêtement parlant, mettaient de l'ambiance dans leur équipe.

-Au fait James Bond, reprit Masuda, comment se passait la soirée?

Koyama sourit. James Bond. S'était son admiration sans faille pour le héros de Ian Fleming qui lui avait valu ce surnom. Il vivait pour cet idole fictive, récitait des répliques de certains films, buvait la même chose que lui, et un jour, s'était son rêve le plus fou, il s'offrirait une Aston Martin!

-Et bien...J'aurai donné n'importe quoi pour partir, mais il a fallu que tu m'appelles juste quand la soirée devenait intéressante. Répondit-il en repensant à sa rencontre angélique.

-Oui mais les ordres sont les ordres! [i]Il[/i] n'aime pas qu'on les discute, tu le sais. Intervint un des hommes présents dans la salle.

-Tient, en parlant du Dragon, on en voit les flammes... dit Koyama En fronçant les sourcils.

Un homme un peu plus vieux que lui entra dans la pièce. Nishikido Ryo, 32 ans, leurs chef de brigade. Il avait acquit le respect de tout le département en gravissant les échelons à une vitesse fulgurante jusqu'à devenir chef d'équipe, mais malgré ce respect, on lui avait attribué ce surnom peu flatteur à cause de son caractère explosif et de sa rigidité permanente. Personne ne l'avait jamais vu se détendre, tout comme personne n'était jamais sortit avec lui après le travail comme cela arrive entre collègue. Non, Nishikido était chef, et s'en tenait à ce rôle.

-Bonsoir à tous. Dit il en entrant dans la salle pour s'installer au bout de la table qui s'y trouvait.
-Bonsoir. Répondirent d'une seule voix toutes les personnes présentes, en s'asseyant de part et d'autre de cette même table.

-Je sais que nous somme samedi, vous comme moi aimerions être autre part en ce moment, mais les criminels eux n'ont pas de week-end.

-...Si seulement... grogna un agent.

-On se passera de vos remarques Nakamaru. Claqua Ryo. Bref continuons. Messieurs comme vous le savez, cela fait plusieurs mois que nous traquons un important réseau de trafiquants de drogue, dont nous avions perdu la trace en Septembre dernier... une de nos sources vient de nous informer qu'ils allaient reprendre du service dans les semaines à venir, aussi nous allons nous concentrer exclusivement sur cette affaire à partir de maintenant. Des questions?
-Oui, moi. Commença Koyama.

-Je vous écoute.

-A vrai dire...vous auriez pu nous annoncer cette nouvelle lundi matin non? Pourquoi de nuit, un samedi?
-Très bonne question Koyama. Vous n'ignorez pas que certains membres de ce gang sont nos alliés...or il semble que la réciproque soit vraie et que nous n'ayons pas que des gens honnêtes parmi nous. Je vous ai donc réunit ici pour plus de discrétion, pour pouvoir parler en toute tranquillité. Je compte évidement sur chacun de vous pour ne parler de cette enquête à personne, pas même votre famille, ou vous vous verriez retiré de la liste des enquêteurs. Sur-ce messieurs, vous pouvez retourner à vos activités. Bonne fin de week-end à tous.

Koyama s'avachit dans sa chaise et pris une grande inspiration...alors on avait ruiné sa rencontre avec le potentiel homme de sa vie...pour sa? Quel gâchis! Il regarda sa montre. Elle indiquait 23h50...le mariage devait encore battre son plein mais y retourner signifiait devoir encore danser avec une vieille tante, supporter des enfants, et avoir à complimenter des jeunes filles insipides sur leur robe... non, pour n'importe quel homme, il n'était pas prêt a revivre sa. Il frissonna à cette idée, et décida finalement de rentrer chez lui en prenant le dernier métro. Le trajet ne fût pas long. Il arriva chez lui, pris une douche, se changea et s'endormit aussitôt, l'image de [i]cet[/i] homme en tête.

