Chapitre 1 :
Stiles se réveilla aussi fatigué qu'il s'était endormi, une douleur lancinante lui parcourant l'arrière de l'épaule droite.
Après s'être redressé sur le bord de son lit, il glissa sa main gauche sur la zone douloureuse lui rappelant ainsi tout le poids de la culpabilité qui l'accompagnait chaque jour depuis la terrible agression, l'ayant transformé malgré lui en meurtrier et en menteur (menteur par omission certes mais menteur tout de même).
Stiles entreprit alors de se lever dans le but d'aller se préparer un café, histoire de chasser les pensées négatives qui embrumaient son esprit. Il traina des pieds lorsqu'il descendit les escaliers le menant au rez-de-chaussée. Comme il n'entendit aucun commentaire concernant le vacarme qu'il faisait en se déplaçant, il comprit que son père était déjà parti au poste.
En arrivant dans la cuisine il jeta un coup d'œil rapide à l'horloge placée au-dessus du frigo, les aiguilles indiquaient 12H30, oui, 12H30 et aucun SMS ou appels ne l'avait réveillé, chose rare depuis quelques années. En effet, le jeune homme avait pris l'habitude d'oublier les grasses matinées.
En semaine parce qu'il avait cours, et le weekend end parce que depuis que son meilleur ami s'était retrouvé mordu par un loup garou sociopathe, sa vie avait pris un tournant différent de la norme, l'obligeant à gérer un emploi du temps plus chargé que celui de n'importe quel homme politique. C'était donc inhabituel de se réveiller un samedi matin à l'heure du déjeuner. Cette inhabitude le frappa de plein fouet en le renvoyant à sa propre condition, Stiles était seul désormais.
Il n'avait plus personne. Les souvenirs de cette nuit horrible où Scott, son meilleur ami, l'avait rejeté et avait décidé de mettre un terme à une amitié ayant débuté aux jardins d'enfants refit violemment surface. Scott ne lui avait pas fait confiance, il avait douté de lui pour la première fois, et c'était un doute suffisant pour briser Stiles qui c'était raccroché à cette amitié pour ne pas dériver. Ces derniers temps, toutes les relations qu'il avait construites et entretenues avec son entourage c'étaient disloquées une à une. A commencer par sa relation avec Malia, son histoire d'amour avec la coyote-garou avait fini par s'éteindre face à trop d'incompréhension et de non-dit, comme un feu qui manque d'oxygène. Lydia aussi avait fini par s'éloigner, bien trop occupé à gérer ses propres problèmes, elle devait découvrir et maitriser la banshee qu'elle était devenue, et puis il y' avait son histoire avec Parrish qui en était aux prémisses. Après tout, il ne pouvait pas lui en vouloir.
Bien avant tout ça, Allison était morte. Et c'était là, le vrai point de départ de toutes ces fractures sociales, Isaac et Chris Argent avaient pris un vol direct pour Paris, afin de mieux gérer leurs deuils. Puis, peu de temps après, Derek était parti, les laissant seuls maitre à bord du navire Beacon hills.
Un navire qui semblait partir à la dérive.
Stiles se mordit la lèvre inferieur à l'instant où cette pensée vagabonda dans son esprit, ce qui le ramena à la réalité.
Lorsqu'il voulut se servir sa tasse de café, il remarqua que son père l'avait terminé quelques heures plus tôt. Stiles soupira. Aujourd'hui n'allait définitivement pas être une bonne journée.
Après avoir pris une douche et s'être habillé, Stiles ne put s'empêcher de consulter son portable, sûrement par automatisme, mais comme précédemment, celui-ci n'avait aucune nouvelle à lui donner. Stiles décida alors qu'il ne pouvait pas passer sa journée à ne rien faire, avec un esprit comme le sien, c'était plutôt risquer, il se retrouverait sans doute à trop réfléchir, trop vite, analysant sans cesse la situation dans laquelle il s'était empêtrer, ce qui le conduirait inévitablement à la surchauffe.
Il prit son portefeuille et attrapa au passage les clés de sa jeep, puis il prit la route du centre commercial dans le but de remplir les placards et le frigo de la demeure Stilinski.
Lorsqu'il se dirigea vers la jeep les bras chargés de denrées alimentaires, il entendit résonner un rire, un rire qu'il reconnaîtrait entre mille puisqu'il s'agissait nul autre de celui qui cinq jours auparavant était encore son meilleur ami.
Stiles se retourna instinctivement et aperçut Scott en train de s'esclaffer face à un Théo hilare. Scott s'interrompit brusquement lorsqu'il croisa le regard de Stiles, ce qui eu pour effet de faire reculer maladroitement le jeune homme qui lâcha instantanément un des sacs qu'il portait. Pendant une seconde Stiles soutint le regard de Scott avant de baisser les yeux, de honte, de gêne et de désarrois aussi. Stiles sentit son cœur s'emballer, alors, il ramassa rapidement le sac au sol avant de le jeter dans le coffre de sa voiture, puis, d'un pas rapide il alla s'installer à la place conducteur de la jeep.
Evidemment, la vieille voiture bleu ne démarra pas tout de suite, il dû s'y reprendre à trois fois avant que celle-ci ne daigne démarrer. Il jeta un rapide coup d'œil dans ses rétroviseurs et croisa de nouveau le regard de Scott qui cette fois-ci s'était fait plus dur, plus noir. C'était un regard que Stiles connaissait, celui que Scott adressait aux gens à qui il ne faisait pas confiance, aux personnes dont il se méfiait. Ce dernier contact visuel fut l'effet d'une aiguille planté en plein cœur pour Stiles.
Sur la route du retour, Stiles ne pensa à rien. Il n'y avait dans son esprit que le regard de Scott. Un regard qui le blessait au plus profond de lui-même. Stiles laissa échapper un souffle chaud alors que les larmes qu'il retenait commençaient à brouiller sa vision.
En arrivant chez lui, il rangea les courses rapidement puis décida d'aller se passer de l'eau sur le visage. Quand il vît son reflet dans le miroir de la salle de bain, un goût amer remplit sa gorge accompagnant ainsi le dégout qu'il éprouvait à ce moment-là. De rage il dirigea violement son poing contre le visage de verre qu'il reconnaissait à peine. Le miroir se fissura tout autour du point d'impact avant de finir par se briser. Envahit par un mélange de douleur et de rage qui l'animait désormais, le jeune homme s'attaqua aussitôt aux produits disposés sur la vasque du robinet et les fît voler à travers la salle de bain de sa chambre dans un ultime fracas.
C'est seulement lorsqu'il réalisa qu'il saignait que Stiles reprit ses esprits. Il s'appuya alors sur le mur derrière lui, et se laissa glisser tout du long en appuyant sur la plaie à vif de son poing droit avec sa main gauche.
Stiles se ressaisit trois quart d'heure plus tard. Il commença par ranger minutieusement le désordre qu'il avait causé avant que son père ne rentre et ne se pose trop de questions. Il avait déjà beaucoup trop à gérer pour avoir en plus à s'occuper d'un fils dépressif. Puis il soigna son poing avant de le recouvrir d'un bandage. Il pourra toujours dire qu'il s'est coincé la main dans la porte pour justifier la présence du bandage.
Avant d'aller se coucher il prépara le diner pour son père qui n'était toujours pas rentré. Lui, n'avait pas faim et l'idée même d'avaler quelque chose lui donna la nausée, il se contenta d'un verre d'eau avant de s'endormir.
