CHAPITRE 1 : Invitation
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Arthur se jeta silencieusement sur le grand lit moelleux, les yeux vides fixés sur le plafond jaune pâle au-dessus de lui. Il était 7 heures du soir et il avait dîné, fait ses valises et même eu le temps de lire, un peu rapidement, le journal qu'il avait acheté pour le voyage. N'ayant rien d'autre à faire, il se contenta d'observer le plafond, occasionnellement de penser à elle. Il s'était écoulé un mois maintenant depuis qu'il avait vu la jeune architecte et, même s'il détestait l'admettre, chaque moment qu'il passait loin d'elle lui brisait le cœur.
Ce n'était pas comme s'il n'était jamais tombé amoureux avant. Gracie Mourdoe, son ex-petite amie lorsqu'il était à l'université, avait réussi à emballer son cœur et à lui couper le souffle, mais il s'était arrêter à sa beauté. Mais avec elle, s'était différent. C'était comme si elle était le soleil au centre de son univers, l'attirant et le réchauffant juste avec son sourire. Ses regards divergeaient de ceux de Gracie, mais elle était attirante d'une autre manière, avec sa personnalité et son innocence. C'était en appuyant sur cette innocence qu'il avait insisté pour qu'elle continue ses études à Paris, plutôt que de lui demander de venir avec lui, comme il l'aurait voulu. Il ne pouvait pas être si égoïste, la mettre en danger juste parce qu'il voulait être heureux. Son cœur ne pouvait vouloir que ce qu'il ne pouvait vouloir. Arthur espérait parfois pouvoir comprendre son cœur. Après des années à voyager dans les rêves des autres, à leur voler une partie de leur subconscient comme un archéologue, il comprenait les rouages de l'esprit mieux que la plupart des psychologues de ce monde. Mais les besoins de son cœur, il ne les comprendrait jamais, il ne pouvait jamais espérer les comprendre.
Le vibreur de son téléphone le ramena à la réalité, les deux bips et la courte vibration l'avertirent qu'il avait reçu un message. Cherchant sur la table de chevet à la tête du lit, il attrapa le téléphone et y lut le nom. Ariadne. Seul, ce nom fit apparaître un sourire sur ses lèvres.
Rapidement, il donna une légère pression sur l'écran et une petite icône du message apparu. Une dernière pression et le message s'ouvrit à l'écran.
Appelle-moi.
Deux simples mots. Pas d'émotion, pas d'explication. Perplexe, Arthur fit rapidement un calcul mental et détermina, avec plus ou moins de certitude, qu'il était environ 1 heure du matin à Paris. Ariadne n'était jamais levée à cette heure-là, encore moins la nuit avant un examen. Pourquoi lui a-t-elle envoyé un message si tard, et pourquoi a-t-elle besoin qu'il l'appelle d'urgence ? Une partie de lui pensait probablement qu'il réagissait de façon disproportionnée et l'autre partie, qu'il avait méticuleusement entraîné à traiter chaque situation calmement, prit finalement le dessus. Respirant profondément, il appela le numéro et porta le téléphone à son oreille. Il se sentit plus calme à la première sonorité.
"Allo?" la voix d'Ariadne répondit lentement, presque hésitante.
Arthur soupira légèrement de soulagement. "Hey, Ariadne, c'est moi. Tu m'as demandé de t'appel-
"Alors, c'est celui qu'elle a décidé d'appeler"
Arthur commença à paniquer légèrement. Ce n'était pas la voix d'Ariadne qui parlait, mais un étranger, la voix râpeuse d'un homme inconnu.
"Je lui ai donné le choix d'appeler une personne, une personne dans le monde et plutôt de sa famille, ses collègues, amis ou même la police. Elle vous as appelé."
Les yeux d'Arthur s'agrandirent et il se redressa sur le lit. "Où est Ariadne?"
"Elle est vivante et saine et sauve, pour le moment," répondit mystérieusement la voix.
"Qui êtes-vous et que voulez-vous?" demanda Arthur en fermant sa main en un poing.
"Vous n'avez pas besoin de savoir qui je suis, mais je sais qui vous êtes Arthur, et c'est tout ce qui compte réellement."
"Qu'est-ce que vous voulez?" répéta Arthur avec un calme glacial, en dépit des turbulences émotionnelles qui faisait rage dans son esprit.
"J'aimerais jouer à un jeu," reprit la voix, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.
"De quoi parlez-vous?" dit Arthur, la voix posée et menaçante.
"J'ai dit que j'aimerais jouer à un jeu. Mais pas juste un vieux jeu ennuyeux, non, mais le meilleur des styles de jeu, un jeu avec des prix.