Il passa le reste le reste de son week-end et le début de sa semaine à se replonger dès qu'il avait du temps libre dans le dossier de l'enquête qu'il avait quelque peu délaissé. Un réseau de trafiquants et de dealers de drogue opérant dans les boites de nuit branchées de Tokyo. Il y avait déjà eu trois morts par overdoses, et deux petits revendeurs exécutés, probablement à cause de leur manque de résultats. Ce qui l'inquiétait le plus était que le groupe avait cessé ses activités sans aucune raison apparente...pourquoi la reprendre maintenant dans ce cas?

Comme aucune réponse qu'il se proposa ne trouva grâce à ses propres yeux, il revînt la où il s'en était arrêté: à relire le dossier. Il passait le plus clair de son temps enfermé dans le bureau de son grand appartement pour réfléchir, et cela ne dérangeait personne, puisqu'il n'avait ni femme ni enfants, pas de relations sérieuse dans le moment, et que sa famille ne se souciait pas de lui. Son père l'avait chassé de la maison dès qu'il avait eu 18 ans en apprenant qu'il était gay, et il avait préféré rompre le contact avec sa mère pour ne pas lui attirer les foudres de son mari. Néanmoins, celle-ci avait insisté pour lui verser une somme d'argent nécessaire à ses études et son loyer chaque mois. Dès qu'il avait intégré la police et perçu son premier salaire, il avait téléphoné à sa mère pour la remercier et lui dire qu'il se débrouillerait, et à présent il était autonome...et seul. Il avait cependant bon espoir que la colère de son père ne soit pas éternelle.

-Après tout, seuls les diamants le sont! Pas vrai Goldfinger? Dit-il en s'adressant à son chat. Tient si je regardais un dvd...

Son choix tomba logiquement sur une des aventures de son héros, qu'il regardait à chaque fois avec les yeux aussi pétillants que si s'était la première. Au milieu de son extase, son téléphone portable sonna, le frustrant horriblement.

-Allô? Décrocha-il sèchement.

-Ah toi, je t'ai interrompu pendant un film, je me trompe? Dit une voix rieuse à l'autre bout du fil.

-Shige! Comment vas-tu? Non non ce n'est rien, j'étais juste en train de regarder [i]Au service de sa Majesté[/i] et-

-et j'ai osé t'appeler? Que je sois maudit dans l'instant!

Ils éclatèrent de rire tous les deux.

-Plus sérieusement, repris Kato, tu t'es enfuie de mon mariage sans prévenir et depuis je n'ai plus de nouvelles...Tout va bien?

-Oui oui, j'ai eu un appel de Masuda au boulot alors j'ai du y aller.

-Rien de grave j'espère? Pour t'appeler un samedi soir...

-Ne t'inquiètes pas, c'est déjà réglé.

-Tant mieux. Donc si je t'invite maintenant à boire un verre tu peux?

-Bien sur!

-Parfait, alors je t'attends au Rising Sun pour 20 heures d'accord?

-Pas de soucis, j'y serais.

Après tout, une petite sortie ne lui ferait pas de mal, il en avait assez de ressasser encore et encore le même dossier depuis quatre jours. Il se prépara donc, optant pour une tenue décontractée, de rigueur quand on sort simplement avec son meilleur ami, et se retrouva à prendre le bus en direction du bar, qui se trouvait dans le quartier de Shinjuku. Il possédait son permis de conduire, mais il avait une horreur toute particulière d'être derrière un volant, et s'adonnait à cet exercice aussi peu souvent que possible. Bien sur, le jour où il aurait son Aston Martin, il se forcerait à la conduire...pour la bonne cause! Il arriva au lieu de rendez-vous pile à l'heure, et salua le patron avant de rejoindre Shige, déjà assit à leur table habituelle, face à la salle.

-Just on time gentleman! Lui lança-t-il en le voyant arriver.

Koyama éclata de rire. D'aussi loin qu'ils se connaissaient, Shige avait toujours pris avec humour son addiction à l'espion britannique, mais sans aucune moquerie.

