Ils n'ont jailli de nulle part, ces grands félins dégingandés, que des limbes de la nuit, comme si la nuit s'était déchirée dans un coin pour les recracher d'entre ses côtes. Je dis "comme si", mais c'est vrai. L'obscurité est leur terrain de jeu. Ils sont le Sourire, la Flamme et le Silence. Et quand vient le soir, je vous l'assure, il n'y a rien de plus beau que de les voir s'élancer au bout des rêves, à la poursuite des feux follets arborescents, de les voir tourbillonner avec les miroirs rouges du kaléidoscope bouillonnant qui suinte et qui coule dans l'aiguille abandonnée au sol. De les regarder s'entre-saborder. Vous ne comprenez pas, mais vous allez comprendre ; venez. Venez.