Arthur se mordit la lèvre ; quelque chose dans la voix de l'homme était cachée de manière inquiétante, comme un homme qui était fou. La folie était une partie des affaires, comme le disait Eames, mais autre chose s'infiltrait dans la voix de l'homme et lui donnait du pouvoir. Il savait qu'Arthur ne pouvait pas le contredire, pas avec la vie d'Ariadne en jeu. Un malade mental était incroyablement dangereux, particulièrement avec un otage. La plus petite erreur pouvait le faire craquer, les faire basculer du côté de la folie pure. Si cet homme atteignait cet état, alors, Ariadne ne s'en sortirait jamais vivante.
"Quelle sorte de prix?" continua Arthur lentement, distrayant l'homme d'Ariadne.
"Je suis heureux que vous vouliez toujours jouer." Il y eut une brève pause et Arthur put imaginer l'homme qui souriait pour lui-même. "Voilà les prix. Si vous gagnez, je relâcherais votre amie et me rendrait à la police. Pas de violence, pas de résistance, simplement. Par contre, si je gagne, je vous demanderais une faveur. Je ne vous la dirais pas avant que j'ai gagné, mais pas de soucis pour ce que vous devrez exécuter.
Arthur se mordit la lèvre à nouveau, réduit au silence par la force de sa conscience.
"Maintenant, je vous propose un deal. Comme c'est la première fois que vous jouez, vous pouvez rassembler quelques amis pour vous aider, mais pas plus que 3 par contre. Si vous souhaitez jouer le jeu, rendez-vous, vous et vos amis, à Big Ben à Londres, Angleterre dans 3 jours. Si vous ne participez pas au jeu, je tuerais votre petite amie. Simplement. Quand vous arriverez, le jeu vous sera expliqué et nous commencerons. Questions?"
Arthur resta silencieux un moment, analysant ses options. 3 jours n'étaient pas suffisant pour traquer cet homme et l'arrêter, pas avec les extracteurs dispersés à travers les 7 continents, et refuser de jouer condamnerait Ariadne. Jouer était risqué, surtout en considérant qu'il n'avait absolument aucune idée du genre de jeu qu'il allait jouer. Mais c'était la seule solution.
"Non. Je serais là."
"Bien. Nous nous recroiserons dans 3 jours, Arthur." Et, sur ces mots, la ligne fut coupée.
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A des milliers de kilomètres de là, au-delà du grand océan dans une ville enveloppée de la nuit noire, un téléphone se mit à sonner. Pendant un moment, ce fut le silence et puis, de légers rires se firent entendre, doux d'abord, puis ils augmentèrent progressivement jusqu'à rebondir contre les murs de la pièce vide.
"Je crois que nous allons jouer un petit jeu, après tout." dit doucement un homme, souriant pour lui-même.
Après un moment, il prit le téléphone dans sa main et le lança à travers la pièce de toutes ses forces. Après avoir rencontré le mur en béton, il tomba au sol, en mille morceaux. Dans un coin sombre, une jeune femme grogna légèrement pour signifier son mécontentement du au bruit, rappelant sa présence à l'homme.
Il se tourna vers elle, lui fit son plus beau sourire et avança dans sa direction.
"Et c'est grâce à vous."
Il s'accroupit près d'elle, regarda attentivement son visage conne s'il voulait mémoriser tous ses détails. Presque inconsciemment, il effleura le côté de sa tête de sa main. La jeune femme réagit légèrement quand il la toucha en lui tournant le dos.
Elle ne voulait pas lui donner satisfaction en la voyant dans la douleur, en l'entendant gémir ou pleurer, peu importe à quel point il le voulait.
"Tu n'as pas besoin d'avoir peur, je ne vais pas te frapper. Non, tu es juste trop importante pour ça," assura l'homme. Il fit glisser sa main sous son menton, le leva légèrment et la força à le regarder. Elle laissa échapper un soupir désespéré, mais ne dit toujours rien, sentant ses yeux noirs fixés sur elle.
Sans réponse de la jeune femme, il se leva et s'en alla, ses pantoufles claquant contre le plancher de ciment. Comme il s'approcha de la porte de métal donnant sur le couloir, il éteignit la lumière du plafond et ferma la porte derrière lui.
La pièce était maintenant plongée dans les ténèbres, la seule source de lumière venant, comme de petits diamants, de la fenêtre à barreaux proche du plafond, trop haute pour qu'elle puisse voir au travers.
Finalement seule, la jeune femme respira profondément, laissant des larmes rouler sur son visage et échapper quelques sanglots.
"Arthur," sanglota-t-elle à travers ses larmes.
Elle essaya de dire autre chose, mais rien d'autre ne sorti de ses lèvres, seulement son nom, encore et encore, jusqu'à ce que son état d'épuisement l'entraîne vers un sommeil léger et agité.
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