-Au fait, j'ai invité un autre ami, il ne connait pas ce bar. Sa ne te dérange pas j'espère!

-Pas du tout au contraire, dit Koyama en s'installant. Rhaa Shige t'abuses! Tu sais très bien que j'aime pas tourner le dos à la salle! Se plaignit-il.

-C'est un cas de force majeur! Je dois pouvoir le repérer quand il rentrera!

-Juste pour cette fois alors...dit il en boudant.

Kato roula des yeux et ils commandèrent. Le troisième homme ne devait arriver qu'une demi-heure plus tard, alors ils entamèrent une conversation sur la destination du voyage de noce de Shige et sa femme. Alors que Madame Shigeaki recommandait la France, pays de culture et dont la cuisine et les paysages sont appréciés dans le monde entier, à son fils, sa belle-mère elle, leur déconseillait vivement ce pays de brutes impolies et pressées, et aurait préféré que les tourtereaux aillent en Islande, destination beaucoup plus atypique et originale.

Koyama n'en pouvait plus de rire devant les mésaventures de son ami, qui finalement avait décidé de laisser les femmes se débrouiller entre elles. Soudain Shige regarda vers la porte:

-Tient le voilà! Dit-il tout en faisant un signe à celui qui venait de passer la porte du bar. J'arrive Keii. Ajouta-il en se levant pour aller chercher son ami.

Koyama attendit, et se leva quand il entendit Shige et son ami revenir.

- Keii, laisse-moi te présenter Yamashita Tomohisa.

Koyama se retourna, tendit la main, mais aucun son ne sortit de sa bouche et ses yeux s'arrondirent exagérément. S'était [i]lui[/i]. Son ange, celui qu'il n'aurait jamais pensé revoir. Cette fois-ci, il avait les cheveux tirés en demi-queue, le visage rosie pas le froid de l'extérieur, et un épais manteau, mais il restait parfait. Incroyablement parfait.

-C'est la deuxième fois que vous me détaillez quand on se rencontre. Je dois vraiment avoir un truc qui cloche! Pouffa le nouvel arrivant.

Ce rire, si chantant... S'il avait du mettre un mot sur ce qu'il ressentait dans l'instant, Koyama aurait parié sur « un second coup de foudre ». Il ne voulait pas détacher ses yeux de lui, mais les règles de la politesse l'exigeant, il dut encore s'arracher à sa contemplation pour se présenter.

-Encore une fois je suis plus que mal poli. Koyama Keiichiro, je crois que je n'avais pas eu le temps de vous le dire la dernière fois.

-Non en effet. Enchanté. Lui répondit Yamashita en souriant.

Ils expliquèrent à Shige, un peu perdu, ce qui s'était passé le jour du mariage, puis ils s'assirent et recommencèrent à parler après que le nouvel arrivant ait commandé.

-Alors Tomo, comment sa se fait que tu ais fini aussi tard? Demanda Kato.

-Je devais faire l'inventaire avec un collègue, mais il m'a planté alors j'ai du le faire seul, sa m'a pris un peu plus de temps.

-Vous travaillez dans un magasin? Demanda Koyama

-Oui, une petite boutique de vêtements dans une des tours de Shibuya. Et vous?

-Vous ne voulez pas vous tutoyer? J'ai l'impression d'être avec deux étrangers. Les coupa Kato.

Koyama remercia intérieurement Shige d'être intervenu. Il ne voulait pas se lancer dans une explication précise de son travail.

-Moi je veux bien...si sa ne dérange pas Koyama. Dit Yamashita en baissant les yeux vers la table.

Koyama trouva cette réaction extraordinairement mignonne. lui refuser quoi que se soit après sa? De toute façon, il n'avait jamais eu l'intention de refuser.

-Pas du tout. Répondit-il. Tu peux y aller. Ajouta-il à l'intention de Yamashita comme pour lui montrer que lui n'était pas le moins du monde gêné.

L'autre lui sourit, et ils recommencèrent à parler, de découvrant mutuellement. Koyama buvait chaque parole que Tomohisa prononçait, il se noyait dans ses yeux bruns qui pétillaient quand il parlait d'une de ses passions comme la musique, mais faisait toujours attention à ce que Shige ne remarque rien. Ils en arrivèrent à parler du cinéma.

-Et toi Koyama tu préfères quel genre de film? Lui demanda Yamashita.

-Aïe aïe aïe Tomo je t'en supplie, ne le lance pas la dessus! Fit Shige en se prenant la tête dans les mains, ce qui eut pour effet de faire rire Koyama, et d'étonner son ami.

-Bah...pourquoi sa? Demanda-il, déconcerté.

-Pour te dire la vérité, commença Koyama, tu verras en apprenant à me connaître que je suis un...Disons un fan inconditionnel de James Bond...comme d'autre peuvent être fans de baseball ou de basket je suppose. Dit-il

-Fan? Tu veux rire? Tu es la pire des groupies! Tomo, tu me crois si je te dis qu'il a quand même appelé son chat Goldfinger? S'exclama Shige

Yamashita éclata de rire.

-J'ai hâte de découvrir tes autres vices Koyama!

Des papillons s'envolèrent dans le ventre de Koyama. Sous ses airs anodins, cette phrase indiquait implicitement que Tomohisa comptait le revoir. Il rayonnait intérieurement. Shige reçu un message, et se leva après l'avoir lu.

-Désolé les amis, madame veut que je rentre. Dit-il en enfilant son manteau.

-Mais il n'est que 22h30! S'exclamèrent les deux autres à l'unisson.

-Je tiens à préserver mon mariage les gars! On se rappelle! Leur répondit Kato en s'éloignant.
-...Mari soumis! Se moqua Koyama en faisant la moue.

Yamashita rit encore une fois, puis le silence s'abattit entre eux. Koyama avait des tonnes de questions à lui poser, mais ne voulait pas ressembler à un gros lourd alors il les gardait pour lui et cherchait un autre sujet de conversation.

-C'est vrai que mine de rien, il n'y a plus de bus et il n'y aura bientôt plus de trains. Tu habites loin? Demanda-il.

-Non pas du tout, j'habite un petit appartement à la limite de Shimura et de Shinjuku. Et toi?

-A la bordure entre Shinjuku et Chiyoda. C'est pour sa qu'on a choisit ce bar avec Shige, il était à distance égale de nos deux appartements, et puis c'est plutôt tranquille.

-C'est vrai, il faudra que je revienne.

-Et si tu as besoin de compagnie, n'hésites pas à m'appeler. Dit Koyama en riant.

-Oui, se serait bien. Lui répondit Tomohisa.

Koyama cessa de rire, le regarda et lui sourit. Il n'arrivait plus à se retenir, il fallait qu'il trouve un moyen de le lui faire dire...n'importe quelle occasion serait la bonne. Yamashita éternua.

-Tu devrais rentrer! La température va encore baisser cette nuit, si tu rentres trop tard tu vas attraper la mort!

-Tu as raison, j'ai pas envie de ressembler à un zombie demain. Acquiesça Tomohisa.

Ils décidèrent d'échanger leurs numéros, payèrent leurs consommations et sortirent du bar. Dehors, il avait commencé à pleuvoir.

-Rentre vite, et demande à ta copine de te faire un thé! Dit Koyama en souriant.

Sa y est, il l'avait enfin dit, il allait avoir sa réponse.

-Elle doit déjà dormir...je me débrouillerais. A la prochaine! Lui répondit Tomohisa en s'éloignant.

Dès qu'il fut retourné, Le visage de Koyama se referma. Il avait joué, il avait perdu. Game over... Et puis après tout non. Il l'avait décidé, cet ange serait à lui, il ne perdrait pas face à elle! Try again.


Et voilà, le premier chapitre de rqpty (abréviation assez moche, je vous l'accorde). J'espère qu'il vous aura plu, le chapitre 2 arrivera sous peu !

Bisous minna

Ume